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Institutions internationales: Le Maroc, nouvel élève préféré

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  • Institutions internationales: Le Maroc, nouvel élève préféré

    L’on constate, ces quatre à cinq dernières années, une prise de conscience considérable des pays arabes et africains pour les questions du développement. Les chiffres produits par les institutions internationales montrent qu’il y aurait là une véritable révolution que l’on s’obstine à ne pas voir à partir de l’Algérie dont les citoyens et leurs dirigeants considèrent qu’ils seraient les seuls à s’être engagés sur la voie du développement alors que le reste du monde serait en situation de contemplation face aux réalisations du pays. Durant la même période, les pays riches de l’OCDE se sont installés dans une situation de croissance molle, continuant à enregistrer des taux qui se situent en moyenne entre 1 et 3%, à l’exception des Etats-Unis, de l’Irlande, de l’Espagne, de la Nouvelle Zélande et de l’Australie, lesquels ont eu des performances se situant au delà des 3 et 4% de croissance an. En face, la plupart des pays arabes et africains, qu’ils soient producteurs ou non de pétrole, réalisaient des taux dépassant les 5% par an et cela, sur une période relativement longue soit depuis 2002.
    Cette croissance formidable, la Banque mondiale l’a souligné dans le rapport ayant sanctionné les assemblées de printemps qu’elle tient conjointement avec le FMI pour passer en revue l’état économique du monde. Dans ce rapport il y est dit “que pour la quatrième année consécutive, la région Mena (Middle East North Africa), Moyen Orient et Afrique du Nord a enregistré une croissance économique soutenue” ajoutant plus loin que “des recettes pétrolières élevées conjuguées à la reprise en Europe, la vitalité du secteur privé grandissante et la hausse des investissements ont donné l’élan nécessaire à une nouvelle année de résultats économiques de premier ordre”. L’année 2006, indique le rapport, a vu le PIB dans la région progresser à 6,3%, les performances de l’Algérie et de la Tunisie se situant au dessous de cette moyenne (5,3%) alors que celle du le Maroc s’établissait selon les chiffres des institutions internationales à 7,3%, bien que le président des employeurs marocains (patronat) la situait, au cours d’une interview donnée à France 24, à 8,3%, soit le taux de croissance le plus élevé en Afrique devant ceux réalisés par l’Egypte 7%, le Soudan 6,4% et le troisième du monde arabe derrière les Emirats arabes unis (plus de 11%) et le Qatar (plus de 9%). De plus le Maroc est le pays non pétrolier qui réalise la meilleure performance dans la région arabo-africaine.
    Performance
    Cette performance et celles qui l’ont précédées au cours des années 2000 ont amené le FMI à considérer que le Maroc allait doubler son PIB d’ici l’an 2008 par rapport à ce qu’il était en 2002 passant ainsi de 40 à 80 milliards de dollars, ce qui le met encore loin du PIB de l’Algérie estimé par cette même institution à 117 milliards de dollars à fin 2006. Lors de son conseil d’administration du 3 août 2007, le FMI avait conclu ses consultations sur le Maroc en retenant que “le comportement du PIB (du Maroc) dans cette dernière période s’explique par les chiffres honorables des recettes au titre des principaux impôts dus à l’élargissement de leur assiette et au renforcement de l’administration fiscale, sans oublier les mesure entreprises pour remédier à la rigidité fiscale, y compris celles touchant les problèmes liés à la masse salariale”. Les autres raisons retenues par le FMI sont que le PIB s’était inscrit sur un trend haussier, l’inflation ayant été contenue et les investissements directs étrangers ayant progressé, tout ceci avait eu pour conséquence un léger repli de la pauvreté et le chômage. Le FMI n’en pavoise pas pour autant puisqu’il considère que le Maroc devrait confirmer en améliorant si possible ses solides performances économiques pour rapprocher son revenu par habitant de celui des pays émergents de l’OCDE et réduire en conséquence davantage le chômage et la pauvreté. Ce ne sont pas là en vérité des exigences impossibles à tenir.
    Un autre point noir que le FMI demande au Maroc de résorber, c’est celui relatif aux finances publiques où il y aurait un effort à faire pour arriver au rééquilibrage de ses finances publiques, mission qui devrait être réalisée sur le moyen terme, selon le FMI. Celle-ci prendrait les allures de la réduction de la masse salariale du secteur public, la reforme du système des subventions des produits pétroliers et des denrées alimentaires et l’accélération de la reforme fiscale, l’objectif visé étant de rapprocher le ratio dette/PIB de la moyenne des pays émergents de l’OCDE (moins de 50% à comparer à la norme retenue par les pays européens pour intégrer la zone euro qui est de 63%). Le FMI, continuant à examiner la région Mena, constatait que les recettes d’hydrocarbures avaient augmenté de plus de 75 milliards de dollars en 2006 pour atteindre le niveau de 510 milliards de dollars. Ce faisant les fonds excédentaires des pays exportateurs de pétrole et les nouveaux créneaux d’investissement de la région, dont certains résulteraient des réformes en cours, ont propulsé les flux d’investissement étranger direct au niveau record de 24 milliards de dollars en 2006. Le document du FMI prévoit une conjoncture extérieure assez porteuse entre 2007 et 2009, bien que la situation pourrait varier d’un pays à l’autre, les tensions politiques pouvant altérer la confiance des investisseurs.
    A l’inverse, le FMI considère que si les conflits s’apaisaient, les dividendes de la paix pourraient avoir des répercussions considérables et promouvoir la croissance, les revenus et le développement. Bien que 2007 présente la même configuration politique que 2006, quatre pays du nord de l’Afrique dont le Maroc, l’Algérie, l’Egypte et la Tunisie annoncent tous des IDE record de l’ordre de 20 milliards de dollars, la plupart des dirigeants de ces pays confondant certainement investissement projeté et investissement réalisé, l’IDE étant l’investissement réalisé sur l’année et non pas celui projeté sur une période. Ces pays vont tous profiter de la manne pétrolière et de cet excédent de liquidités constaté chez les pays du Golfe.
    Le Maroc sera l’un des principaux bénéficiaires de ce flux de capitaux, c’est du moins ce que semble suggérer son classement avantageux parmi les pays les plus susceptibles de recevoir des investissement étrangers. Le Maroc est considéré par la Banque mondiale comme le premier réformateur dans la région Mena pour ce qui est du climat des affaires. A fin 2006, le Royaume s’est vu octroyer une note de 76 sur une échelle de 100, occupant ainsi le 38e rang mondial devant l’Arabie Saoudite avec 75 points, l’Egypte (59), la Syrie (52), le Liban (46), la Jordanie (41), la Tunisie (40), l’Algérie (37), le Yémen (26), les Emirats arabes unis (20), le Koweït (16) et enfin l’Iran avec 2 points. Il s’agit d’un classement vraiment surprenant qui devrait inciter à la réflexion.
    Si le Maroc apparaît en aussi bonne position pour sa gouvernance (le progrès de ses reformes a été sanctionné par une note de 91), et l’effet de ces dernières sur la qualité de son administration, une note de 78 lui a été affectée pour la responsabilisation du secteur public, sachant que la moyenne régionale (Mena) est de respectivement de 57 et 63.

  • #2
    L’Egypte fait mieux
    En matière de gouvernance administrative, seule l’Egypte fait mieux avec une note de 97 alors que les Emirats arabes unis touchent le fond avec une note de 8 sur cette fonction. Il est par contre crédité d’une mauvaise note s’agissant de ce que la Banque mondiale appelle les reformes tarifaires. Ce qui est surprenant aussi, c’est que l’Algérie, qui peine à adhérer à l’OMC, se retrouve mieux notée que le Maroc et la Tunisie qui font partie de l’OMC alors que ce critère devrait être à leur avantage puisqu’il serait l’expression de leur bonne insertion dans l’économie mondiale.
    Sur le volet commercial, le Maroc tout comme la Tunisie se retrouvent derrière l’Algérie, alors que là aussi leur appartenance à l’OMC devrait les situer avant. C’est dire le retard qu’accusent ces deux pays dans leur intégration à l’économie mondiale. Sur ce chapitre, c’est l’Egypte qui présente le meilleur profil avec 100 points, suivie par la Jordanie (94 points) ; viennent ensuite l’Arabie Saoudite (88), le Liban (80), Bahreïn (76), l’Iran (67), l’Algérie (63), le Maroc (50), la Tunisie (42) alors que la Libye se voyait attribuer une note de 9.
    Ce qui est surprenant aussi c’est que la Commission des Nations unies pour le commerce, l’économie et le développement (Cnuced) semble ne pas avoir pris en considération le travail effectué par la Banque Mondiale relativement à l’attractivité du Maroc pour les investissements étrangers et de ses carences dans le domaine des reformes relatives à son régime douanier mal noté par la Banque mondiale et son retard dans la mise en oeuvre des reformes à apporter à son système commercial puisque contrairement à la Banque Mondiale la Cnuced affirme dans un rapport publié au Mois de Mars 2007 sous le titre “Maroc-IDE, les mesures préconisées par la Cnuced” , que “grâce aux reformes structurelles entreprises depuis les années 1990 , le Maroc a su attirer d’importants flux d’investissements étrangers directs”, ce qui aurait permis au Maroc de se placer, selon cette institution, premier pays au Maghreb en 2005 et quatrième en Afrique avec un total brut de 2,9 milliards de dollars d’IDE.
    Selon la Cnuced l’intérêt des investisseurs étrangers pour le Maroc serait que celui-ci disposerait de nombreux atouts : une position stratégique avec ses deux façades maritimes méditerranéenne et atlantique ; la stabilité macroéconomique ; la disponibilité d’une main-d’œuvre qualifiée. Que le pays bénéficie d’une bonne intégration dans l’économie mondiale paraît être aux antipodes des conclusions de la Banque mondiale qui considère que le Maroc est en retard par rapport précisément à cette intégration, l’accusant de retards importants dans le domaine tarifaire et commercial qui sont d’ailleurs les deux facteurs clés de toute bonne intégration à l’économie mondiale… Une autre explication des bons résultats réalisés par le Maroc dans le domaine des IDE serait, selon certains experts de la Cnuced, qu’ils n’ont été possibles que grâce au succès du programme de privatisations et à la mise à niveau du cadre réglementaire de l’investissement dans les années 1990.
    Fait surprenant, la Cnuced, dans ses recommandations, demande au Maroc de moderniser son cadre réglementaire à travers l’élaboration d’un code de l’investissement, la création d’une agence nationale de promotion des investissements comme il en existe une en Tunisie et en Algérie, afin de mieux cibler les investissements. La troisième suggestion, qui pourrait intéresser tous les pays d’Afrique du Nord, concerne le renforcement du système d’innovation pour attirer des investissements technologiques à plus forte valeur ajoutée, la mise en place de centre de formation conjoints avec les sociétés transnationales et la mise en place d’incitations fiscales au profit des entreprises effectuant des activités de recherche-développement (R & D).
    Renault s’installe
    S’agissant des investissements étrangers reçus depuis 2000 à début 2006, les flux en provenance des pays arabes n’ont commencé qu’ partir de 2005, il s’agit d’intentions qui ne se sont pas jusque là fortement concrétisés bien que ces intentions dépassent les 20 milliards de dollars qui doivent venir des Emirats arabes unis, de Bahreïn, du Koweït et de l’Arabie Saoudite. Le principal investisseur a été jusque-là la France, avec 42 % du total des IDE reçus, suivie par l’Espagne, la Suisse et le Portugal. Par ailleurs et s’agissant d’un exemple qui devrait être pris en compte par l’Algérie, 80% des IDE réalisés sont allés vers le rachat d’entreprises privatisées.
    Pour 2007, deux annonces d’investissements semblent avoir été mal reçus par les Algériens. D’abord celui que se propose de réaliser la société Renault Nissan à Tanger pour la création d’une usine de montage du véhicule low cost Logan avec une capacité de 200.000 voitures/an. Les journaux algériens ont exagéré l’importance de ce projet, qui va être réalisé en zone franche, c’est-à-dire qu’il ne produira pas de retombées fiscales importantes pour le budget marocain, il contribue cependant à créer de l’emploi (surtout de faible qualification). De plus, il n’est pas certain qu’il puisse développer un réseau de sous-traitante ayant une valeur technologique importante ; Renault continuera certainement à s’adresser à son réseau de sous-traitants traditionnels, installés en France et dans les anciens pays d’Europe de l’Est. Ce que récoltera le Maroc de ce projet, ce sont 6 000 emplois, une activité importante pour le port de Tanger (à l’arrivée des éléments d’assemblage et au départ des véhicules montés), la distribution de revenus importants dans la région qui nécessiteront des services, des loisirs, etc., ce qui n’est pas négligeable mais ne sera certainement pas la révolution.
    Autre projet passé inaperçu en Algérie mais qui peut être plus intéressant pour les Marocains, c’est celui qu’envisage de réaliser un groupe d’industriels espagnols qui voudraient créer une zone industrielle au sud de Casablanca. Une centaine d’industriels du sud de l’Espagne auraient déjà manifesté leur désir de s’y implanter. Le gouvernement marocain vient de proposer une série de sites susceptibles d’accueillir ce projet ; la société espagnole en charge du projet vient d’opter pour un site de 7 millions de mètres carrés, au sud de Casablanca, sur l’axe routier qui mène vers Marrakech. Il est prévu que cette zone ait son propre port. Il faut espérer seulement pour les Marocains que ce projet ne connaisse pas le sort de la zone franche de Bellara en Algérie et du port sidérurgique de Djenden, un magnifique projet mort du fait de l’absence d’hommes en mesure de le faire aboutir. Il serait peut être temps de rouvrir en le confiant, comme cela a été fait en Egypte pour une zone franche prévue à l’est d’Alexandrie, à un consortium formé par le Qatar et des entreprises singapouriennes les championnes en matière d’installation et de gestion des zones franches, Qatar pour le financement et Singapour pour son savoir-faire…
    Les atouts du Maroc restent importants, avant tout sa stabilité politique, le terrorisme islamique n’arrive pas à s’y développer. Les rapports annuels publiés par le département d’Etat américain à propos de la situation politique des pays arabes ont toujours placé le Maroc parmi les rares pays ou il y aurait des progrès démocratiques en compagnie de Bahreïn et de la Jordanie ; l’Algérie, de même que la Tunisie et l’Egypte, sont toujours classées parmi les autres pays à qui sont attribués, ce qui est devenu une habitude, les mauvais points pour leur action dans le domaine de la démocratisation de leurs pays respectifs. Le Maroc bénéficie d’un autre atout, plus décisif à notre sens, qui concerne sa direction politique symbolisée par un monarque jeune ; celle-ci apparaît comme beaucoup plus ouverte que ne le seraient les directions des trois autres pays ou les dirigeants sont âgés et sont donc dans une situation où ils ne pourraient prendre de décisions audacieuses. Le Maroc disposerait ainsi par rapport à ces trois pays d’une capacité à réformer plus importante.
    Donc si réformes et progrès il y a, c’est de ce pays qu’ils sortiront et c’est peut-être cela l’atout majeur du Maroc dans sa compétition avec ses voisins d’Afrique du Nord.

    Source: les Débats / par : B. Hachemane

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