A Médéa, le chêne, à l’image de nos vieux briscards, se fait de plus en plus rare. Hôte légitime de l’étage subhumide supérieur frais, sa complète disparition de ces lieux, altère l’identité du faciès floristique d’un site, justement dit d’altitude.Il est vrai qu’à 1000 mètres au-dessus de la mer, l’espèce pousse spontanément et participe ainsi à définir l’identité climatique d’une région. La disparition systématique de cet arbre et son remplacement par d’autres espèces, défigure à la longue la réalité écologique de cet étage bioclimatique.
Au coeur de la ville, comme en sa banlieue, Médéa donne l’image d’un chantier à ciel ouvert. Des «micro espaces» verts, commencent déjà à ponctuer de leur présence, ça et là, les entrées principales de la ville. Comme d’ailleurs les grandes murailles, du côté de Aïn Dhab, sortie ouest de la ville, construites de pierres jaunâtres et où le respect de la mémoire rétablit dans toute sa dignité ce lopin de terre d’une ville déjà millénaire. Mais sans pour autant tenir en piètre estime les efforts consentis, il faut toutefois se garder de pousser à fond les enthousiasmes.
Les graves problèmes de fuites des sols, la disparition du couvert végétal, en particulier l’arbre de chêne, sont autant d’indices révélateurs de la dégradation du paysage de cette ville de montagne. Il est vrai que les travaux de gabionnage des talus les plus à risque avancent d’arrache-pied, cependant il faut surtout privilégier les solutions en amont.
Le gabionnage constitue une barrière mécanique aux éventuelles éboulements des terrains déjà dénudés, mais le reboisement, dans les normes de la sylviculture, représente à lui seul la solution du long terme. L’eucalyptus, réputé pour sa grande capacité d’absorption des eaux (un arbre importé d’Australie), ne devrait plus être à la mode des aménageurs dans un pays semi-aride, de 30 millions d’habitants et dont la capacité hydrique n’est pas à la mesure de la demande.
Par ailleurs, il ne faut pas se leurrer quant à la réelle proportion que devra occuper l’espace vert proportionnellement à l’ampleur de l’activité urbaine. Si les espaces verts dans les villes obéissent au millimètre près à des schémas géométriquement préétablis, dans bien des forêts, le repeuplement résulte du choix des «sylviculteurs», qui, eux ne doivent pas méconnaître les données propres à chaque étage bioclimatique.
La géologie du site, ses caractéristiques édaphiques, l’exposition du relief, son altitude, constituent les éléments primordiaux de toute opération de régénération des peuplements. La méconnaissance de ces préalables a transformé de belles chênaies constituant les vastes étendues champêtres en de landes désolées. Le fait est bien sûr justifiable quand il s’agit des zones de cultures maraîchères ou des vignes.
D’un autre côté, et malgré le risque permanent que présente le relief escarpé des falaises tout autour de cette ville historique, aucune tentative de régénération de cette espèce n’a été entamée jusqu’à l’heure actuelle. Néanmoins la nature récalcitrante se débat comme elle peut. Sur quelques sites, ayant connu un certain répit cette dernière décennie, la végétation naturelle se reconstitue: des buissons bas de cistes et des touffes de lavande préparent la réinstallation des maquis de chêne. Par quelques endroits isolés, la forêt semble accueillante à condition que la bêtise humaine ne l’atteigne pas. Cependant en plein centre-ville, et parmi des cités dispersées, quelques rares vieux chênes, d’allures majestueuses, témoignent encore de ce que furent ces endroits maintenant fortement assaillis par des cubes en béton armé et l’ambiance bruyante de leurs occupants.
Des chiffres qui font peur
Si l’aménagement des villes devait suivre, à la limite dans un certains conformisme, l’architecture moderne, pour dimensionner dans les normes de la demande (démographie oblige), nos infrastructures urbaines, ceci ne devrait guère se faire aux dépens du pittoresque et de la réalité environnementale de ce site. Au regard d’une vision scientifique et donc rationaliste, il est impératif de préserver, et même de promouvoir l’épanouissement des lambeaux de forêts de chêne qui retiennent, déjà assez bien, tout le périmètre de la ville de Médéa, constitué de falaises à forte déclivité. Le risque d’éboulement est donc très plausible.
Il est bien évident qu’il existe un compromis entre le progrès et le fait de conserver un maximum de sites en haute montagne, notamment dans leur état de nature. A préciser que dans cette fourchette d’altitudes, le site est classé zone de moyenne montagne.
Il est temps d’opter pour une urbanisation promotrice des espaces verts au maximum de l’expression de l’originalité du coin où l’on se retrouve. Une architecture dont les volumes s’associent parfaitement avec l’environnement d’une ville à 1000m d’altitude ne devrait en aucun cas être exclusive de ce vieil hôte de son coin d’élection, en l’occurrence l’arbre de chêne. Il faut, à notre avis, éviter de trop manipuler un site, non plus le trop artificialiser: des pelouses à la règle tracées, des réverbères, des bancs,..etc. C‘est bien, mais à la limite, il faut au moins préserver l’authenticité de l’endroit. N’oublions pas que la loi du 27 juin 2004 portant sur la définition et le classement des zones de montagnes, des massifs montagneux et des espaces qui leur sont contigus, a fait jouir ces entités géographiques d’un statut de protection spécifique. La problématique est d’une importance toute première. La préservation de l’écologie d’un site donne des clés de lecture de son histoire. celle-ci n’étant que la résultante de son passé.
Ainsi la protection, à la proximité des quartiers, des groupements de chênes à l’intérieur de la ville même, constitue un geste de consolidation de l’emprunte originale d’une écologie locale. Un peu plus loin, aux pourtours de la ville pourquoi ne pas restaurer les anciens peuplements de chênes, et permettre aussi la régénération du faciès accompagnateur de ce vieux maquisard des forêts séculaires. La réalisation de ces bocages a pour effet de favoriser l’augmentation de la diversité et par conséquent de la biodiversité.
Cependant, à 1000m d’altitude, l’abus de recours au pin d’Alep (arbre occupant en général les basses altitudes) et aux eucalyptus (espèce australienne) force un peu la note et détruit l’harmonie de l’étage subhumide frais. Tout compte fait, le boisement doit se faire en adéquation avec les conditions climatiques et édaphiques du site. Ces espèces, dites résineuses, appauvrissent, par ailleurs, les sols en matière organique.
Le nord de Médéa donne sur des falaises qui structurent fortement l’image de cette ville. Très pentues et composées de parcelles à haut risque d’éboulement, le gabionnage, pour protéger la cité Thniet El Hdjar et les autres endroits de mêmes sensibilités, n’est pas la seule solution. Autrefois touffue de chênes, parce qu’ici c’est leur terrain d’élection, les terrains étaient plus fixes.
La dégradation poussée de l’armature végétale, aux environs des grands centres urbains, conduit à l’installation des microclimats dans le sens d’un relatif assèchement, donc baisse de la pluviométrie annuelle. On assiste à une «stéppisation» avancée des paysages de l’Algérie du nord. Des phytogéographes (géographe botanique), tels que Maire en 1925, ou Peyrimhoff, 1941, ont estimé la surface forestières primitive en Algérie à 7.318.000ha, actuellement elle ne dépasse pas les 2.500.000ha.
Au coeur de la ville, comme en sa banlieue, Médéa donne l’image d’un chantier à ciel ouvert. Des «micro espaces» verts, commencent déjà à ponctuer de leur présence, ça et là, les entrées principales de la ville. Comme d’ailleurs les grandes murailles, du côté de Aïn Dhab, sortie ouest de la ville, construites de pierres jaunâtres et où le respect de la mémoire rétablit dans toute sa dignité ce lopin de terre d’une ville déjà millénaire. Mais sans pour autant tenir en piètre estime les efforts consentis, il faut toutefois se garder de pousser à fond les enthousiasmes.
Les graves problèmes de fuites des sols, la disparition du couvert végétal, en particulier l’arbre de chêne, sont autant d’indices révélateurs de la dégradation du paysage de cette ville de montagne. Il est vrai que les travaux de gabionnage des talus les plus à risque avancent d’arrache-pied, cependant il faut surtout privilégier les solutions en amont.
Le gabionnage constitue une barrière mécanique aux éventuelles éboulements des terrains déjà dénudés, mais le reboisement, dans les normes de la sylviculture, représente à lui seul la solution du long terme. L’eucalyptus, réputé pour sa grande capacité d’absorption des eaux (un arbre importé d’Australie), ne devrait plus être à la mode des aménageurs dans un pays semi-aride, de 30 millions d’habitants et dont la capacité hydrique n’est pas à la mesure de la demande.
Par ailleurs, il ne faut pas se leurrer quant à la réelle proportion que devra occuper l’espace vert proportionnellement à l’ampleur de l’activité urbaine. Si les espaces verts dans les villes obéissent au millimètre près à des schémas géométriquement préétablis, dans bien des forêts, le repeuplement résulte du choix des «sylviculteurs», qui, eux ne doivent pas méconnaître les données propres à chaque étage bioclimatique.
La géologie du site, ses caractéristiques édaphiques, l’exposition du relief, son altitude, constituent les éléments primordiaux de toute opération de régénération des peuplements. La méconnaissance de ces préalables a transformé de belles chênaies constituant les vastes étendues champêtres en de landes désolées. Le fait est bien sûr justifiable quand il s’agit des zones de cultures maraîchères ou des vignes.
D’un autre côté, et malgré le risque permanent que présente le relief escarpé des falaises tout autour de cette ville historique, aucune tentative de régénération de cette espèce n’a été entamée jusqu’à l’heure actuelle. Néanmoins la nature récalcitrante se débat comme elle peut. Sur quelques sites, ayant connu un certain répit cette dernière décennie, la végétation naturelle se reconstitue: des buissons bas de cistes et des touffes de lavande préparent la réinstallation des maquis de chêne. Par quelques endroits isolés, la forêt semble accueillante à condition que la bêtise humaine ne l’atteigne pas. Cependant en plein centre-ville, et parmi des cités dispersées, quelques rares vieux chênes, d’allures majestueuses, témoignent encore de ce que furent ces endroits maintenant fortement assaillis par des cubes en béton armé et l’ambiance bruyante de leurs occupants.
Des chiffres qui font peur
Si l’aménagement des villes devait suivre, à la limite dans un certains conformisme, l’architecture moderne, pour dimensionner dans les normes de la demande (démographie oblige), nos infrastructures urbaines, ceci ne devrait guère se faire aux dépens du pittoresque et de la réalité environnementale de ce site. Au regard d’une vision scientifique et donc rationaliste, il est impératif de préserver, et même de promouvoir l’épanouissement des lambeaux de forêts de chêne qui retiennent, déjà assez bien, tout le périmètre de la ville de Médéa, constitué de falaises à forte déclivité. Le risque d’éboulement est donc très plausible.
Il est bien évident qu’il existe un compromis entre le progrès et le fait de conserver un maximum de sites en haute montagne, notamment dans leur état de nature. A préciser que dans cette fourchette d’altitudes, le site est classé zone de moyenne montagne.
Il est temps d’opter pour une urbanisation promotrice des espaces verts au maximum de l’expression de l’originalité du coin où l’on se retrouve. Une architecture dont les volumes s’associent parfaitement avec l’environnement d’une ville à 1000m d’altitude ne devrait en aucun cas être exclusive de ce vieil hôte de son coin d’élection, en l’occurrence l’arbre de chêne. Il faut, à notre avis, éviter de trop manipuler un site, non plus le trop artificialiser: des pelouses à la règle tracées, des réverbères, des bancs,..etc. C‘est bien, mais à la limite, il faut au moins préserver l’authenticité de l’endroit. N’oublions pas que la loi du 27 juin 2004 portant sur la définition et le classement des zones de montagnes, des massifs montagneux et des espaces qui leur sont contigus, a fait jouir ces entités géographiques d’un statut de protection spécifique. La problématique est d’une importance toute première. La préservation de l’écologie d’un site donne des clés de lecture de son histoire. celle-ci n’étant que la résultante de son passé.
Ainsi la protection, à la proximité des quartiers, des groupements de chênes à l’intérieur de la ville même, constitue un geste de consolidation de l’emprunte originale d’une écologie locale. Un peu plus loin, aux pourtours de la ville pourquoi ne pas restaurer les anciens peuplements de chênes, et permettre aussi la régénération du faciès accompagnateur de ce vieux maquisard des forêts séculaires. La réalisation de ces bocages a pour effet de favoriser l’augmentation de la diversité et par conséquent de la biodiversité.
Cependant, à 1000m d’altitude, l’abus de recours au pin d’Alep (arbre occupant en général les basses altitudes) et aux eucalyptus (espèce australienne) force un peu la note et détruit l’harmonie de l’étage subhumide frais. Tout compte fait, le boisement doit se faire en adéquation avec les conditions climatiques et édaphiques du site. Ces espèces, dites résineuses, appauvrissent, par ailleurs, les sols en matière organique.
Le nord de Médéa donne sur des falaises qui structurent fortement l’image de cette ville. Très pentues et composées de parcelles à haut risque d’éboulement, le gabionnage, pour protéger la cité Thniet El Hdjar et les autres endroits de mêmes sensibilités, n’est pas la seule solution. Autrefois touffue de chênes, parce qu’ici c’est leur terrain d’élection, les terrains étaient plus fixes.
La dégradation poussée de l’armature végétale, aux environs des grands centres urbains, conduit à l’installation des microclimats dans le sens d’un relatif assèchement, donc baisse de la pluviométrie annuelle. On assiste à une «stéppisation» avancée des paysages de l’Algérie du nord. Des phytogéographes (géographe botanique), tels que Maire en 1925, ou Peyrimhoff, 1941, ont estimé la surface forestières primitive en Algérie à 7.318.000ha, actuellement elle ne dépasse pas les 2.500.000ha.
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