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Quel regard portez-vous sur les algériens sans papier ? Les chercheurs d’âmes sœurs, pour papiers ?
Les considérez vous comme
des victimes du « système » qu’il ne faut surtout pas condamner ?
ou
des voyous infréquentables, presque des délinquants ?
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Des jeunes Algériens cherchent l'âme soeur sur Internet pour obtenir un visa
De notre envoyé spécial à Alger THIERRY OBERLÉ.
Le nombre d'Algériens en situation irrégulière en France est estimé à environ 350 000. Un chiffre qui pèse sur les relations bilatérales.
« ÇA Y EST ! C'EST FAIT ! IL A DIVORCÉ. » Mouloud, un quinquagénaire au sourire malicieux, donne des nouvelles de son fils installé en région parisienne depuis sept ans. Yacine est arrivé en France avec un visa de touriste pour « s'incruster ». Le jeune homme, charpentier de métier, a régularisé sa situation grâce à un mariage suivi d'une séparation. « Il l'avait épousée pour les papiers, glisse Mouloud. Maintenant, il peut revenir et passer au bled », se félicite cet employé d'une société de services. « L'un de mes jeunes cousins est un sans-papiers parisien. Il vit et travaille sans se faire remarquer depuis cinq ans. Chaque Kabyle a dans sa famille proche ou éloignée un émigré clandestin », note un journaliste d'un quotidien d'Alger.
Souvent occultée, la question de l'immigration clandestine pèse sur les relations franco-algériennes. Bernard Bajolet, le nouvel ambassadeur de France à Alger, a mis le mois dernier les pieds dans le plat en évaluant dans la presse locale à « 350 000 » le nombre d'Algériens en situation irrégulière en France. « Nous n'allons pas les renvoyer du jour au lendemain. Une politique est en cours d'élaboration » pour qu'ils puissent regagner leur pays d'origine, avait-t-il commenté sans vraiment rassurer ses interlocuteurs. Impossible à vérifier, l'estimation serait, assure-t-on à l'ambassade de France, une « moyenne » établie à partir de divers indicateurs plus ou moins fiables.
« Tirer le bon numéro »
L'exception algérienne est confirmée par une enquête sénatoriale datée de juin 2007 sur la délivrance des visas. Selon son rapporteur, le sénateur Adrien Gouteyron (UMP), l'Algérie détient le plus grand nombre de ressortissants poursuivant leur séjour en France après la fin de la durée de leur visa : 36,5 % des Algériens reconduits à la frontière en 2005 étaient entrés sur le territoire munis de visas contre 16 % en moyenne pour les autres nationalités. L'Algérie est classée en tête devant le Mali (31 %), la Côte d'Ivoire (20 %) et le Maroc (19 %).
Le phénomène mérite d'être nuancé. Le réchauffement des relations franco-algériennes à la fin de l'insurrection islamiste des années 1990 s'est accompagné d'efforts français pour faciliter rapidement, mais dans une certaine confusion, la circulation des personnes (voir infographie). « La tendance à la fraude s'est retournée ces dernières années. Nous avons mis en place des mécanismes de contrôle qui découragent les gens qui présentent un risque migratoire », explique Francis Heude, le consul général de France à Alger. « L'amélioration des conditions économiques et sécuritaires dans le pays ainsi que la révolte dans les banlieues françaises ont eu également des effets dissuasifs sur l'immigration clandestine », précise-t-il.
Le rêve d'exil demeure vivace. Bien qu'en baisse en raison d'exigences françaises drastiques, le niveau de demande demeure important : 44 % des demandes payantes de visas sont refusées à Alger et 47 % à Annaba au nom du principe de précaution, alors que 87 % de sésames sont accordés à Tunis. « Il vaut mieux être marié, avoir un emploi stable, d'ingénieur par exemple, et un bon salaire. Le jeune chômeur célibataire n'a pratiquement aucune chance », estime Francis Heude.
Pas découragés, les malchanceux entretiennent l'espoir sur Internet. Les cybercafés de la capitale sont le point de ralliement des chateurs francophones en quête d'une aventure sentimentale avec une âme soeur, de préférence française ou canadienne. Chez Metro Golf Mayer, un cybercafé du quartier résidentiel d'el-Mouradia, les sites de rencontres et dialogue en français sont pris d'assaut par des garçons à la casquette vissée sur le crâne et des jeunes filles parfois voilées. « C'est un peu comme pour les loteries d'immigration : on espère tirer le bon numéro. On joint l'utile à l'agréable », plaisante Kamel, un lycéen de 19 ans. « La plupart des contacts sont intéressés de part et d'autre. Des femmes françaises un peu âgées cherchent à prendre un jeune et le mal vivre en Algérie pousse les gars d'ici à tenter l'aventure », résume Tawfik, un cuisinier de 40 ans. Il parle d'une connaissance, un gérant d'une boutique Internet, qui a épousé à Alger une Canadienne après une année de discussions et de Webcam avant de partir avec elle au Québec ; et d'un ami épris d'une Nantaise qu'il a quittée peu après leur union officielle.
Reste que quelques histoires de cette forme alternative d'immigration choisie finissent plutôt bien. Comme celle de Naim et Vanessa Soltani. Naim-le-diabolique et Nessinzemove se sont rencontrés en chair et en os en 2003 après neuf mois d'échanges virtuels. Il était animateur dans une radio d'Alger ; fille de pied-noir, elle était journaliste du Télégramme de Brest à Landerneau. Ils se sont mariés dans une mairie d'Alger, ont eu deux enfants et un magazine féminin. Les tourtereaux dirigent Dzeriet, un mensuel de mode qu'ils ont créé voilà trois ans. « Des gens me disaient qu'en Algérie, j'allais porter le voile et être séquestrée dans un pays de terroristes. Aujourd'hui, je m'occupe d'un journal qui parle de sexualité aux femmes et organise des défilés de lingerie », dit Vanessa, la Bretonne qui a réussi son intégration.
Le Figaro
Les considérez vous comme
des victimes du « système » qu’il ne faut surtout pas condamner ?
ou
des voyous infréquentables, presque des délinquants ?
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Des jeunes Algériens cherchent l'âme soeur sur Internet pour obtenir un visa
De notre envoyé spécial à Alger THIERRY OBERLÉ.
Le nombre d'Algériens en situation irrégulière en France est estimé à environ 350 000. Un chiffre qui pèse sur les relations bilatérales.
« ÇA Y EST ! C'EST FAIT ! IL A DIVORCÉ. » Mouloud, un quinquagénaire au sourire malicieux, donne des nouvelles de son fils installé en région parisienne depuis sept ans. Yacine est arrivé en France avec un visa de touriste pour « s'incruster ». Le jeune homme, charpentier de métier, a régularisé sa situation grâce à un mariage suivi d'une séparation. « Il l'avait épousée pour les papiers, glisse Mouloud. Maintenant, il peut revenir et passer au bled », se félicite cet employé d'une société de services. « L'un de mes jeunes cousins est un sans-papiers parisien. Il vit et travaille sans se faire remarquer depuis cinq ans. Chaque Kabyle a dans sa famille proche ou éloignée un émigré clandestin », note un journaliste d'un quotidien d'Alger.
Souvent occultée, la question de l'immigration clandestine pèse sur les relations franco-algériennes. Bernard Bajolet, le nouvel ambassadeur de France à Alger, a mis le mois dernier les pieds dans le plat en évaluant dans la presse locale à « 350 000 » le nombre d'Algériens en situation irrégulière en France. « Nous n'allons pas les renvoyer du jour au lendemain. Une politique est en cours d'élaboration » pour qu'ils puissent regagner leur pays d'origine, avait-t-il commenté sans vraiment rassurer ses interlocuteurs. Impossible à vérifier, l'estimation serait, assure-t-on à l'ambassade de France, une « moyenne » établie à partir de divers indicateurs plus ou moins fiables.
« Tirer le bon numéro »
L'exception algérienne est confirmée par une enquête sénatoriale datée de juin 2007 sur la délivrance des visas. Selon son rapporteur, le sénateur Adrien Gouteyron (UMP), l'Algérie détient le plus grand nombre de ressortissants poursuivant leur séjour en France après la fin de la durée de leur visa : 36,5 % des Algériens reconduits à la frontière en 2005 étaient entrés sur le territoire munis de visas contre 16 % en moyenne pour les autres nationalités. L'Algérie est classée en tête devant le Mali (31 %), la Côte d'Ivoire (20 %) et le Maroc (19 %).
Le phénomène mérite d'être nuancé. Le réchauffement des relations franco-algériennes à la fin de l'insurrection islamiste des années 1990 s'est accompagné d'efforts français pour faciliter rapidement, mais dans une certaine confusion, la circulation des personnes (voir infographie). « La tendance à la fraude s'est retournée ces dernières années. Nous avons mis en place des mécanismes de contrôle qui découragent les gens qui présentent un risque migratoire », explique Francis Heude, le consul général de France à Alger. « L'amélioration des conditions économiques et sécuritaires dans le pays ainsi que la révolte dans les banlieues françaises ont eu également des effets dissuasifs sur l'immigration clandestine », précise-t-il.
Le rêve d'exil demeure vivace. Bien qu'en baisse en raison d'exigences françaises drastiques, le niveau de demande demeure important : 44 % des demandes payantes de visas sont refusées à Alger et 47 % à Annaba au nom du principe de précaution, alors que 87 % de sésames sont accordés à Tunis. « Il vaut mieux être marié, avoir un emploi stable, d'ingénieur par exemple, et un bon salaire. Le jeune chômeur célibataire n'a pratiquement aucune chance », estime Francis Heude.
Pas découragés, les malchanceux entretiennent l'espoir sur Internet. Les cybercafés de la capitale sont le point de ralliement des chateurs francophones en quête d'une aventure sentimentale avec une âme soeur, de préférence française ou canadienne. Chez Metro Golf Mayer, un cybercafé du quartier résidentiel d'el-Mouradia, les sites de rencontres et dialogue en français sont pris d'assaut par des garçons à la casquette vissée sur le crâne et des jeunes filles parfois voilées. « C'est un peu comme pour les loteries d'immigration : on espère tirer le bon numéro. On joint l'utile à l'agréable », plaisante Kamel, un lycéen de 19 ans. « La plupart des contacts sont intéressés de part et d'autre. Des femmes françaises un peu âgées cherchent à prendre un jeune et le mal vivre en Algérie pousse les gars d'ici à tenter l'aventure », résume Tawfik, un cuisinier de 40 ans. Il parle d'une connaissance, un gérant d'une boutique Internet, qui a épousé à Alger une Canadienne après une année de discussions et de Webcam avant de partir avec elle au Québec ; et d'un ami épris d'une Nantaise qu'il a quittée peu après leur union officielle.
Reste que quelques histoires de cette forme alternative d'immigration choisie finissent plutôt bien. Comme celle de Naim et Vanessa Soltani. Naim-le-diabolique et Nessinzemove se sont rencontrés en chair et en os en 2003 après neuf mois d'échanges virtuels. Il était animateur dans une radio d'Alger ; fille de pied-noir, elle était journaliste du Télégramme de Brest à Landerneau. Ils se sont mariés dans une mairie d'Alger, ont eu deux enfants et un magazine féminin. Les tourtereaux dirigent Dzeriet, un mensuel de mode qu'ils ont créé voilà trois ans. « Des gens me disaient qu'en Algérie, j'allais porter le voile et être séquestrée dans un pays de terroristes. Aujourd'hui, je m'occupe d'un journal qui parle de sexualité aux femmes et organise des défilés de lingerie », dit Vanessa, la Bretonne qui a réussi son intégration.
Le Figaro
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