Le président appelle les cadres de la nation à favoriser la jeunesse
Le président de la République a reconnu que “les politiques nationales n’ont pas toujours
été à la hauteur des attentes de nos jeunes”. “Les 2 400 harragas recensés et les kamikazes d’Alger, Lakhdaria, Batna et Dellys pourraient devenir bien plus nombreux si l’on n’y prenait pas garde sérieusement ”, a déclaré le chef de l’État.
été à la hauteur des attentes de nos jeunes”. “Les 2 400 harragas recensés et les kamikazes d’Alger, Lakhdaria, Batna et Dellys pourraient devenir bien plus nombreux si l’on n’y prenait pas garde sérieusement ”, a déclaré le chef de l’État.
La rencontre gouvernement-walis, qui s’est tenue pendant trois jours, au Palais des nations (Club-des-Pins), a été consacrée au dossier de la jeunesse algérienne. “Avec un taux de près de 70% de la population, la catégorie des moins de 30 ans est aujourd’hui majoritaire dans notre pays”, a signalé, hier, le président de la République, lors de la clôture des travaux, avant de préciser que les préoccupations de cette frange de la population, ses aspirations et ses besoins “sont de vrais problèmes de société”. Des problèmes que l’État doit inscrire, selon M. Bouteflika, “au registre des urgences nationales”.
Le premier magistrat du pays a également saisi l’occasion de sa rencontre avec les membres de l’Exécutif et les 48 walis, pour rappeler le chemin parcouru, grâce à la “vaste entreprise de redressement” qui a été engagée par l’État, “depuis quelques années”. “De la concorde civile à la réconciliation nationale, des réformes des systèmes judiciaire et éducatif au désendettement, en passant par la relance de la croissance, le reflux du chômage et le retour indéniable de la paix, notre pays a régulièrement progressé dans la voie de la reconstruction et du développement”, a-t-il déclaré.
Le chef de l’État a également fait part des efforts consentis par l’État “pour la construction d’un environnement favorable au développement de la jeunesse et à son insertion socioprofessionnelle”. Ce qui a permis, d’après lui, à près de 10 millions de jeunes de fréquenter les écoles, les universités et les centres de formation, ainsi que la réalisation de “milliers d’infrastructures sportives et culturelles”. “Depuis le début de la décennie actuelle, l’État a consacré près de 150 milliards de dinars au seul secteur de la jeunesse et des sports, dans le cadre des programmes d’équipement”, a indiqué Abdelaziz Bouteflika. Ce dernier a aussi insisté sur les “centaines, voire (les) milliers de projets” réalisés dans les autres secteurs en charge de la jeunesse, sans négliger les “autres projets (…) en voie de réalisation”.
Le président de la République a cependant reconnu que “beaucoup reste à accomplir”, pour permettre à l’Algérie de sortir de “la zone de turbulences” et de tenir sa place “dans un monde de compétition effréné”. Mais, sans relever pour autant les conséquences d’une forte centralisation dans la gestion des affaires publiques ni celles de la corruption généralisée ayant pris place, y compris au sein des institutions étatiques. Pour le chef de l’État, le dossier de la jeunesse est “un des problèmes les plus importants que pose l’avenir de notre pays”, qui doit être pris en charge dans la perspective de poursuite du processus de redressement national. Et, malgré tout ce qui a été entrepris, pour le développement de cette jeunesse et son insertion dans la société, de “graves problèmes menacent aujourd’hui la nouvelle génération”, a averti M. Bouteflika, en mettant en exergue la relation entre les “méfaits de la crise” nationale et les phénomènes de délinquance, de violence et de fuite vers l’étranger. Le président de la République a même fait son mea-culpa, en confessant que “les politiques nationales n’ont pas toujours été à la hauteur des attentes de nos jeunes”, en raison de l’absence d’une connexion “de la relation entre les jeunes et l’action des pouvoirs publics”.
Cette situation a engendré, selon lui, “une crise profonde” de cette frange de la population, qui se manifeste particulièrement par “un affaiblissement du sentiment patriotique, une perte de repères identitaires et culturels, un éloignement des valeurs fondamentales de la société et (…) de grandes difficultés à se doter de perspectives d’avenir”. “Ce sont autant de signes qui prédisposent le jeune à toutes sortes de déviances et d’extrémismes, et l’exposent souvent injustement à la stigmatisation collective”, a-t-il ajouté. Ces déclarations ont laissé des participants sur leur faim, leur faisant regretter “le silence des dirigeants sur l’idéologie portée par les terroristes islamistes”, voire leurs “hésitations envers les commanditaires de la terreur et de la mort”.
Même après que le chef de l’État eut assuré que la crise vécue par les jeunes, doit être “traitée avec courage et lucidité”. Pourtant, le président Bouteflika a lui-même admis que cette crise “met en jeu l’avenir de la nation tout entière”, interpellant l’assistance sur le phénomène des kamikazes et des harragas, et l’invitant plus loin à réviser ses “approches” et ses “méthodes”, dans la prise en charge des attentes du jeune, ce nouvel “acteur social”. “L’État et les collectivités locales sont interpellés sur leur politique de la jeunesse, notamment en ce qui concerne l’association des jeunes à notre effort collectif de reconstruction”, a-t-il prôné, non sans promettre que les jeunes et leur avenir seront “plus que jamais au cœur de l’action publique”. Mais, à condition, soulignera-t-il, que les secteurs de l’État qui ont le partage de la responsabilité de la jeunesse “s’accordent sur les objectifs stratégiques et les actions prioritaires à mener”.
H. Ameyar (Liberté)
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