Hausse de l’euro L’Algérie perd au change
par Hamid Guemache -Le Quotidien d'Oran
L’euro est depuis jeudi au-dessus du seuil symbolique de 1,4 dollar. Cette hausse de la monnaie unique européenne par rapport au billet vert n’est pas une bonne nouvelle pour l’économie algérienne. Un euro fort n’est pas en fa-veur de notre économie qui dépend entièrement des hydrocarbures et des importations en provenance de l’Europe. L’Algérie vend en effet ses hydrocarbures en dollars et achète plus de la moitié de ses besoins de la zone euro. Plus de 55% de nos importations proviennent des pays de l’Union européenne. La France est notre premier fournisseur, avec une part de marché de 20%. «La hausse de l’euro est une catastrophe pour notre économie. Il faut absolument accélérer la diversification de nos partenaires commerciaux, vers les zones dollar, pour ne pas dépendre d’une seule zone monétique», soutient Bouâlem M’rakech, président de la Confédération algérienne du patronat (CAP).par Hamid Guemache -Le Quotidien d'Oran
La baisse du billet vert par rapport à l’euro est due en partie à la décision de la réserve fédérale américaine (Fed) de baisser d’un demi-point son taux directeur à 4.75%. A terme, l’euro fort aura des conséquences néfastes sur l’économie nationale.
Les prix des produits importés augmenteront, ce qui alourdira encore le pouvoir d’achat des citoyens. Les médicaments, les voitures, les biens d’équipements, les produits agricoles et d’autres matières premières et même le savoir-faire seront inévitablement plus chers. En baissant, le billet vert entraîne dans sa chute le dinar. Actuellement, un euro vaut pratiquement 100 dinars dans les banques. Sur le marché parallèle, la monnaie européenne est cédée à près de 110 dinars. Cette situation pousse les opérateurs privés à accélérer la recherche de nouveaux marchés, en dehors de la zone euro, comme l’Asie et l’Amérique latine. Les entreprises publiques sont plus rigides et demeurent dépendantes de l’Europe pour des raisons historiques. Traditionnellement, l’Algérie importe l’essentiel de ses besoins des pays de l’UE, notamment de France, l’Italie, l’Allemagne et l’Espagne. Pour le privé, la décision de changer de fournisseur est moins compliquée que dans le secteur public. Une délégation patronale de la CAP se rendra prochainement en Chine pour prospecter le marché local. L’Empire du Milieu offre des solutions de rechange aux produits fabriqués en Europe. «Les produits asiatiques d’une façon générale sont moins chers de 30% par rapport aux produits européens», explique le président du FCE, Réda Hamiani.
La hausse de l’euro est une aubaine pour les importateurs de produits asiatiques. La baisse du billet vert profite pleinement à la Chine, actuellement deuxième fournisseur de l’Algérie. Selon les dernières statistiques des douanes pour les dix premiers mois de l’année en cours, la Chine a délogé l’Italie de la deuxième place des principaux fournisseurs de l’Algérie. La France demeure en première position, mais sa part de marché (un peu plus de 18%) ne cesse de s’effriter au profit des Chinois. En 2000, la part de la Chine sur notre marché était insignifiante. Les produits «made in China» sont aujourd’hui partout sur nos marchés, malgré l’entrée en vigueur en septembre 2005, de l’accord d’association avec l’UE. Si cette tendance se poursuit, l’Algérie risque de se retrouver entièrement dépendante de la Chine pour ses importations.
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