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Bataille triangulaire pour sortir l'Ukraine de la paralysie

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  • Bataille triangulaire pour sortir l'Ukraine de la paralysie

    L'Ukraine n'est pas une exception. Qu'elles soient sanglantes ou pacifiques, les révolutions portent en elles les germes de la désillusion. Le pays en est à ce stade, trois ans après la "révolution orange". L'optimisme démocratique est retombé, et il n'est pas évident que les élections législatives du dimanche 30 septembre, imposées par la dissolution du Parlement en avril, offrent un remède à la paralysie politique dont souffre le pays.

    Sa cause principale : la cohabitation, depuis les élections de mars 2006, entre le président, Viktor Iouchtchenko, et le premier ministre, Viktor Ianoukovitch, qui jouent sans fin la revanche de l'élection présidentielle de 2004. "Iouchtchenko porte une lourde responsabilité dans ce gâchis, affirme un diplomate européen à Kiev. Il disposait pourtant d'un champ politique unique, d'une légitimité exceptionnelle."

    Un troisième acteur intervient dans ce jeu de neutralisation mutuelle, qui pourrait se poursuivre jusqu'à l'élection présidentielle de 2009 : Ioulia Timochenko, ancien premier ministre et puriste exaltée de la souveraineté. La nature du scrutin - à un tour, proportionnelle intégrale, liste unique dans tout le pays - accentue la personnalisation de cette élection.

    Les derniers jours de campagne ont été marqués par des accusations multiples de manipulation. Elles concernent les 3,5 millions d'Ukrainiens vivant à l'étranger, le plus souvent illégalement, dont le vote pourrait être détourné ; le vote à domicile des personnes âgées ou malades ; le contrôle des commissions électorales locales ; le sort des "âmes mortes", selon l'expression courante dans le pays, qui désigne les personnes décédées mais toujours inscrites sur les listes ; l'achat pur et simple de voix. Des contestations devant les tribunaux sont annoncées.

    Tandis que les trois adversaires se déchirent, les Ukrainiens, appelés une nouvelle fois aux urnes après les législatives de mars 2006, sont gagnés par la lassitude. Les étudiants, eux, peuvent postuler depuis quelques semaines à un emploi précaire mais bien rémunéré : porteur de drapeau pour partis politiques. Les rues de Kiev en regorgent ; c'est payé entre 50 et 100 hrivnas la journée (7 à 14 euros), moins dans les autres villes.

    A trois jours du scrutin, le centre de la capitale est le lieu d'un affrontement symbolique entre les principales forces politiques. Le Parti des régions de M. Ianoukovitch a pris de vitesse la concurrence en s'installant sur la place de l'Indépendance, la Maïdan, coeur de la "révolution orange". Une scène y a été dressée ; discours et musique sont au programme vendredi soir. Les partisans de Mme Timochenko, qui a appelé à une prière collective, se retrouveront, eux, au pied d'une autre scène, devant la cathédrale Sainte-Sophie.

    Avant l'interdiction de leur publication il y a dix jours, les études des instituts de sondage donnaient le Parti des régions en tête, avec un score situé entre 30 % et 35 % des voix, suivi du Bloc de Ioulia Timochenko, avec 25 % des voix, puis de Notre Ukraine-Autodéfense nationale, l'alliance autour du président, gratifiée de 10 % à 15 %. L'incertitude demeure autour du sort de trois petits partis : franchiront-ils la barre des 3 % pour entrer à la Rada (Parlement) ?

    Si aucun parti n'obtient la majorité des 450 sièges, les tractations commenceront pour former une coalition. Toutes les hypothèses ont déjà été envisagées, y compris un incroyable rapprochement entre les deux Viktor - Iouchtchenko et Ianoukovitch -, unis dans leur rejet de Ioulia Timochenko. Mais jeudi, c'est cette dernière qui était reçue par M. Iouchtchenko. "Nous avons un seul scénario, la formation d'une coalition démocratique", a déclaré le président ukrainien, semblant dessiner une possible réconciliation des "orangistes".

    "Le président sait qu'elle le dévorera si elle devient premier ministre, car elle est psychologiquement plus forte et meilleure stratège, souligne Kostantin Bondarenko, de l'Institut Gorchenine des problèmes de management politique. La seule issue pour lui consisterait à changer la Constitution et à rétablir un véritable pouvoir présidentiel."

    Le Monde
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