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L’Amérique du Sud lance son FMI

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    Gouvernance. Nouveau défi pour le FMI et la Banque mondiale, réunis ce week-end.


    Rude baptême pour Dominique Strauss-Kahn, le nouveau big boss du Fonds monétaire international (FMI). Alors que le FMI et la Banque mondiale tiennent leur assemblée annuelle ce week-end, à Washington, l’Amérique du Sud choisi de défier les deux vénérables institutions. Un objectif : s’affranchir de leur tutelle avec la création de la «Banque du Sud». Annoncée le 8 octobre à Rio, par les ministres des Finances de sept pays (Brésil, Argentine, Venezuela, Bolivie, Equateur, Uruguay, Paraguay), la nouvelle institution sera opérationnelle dès 2008 et financera en priorité des projets d’infrastructure dans la région.


    Alternative. Cette Banque du Sud est une victoire pour Hugo Chávez. Depuis l’an dernier, le président du Venezuela, leader de la gauche radicale latino-américaine, défendait une alternative aux deux institutions, accusées d’être alignées sur Washington et d’imposer aux pays en développement des potions libérales. Il a convaincu sans peine son homologue argentin, Néstor Kirchner, dont le pays n’a plus qu’un accès limité au crédit international depuis le moratoire sur sa dette, en 2001. La Bolivie, l’Equateur et le Paraguay, parents pauvres du continent (et disciples de Chávez pour les deux premiers) ont suivi. Chef de file de la gauche modérée, le Brésil de Lula était, lui, réticent.


    Plutôt que de créer une nouvelle institution financière, Brasília préférait établir une coopération entre sa propre banque de développement – l’une des plus grandes au monde – et celles dont disposent certains des pays voisins. Mais pour sauvegarder son influence régionale, Lula a fini par céder. Obtenant néanmoins deux concessions : la Banque du Sud limitera son action à l’Amérique du Sud, pour éviter l’entrée de Cuba et du Nicaragua, alliés de Chávez. Et ce sera uniquement une banque de développement, alors que Caracas souhaitait qu’elle finance aussi les déséquilibres de balance des paiements, comme le fait le FMI. La création d’un autre organisme régional destiné à assurer cette fonction de secours financier est cependant à l’étude. Entre-temps, a expliqué le ministre brésilien des Finances, Guido Mantega, il faudra s’en remettre au FMI en cas de crise… Son homologue vénézuélien, Rodrigo Cabezas, a répondu en précisant les règles du jeu de la nouvelle institution : «Les prêts ne seront pas conditionnés à l’adoption de politiques économiques et la banque ne sera pas un instrument de domination.»


    Rentable. En principe, les pays membres de la Banque du Sud auront chacun une voix au conseil d’administration, quel que soit leur apport au capital. Mais alors que les statuts de l’institution restent encore à définir, des divergences percent déjà. Guido Mantega a prévenu que celle-ci ne sera pas une «banque d’aventures» et qu’elle devra être rentable. Autrement dit, pas de prêts bonifiés. «Le Venezuela, lui, semble enclin à une utilisation politique de la Banque», observe l’économiste Renato Baumann, de la Commission économique pour l’Amérique latine, liée à l’ONU.


    Selon Baumann, la tâche ne sera pas aisée. «Les taux d’intérêt qui seront accordés risquent d’être supérieurs à ceux pratiqués par la Banque mondiale car la notation financière de ses pays membres n’est pas la plus élevée du marché.» Malgré les incertitudes, la Colombie, gouvernée à droite, a créé la surprise, la semaine dernière, en demandant son adhésion. Au nom de la «fraternité» régionale, a précisé le président Alvaro Uribe, et non par désaveu du FMI et de la Banque mondiale.


    - Libération
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