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Hausse des prix: Pourquoi les droits de l’homme s’en mêlent

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  • Hausse des prix: Pourquoi les droits de l’homme s’en mêlent

    L’AMDH (Association marocaine des droits de l’homme) opère un revirement vers la défense des droits économiques et sociaux. Elle intervient ainsi sur deux fronts: les droits de l’homme et ceux socio-économiques. Liberté d’expression et consommation sont ainsi désormais sur un pied d’égalité. Une tendance que l’on retrouve aussi à l’international.

    - L’Economiste: Comment vous expliquez les dérapages qu’a connus le sit-in tenu à Sefrou le 23 septembre?
    - Abdelhamid Amine: D’abord il faut rappeler que ce qui s’est passé à Sefrou le dimanche 23 septembre n’était pas nouveau. Toute la semaine qui a précédé et surtout depuis le 18 septembre, un climat de tension était perceptible.
    Des manifestations et une marche ont été organisées par la population de la localité de Labhalil à 5 km de Sefrou. C’était surtout des femmes qui avaient fait la marche. C’est dire qu’il y avait un climat tendu. Mais ce qui a exacerbé la tension, c’est l’absence de dialogue des autorités avec les manifestants. Le gouverneur en est le premier responsable puisqu’il aurait pu recevoir les représentants des manifestants.

    A l’absence de dialogue s’est ajoutée l’attitude répressive des autorités. Et c’est exactement ce qui explique la tournure qu’a connue le sit-in du 23 septembre. D’aucuns disent que les auteurs des dérapages se sont greffés à l’AMDH pour saboter la manifestation. Mais moi je pense qu’il y a eu plutôt un climat de tension. Du coup, des gens ont estimé que le sit-in n’était pas suffisant. D’où la marche vers la préfecture qui a été réprimée et les dérapages qui s’en sont suivis.

    - Avec Sefrou, l’AMDH semble opèrer un revirement dans son discours. Vous passez subitement des droits de l’homme aux droits économiques et sociaux…
    - En effet, mais c’est le cas depuis pratiquement un an. Le revirement vers les droits sociaux et économiques a été opéré exactement depuis fin septembre 2006. Tout simplement, l’AMDH reconnaît qu’elle avait négligé cet aspect social et qu’il fallait faire de l’autocritique. Nous avons pendant longtemps focalisé les droits de l’homme car il y avait des priorités, notamment les années de plomb, les détenus politiques… Aussi nous a-t-on beaucoup reproché de nous intéresser uniquement aux droits civils et politiques qui touchent une minorité d’intellectuels et de politiques. Or, les droits sociaux, économiques et culturels fédèrent l’ensemble des citoyens. Il fallait donc lutter simultanément sur deux fronts: les droits civil et politique au même titre que l’économique et le social.

    - Ce n’est pas une sorte de déviation de votre organisation?
    - Pas du tout, c’est un retour aux fondements de base de l’AMDH et des droits de l’homme. Il faut reconnaître que, quelque part, les droits économiques et sociaux représentent l’un des aspects des droits de l’homme. D’ailleurs, le Maroc a ratifié en 1997 la Convention internationale des droits politiques. Le même jour, il a ratifié la Convention des droits économiques et sociaux. C’est dire que le Maroc a l’obligation d’appliquer les dispositions de la Convention internationale des droits économiques et sociaux.

    Par ailleurs, la tendance au niveau international est que les mouvements des droits de l’homme sont en train d’opérer le même revirement vers les droits économiques et la protection des consommateurs.

    - Au Maroc, cela risque de faire doublon avec les associations de protection du consommateur qui ont un cahier des charges plus précis…
    - Pas forcément. Les associations dont la mission est la protection du consommateur veillent surtout sur la qualité des produits, l’hygiène, les prix et la sensibilisation. En revanche, ces structures n’ont pas la force de mobilisation et le réseau dont dispose une association des droits de l’homme.

    - L’on a tendance à oublier que les prix sont libres au Maroc!
    - Oui, mais encore faut-il expliquer cela aux citoyens ordinaires. Des prix libres certes, mais cela sous-entend aussi des revalorisations des salaires de façon régulière et parallèle. Autrement, le pouvoir d’achat est laminé.

    44 détenus dont 10 mineurs

    La section locale de l’AMDH à Sefrou a participé mercredi 3 octobre à un sit-in dans la capitale de la cerise. Une manifestation organisée par les familles des détenus des derniers événements de Sefrou.
    Un comité de soutien, composé de 17 organisations politiques, sociales et associatives, dont l’AMDH, a été créé pour soutenir les détenus arrêtés le 23 septembre. Au total, l’on compte 44 arrestations. Parmi les détenus, 10 mineurs!


    Amin Rboub
    Source: L'Economiste
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