avec de nouveaux partenaires économiques comme dubai,la chine ou l'inde
l'afrique fait son chemin sans tapage ni grandes declarations,et dans la diginité,vive les relations sud-sud elles me semblent étre les plus efficaces
Cotonou, en mai 2006, Nicolas Sarkozy a déclaré que "la France n'avait économiquement plus besoin de l'Afrique". Elu président, il déclare à Dakar que "l'homme africain n'est pas entré dans l'histoire". Comment avez-vous apprécié ces discours ?
A Cotonou, M. Sarkozy a affirmé que les relations de la France avec l'Afrique devaient évoluer sur un mode moins passionnel, moins compassionnel. Il a dit que ce n'est pas parce que la France a besoin d'exploiter l'Afrique qu'elle va faire des choses avec le continent. Beaucoup de gens ont compris que "la France n'avait plus besoin de l'Afrique". M. Sarkozy n'a pas pu vouloir dire cela. Quand on voit la stratégie de Total, l'importance du Niger pour Areva ou le fait que l'Afrique est le principal centre de profit d'Air France, on pourrait même soutenir que la France a un petit peu plus besoin de l'Afrique qu'avant.
A Dakar, après un très beau discours sur la colonisation, le président a poursuivi en affirmant que l'homme africain n'était pas entré dans l'histoire. Autant l'ancien avocat d'affaires était à l'aise sur le terrain du droit, autant on a deviné qu'il n'était pas anthropologue ! En un siècle, on a imposé à "l'homme africain" des cultures d'exportation - le coton par exemple - qui ont été expédiées dans les Vosges et maintenant en Chine ! Aujourd'hui, les cotonculteurs burkinabés consultent sur ordinateur les cours du marché de Chicago et viennent d'autoriser les OGM. Si ce n'est pas une entrée dans l'histoire ! Le président actuel ne rend pas justice à l'hyperactivité des Africains.
La gauche vous semble-t-elle plus cohérente sur l'Afrique ?
Entre le président qui pense que l'Africain n'est pas entré dans l'histoire et les bonnes âmes de gauche convaincues que les campagnes africaines se vident parce qu'on y meurt de faim, c'est le même discours. La gauche pense que l'Afrique végète et qu'il faut faire un effort de générosité ; la droite part du même constat pour prôner des solutions libérales. Tous nous trouvent nuls. La réalité est que l'Afrique atteint 5 % ou 6 % de croissance pendant que la France est à 1,8 %. En jetant ce regard misérabiliste et compassionnel sur l'Afrique, la France se rassure elle-même. Elle a besoin de penser que l'Afrique ne va pas bien. Pendant ce temps, les gens de Dubaï, les Indiens et les Chinois, ne nous disent pas que nous ne sommes pas entrés dans l'histoire, ils commercent avec nous.
Je ne vois pas de continent qui ait progressé plus vite que l'Afrique ces dernières années, en termes de dynamique, de respect du droit, d'alphabétisation... Il est vrai que les années 1980 et 1990 ont été horribles, marquées par des guerres et des crises économiques. Mais cela appartient au passé.
Quel progrès vous semble le plus marquant ?
Le plus frappant, c'est l'assainissement financier. L'Afrique s'est désendettée, l'inflation et les déficits publics sont maîtrisés. Regardez les pays de la zone franc : l'inflation est faible et les déficits publics représentent moins de 3 % du PIB. Les signes de pathologie économique régressent, et ce sans le FMI et sans émeutes de la faim. Et cela ne s'explique pas que par la hausse des matières premières. Je suis moins impressionné par la croissance à deux chiffres de l'Angola et du Mozambique, qui ont du pétrole et où tout est à reconstruire, que par les 3 % à 4 % de croissance annuelle que réalise le Burkina-Faso, un Etat enclavé qui ne produit que du coton, une des rares matières premières dont le prix n'augmente pas. Sur les 53 pays d'Afrique, 14 ont du pétrole mais tous progressent.
Y a-t-il un pays exemplaire ?
Je préfère regarder ce que chaque pays fait de bien. Prenez le Sénégal, le Mali, le Bénin, la Sierra Leone, le Liberia, la démocratie y progresse, ce qui ne peut que favoriser le développement économique. On a longtemps opposé le miracle ivoirien à la stagnation sénégalaise. Or ce pays progresse. Mittal vient d'annoncer un investissement de 2 milliards de dollars (1,4 milliard d'euros), ce qui représente près du tiers du PIB local ! Et Dubaï est en train d'investir dans le port de Dakar. Au Maroc, une nouvelle génération émerge et Tanger devient une plate-forme logistique et industrielle pour toute la Méditerranée. Au Bénin, le taux de participation aux élections est de 85 %. Les Africains peuvent aujourd'hui se regarder sans rougir.
Les infrastructures font encore souvent défaut.
L'Afrique manque d'infrastructures, c'est vrai, mais, désormais, nous savons nouer des partenariats entre le public et le secteur privé et, grâce à ce dernier, les projets avancent. Quand le Sénégal a privatisé son opérateur téléphonique, personne ne prévoyait que la Sonatel vaudrait 2,8 milliards de dollars et qu'elle serait la première capitalisation d'Afrique, hors Afrique du Sud. Au Sénégal et au Bénin, un tiers de la population a un téléphone portable.
Ce printemps de l'Afrique ne risque-t-il pas d'être éphémère ?
Si les mentalités évoluent, si l'éducation progresse et si les infrastructures s'améliorent, on peut être optimiste.
L'exode rural reste une réalité.
Est-ce que les Français ont pleuré sur les pauvres paysans bretons qui quittaient leurs terres pour débarquer à Paris ? L'exode rural s'explique par les gains de productivité dans l'agriculture. Aujourd'hui, dans certaines fermes du Bénin, on a trois récoltes de riz par an. Le Sahel, que l'on continue de voir comme une terre de famine, est devenu le premier exportateur africain de protéines animales.
Mais la croissance urbaine n'est pas maîtrisée.
Les villes deviennent de véritables acteurs économiques et ont un effet d'entrainement sur une partie du pays. C'est le cas du métro à Alger ou de l'assainissement des eaux de Casablanca. Même le développement de Lagos est mieux maîtrisé qu'il y a cinq ans. Et si Dakar est saturé, c'est parce qu'il y a des chantiers partout.
l'afrique fait son chemin sans tapage ni grandes declarations,et dans la diginité,vive les relations sud-sud elles me semblent étre les plus efficaces
Cotonou, en mai 2006, Nicolas Sarkozy a déclaré que "la France n'avait économiquement plus besoin de l'Afrique". Elu président, il déclare à Dakar que "l'homme africain n'est pas entré dans l'histoire". Comment avez-vous apprécié ces discours ?
A Cotonou, M. Sarkozy a affirmé que les relations de la France avec l'Afrique devaient évoluer sur un mode moins passionnel, moins compassionnel. Il a dit que ce n'est pas parce que la France a besoin d'exploiter l'Afrique qu'elle va faire des choses avec le continent. Beaucoup de gens ont compris que "la France n'avait plus besoin de l'Afrique". M. Sarkozy n'a pas pu vouloir dire cela. Quand on voit la stratégie de Total, l'importance du Niger pour Areva ou le fait que l'Afrique est le principal centre de profit d'Air France, on pourrait même soutenir que la France a un petit peu plus besoin de l'Afrique qu'avant.
A Dakar, après un très beau discours sur la colonisation, le président a poursuivi en affirmant que l'homme africain n'était pas entré dans l'histoire. Autant l'ancien avocat d'affaires était à l'aise sur le terrain du droit, autant on a deviné qu'il n'était pas anthropologue ! En un siècle, on a imposé à "l'homme africain" des cultures d'exportation - le coton par exemple - qui ont été expédiées dans les Vosges et maintenant en Chine ! Aujourd'hui, les cotonculteurs burkinabés consultent sur ordinateur les cours du marché de Chicago et viennent d'autoriser les OGM. Si ce n'est pas une entrée dans l'histoire ! Le président actuel ne rend pas justice à l'hyperactivité des Africains.
La gauche vous semble-t-elle plus cohérente sur l'Afrique ?
Entre le président qui pense que l'Africain n'est pas entré dans l'histoire et les bonnes âmes de gauche convaincues que les campagnes africaines se vident parce qu'on y meurt de faim, c'est le même discours. La gauche pense que l'Afrique végète et qu'il faut faire un effort de générosité ; la droite part du même constat pour prôner des solutions libérales. Tous nous trouvent nuls. La réalité est que l'Afrique atteint 5 % ou 6 % de croissance pendant que la France est à 1,8 %. En jetant ce regard misérabiliste et compassionnel sur l'Afrique, la France se rassure elle-même. Elle a besoin de penser que l'Afrique ne va pas bien. Pendant ce temps, les gens de Dubaï, les Indiens et les Chinois, ne nous disent pas que nous ne sommes pas entrés dans l'histoire, ils commercent avec nous.
Je ne vois pas de continent qui ait progressé plus vite que l'Afrique ces dernières années, en termes de dynamique, de respect du droit, d'alphabétisation... Il est vrai que les années 1980 et 1990 ont été horribles, marquées par des guerres et des crises économiques. Mais cela appartient au passé.
Quel progrès vous semble le plus marquant ?
Le plus frappant, c'est l'assainissement financier. L'Afrique s'est désendettée, l'inflation et les déficits publics sont maîtrisés. Regardez les pays de la zone franc : l'inflation est faible et les déficits publics représentent moins de 3 % du PIB. Les signes de pathologie économique régressent, et ce sans le FMI et sans émeutes de la faim. Et cela ne s'explique pas que par la hausse des matières premières. Je suis moins impressionné par la croissance à deux chiffres de l'Angola et du Mozambique, qui ont du pétrole et où tout est à reconstruire, que par les 3 % à 4 % de croissance annuelle que réalise le Burkina-Faso, un Etat enclavé qui ne produit que du coton, une des rares matières premières dont le prix n'augmente pas. Sur les 53 pays d'Afrique, 14 ont du pétrole mais tous progressent.
Y a-t-il un pays exemplaire ?
Je préfère regarder ce que chaque pays fait de bien. Prenez le Sénégal, le Mali, le Bénin, la Sierra Leone, le Liberia, la démocratie y progresse, ce qui ne peut que favoriser le développement économique. On a longtemps opposé le miracle ivoirien à la stagnation sénégalaise. Or ce pays progresse. Mittal vient d'annoncer un investissement de 2 milliards de dollars (1,4 milliard d'euros), ce qui représente près du tiers du PIB local ! Et Dubaï est en train d'investir dans le port de Dakar. Au Maroc, une nouvelle génération émerge et Tanger devient une plate-forme logistique et industrielle pour toute la Méditerranée. Au Bénin, le taux de participation aux élections est de 85 %. Les Africains peuvent aujourd'hui se regarder sans rougir.
Les infrastructures font encore souvent défaut.
L'Afrique manque d'infrastructures, c'est vrai, mais, désormais, nous savons nouer des partenariats entre le public et le secteur privé et, grâce à ce dernier, les projets avancent. Quand le Sénégal a privatisé son opérateur téléphonique, personne ne prévoyait que la Sonatel vaudrait 2,8 milliards de dollars et qu'elle serait la première capitalisation d'Afrique, hors Afrique du Sud. Au Sénégal et au Bénin, un tiers de la population a un téléphone portable.
Ce printemps de l'Afrique ne risque-t-il pas d'être éphémère ?
Si les mentalités évoluent, si l'éducation progresse et si les infrastructures s'améliorent, on peut être optimiste.
L'exode rural reste une réalité.
Est-ce que les Français ont pleuré sur les pauvres paysans bretons qui quittaient leurs terres pour débarquer à Paris ? L'exode rural s'explique par les gains de productivité dans l'agriculture. Aujourd'hui, dans certaines fermes du Bénin, on a trois récoltes de riz par an. Le Sahel, que l'on continue de voir comme une terre de famine, est devenu le premier exportateur africain de protéines animales.
Mais la croissance urbaine n'est pas maîtrisée.
Les villes deviennent de véritables acteurs économiques et ont un effet d'entrainement sur une partie du pays. C'est le cas du métro à Alger ou de l'assainissement des eaux de Casablanca. Même le développement de Lagos est mieux maîtrisé qu'il y a cinq ans. Et si Dakar est saturé, c'est parce qu'il y a des chantiers partout.
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