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Les sables mouvants peuvent ils nous avaler?

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  • Les sables mouvants peuvent ils nous avaler?

    Les sables mouvants peuvent être mortels, c'est vrai. Ce qui a contribué à l'édification de leur mythe via les récits populaires, la littérature ou le cinéma, du chien des Baskerville à Indiana Jones. Les sables mouvants font partout figure d'épouvantails, traîtres et impitoyables. En anglais, on parle de quicksands, les sables rapides. En allemand de triebsand, le sable qui pousse. En italien de sabbie mobile, le sable mobile. En russe de ziboutchié peski, les sables vacillants. En chinois de liou cha, le sable qui coule. En arabe de ramla moutaharika, les sables mouvants sous soi. Dans tous les cas, ça bouge. Mais ça n'avale pas. On ne peut pas être englouti par des sables mouvants, cela est physiquement impossible. On s'embourbe et on s'englue, mais on ne coule pas.

    Pour avoir un « bon » sable mouvant, il faut plus que de l'eau et du sable. Sinon, on ne pourrait pas se promener sur les plages au bord de l'eau sans s'enfoncer. Il faut au moins deux autres ingrédients, du sel et de l'argile. C'est ce mélange qui va créer une matière molle aux propriétés hybrides entre le solide et le liquide, et capable de changer très rapidement de consistance. Et s'il y a bien sûr plusieurs types de sables mouvants en fonction des pays et des circonstances, ce principe de changement brusque de consistance de la matière s'applique à tous.

    L'argile va assurer, par sa viscosité, une certaine tenue à l'ensemble. C'est lui, avec le sel, qui donne cet aspect boueux au sable mouvant. Qui est en fait une espèce de château de cartes argileux dans lequel viennent prendre place les grains de sable. En dehors de toute action sur le sable, rien ne se passe. Mais si un pied, par exemple, se pose sur ce sable, ce simple mouvement, qui est en fait un apport d'énergie, va faire s'écrouler le château de cartes et l'argile va se liquéfier. C'est un peu comme pour un yaourt, solide, avant que l'on ne le touille, liquide, après.

    Effet «piège à loup»


    L'action du pied va faire que les grains de sable ne vont plus être tenus les uns aux autres par la « colle » argileuse. Et ils tombent tandis que l'eau surnage. Voilà pourquoi on s'enfonce dans le sable mouvant. Et voilà aussi pourquoi plus on va bouger, plus on va s'enfoncer. Mais jusqu'à un certain point seulement. Car le corps humain, tout comme celui des animaux, a tendance à flotter dans l'eau. Et la poussée d'Archimède va jouer son rôle dès qu'une partie suffisante du corps sera immergée.

    Mais si on ne peut être englouti, on peut tout de même rester piégé. Car lorsque le sable est libéré de la colle argileuse et tombe vers le fond, il se compacte en se libérant de son eau et devient très dur. D'où effet de succion et blocage. Une très grande force devient nécessaire pour faire remonter le pied vers le haut. C'est cet effet « piège à loup » qui est sans doute à l'origine du mythe selon lequel on peut se noyer dans les sables mouvants. Et on pense particulièrement à ceux, tristement célèbres, de la baie du Mont-Saint-Michel ou à ceux de quelques fleuves et de leurs estuaires.

    D'autant que le flux d'eau va aussi augmenter l'effet sable mouvant. Si on se retrouve pris au piège de sables mouvants au moment où la marée monte - et l'on sait que là-bas, elle monte très vite -, on peut très bien être incapable d'échapper aux flots et se noyer. Mais dans l'eau.

    Comprendre le sable mouvant a des conséquences étonnantes. Pour rester dans le domaine des sciences de la terre, les phénomènes de liquéfaction des sols peuvent avoir de terribles effets, soit pendant des tremblements de terre soit avant de catastrophiques éboulements.

    Tous les écoulements boueux sont concernés. Mais pas seulement eux. Ainsi, Daniel Bonn, physicien dans un laboratoire de l'École normale supérieure à Paris, l'un des grands spécialistes de ce domaine, a également étudié le phénomène d'adhérence de l'eau sur les feuilles d'arbres car les mêmes « principes » y sont à l'oeuvre. Celles-ci sont recouvertes d'une fine couche de cire qui va inciter la goutte d'eau à se contracter et à rouler sur sa surface plutôt que de la mouiller et y pénétrer. Ce qui fait que lors de l'épandage de produits phytosanitaires sur les cultures, les doses doivent être plus élevées que si l'eau pénétrait mieux. En ajoutant un polymère particulier, on obtient cet effet et les doses de produits employés peuvent être diminuées. Comme quoi, jouer avec le sable, même mouvant, peut ouvrir de solides perspectives.

    Par le Figaro

  • #2
    L'un des initiateurs et spécialiste des milieux granulaires (milieux solides et/ou liquides en fonction des excitations qu'on leurs applique) et les problèmes de mouillage était feu Pierre-Gilles de Gennes. Il disait que "tout reste à découvrir dans le champ de la physique des milieux granulaires".
    ᴎᴏᴛ ᴇᴠᴇᴎ ᴡᴙᴏᴎɢ!

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