Réunion de la commission de décolonisation de l’ONU
Vifs échanges algéro-marocains sur le Sahara occidental
Vifs échanges algéro-marocains sur le Sahara occidental
Tentant encore une fois de dénaturer le contenu de la résolution 1754, appelant le Maroc et le Front Polisario à négocier, sans pour autant privilégier la propositions d’une partie par rapport à l’autre, le représentant de Rabat s’est heurté à l’opposition de son homologue algérien, qui s’est chargé de lui rappeler la réalité du terrain.
Dans son intervention lors des travaux de la quatrième commission de l’ONU, Mostafa Sahel, l’ambassadeur marocain a affirmé que l’examen de la question du Sahara occidental intervenait, cette année, “dans un contexte différent, nouveau et prometteur”, faisant ainsi référence à la résolution 1754 adoptée à l’unanimité le 30 avril 2007, et par laquelle le Conseil de sécurité a instauré un nouveau processus politique de négociations. Ajoutant que “la question du Sahara ne saurait se faire sans prendre en considération ce contexte nouveau”, le représentant marocain a cherché à imposer à l’auditoire la “proposition pour la négociation d’un statut d’autonomie pour la région du Sahara”, qui constitue selon lui l’unique solution au conflit. Il a insisté sur le fait que “cette nouvelle dynamique recèle un momentum qu’il faut mettre à profit, avec responsabilité, sérénité et sérieux, pour aboutir à une solution politique mutuellement acceptable pour ce problème régional qui n’a que trop duré”. Encore une fois, il a réitéré que seule cette “proposition serait soumise à un référendum, conformément aux dispositions de la Charte des Nations unies et au principe de l’autodétermination”. Réagissant à ces propos, l’ambassadeur d’Algérie auprès de l’ONU, Youcef Yousfi, a renouvelé le soutien de l’Algérie aux peuples encore “sous domination coloniale”. Il a plaidé en faveur de l’autodétermination du peuple du Sahara occidental, en faisant référence à la résolution 1514. Le représentant de l’Algérie a appelé à une solution juste, durable et équitable, et a déclaré que le Plan de paix soumis par M. Baker, l’Envoyé spécial des Nations unies au Sahara occidental, avait reçu tout le soutien de l’Algérie. En ce qui concerne ces négociations, l’ambassadeur algérien a indiqué que “le Conseil de sécurité s’était inscrit dans le processus de résolution de ce conflit en prenant note des propositions des deux parties, faites lors de ces négociations. De plus, en préconisant des négociations sans conditions préalables, le Conseil de sécurité a refusé d’accorder des avantages indus à une des parties alors qu’il s’agit d’un processus délicat qui n’en est qu’à ses débuts”. Pour appuyer son argumentation, il a cité M. Bilt, ministre des Affaires étrangères de la Suède, qui a déclaré : “Le Maroc ne bénéficiait d’aucune base juridique pour justifier sa présence sur le territoire du Sahara occidental.” L’Algérie espère que le processus de négociations aboutira à l’exercice du droit à l’autodétermination, a déclaré M. Yousfi. Selon lui, dans ce cadre, la population du territoire occupé doit bénéficier d’une protection internationale, et ce devoir revient à l’OCHA. Il a également appelé à la fin du huis clos instauré dans ces négociations sur le Sahara occidental afin de permettre aux journalistes d’y pénétrer sans entraves. Par ailleurs, et face au mécontentement affiché par son homologue marocain après les expressions qu’il a utilisées pour qualifier la position de Rabat, Youcef Yousfi a rétorqué que le peuple sahraoui avait été agressé par le peuple marocain. “Nous avons affaire à une occupation étrangère”, a-t-il dit. Et “si l’expression puissance occupante ne lui plaît pas, alors il convient de parler de puissance coloniale”, a-t-il ajouté, soulignant qu’une partie considérable de la population locale avait dû fuir. Il s’agit d’un nouvel épisode de colonisation au Sahara occidental, selon Yousfi, qui a précisé que la seule façon de qualifier les propos du représentant du Maroc est de parler de “discours lénifiant et de mauvaise foi”. “Au moment même où le Maroc parle de ne pas dénaturer la résolution 1754, il la viole et la dénature. Quand le Maroc insiste pour que son document soit la base des négociations, il pose une condition préalable”, a souligné l’ambassadeur algérien. Le Maroc est un “violeur en série des résolutions du Conseil de sécurité”, a dit le représentant de l’Algérie. Il a estimé que l’attitude du Polisario avait été constructive alors que celle du Maroc avait été intransigeante et fermée à toute ouverture. Quant à la situation des droits de l’homme au Sahara occidental, il a reproché au Maroc de rejeter sur l’Algérie la responsabilité des souffrances qu’il inflige lui-même aux populations du Sahara. “Le Maroc devra en répondre un jour”, a conclu Youcef Yousfi.
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