Les journaux algériens mènent une campagne empoisonnée pour ternir le souvenir du défunt président Mohamed Boudiaf en salissant l’image de sa famille. Ils ne manquent pas d’impliquer le Maroc.
Dans une de ses parutions fin août 2007, le quotidien algérien Achourouk El Yaoumi, se basant sur de prétendues confidences de membres de la famille du président algérien assassiné le 29 juin 1992 à Annaba, s'est fait l'écho de la saisie par les autorités marocaines des biens fonciers et mobiliers laissés par Mohamed Boudiaf à Kénitra. C'est dans cette ville marocaine en effet que Mohamed Boudiaf, membre fondateur du Front de Libération Nationale (FLN) puis opposant notoire aux régimes instaurés après l'indépendance de l'Algérie en juillet 1962 (notamment celui de Ben Bella et Houari Boumédiène), avait élu domicile en 1964. Et ce jusqu'au 14 janvier 1992, date à laquelle il sera appelé à présider le Haut Comité d'Etat après le vide constitutionnel laissé par la démission de Chadli Ben Jdid et l'interruption du processus électoral par l'armée face à la victoire du Front Islamique du Salut (FIS).
D'après le même journal, la saisie aurait porté sur tous les biens des Boudiaf, ou en tout cas les plus connus à Kénitra, à savoir le domicile familial -sis dans le quartier résidentiel de Val Fleuri- et la briqueterie à la sortie de la ville sur la route de Moulay Bousselham, principale source de revenu de Mohamed Boudiaf durant son exil volontaire de 28 ans. Cette confiscation, d'après Achourouk El Yaoumi, serait intervenue après que les proches du président défunt se soient trouvés dans l'incapacité de rembourser de lourdes dettes. Remuant le couteau dans la plaie, le journaliste rapporte même la fuite de Taoufik, l'un des trois fils de Mohamed Boudiaf avec sa seconde femme Fatiha, vers les Etats-Unis, muni de grosses sommes d'argent.
Aussitôt, la veuve du président assassiné, se trouvant actuellement en Algérie, s'est fendue d'un communiqué dans lequel elle réfute, sans cacher son indignation, toutes les informations publiées par le quotidien algérien et rappelle le respect dont les autorités marocaines ont toujours fait preuve à l'égard de son mari et de sa famille. Fatiha Boudiaf affirme ainsi que la maison de Val Fleuri, sa propriété personnelle, n'a pas été saisie, mais vendue par ses soins voilà quelques années. Quant à la briqueterie, elle serait toujours en sa possession et en celle de son plus jeune fils, Rachid, 32 ans.
D'après la mère Boudiaf, Taoufik, le plus jeune de ses trois enfants, est associé dans une entreprise algéro-américaine à Alger et fait des allers-retours fréquents entre les Etats-Unis, où il vit depuis quelques années, et le Maroc. Sa dernière venue au Maroc remontrait au mois d'avril 2007.
Sur place, à Kénitra, des amis et des connaissances de la famille confirment que c'est bien Fatiha Boudiaf qui a pris la décision de vendre le domicile familial à un promoteur immobilier. Taoufik, la trentaine bien entamée, marié, serait actionnaire d'un complexe touristique sur la côte oranaise. Rachid vit toujours à Kénitra, où il gère la briqueterie avec sa mère, tout comme Tayeb, l'aîné, la quarantaine, marié et père de deux fillettes qu'il a eues avec une Marocaine, Sanaâ Lahlimi, actuellement directrice d'une crèche dans la même ville. D'après de nombreuses sources, la briqueterie n'est plus aussi prospère qu'avant, mais il n'a jamais été question de redressement ou de liquidation.
Pour la veuve du président assassiné, il est clair que certaines parties en Algérie cherchent à porter atteinte à la mémoire de son époux en salissant l'image de sa famille. Une famille qui a et continue toujours à montrer son attachement à son pays d'accueil, le Maroc. Certains sont même allés jusqu'à soutenir que Fatiha Boudiaf a usé de subterfuges pour liquider ses biens en Algérie et rentrer à Kénitra après le meurtre de son époux. Un journal arabophone l'a accusée ainsi ouvertement en 2005 d'avoir tenté de s'approprier en vain la villa Aziza, résidence d'État et siège de la Fondation Boudiaf (dont elle est par ailleurs présidente).
Le quotidien Al Khabar s'est, lui, interrogé sur les circonstances de la vente de la Villa Mahrez, résidence sur les hauteurs d'Alger que Fatiha Boudiaf s'était vu attribuer quelques mois après l'assassinat de son mari, à un homme d'affaires de Zéralda pour près de 5 millions d'euros. Rumeur ou vérité? Une amie de la veuve Boudiaf confie: «Ce que je peux vous assurer, c'est que Fatiha n'était vraiment pas enthousiaste à
l'idée de s'installer en Algérie après la nomination de son époux à la présidence. Tous comme ses enfants, elle a toujours porté le Maroc dans son cœur. Les Boudiaf ont fait leurs nos us et coutumes. Pour vous dire, le baptême de Rachid s'est fait selon la pure tradition marocaine et Tayeb à ce jour clame à qui veut l'entendre qu'il ne quittera jamais le Maroc. La famille Boudiaf a et est toujours très estimée ici et si Mohamed Boudiaf n'avait pas été assassiné et qu'il était rentré au Maroc, les Kénitréens aurait de nouveau accueilli à bras ouverts leur fils d'Algérie».
De Mohamed Boudiaf, ses connaissances à Kénitra conservent le souvenir d'un homme instruit, discret et respectueux. Tout comme de sa seconde épouse, Fatiha, une quinquagénaire coquette, petite de taille, claire de peau et avec un joli sourire. Une femme distinguée, cultivée et humble également. D'après l'une de ses amies, Fatiha Boudiaf refusait d'avoir un chauffeur et aimait se retrouver dans leur ancienne ferme sur la route de Moulay Bousselham, avec un mobilier sommaire mais beaucoup de livres autour d'elle. On raconte qu'elle était en froid avec le fils aîné de Mohamed Boudiaf, Nacer, qu'il a eu avec sa première épouse, une couturière. En revanche, elle adorait son mari et ses enfants, Tayeb, Taoufik et Rachid.
«Rachid a été à l'école avec moi, au collège Balzac à Kénitra, puis au lycée Descartes de Rabat. Leur maison à Val Fleuri était surveillée constamment par deux hommes en uniforme. Rachid et ses frères se sont toujours sentis marocain», se souvient un camarade d'enfance de Rachid Boudiaf.
Et c'est peut-être bien Boudiaf-le-Marocain qui dérange certains. Même dans sa tombe. Et à travers ces héritiers. A ce jour, la thèse selon laquelle Mohamed Boudiaf aurait été assassiné pour ses positions pro-marocaines, notamment sur l'affaire du Sahara, n'est en effet toujours pas écartée. Mais, aujourd'hui, qui se soucie vraiment encore de la mémoire de cette figure marquante de la révolution algérienne? Les Kénitréens qui l'ont connu peut-être, et qui regardent tristement l'ancienne demeure de Tayeb El Watani, père du Parti de la Révolution Socialiste, céder la place à un bloc de béton sans âme. Sans Histoire.
maroc-hebdo
Dans une de ses parutions fin août 2007, le quotidien algérien Achourouk El Yaoumi, se basant sur de prétendues confidences de membres de la famille du président algérien assassiné le 29 juin 1992 à Annaba, s'est fait l'écho de la saisie par les autorités marocaines des biens fonciers et mobiliers laissés par Mohamed Boudiaf à Kénitra. C'est dans cette ville marocaine en effet que Mohamed Boudiaf, membre fondateur du Front de Libération Nationale (FLN) puis opposant notoire aux régimes instaurés après l'indépendance de l'Algérie en juillet 1962 (notamment celui de Ben Bella et Houari Boumédiène), avait élu domicile en 1964. Et ce jusqu'au 14 janvier 1992, date à laquelle il sera appelé à présider le Haut Comité d'Etat après le vide constitutionnel laissé par la démission de Chadli Ben Jdid et l'interruption du processus électoral par l'armée face à la victoire du Front Islamique du Salut (FIS).
D'après le même journal, la saisie aurait porté sur tous les biens des Boudiaf, ou en tout cas les plus connus à Kénitra, à savoir le domicile familial -sis dans le quartier résidentiel de Val Fleuri- et la briqueterie à la sortie de la ville sur la route de Moulay Bousselham, principale source de revenu de Mohamed Boudiaf durant son exil volontaire de 28 ans. Cette confiscation, d'après Achourouk El Yaoumi, serait intervenue après que les proches du président défunt se soient trouvés dans l'incapacité de rembourser de lourdes dettes. Remuant le couteau dans la plaie, le journaliste rapporte même la fuite de Taoufik, l'un des trois fils de Mohamed Boudiaf avec sa seconde femme Fatiha, vers les Etats-Unis, muni de grosses sommes d'argent.
Aussitôt, la veuve du président assassiné, se trouvant actuellement en Algérie, s'est fendue d'un communiqué dans lequel elle réfute, sans cacher son indignation, toutes les informations publiées par le quotidien algérien et rappelle le respect dont les autorités marocaines ont toujours fait preuve à l'égard de son mari et de sa famille. Fatiha Boudiaf affirme ainsi que la maison de Val Fleuri, sa propriété personnelle, n'a pas été saisie, mais vendue par ses soins voilà quelques années. Quant à la briqueterie, elle serait toujours en sa possession et en celle de son plus jeune fils, Rachid, 32 ans.
D'après la mère Boudiaf, Taoufik, le plus jeune de ses trois enfants, est associé dans une entreprise algéro-américaine à Alger et fait des allers-retours fréquents entre les Etats-Unis, où il vit depuis quelques années, et le Maroc. Sa dernière venue au Maroc remontrait au mois d'avril 2007.
Sur place, à Kénitra, des amis et des connaissances de la famille confirment que c'est bien Fatiha Boudiaf qui a pris la décision de vendre le domicile familial à un promoteur immobilier. Taoufik, la trentaine bien entamée, marié, serait actionnaire d'un complexe touristique sur la côte oranaise. Rachid vit toujours à Kénitra, où il gère la briqueterie avec sa mère, tout comme Tayeb, l'aîné, la quarantaine, marié et père de deux fillettes qu'il a eues avec une Marocaine, Sanaâ Lahlimi, actuellement directrice d'une crèche dans la même ville. D'après de nombreuses sources, la briqueterie n'est plus aussi prospère qu'avant, mais il n'a jamais été question de redressement ou de liquidation.
Pour la veuve du président assassiné, il est clair que certaines parties en Algérie cherchent à porter atteinte à la mémoire de son époux en salissant l'image de sa famille. Une famille qui a et continue toujours à montrer son attachement à son pays d'accueil, le Maroc. Certains sont même allés jusqu'à soutenir que Fatiha Boudiaf a usé de subterfuges pour liquider ses biens en Algérie et rentrer à Kénitra après le meurtre de son époux. Un journal arabophone l'a accusée ainsi ouvertement en 2005 d'avoir tenté de s'approprier en vain la villa Aziza, résidence d'État et siège de la Fondation Boudiaf (dont elle est par ailleurs présidente).
Le quotidien Al Khabar s'est, lui, interrogé sur les circonstances de la vente de la Villa Mahrez, résidence sur les hauteurs d'Alger que Fatiha Boudiaf s'était vu attribuer quelques mois après l'assassinat de son mari, à un homme d'affaires de Zéralda pour près de 5 millions d'euros. Rumeur ou vérité? Une amie de la veuve Boudiaf confie: «Ce que je peux vous assurer, c'est que Fatiha n'était vraiment pas enthousiaste à
l'idée de s'installer en Algérie après la nomination de son époux à la présidence. Tous comme ses enfants, elle a toujours porté le Maroc dans son cœur. Les Boudiaf ont fait leurs nos us et coutumes. Pour vous dire, le baptême de Rachid s'est fait selon la pure tradition marocaine et Tayeb à ce jour clame à qui veut l'entendre qu'il ne quittera jamais le Maroc. La famille Boudiaf a et est toujours très estimée ici et si Mohamed Boudiaf n'avait pas été assassiné et qu'il était rentré au Maroc, les Kénitréens aurait de nouveau accueilli à bras ouverts leur fils d'Algérie».
De Mohamed Boudiaf, ses connaissances à Kénitra conservent le souvenir d'un homme instruit, discret et respectueux. Tout comme de sa seconde épouse, Fatiha, une quinquagénaire coquette, petite de taille, claire de peau et avec un joli sourire. Une femme distinguée, cultivée et humble également. D'après l'une de ses amies, Fatiha Boudiaf refusait d'avoir un chauffeur et aimait se retrouver dans leur ancienne ferme sur la route de Moulay Bousselham, avec un mobilier sommaire mais beaucoup de livres autour d'elle. On raconte qu'elle était en froid avec le fils aîné de Mohamed Boudiaf, Nacer, qu'il a eu avec sa première épouse, une couturière. En revanche, elle adorait son mari et ses enfants, Tayeb, Taoufik et Rachid.
«Rachid a été à l'école avec moi, au collège Balzac à Kénitra, puis au lycée Descartes de Rabat. Leur maison à Val Fleuri était surveillée constamment par deux hommes en uniforme. Rachid et ses frères se sont toujours sentis marocain», se souvient un camarade d'enfance de Rachid Boudiaf.
Et c'est peut-être bien Boudiaf-le-Marocain qui dérange certains. Même dans sa tombe. Et à travers ces héritiers. A ce jour, la thèse selon laquelle Mohamed Boudiaf aurait été assassiné pour ses positions pro-marocaines, notamment sur l'affaire du Sahara, n'est en effet toujours pas écartée. Mais, aujourd'hui, qui se soucie vraiment encore de la mémoire de cette figure marquante de la révolution algérienne? Les Kénitréens qui l'ont connu peut-être, et qui regardent tristement l'ancienne demeure de Tayeb El Watani, père du Parti de la Révolution Socialiste, céder la place à un bloc de béton sans âme. Sans Histoire.
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