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Yasuo Fukuda prend les rênes du Japon

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  • Yasuo Fukuda prend les rênes du Japon

    « IL Y A une semaine, je n'aurais jamais cru que je me retrouverais ici » : devant la grande salle du club des correspondants étrangers, Yasuo Fukuda a commencé son discours, mercredi dernier, en s'excusant presque. Depuis qu'il a annoncé sa candidature au poste de premier ministre le 12 septembre, quelques heures après la démission de Shinzo Abe, il semble gravir les marches du pouvoir à reculons. Yasuo Fukuda est de ces animaux politiques qui n'aiment pas la lumière. Saura-t-il s'accommoder du crépitement des flashs ?

    Yasuo Fukuda est du sérail. Son père fut premier ministre de 1976 à 1978. Mais Takeo Fukuda a été défait au sein du parti dans les années 1970 par l'affairiste Kakuei Tanaka, instaurateur d'un système clientéliste à la complexité et à l'étendue hors du commun. « Les enveloppes de corruption étaient calculées au yen près, et tombaient en cascade du premier ministre au plus petit élu régional », se rappelle un proche.

    Yasuo Fukuda restera longtemps en retrait de la vie politique, menant jusqu'à 40 ans une carrière presque ordinaire au sein d'un grand groupe pétrolier japonais. En 1976, la politique le rattrape. Il devient secrétaire particulier de son père, aux côtés d'un certain... Junichiro Koizumi. Ce dernier, après avoir servi le père, se servira du fils, qui deviendra son porte-parole lorsqu'il arrivera aux affaires en 1999. À ce poste, clé mais aux contours indéfinis, Yasuo Fukuda fait merveille : cet homme qui n'a jamais été ministre contrôle en sous-main la politique étrangère du Japon, et intervient dans la politique intérieure de son premier ministre. À ce dernier, les manchettes des journaux. À Yasuo Fukuda, les jouissances de l'ombre. « Fukuda, c'est tout le sérieux et la mesure de Koizumi », résume un de ses proches.

    Pendant que Junichiro Koizumi irritait toute l'Asie en se rendant au sanctuaire nationaliste Yasukuni, Yasuo Fukuda recevait les doléances des victimes chinoises de la Seconde Guerre mondiale. Mais il se lassera, et saisirait le prétexte d'un scandale bénin pour démissionner et prendre congé de son fringant patron.

    Lorsque Junichiro Koizumi quitte le pouvoir en 2006, Yasuo Fukuda refuse de briguer la succession, surprenant son monde. « Yasuo Fukuda savait que la politique de réformes de Junichiro Koizumi ferait beaucoup de dégâts dans les campagnes, base électorale du PLD, raconte un de ses amis. Il ne voulait pas payer les pots cassés. » Il se retire dans sa superbe, n'intervenant jamais dans le débat public. Vraie-fausse sortie ? Depuis des mois Yasuo Fukuda sillonnait discrètement l'Asie, préparant son retour sur le devant de la scène en cas de chute de Shinzo Abe, dit un proche. Depuis la démission en catastrophe de Shinzo Abe, il y a huit jours, il se présente comme l'homme providentiel. Le recours. Non seulement pour la nation, mais aussi pour son parti. Cependant, à la différence de Junichiro Koizumi, qui ne faisait pas mystère de son intention de démolir le Parti libéral-démocrate, sa propre famille politique, pour redonner du lustre à l'exécutif japonais, Yasuo Fukuda demeure loyal au PLD.

    Les chances étaient du côté de Yasuo Fukuda pour le scrutin interne au PLD qui, dimanche, a choisi le secrétaire général du mouvement, donc le premier ministre du Japon. Les factions se sont ralliées les unes après les autres à sa candidature, isolant un peu plus le nationaliste Taro Aso, ancien ministre des Affaires étrangères, populaire, mais nanti de maigres troupes au sein du PLD.

    Yasuo Fukuda refuse la démagogie de son adversaire. À 71 ans et dans un pays régi par ses médias, il n'est pas « sexy ». Il abhorre les visites au sanctuaire Yasukuni, et prône la conciliation avec la Corée du Nord plutôt que la politique de fermeté de Shinzo Abe et de Taro Aso, qui flatte la fierté nippone, mais n'aboutit jamais à rien. « Il ne se prononce pas sur le fond des dossiers depuis un an. On ne connaît pas son opinion. Cela le desservira », prédit l'analyste Takao Toshikawa. Depuis Junichiro Koizumi, la presse à sensation pèse dans le choix et la chute des leaders. Elle pourrait pousser le bronzé, démagogue et populiste Taro Aso, et faire trébucher l'austère Yasuo Fukuda. Dans l'ombre de ce dernier, un autre jeune homme attend, à son tour, son heure : son fils et secrétaire particulier, Tatsuo.

    source : le figaro
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