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Les suicides collectifs organisés sur Internet se multiplien

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  • Les suicides collectifs organisés sur Internet se multiplien

    ASIE Depuis sept mois, au moins 65 personnes se sont donné la mort après des invitations morbides sur la Toile


    «Recherche : quelqu'un qui veuille mourir avec moi. Si tu es sérieux, envoie-moi s'il-te-plaît un e-mail.» Le message est signé Kenji, 35 ans, à Osaka. Ce type d'invitation morbide, déposée sur Internet, rencontre un succès foudroyant au Japon, où se multiplient les cas de suicides collectifs. Jeudi dernier, la police japonaise a encore découvert les cadavres de cinq personnes dans une voiture, à l'ouest du pays. Asphyxiées aux émanations de charbon de bois, le modus operandi le plus utilisé ces derniers temps par les candidats au suicide en groupe.


    Le scénario est souvent le même : des individus fragiles ou dépressifs se retrouvent sur des sites consacrés au suicide. Au mieux, ils se confient, au pire, ils se rencontrent pour se tuer ensemble. Au moins 65 personnes se sont donné la mort dans des circonstances similaires ces sept derniers mois, et la police redoute que le chiffre soit bien en deçà de la réalité.


    Si le phénomène reste marginal au regard des 30 000 cas de suicides enregistrés chaque année dans l'archipel, il n'en suscite pas moins les inquiétudes des spécialistes. «Certaines personnes disent à d'autres «je veux mourir, je veux mourir», et cela pourrait faciliter le passage à l'acte», prévient Takkeshi Tamura, professeur à l'université Gakugei, à Tokyo. Pourquoi se donner la mort à plusieurs ? «L'idée de mourir ensemble paraît dans un sens rassurante, analyse Yukio Saito, responsable d'un service téléphonique d'aide aux personnes en détresse, mourir seul demande plus de courage.»


    Dès décembre dernier, le British Medical Journal avait mis en garde contre l'utilisation d'Internet par des suicidaires japonais. Il redoutait «une nouvelle vague» et la banalisation des suicides collectifs «impliquant des étrangers se rencontrant sur Internet».


    Ces dernières années, des dizaines de sites consacrés au suicide ont fait leur apparition au Japon. Nombre d'entre eux regorgent de conseils pour mettre fin à ses jours. Les forums de discussion fleurissent sur ce thème, et les indécis peuvent même consulter un guide des meilleurs endroits pour se tuer.


    Dans un pays où le suicide est monnaie courante – le Japon détient le record mondial avec 24,1 cas sur 100 000 habitants chaque année, selon l'OMS –, les autorités s'inquiètent face à ces nouvelles pratiques, largement relayées par les médias. Pour limiter les risques, elles songent désormais à bloquer l'accès des sites incriminés.


    Fin avril, des experts de l'Agence de police nationale (NPA) ont demandé aux fournisseurs japonais d'accès à Internet de supprimer les noms, adresses et informations personnelles des utilisateurs dont les messages invitent au suicide ou au meurtre. La NPA espère que cette mesure sera appliquée dès cet été. Mais des réticences subsistent : tenus à la confidentialité, les fournisseurs d'accès affirment qu'ils ne s'y plieront qu'en cas d'urgence. Et rappellent par la même occasion le versant positif de tels sites : offrir une écoute et une aide parfois salutaires.


    Le malaise concerne un nombre croissant de jeunes Japonais. Et pour plus d'un million de jeunes Nippons, cette angoisse prend une forme radicale : la réclusion sociale pure et simple. Surnommés les «hikikomori», ils se cloîtrent dans leur chambre et fuient toute forme de réalité.

    Aujourd'hui, les pactes macabres conclus sur Internet ont déjà franchi les frontières japonaises. En janvier, la Grèce a connu son premier cas de suicide arrangé via le Web. Un mois plus tard, la police américaine a déjoué une tentative de suicide collectif dans l'Oregon, au nord-ouest des Etats-Unis. Un jeune homme de 26 ans proposait, sur un forum de discussion, de se retrouver le jour de la Saint-Valentin, la fête des amoureux, pour se suicider dans la petite ville de Klamath Falls, où il vivait avec son père. Pas moins de 32 personnes avaient répondu à l'appel.

    M.Y
    "Il y a ceux qui peuvent êtres heureux et ne le sont pas, et il y a ceux qui cherchent le bonheur mais ne le trouvent pas".

    Geoff Fraugh
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