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Les Berbères selon Ibn Khaldûn...

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  • Les Berbères selon Ibn Khaldûn...

    "Des talents que la race berbère a déployés, tant dans les temps anciens que de nos jours, et des nobles qualités par lesquelles elle s’est élevée à la puissance et au rang de Nation".
    extrait de l’ouvrage de Ibn-Khaldoun, dans Histoire des Berbères et des dynasties de l’Afrique Septentrionale, Tome I, Traduit par Le Baron de Slane et Paul Casanova, Librairie Orientaliste, Paris 1978, pages 198-301
    En traitant de la race berbère, des nombreuses populations dont elle se compose, et de la multitude de tribus et de peuplades dans laquelle elle se divise, nous avons fait mention des victoires qu’elle remporta sur les princes de la terre, et des luttes avec divers empires pendant des siècles, depuis ses guerres en Syrie avec les enfants d’Israël et sa sortie de ce pays pour transporter en Ifrikïa et en Maghreb. Nous avons raconté les combats quelle livra aux premières armées musulmanes qui envahirent l’Afrique; nous avons signalé les nombreux traits de bravoure qu’elle déploya sous les drapeaux de ses nouveaux alliés, et retracé l’histoire de Dihya-t-el-Kahena, du peuple nombreux et puissant qui obéissait à cette femme, et de l’autorité qu’elle exerça dans l’Auras, depuis les temps qui précèdent immédiatement l’arrivée des vrais croyants jusqu’à sa défaite par les Arabes.
    Nous avons mentionné avec quel empressement la tribu de Miknaça se rallia aux musulmans; comment elle se révolta et chercha un asile dans le Maghreb-el-Acsa pour échapper à la vengeance d’Ocba-Ibn-Nafè, et comment les troupes du Khalife Hicham la subjuguèrent plus tard dans le territoire du Maghreb. “Les Berbères, dit Ibn-Abi-Yezid, apostasièrent jusqu’à douze fois, tout en Ifrikïa qu’en Maghreb; chaque fois, ils soutinrent une guerre contre les Musulmans, et ils n’adoptèrent définitivement l’islamisme que sous le gouvernement de Mouça-Ibn-Noceir”; ou quelque temps après, selon un autre récit.
    Ayant indiqué les régions du Désert habitées par les Berbères, ainsi que les châteaux, forteresses et villes qu’ils s’étaient bâtis, tels que Sidjilmessa, les bourgades de Taout, de Tîgourarin, de Figuig, de Mozab, de Ouargla, du Righa, du Zab, de Nefzaoua, d’El-Hamma et de Ghadems ; ayant parlé des batailles et des grandes journées dans lesquelles ils étaient distingués ; des empires et royaumes qu’ils avaient fondés ; de leur conduite à l’égard des Arabes Hilaliens, lorsque ceux-ci envahirent l’Ifrikïa au cinquième siècle de l’hégire; de leur procédés envers les Beni-Hammad d’El-Calâ, et de leurs rapport tantôt amicaux, tantôt hostiles ; ayant mentionné les concessions de territoire que les Beni-Bâdin obtinrent des Almohades dans le Maghreb, et raconté les guerres que firent les Beni-Merîn aux successeurs d’Abd-el-Moumen, nous croyons cité une série de faits qui prouvent que les Berbères ont toujours été un peuple puissant, redoutable, brave et nombreux ; un vrai peuple comme tant d’autres dans le monde, tels que les Arabes, les Persans, les Grecs et les Romains.
    Telle fut en effet la race Berbère ; mais, étant tombée en décadence, et ayant perdu son esprit national par l’effet du luxe que l’exercice du pouvoir et l’habitude de la domination avaient introduit dans son sein, elle a vu sa population décroître, son patriotisme disparaître et son esprit de corps et de tribu s’affaiblir au point que diverses peuplades qui la composent sont maintenant devenues sujets d’autres dynasties et ploient, comme des esclaves, sous le fardeau des impôts.
    Pour cette raison, beaucoup de personnes ont eu de la répugnance à se reconnaître d’origine berbère, et cependant on n’a pas oublié la haute renommée que les Auréba et leur chef Koceila s’acquièrent à l’époque de l’invasion musulmane. On se rappelle aussi la vigoureuse résistance faite par les Zenata, jusqu’au moment où leur chef Ouezmar-Ibn-Soulat fut conduit prisonnier à Médine pour être présenté au khalife Othman-Ibn-Affan. On n’a pas oublié leurs successeurs, les Hoouara et les Sanhadja, et comment les Ketama fondèrent ensuite une dynastie qui subjugua l’Afrique occidentale et orientale, expulsa les Abbacides de ce pays et gagna encore d’autres droits à une juste renommée.
    Citons ensuite les vertus qui font honneur à l’homme et qui étaient devenues pour les Berbères une seconde nature ; leur empressement à s’acquérir des qualités louables, la noblesses d’âme qui les porta au premier rang parmi les nations, les actions par lesquelles ils méritèrent les louanges de l’univers, bravoure et promptitude à défendre leurs hôtes et clients, fidèles aux promesses, aux engagements et aux traités, patience dans l’adversité, fermeté dans les grandes afflictions, douceur de caractère, indulgence pour les défauts d’autrui, éloignement pour la vengeance, bonté pour les malheureux, respects pour les vieillards et les hommes dévots, empressement à soulager les infortunés, industrie, hospitalité, charité, magnanimité, haine de l’oppression, valeur déployée contre les empires de la terre, dévouement à la cause de Dieu et de sa religion ; voilà, pour les Berbères, une foule de titres à une haute illustration, titres hérités de leurs pères et dont l’exposition, mise par écrit, aurait pu servir d’exemple aux nations à venir.
    Que l’on se rappelle seulement les belles qualités qui portèrent au faîte de la gloire et les élevèrent jusqu’aux hauteurs de la domination, de sorte que le pays entier leur fut soumis et que les ordres rencontrèrent partout une prompte obéissance.
    Parmi les plus illustres Berbères de la première race, citons d’abord Bologguîn-Ibn-Zîri le Sanhadjien qui gouverna l’Ifrikïa au nom des Fatemides ; nommons ensuite Mohammed-Ibn-Khazer et son fils El-Kheir, Arouba-Ibn-Youçof-el-Ketami, champion de la cause d’Obeid-Allah-es-Chîi, Youçof-Ibn-Tachefin, roi des Lemtouna du Maghreb, et Abd-el Moumen-Ibn-Ali, grand cheikh des Almohades et disciple de l’imam El-Mehdi.
    Parmi les Berbères de la seconde race on voit figurer plusieurs chefs éminents qui, emportés par une noble ambition, réussirent à fonder des empires et à conquérir le Maghreb central et le Maghreb-el-Acsa. D’abord, Yacoub-Ibn-Abd-el-Hack, sultan des Beni-Merîn; puis, Yaghmoracen-Ibn-Zîan, sultan des Ben-Abd-el-Ouad; ensuite, Mohammed-Ibn-Abd-el-Caouï-Ibn-Ouzmar, chef des Beni-Toudjîn. Ajoutons à cette liste le nom de Thabet-Ibn-Mendil, émir des Maghraoua établis sur le Chélif, et celui d’Ouzmar-Ibn-Ibrahim, chef des Beni-Rached ; tous princes contemporains, tous ayant travaillé, selon leurs moyens, pour la prospérité de leur peuple et pour leur propre gloire.
    Parmi les chefs berbères voilà ceux qui possédèrent au plus haut degré les brillantes qualités que nous avons énumérées, et qui, tant avant qu’après l’établissement de leur domination, jouirent d’une réputation étendue, réputation qui a été transmise à la postérité par les meilleures autorités d’entre les Berbères et les autres nations, de sorte que le récit de leurs exploits porte tous les caractères d’une authenticité parfaite.
    "...Ils sont les meilleurs guerriers du monde. Ils possèdent surtout une qualité maîtresse: le mépris absolu du danger, et une merveilleuse faculté innée d'exploitation du terrain...

    P. Dumas
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