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Claude Guéant, l'homme le plus puissant de France

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  • Claude Guéant, l'homme le plus puissant de France

    Cardinal, Premier ministre bis, vice-président... Quel autre surnom trouvera-t-on encore à Claude Guéant, secrétaire général de l’Elysée, sans doute l’homme le plus puissant de France après Nicolas Sarkozy ? Jusqu’où ira-t-il ? La confiance absolue que le chef de l’Etat a en lui et sa récente montée en puissance médiatique en font désormais un politique à qui l’on imagine un destin. Pour l’heure, cet homme de 62 ans qui, après une carrière exemplaire dans le corps préfectoral, se retrouve au sommet du pouvoir se veut modeste, comme ses origines. Il n’affiche aucune ambition, sauf celle de servir au mieux son pays... et son président. « Je ne formule qu’un voeu. Rester ici jusqu’en 2012. » Mais si Nicolas Sarkozy lui confie une autre mission ? « Je suis discipliné », répond-il dans un demi-sourire, sachant que le microcosme, déjà, le voit un jour à Matignon. Lui n’exclut rien mais ne demande rien, sachant que la meilleure manière, parfois, de grimper les marches est surtout de ne pas chercher à se hisser.

    Son parcours en est un bon exemple. Rien ne prédestinait cet enfant de Vimy (voir encadré) à se retrouver dans le palais le plus convoité de la République. C’est son ardeur et son habileté à la tâche qui le font peu à peu repérer comme un des meilleurs préfets de France. Les jeunes sous-préfets qui sortent de l’Ena demandent une affectation à ses côtés, tellement sa réputation a fait tache d’huile. « Je serais allé n’importe où pour travailler avec lui », raconte l’actuel chef de cabinet du président, Cédric Goubet. Il a atterri à la préfecture de Besançon. Il n’a pas eu à le regretter. La grande rencontre de Guéant est bien sûr Nicolas Sarkozy. Quand celui-ci lui demande d’être son directeur de cabinet, en 2002, Place Beauvau, il n’hésite pas une seconde et fonce à Paris. A Brice Hortefeux, qui l’avait appelé, il glisse, l’air de rien : « Je suppose qu’il vaut mieux que je prenne une valise... »

    Sarkozy, il ne l’avait que croisé jusqu’ici, mais il avait déjà décelé chez lui des qualités exceptionnelles, en particulier au moment de la prise d’otages de la maternelle de Neuilly (1993). Le voilà bras droit du ministre de l’Intérieur, qui affiche ouvertement sa volonté de briguer le pouvoir suprême. « C’est là que commence mon aventure politique. Nous étions clairement dans une démarche de conquête. Cela a été passionnant. »

    On a souvent dit que c’est le refus - à ses yeux blessant et injuste - de Jacques Chirac de le nommer préfet de police en 2004 qui l’a conduit à s’engager politiquement. Avec le président Chirac, le tête-à-tête fut glacial : Guéant refusa les trois postes qui lui furent proposés en compensation. Mais l’épisode, dit-il, n’a fait que confirmer son choix. Même s’il avait été nommé à la « PP », il n’aurait pas fait une croix sur la politique. « Je serais revenu dès que Nicolas Sarkozy me l’aurait demandé », avoue cet homme beaucoup plus passionné qu’il ne veut bien le montrer.

    Aujourd’hui, il est à la fois craint et respecté. Craint puisque tout passe par lui et qu’il a un accès privilégié au président. Mais respecté, car, au-delà de ses qualités de bosseur, il est un « facilitateur » du travail gouvernemental. Il calme souvent le chef de l’Etat, tempère ses réactions sur les textes ou les hommes. Ce contrepoids précieux permet au tandem de l’Elysée d’avancer en une heureuse synthèse, bénéfique pour tous.

    Expression libre

    Lui arrive-t-il d’avoir des désaccords de fond avec le président ? C’est évident, Sarkozy lui-même ne s’en cache pas (voir encadré). Mais ils sont rares et n’ont aucune conséquence délétère. Plus fréquemment, Guéant s’efforce d’apporter des éléments d’éclairage sur un dossier, de manière à faire évoluer la réflexion du président. Il a ainsi récemment donné son opinion sur la mise en oeuvre de la « TVA sociale ». « Je n’y suis pas hostile par principe, mais j’ai souligné la contradiction qu’il pouvait y avoir entre cette mesure et la volonté de revaloriser le pouvoir d’achat. » Exit la TVA sociale, malgré les convictions d’un autre conseiller haut placé, Henri Guaino (voir encadré), qui lui est favorable depuis longtemps.

    L’ami Guaino, d’ailleurs, n’est pas toujours facile à gérer. Le discours de Dakar qu’il avait écrit pour le président s’est révélé désastreux. « Une cata ! » glisse Guéant, qui, retenu en Libye, n’avait pas pu le relire. Explication de gravure au retour. Dans l’ensemble, Guéant juge que les interventions de Guaino sont désormais plus modérées. Mais on n’est jamais à l’abri d’une surprise. Ainsi l’interview accordée au Figaro par le conseiller spécial, jeudi 13 septembre. Il y tenait des propos sur les régimes spéciaux qui ont fait bondir les responsables de la CGT, qui s’étaient - avec quelles complicités ? - procuré une copie de l’interview avant parution. Dès le mercredi soir, Guéant fut bombardé de coups de téléphone de la CGT. Là aussi, il a su calmer les choses. L’interview contenait par ailleurs quelques considérations sur le rôle du Premier ministre qui « n’avait qu’à trouver sa place ». Une remarque qui, dans le climat de légère tension entre Matignon et l’Elysée, n’était pas forcément opportune.

    Mais l’expression libre des conseillers du prince n’est pas négociable. Telle est la volonté de Sarkozy. Il souhaite que Guéant s’exprime dans la cour des grands. Il lui a demandé de ne plus faire de « petites » émissions du matin, mais celles de durée plus importante. Ainsi a-t-il accepté le Grand Jury RTL -Le Figaro- LCI, la veille d’un passage plus court de Fillon à France Inter. Il y a montré du réflexe politique, reprenant au vol Christine Lagarde, remplaçant son expression « plan de rigueur » par celui de « plan de valorisation ».

    source : le point
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