La France succombe à la tentation «atlantiste»
Les déclarations de Bernard Kouchner ont provoqué des réactions en chaîne. La Chine s’est élevée contre les «menaces incessantes» d’intervention militaire contre l’Iran, alors que pour Moscou une telle éventualité serait «une erreur politique» aux conséquences «catastrophiques»
Mercredi 19 Septembre 2007
Par Moumene Belghoul
Les critiques les plus diverses proviennent de partoutdepuis que le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, a déclaré qu’il faut «se préparer au pire» contre l’Iran, et qu’une guerre n’est pas à exclure tant que Téhéran persistera à refuser de suspendre son programme nucléaire. Mohamed El Baradei directeur général de l’AIEA, pour qui le nucléaire iranien ne représente pas actuellement un danger clair, a tenté de calmer la tension.
«Il ne faut pas se laisser emporter», a-t-il dit. Mais le fait nouveau dans le dossier du nucléaire iranien est la position française, allant désormais à l’encontre de la ligne de conduite des 27 Européens. Une position prônant «le dialogue accompagné de sanctions économiques».
En évoquant la possibilité de «châtier» l’Iran en dehors du cadre légal du Conseil de sécurité de l’ONU, le ministre français franchit un pas vers le pire. Mais cette «évolution» est loin d’étonner. Nicolas Sarkozy évoquait déjà la possibilité d’actions unilatérales. Aujourd’hui, le chef de la diplomatie française se rend à Washington pour sa première visite officielle aux Etats-Unis. La visite sera probablement l’occasion de sceller le nouveau rapprochement franco-américain. Le ministre français des AE est éminemment le bienvenu à Washington. Pour la Maison- Blanche, «il incarne à la fois la nouvelle fermeté française vis-à-vis de l’Iran et une volonté de dépasser la brouille irakienne».
La question de l’adoption de nouvelles sanctions contre Téhéran en dehors de l’ONU doit être au cœur de ses entretiens avec les Américains.
Au même moment, les cinq membres permanents du Conseil de sécurité (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie) doivent se réunir. Objectif : une troisième vague de sanctions contre Téhéran. Alors que Washington salue «le sérieux de la position française», de nouvelles sanctions contre l’Iran en dehors du cadre de l’ONU pourraient ouvrir la porte à l’option du pire. Même la Russie et la Chine qui s’opposaient jusque-là au troisième train de sanctions envisagé semblent afficher un profil timoré. La visite de Kouchner à Washington intervient après une série de gestes français vis-à-vis des Etats-Unis. Des gestes qui semblent instaurer une nouvelle donne dans les relations franco-américaines. La période de défiance de mise sous l’ère Chirac fait désormais partie de l’histoire. La France, incarnée par Hubert Vedrine, Michel Barnier, et Dominique de Villepin qui s’opposaient vivement à l’interventionnisme américain en Irak, a vécu.
M. B.
Les critiques les plus diverses proviennent de partoutdepuis que le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, a déclaré qu’il faut «se préparer au pire» contre l’Iran, et qu’une guerre n’est pas à exclure tant que Téhéran persistera à refuser de suspendre son programme nucléaire. Mohamed El Baradei directeur général de l’AIEA, pour qui le nucléaire iranien ne représente pas actuellement un danger clair, a tenté de calmer la tension.
«Il ne faut pas se laisser emporter», a-t-il dit. Mais le fait nouveau dans le dossier du nucléaire iranien est la position française, allant désormais à l’encontre de la ligne de conduite des 27 Européens. Une position prônant «le dialogue accompagné de sanctions économiques».
En évoquant la possibilité de «châtier» l’Iran en dehors du cadre légal du Conseil de sécurité de l’ONU, le ministre français franchit un pas vers le pire. Mais cette «évolution» est loin d’étonner. Nicolas Sarkozy évoquait déjà la possibilité d’actions unilatérales. Aujourd’hui, le chef de la diplomatie française se rend à Washington pour sa première visite officielle aux Etats-Unis. La visite sera probablement l’occasion de sceller le nouveau rapprochement franco-américain. Le ministre français des AE est éminemment le bienvenu à Washington. Pour la Maison- Blanche, «il incarne à la fois la nouvelle fermeté française vis-à-vis de l’Iran et une volonté de dépasser la brouille irakienne».
La question de l’adoption de nouvelles sanctions contre Téhéran en dehors de l’ONU doit être au cœur de ses entretiens avec les Américains.
Au même moment, les cinq membres permanents du Conseil de sécurité (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie) doivent se réunir. Objectif : une troisième vague de sanctions contre Téhéran. Alors que Washington salue «le sérieux de la position française», de nouvelles sanctions contre l’Iran en dehors du cadre de l’ONU pourraient ouvrir la porte à l’option du pire. Même la Russie et la Chine qui s’opposaient jusque-là au troisième train de sanctions envisagé semblent afficher un profil timoré. La visite de Kouchner à Washington intervient après une série de gestes français vis-à-vis des Etats-Unis. Des gestes qui semblent instaurer une nouvelle donne dans les relations franco-américaines. La période de défiance de mise sous l’ère Chirac fait désormais partie de l’histoire. La France, incarnée par Hubert Vedrine, Michel Barnier, et Dominique de Villepin qui s’opposaient vivement à l’interventionnisme américain en Irak, a vécu.
M. B.
-> on va bientot regretter douste blazy (l'apprenti diplomate)
Le vrai danger de la crise iranienne?Date de publication : 18/09/2007 - Rubrique : Bloc-Notes
La crise iranienne est entrée dans une phase d’aggravation marquée par un durcissement occidental, particulièrement français. Les Français sont désormais en pointe dans les exigences de sanction contre l’Iran; ils affirment et réaffirment : “l’arme nucléaire iranienne est inacceptable”. Pour autant, les conditions n’ont pas changé et les Iraniens peuvent aisément répondre: “Pourquoi les armes nucléaires israéliennes et pakistanaises sont-elles, elles, acceptables?” Ce qui nous amène au Pakistan.
Il y a une école d’analyse, discrète et minoritaire, mais dont l’argument est puissant: le véritable danger de la crise iranienne, c’est le Pakistan. On trouve notamment cette tendance dans l’U.S. Navy, notamment chez l’amiral Fallon, actuel commandant de Central Command et ennemi juré du général Petraeus. Des indications sur cette tendance sont données dans le texte de Gareth Porter rapportant l’affrontement Fallon-Petraeus à Bagdad en mars dernier:
«The CENTCOM commander believed the United States should be withdrawing troops from Iraq urgently, largely because he saw greater dangers elsewhere in the region. “He is very focused on Pakistan,” said a source familiar with Fallon's thinking, “and trying to maintain a difficult status quo with Iran.”
»By the time Fallon took command of CENTCOM in March, Pakistan had become the main safe haven for Osama bin Laden's al-Qaeda to plan and carry out its worldwide operations, as well as being an extremely unstable state with both nuclear weapons and the world's largest population of Islamic extremists.»
Les évaluations actuelles de la Navy disent que le pouvoir du général-président Musharaf est menacé au Pakistan. Une prise de pouvoir par les islamistes nécessiterait une intervention militaire immédiate des USA, selon la Navy. Les USA n’ont actuellement pas les capacités de le faire. Ils devraient en tout état de cause dégarnir d’urgence leurs fronts afghan et irakien, sans aucune garantie de succès au Pakistan et dans les conditions qu’on imagine (la rapidité de redéploiement n’est pas une des qualités premières des forces US).
Leurs adversaires en Afghanistan et en Iran en profiteraient pour faire des gains significatifs jusqu’à déstabiliser la situation dans ces deux pays, et toute la région à la suite. Un enchaînement catastrophique pourrait suivre. Dans cette perspective hypothétique peu encourageante, on comprend que Fallon essaie “de maintenir un difficile statu quo avec l’Iran”. Les diplomates occidentaux (désormais français compris et en première ligne), ardents sur les principes après la sélection qui convient (Israël et Pakistan non compris), ne l’entendent pas de cette oreille.
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