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La Cité Nationale de l'Histoire de l'Immigration ouvre ses portes au public ce 10 octobre alors que le débat politique sur la nouvelle loi d'immigration s'envenime. Lieu de mémoire et d'éducation, la Cité se veut un moyen de lutte contre les préjugés et les discriminations. Installée dans les locaux réaménagés du Musée des Arts africains et océaniens de la Porte-Dorée, à Paris, elle propose au visiteur de renouer les liens entre individus et nation.
Les chaussures, le short et le numéro gagnant d'Alain Mimoun, le champion des champions français, né en Algérie, médaille d'or du marathon en 1956.(Photo : Marion Urban/ RFI)
Lorsqu’à la fin des années 80, quelques historiens évoquent l’idée d’un musée dédié à l’immigration en France, la proposition est loin d’être anodine. Le Front national de Jean-Marie Le Pen, un parti qui rejette la faute de la crise sociale sur les immigrés, gagne du terrain auprès des électeurs. Selon les spécialistes, la connaissance de la réalité française est la meilleure parade contre la propagande haineuse.
En 1991, la proposition de création d’un musée retraçant l’histoire de l’immigration en France est formulée pour la première fois auprès du gouvernement socialiste. L’idée est jugée prématurée.
Dix ans plus tard, Lionel Jospin, à la tête du gouvernement de cohabitation avec le président Jacques Chirac, demande un rapport sur un futur musée de l’immigration. Jacques Chirac inscrit le projet dans son programme de campagne à l’élection présidentielle.
En avril 2002, Jean-Marie Le Pen est présent au second tour des élections.
Jacques Toubon, ancien ministre de la Culture, puis de la Justice, est désigné en avril 2003 pour mener le projet. Il deviendra le président du conseil d'orientation de la future institution.
La Cité Nationale de l'Histoire de l'Immigration (CNHI) est officiellement créée en janvier 2007.
Les rendez-vous du musée de l'immigration avec la politique ne s'arrêtent pas là. Après l'annonce de la création d'un ministère associant les termes « immigration » à « identité nationale »* en mars 2007, huit chercheurs (sur 12) démissionnent du comité scientifique de la CNHI, tout en précisant qu'ils poursuivront leur travail auprès de la future Cité, « de l'extérieur ».
La CNHI est sous la tutelle de quatre ministères : le ministère de la Culture, celui de l'Éducation nationale, celui de l'Immigration, de l'Intégration, de l'Identité nationale et du Codéveloppement et celui de l'Enseignement supérieur et de la Recherche.
Plusieurs fois repoussée, l'ouverture du musée se déroule sur fond d'un débat politique houleux, lié aux nouvelles règlementations de l'immigration en France.
Un cinquième de la population française est d'origine étrangère
« Un cinquième de la population française est d'origine étrangère », martèle le président du Conseil d'orientation de la CNHI, Jacques Toubon. « L'immigration joue un rôle constitutif national dans deux pays au monde : la France et les États-Unis », insiste-t-il en désignant les cartes des migrations internationales et françaises des 200 dernières années. On y découvre une France bien peu accueillante aux réfugiés et demandeurs d'asile.
Ces cartes, ornant des cubes de toile suspendus au plafond, constituent le prologue des expositions permanentes (Repères, Galerie des dons) et temporaires (Les réfugiés arméniens au Moyen-Orient et en France 1917-1945 , Augustus Frederick Sherman - Ellis Island portraits).
Un autre regard
Repères offre au visiteur de refaire le parcours de l'immigré : le choix de la destination, la souffrance du déracinement, l'hostilité de l'accueil, les humiliations, l'adaptation, l'intégration, la relation avec le pays d'origine et son apport à la société d'accueil.
De la composition de la valise du candidat à l'immigration jusqu'à l'accent indéfinissable lorsqu'il s'exprime en français au bout de son long voyage vers l'intégration, les ethnologues et anthropologues de la CNHI se jouent des stéréotypes pour mieux les démonter.
Films, photos, témoignages sonores, journaux intimes, objets pieusement gardés de génération en génération et mis en perspectives (un marteau espagnol, un chapelet bouddhique), oeuvres d'art, histoire d'hommes et de femmes célèbres, de petits artisans, battent le rappel de la mémoire collective.
Une Cité ouverte
Dotée d'un auditorium, la Cité Nationale de l'Histoire de l'Immigration devrait accueillir conférences et colloques.
Sa vocation la pousse également à soutenir des initiatives hors les murs du Palais de la Porte-Dorée.
L'installation danse-multimedia La Zon-Mai commandée par la Cité et inaugurée, il y a quelques mois à Roubaix, est destinée à être présentée en France et à l'étranger. La CNHI est également partenaire de l'exposition Un siècle d'immigration espagnole en France, à la Plaine-Saint-Denis, en banlieue parisienne.
par Marion Urban /Article publié le 09/10/2007
La Cité Nationale de l'Histoire de l'Immigration ouvre ses portes au public ce 10 octobre alors que le débat politique sur la nouvelle loi d'immigration s'envenime. Lieu de mémoire et d'éducation, la Cité se veut un moyen de lutte contre les préjugés et les discriminations. Installée dans les locaux réaménagés du Musée des Arts africains et océaniens de la Porte-Dorée, à Paris, elle propose au visiteur de renouer les liens entre individus et nation.
Les chaussures, le short et le numéro gagnant d'Alain Mimoun, le champion des champions français, né en Algérie, médaille d'or du marathon en 1956.(Photo : Marion Urban/ RFI)
Lorsqu’à la fin des années 80, quelques historiens évoquent l’idée d’un musée dédié à l’immigration en France, la proposition est loin d’être anodine. Le Front national de Jean-Marie Le Pen, un parti qui rejette la faute de la crise sociale sur les immigrés, gagne du terrain auprès des électeurs. Selon les spécialistes, la connaissance de la réalité française est la meilleure parade contre la propagande haineuse.
En 1991, la proposition de création d’un musée retraçant l’histoire de l’immigration en France est formulée pour la première fois auprès du gouvernement socialiste. L’idée est jugée prématurée.
Dix ans plus tard, Lionel Jospin, à la tête du gouvernement de cohabitation avec le président Jacques Chirac, demande un rapport sur un futur musée de l’immigration. Jacques Chirac inscrit le projet dans son programme de campagne à l’élection présidentielle.
En avril 2002, Jean-Marie Le Pen est présent au second tour des élections.
Jacques Toubon, ancien ministre de la Culture, puis de la Justice, est désigné en avril 2003 pour mener le projet. Il deviendra le président du conseil d'orientation de la future institution.
La Cité Nationale de l'Histoire de l'Immigration (CNHI) est officiellement créée en janvier 2007.
Les rendez-vous du musée de l'immigration avec la politique ne s'arrêtent pas là. Après l'annonce de la création d'un ministère associant les termes « immigration » à « identité nationale »* en mars 2007, huit chercheurs (sur 12) démissionnent du comité scientifique de la CNHI, tout en précisant qu'ils poursuivront leur travail auprès de la future Cité, « de l'extérieur ».
La CNHI est sous la tutelle de quatre ministères : le ministère de la Culture, celui de l'Éducation nationale, celui de l'Immigration, de l'Intégration, de l'Identité nationale et du Codéveloppement et celui de l'Enseignement supérieur et de la Recherche.
Plusieurs fois repoussée, l'ouverture du musée se déroule sur fond d'un débat politique houleux, lié aux nouvelles règlementations de l'immigration en France.
Un cinquième de la population française est d'origine étrangère
« Un cinquième de la population française est d'origine étrangère », martèle le président du Conseil d'orientation de la CNHI, Jacques Toubon. « L'immigration joue un rôle constitutif national dans deux pays au monde : la France et les États-Unis », insiste-t-il en désignant les cartes des migrations internationales et françaises des 200 dernières années. On y découvre une France bien peu accueillante aux réfugiés et demandeurs d'asile.
Ces cartes, ornant des cubes de toile suspendus au plafond, constituent le prologue des expositions permanentes (Repères, Galerie des dons) et temporaires (Les réfugiés arméniens au Moyen-Orient et en France 1917-1945 , Augustus Frederick Sherman - Ellis Island portraits).
Un autre regard
Repères offre au visiteur de refaire le parcours de l'immigré : le choix de la destination, la souffrance du déracinement, l'hostilité de l'accueil, les humiliations, l'adaptation, l'intégration, la relation avec le pays d'origine et son apport à la société d'accueil.
De la composition de la valise du candidat à l'immigration jusqu'à l'accent indéfinissable lorsqu'il s'exprime en français au bout de son long voyage vers l'intégration, les ethnologues et anthropologues de la CNHI se jouent des stéréotypes pour mieux les démonter.
Films, photos, témoignages sonores, journaux intimes, objets pieusement gardés de génération en génération et mis en perspectives (un marteau espagnol, un chapelet bouddhique), oeuvres d'art, histoire d'hommes et de femmes célèbres, de petits artisans, battent le rappel de la mémoire collective.
Une Cité ouverte
Dotée d'un auditorium, la Cité Nationale de l'Histoire de l'Immigration devrait accueillir conférences et colloques.
Sa vocation la pousse également à soutenir des initiatives hors les murs du Palais de la Porte-Dorée.
L'installation danse-multimedia La Zon-Mai commandée par la Cité et inaugurée, il y a quelques mois à Roubaix, est destinée à être présentée en France et à l'étranger. La CNHI est également partenaire de l'exposition Un siècle d'immigration espagnole en France, à la Plaine-Saint-Denis, en banlieue parisienne.
par Marion Urban /Article publié le 09/10/2007
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