Contrats d’armement américain et français pour le Maroc
Rabat coincé entre ses deux alliés
Par : Abdelkamel K.
Mohammed VI ne sait plus sur quel pied danser pour éviter de provoquer l’ire d’un de ses deux principaux alliés sur le dossier du Sahara occidental, que sont la France et les États-Unis, qui le pressent de trancher chacun en faveur de son offre de vente d’avions Rafale ou F16.
Après s’être engagé une première fois à acquérir 18 avions français de type Rafale, Rabat n’arrive plus à prendre une décision quant à l’achat d’avions de chasse depuis que Washington est entré dans la course en lui proposant des F16. En effet, voulant ménager le chou et la chèvre dans le but d’éviter de mettre en colère un de ses deux alliés, notamment sur la question du Sahara occidental, le Maroc temporise dans l’espoir de trouver une issue qui satisfasse Américains et Français.
Il faut dire que l’entrée dans la course des États-Unis a totalement chamboulé les prévisions des Marocains, qui s’apprêtaient à conclure avec la firme française Dassault l’achat des Rafale pour un montant de 1 milliard 300 000 euros, l’annonce devait se faire officiellement à l’occasion de la visite annulée de Nicolas Sarkozy en juillet dernier. Incapables de rejeter l’offre américaine, qui comprend plusieurs variantes, les responsables marocains continuent à gagner du temps. Le Pentagone a proposé, selon le journal les Echos, soit l’achat de 12 F16 dernière génération pour 1 milliard 300 millions de dollars, soit 24 appareils du même type pour 2 milliards 100 millions de dollars, soit 24 avions F16 déjà utilisés pour 1 milliard 600 millions de dollars, ou la moitié seulement pour 1 milliard de dollars. Dans le but d’arracher le OK de Rabat et surtout le faire renoncer à l’opération d’achat des Rafale, Washington accompagne cette proposition par des facilités de paiement ainsi que par l’octroi d’équipements militaires en prime. L’objectif des Américains est double, car s’ils parviennent à fourguer au Maroc les F16 usagés, ils pourront, d’une part, équiper leur armée avec les nouveaux F22 et F35, et, d’autre part, faire échouer le premier marché français de Rafale. Jusqu’à maintenant, le seul client de Rafale est l’armée de l’air française. Cela dit, c’est la meilleure manière de discréditer l’image que cherchent à donner les Français de l’avion Rafale, celle d’un appareil moderne et sophistiqué, d’un coup, et de maintenir par ailleurs la prééminence de l’industrie aérienne américaine dans la région de l’Afrique du Nord. Cette offre a mis dans l’embarras le Makhzen, qui envisage diverses solutions pour ne pas avoir à fâcher un de ses deux alliés, particulièrement en cette période où il a énormément besoin de leur soutien dans le traitement du conflit du Sahara occidental. Cette opération d’achat d’avions de chasse par le royaume alaouite semble s’être transformée en duel beaucoup plus politique que commercial entre Paris et Washington, d’où la hantise des responsables marocains de commettre l’impair de décevoir l’un ou l’autre. Tout indique toutefois que le choix a été fait d’opter pour les F16, mais le Makhzen se garde de l’annoncer et serait enclin à trouver un moyen de se sortir de ce ***-de-sac. Mohammed VI envisagerait d’amadouer l’Elysée en proposant d’acheter à la place des avions Rafale, un train TGV pour dédommager la France. Mais rien ne dit que cette dernière acceptera sans broncher une telle décision, qui aura inévitablement des répercussions négatives sur l’industrie aérienne militaire française, laquelle n’arrive pas à se frayer une place au soleil aux côtés des Américains et des Russes, dominateurs du marché mondial. En attendant, le royaume chérifien se trouve entre le marteau et l’enclume, car redoutant de s’attirer les foudres de l’un de ses alliés, auxquels il tient par-dessus tout en cette période où sa diplomatie peine à convaincre de la légitimité de ses thèses colonialistes dans le conflit qui l’oppose au Front Polisario.
K. ABDELKAMEL
Rabat coincé entre ses deux alliés
Par : Abdelkamel K.
Mohammed VI ne sait plus sur quel pied danser pour éviter de provoquer l’ire d’un de ses deux principaux alliés sur le dossier du Sahara occidental, que sont la France et les États-Unis, qui le pressent de trancher chacun en faveur de son offre de vente d’avions Rafale ou F16.
Après s’être engagé une première fois à acquérir 18 avions français de type Rafale, Rabat n’arrive plus à prendre une décision quant à l’achat d’avions de chasse depuis que Washington est entré dans la course en lui proposant des F16. En effet, voulant ménager le chou et la chèvre dans le but d’éviter de mettre en colère un de ses deux alliés, notamment sur la question du Sahara occidental, le Maroc temporise dans l’espoir de trouver une issue qui satisfasse Américains et Français.
Il faut dire que l’entrée dans la course des États-Unis a totalement chamboulé les prévisions des Marocains, qui s’apprêtaient à conclure avec la firme française Dassault l’achat des Rafale pour un montant de 1 milliard 300 000 euros, l’annonce devait se faire officiellement à l’occasion de la visite annulée de Nicolas Sarkozy en juillet dernier. Incapables de rejeter l’offre américaine, qui comprend plusieurs variantes, les responsables marocains continuent à gagner du temps. Le Pentagone a proposé, selon le journal les Echos, soit l’achat de 12 F16 dernière génération pour 1 milliard 300 millions de dollars, soit 24 appareils du même type pour 2 milliards 100 millions de dollars, soit 24 avions F16 déjà utilisés pour 1 milliard 600 millions de dollars, ou la moitié seulement pour 1 milliard de dollars. Dans le but d’arracher le OK de Rabat et surtout le faire renoncer à l’opération d’achat des Rafale, Washington accompagne cette proposition par des facilités de paiement ainsi que par l’octroi d’équipements militaires en prime. L’objectif des Américains est double, car s’ils parviennent à fourguer au Maroc les F16 usagés, ils pourront, d’une part, équiper leur armée avec les nouveaux F22 et F35, et, d’autre part, faire échouer le premier marché français de Rafale. Jusqu’à maintenant, le seul client de Rafale est l’armée de l’air française. Cela dit, c’est la meilleure manière de discréditer l’image que cherchent à donner les Français de l’avion Rafale, celle d’un appareil moderne et sophistiqué, d’un coup, et de maintenir par ailleurs la prééminence de l’industrie aérienne américaine dans la région de l’Afrique du Nord. Cette offre a mis dans l’embarras le Makhzen, qui envisage diverses solutions pour ne pas avoir à fâcher un de ses deux alliés, particulièrement en cette période où il a énormément besoin de leur soutien dans le traitement du conflit du Sahara occidental. Cette opération d’achat d’avions de chasse par le royaume alaouite semble s’être transformée en duel beaucoup plus politique que commercial entre Paris et Washington, d’où la hantise des responsables marocains de commettre l’impair de décevoir l’un ou l’autre. Tout indique toutefois que le choix a été fait d’opter pour les F16, mais le Makhzen se garde de l’annoncer et serait enclin à trouver un moyen de se sortir de ce ***-de-sac. Mohammed VI envisagerait d’amadouer l’Elysée en proposant d’acheter à la place des avions Rafale, un train TGV pour dédommager la France. Mais rien ne dit que cette dernière acceptera sans broncher une telle décision, qui aura inévitablement des répercussions négatives sur l’industrie aérienne militaire française, laquelle n’arrive pas à se frayer une place au soleil aux côtés des Américains et des Russes, dominateurs du marché mondial. En attendant, le royaume chérifien se trouve entre le marteau et l’enclume, car redoutant de s’attirer les foudres de l’un de ses alliés, auxquels il tient par-dessus tout en cette période où sa diplomatie peine à convaincre de la légitimité de ses thèses colonialistes dans le conflit qui l’oppose au Front Polisario.
K. ABDELKAMEL
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