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Gestion des institutions publiques : Quand l’intelligence manque

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    Gestion des institutions publiques Quand l’intelligence manque à la gouvernance
    par Ghania Oukazi


    La dissolution des entreprises publiques semble désormais se décider d’une manière unilatérale quand on sait que le chef du gouvernement l’a annoncée sans en prévenir le partenaire social. La fermeture d’espaces ou institutions publics l’est presque tout autant par le simple fait du prince.

    «On n’est pas au courant de cette décision, nous n’en avons même pas discuté», nous a répondu hier un membre du secrétariat national de la centrale syndicale à propos de l’annonce faite par le chef du gouvernement relative à la dissolution de 120 entreprises publiques. Abdelaziz Belkhadem a mis en avant l’absence de perspective que ces entreprises n’ont ni les moyens ni les capacités de présenter au marché. «L’Etat ne peut pas continuer à perfuser des cadavres et va aller vers la dissolution de ces entreprises en prenant en charge leur potentiel de production et la main-d’oeuvre», promet-il. En fait, le chef du gouvernement n’a fait ainsi que vendre l’idée déjà avancée par Hamid Temmar. Dans la foulée, Belkhadem a estimé que l’assainissement doit aussi concerner les banques publiques. Mais comme s’il voulait confirmer implicitement qu’elle n’a pas réussi, il fait savoir que «la réforme bancaire ne peut se faire sans mise à niveau des banques».

    Si le gouvernement annonce la dissolution d’entreprises publiques c’est, disent les spécialistes de la chose économique, qu’il a décidé de ne plus les financer. On explique que sur injonction de l’Etat, «les banques ont toujours nourri dans leurs portefeuilles tous les crédits non performants qu’elles ont donnés aux entreprises publiques». En terme technique: «les banques ont toujours procédé au paiement des taxes sur les intérêts qu’elles décomptent sur des crédits non performants mais qui ne sont pas déclarés en tant que tels».



    LE TEMPS OU LA RIGUEUR ETAIT ORDRE



    Pour sortir de ce cycle infernal, les banques, disent les spécialistes, «ont deux possibilités, soit elles considèrent que ces entreprises sont en faillite et elles décident de provisionner leurs crédits sur leurs propres résultats avec en face l’inconvénient de provoquer la baisse de ces mêmes résultats». Le problème «c’est qu’en tant qu’entités publiques, les banques ne peuvent pas décider qu’un crédit est non performant même si elles le savent». Elles attendront donc une décision de l’Etat qui, pour seconde possibilité, «peut les assainir à leur tour parce qu’elles croulent sous le poids des créances non performantes, ceci en injectant des fonds dans leur capital. Mais cela n’assainie pas pour autant leurs portefeuilles». Ou alors le Trésor public décide de prendre en charge une partie du portefeuille de ces créances, «ce qui permet à ces banques de présenter des comptes conformes aux règles de bonne gestion. Ce qui leur facilite l’intervention sur le marché en donnant des crédits. A condition, bien sûr, que ces derniers soient adossés à un objet commercial bien précis». Mais là, c’est une autre question d’éthique... L’on estime que pour ce qui est de l’assainissement des banques «la seule fois où les choses ont été faites «autrement», c’est lorsque Ahmed Ouyahia est venu pour la première fois aux commandes de l’Exécutif à un moment où le pays avait très peu de ressources et se faisait dicter des conditionnalités des institutions de Bretton Woods. Au temps où la rigueur était ordre. Résultat: ce sont 450.000 entreprises qui ont été dissoutes sous la pression du FMI et de la Banque mondiale «pour cause d’absence de perspective au marché». Il y a eu en ce temps-là le fameux dispositif Banques-Entreprises à travers lequel l’assainissement a été mené. «Mais à cette période, il y avait les holdings qui avec les banques prenaient entreprise par entreprise et jugeaient de leur état en relation avec le Trésor public qui payait», rappellent des gestionnaires.



    LE GESTE A L’AIR NIAIS



    Décidée à pied levé, la dissolution des holdings a provoqué une période de flottement qui a laissé les entreprises publiques «orphelines». «Il faut absolument leur assurer un pilotage sur la base d’une stratégie, de perspectives précises et de vision claire», disent les spécialistes. «Trouvez-vous normal qu’une compagnie aussi importante qu’Air Algérie reste aussi longtemps sans directeur général ?», s’interrogent-ils.

    En attendant, l’UGTA nous affirme que «son secrétariat national va se réunir pour examiner la question de la dissolution des 120 entreprises publiques». Elle déplore, cependant, le fait que ses troupes n’aient pas été associées à cette décision. «Pourtant il y a toujours un cadre dans lequel nous pouvons discuter avec le gouvernement». Ceci étant dit, la centrale syndicale n’a pas attendu de réunir son secrétariat national pour s’empresser d’adresser une lettre au président de la République le remerciant d’avoir concédé une augmentation des salaires aux personnels de la fonction publique. Par ce geste à l’air niais, l’UGTA a ainsi confirmé qu’elle n’avait aucun mérite dans ce qui a été décidé au profit des travailleurs. Et démontre par conséquent que toute augmentation de salaires ou règlement de situation conflictuelle dans le monde du travail ne sont donc possibles que si le président daigne leur apporter des solutions. Connue pour être un appareil assujetti aux bons vouloirs des pouvoirs en place, par sa dernière missive au chef de l’Etat, l’UGTA renie jusqu’à son existence en tant que syndicat censé constituer un contre-pouvoir. Le chef du gouvernement ne s’est pas arrêté à l’annonce de la dissolution d’entreprises. Devant un parterre en panne d’idées qui ne l’a interpellé sur aucun sujet, Belkhadem évoquera la hausse des prix à la consommation et défendra un système de régulation du marché par lequel aucun gouvernement n’a jamais réussi à équilibrer entre l’offre et la demande et à freiner les pratiques spéculatives. Il mettra en avant les subventions que l’Etat a toujours accordées aux produits de première nécessité sans pour autant corriger son système de contrôle dont la défaillance n’est pas à démontrer.



    LA GESTION PAR L’ABSURDE



    Il est clair que plus l’Etat subventionne, plus la corruption et les fortunes illicites s’amplifient. A défaut de corriger les inégalités sociales par le réajustement des salaires des couches moyennes, l’Etat s’entête ainsi à gérer par l’absurde. La gouvernance manque affreusement d’intelligence même si elle tente de rattraper les retards qu’elle a elle-même provoqués. A titre d’exemple, ce n’est qu’hier que le ministre du Commerce a annoncé l’installation du conseil de la concurrence dont les textes de création doivent avoir moisi dans les tiroirs.

    Et ce ne sont pas les faits qui manquent pour prouver que la gestion par l’absurde se confond très souvent avec le fait du prince. Notre confrère El Khabar a rapporté dans son édition d’hier que l’école Abdellah Ibn Abbas située à l’avenue Bachir Ibrahimi à Alger a été fermée par mesure de sécurité. Le tort de ses élèves est d’être scolarisés dans les alentours du domicile du président de la République. Selon notre confrère, le ministre de l’Education justifiera la décision de la fermeture de l’école pour raison de travaux de réfection. Comme si les trois mois de vacances ne suffisent pas pour le faire. Il faut croire encore une fois que nos gouvernants s’accommodent facilement du délire. Ce dont on est sûr, c’est qu’au nom de la lutte antiterroriste, les hommes de l’Etat accaparent des espaces publics qui reviennent de droit au peuple.

    La fermeture de l’école s’ajoute à celle depuis les attentats, des alentours du Palais du gouvernement, à partir d’un certain niveau de la rue du Dr Saâdane jusqu’à l’intersection Telemly - stade Ouaguenouni.

    La montée du Dr Trolard en direction de la rue Duc des Cars est aussi interdite au public au même titre que la rue Serpadi menant à la Bibliothèque nationale et les escaliers reliant la rue Pasteur à celle du Dr Saâdane, longeant la façade arrière de la Direction générale des douanes. Le jardin jouxtant le Palais du gouvernement est lui aussi fermé au public. A défaut d’apporter les réajustements et moyens nécessaires et efficaces pour lutter contre l’insécurité, les gouvernants ont opté pour la solution de facilité, celle de privatiser les lieux publics.
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