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L'euro fort pèse sur l'Algérie malgré la hausse du pétrole

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  • L'euro fort pèse sur l'Algérie malgré la hausse du pétrole

    Que le ministre de l’Énergie s’exprime sur des questions monétaires, ce n’est pas aussi singulier qu’on pourrait le penser, du moins pour l'Algérie qui tire l’essentiel ou pratiquement toutes ses ressources financières du pétrole. Étant donné que 98% des exportations algériennes — autrement dit les ventes de pétrole et de gaz — sont libellés en dollar, c’est presque tout naturellement que Chakib Khelil s’exprime sur la parité de cette monnaie avec l’euro, en fin connaisseur des fluctuations du marché monétaire international dès lors que celui-ci a partie liée avec le marché du pétrole. Pas seulement pour ces raisons, plus particulièrement dans une conjoncture où le département de Chakib Khelil se distingue de fort belle manière et tranche quelque peu avec le “ronronnement” dans lequel s’est confortablement installé un bon nombre de la composante gouvernementale. Cela tombe donc sous le sens que le véritable dépositaire de ce qu’on pourrait appeler le “trésor” de l’Algérie rassure la population sur la santé financière du pays. Ainsi, les citoyens auront l’assurance du ministre de l’Énergie que même si 98% des exportations algériennes sont libellées en dollar, principale monnaie d’échange dans les transactions pétrolières internationales, et que 60% de ses importations proviennent de la zone euro, les records de prix qu’enregistre le baril de pétrole relativisent cette perte de pouvoir d’achat et mettent le pays à l’abri des effets négatifs de ces fluctuations monétaires.

    Pourtant, cet optimisme ne semble pas être contagieux, du moins pour ceux des économistes qui craignent dans le registre des importations une traduction de la tendance à la hausse de l’euro par une augmentation encore plus forte des prix des biens et services essentiellement importés d’Europe. S’il est vrai que l’Algérie peut faire face avec une certaine aisance à la crise qui frappe le dollar, on ne peut en dire autant des ménages qui sont en train de voir leur pouvoir d’achat, particulièrement des produits importés ou fabriqués à partir d’intrants en provenance d’Europe, s’effriter. D’autres économistes soulèvent, quant à eux, un autre problème généré par la forte dépréciation du dollar. Celui inhérent aux réserves de change. Ceux-ci, expliquent-ils, sont sous forme de bons de Trésor US et qui de ce fait perdent de leur pouvoir d’achat et s’amenuisent. Ceci, dit-il, est fort probable au vu de l’évolution de la conjoncture caractérisée par un sévère déficit de la balance commerciale des États-Unis, que le dollar cède définitivement le pas à la monnaie européenne. Ce qui ne peut d’aucune manière arranger les affaires de l’Algérie qui s’est désormais mise en phase avec l’Union européenne à travers l’accord d’association. De ce fait, elle reste liée pour l’essentiel de ses échanges commerciaux à cette communauté. Autrement dit, elle est nécessairement désavantagée par le flagrant déséquilibre entre ce qu’elle exporte vers l’Europe, autant dire pas grand-chose, en dehors des hydrocarbures dont les prix sont libellés en dollar, et ce qu’elle importe de ce continent en euro fort.

    On se rappelle à ce propos les déclarations de Abdelatif Benachenhou, quand il était ministre des Finances, et qui déclarait que les disparités des changes sur le marché international sont inexorablement et sévèrement pénalisantes pour l’économie nationale. S’exprimant sur cette question, Benachenhou affirmait ainsi que toute appréciation de 15 à 20% de la valeur de l’euro par rapport au dollar américain “est un mini-séisme pour l’économie nationale”. Ce qui ne semble pas de l’avis du ministre de l’Énergie et des Mines Chakib Khelil qui explique que la forte dépréciation du dollar face à l’euro a des incidences limitées sur le pouvoir d’achat de l’Algérie, grâce à l’augmentation continue des prix du pétrole qui vient compenser la différence croissante de parité entre ces deux monnaies. L’Algérie est d’autant plus épargnée par la flambée de l’euro que son pétrole, le Sahara Blend, de qualité supérieure est fortement coté et atteint aujourd’hui les 84 dollars par baril, soit 2 à 3 dollars de plus que la moyenne, devait-il préciser.

    Interrogé sur les possibles parades dans le cas où la faiblesse de la devise américaine viendrait à durer trop longtemps, M. Khelil a estimé que l’Algérie pourrait recourir à une meilleure diversification de ses sources d’approvisionnement en achetant davantage de la zone dollar, même s’il admet la difficulté de “changer de fournisseur du jour au lendemain”. En outre, a-t-il encore considéré, les fluctuations monétaires internationales sont tellement erratiques et imprévisibles qu’elles rendent “problématique” toute prévision en matière de commerce extérieur sur le long terme. L’ensemble de ces facteurs et d’autres font, selon lui, que le dollar “restera encore longtemps l’unique monnaie d’échange” sur le marché pétrolier international. Cette question doit être tout de même examinée par l’Opep à sa prochaine conférence ministérielle le 5 décembre prochaine à Abou Dhabi, indiquait le ministre.

    source : Liberté
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