Kamel est mort, assassiné par un « seigneur de guerre »
Algeria-Watch, 25 juillet 2007
Algeria-Watch a appris le récent assassinat de sang-froid en Kabylie d’un jeune homme, Kamel Saadi. Même si nous n’avons pu encore faire vérifier sur place tous les faits, les premiers recoupements que nous avons opérés nous ont incités à rendre publique cette information, qui illustre une nouvelle fois le climat quotidien de violence infligé à la société algérienne.
Vendredi 13 juillet 2007, Kamel Saadi, jeune sportif résidant au village Iaagachen, dans la commune d’Ath Melikeche (Beni Melikeche, wilaya de Bejaïa), fait son footing habituel, quand un véhicule de marque Nissan 4×4 s’arrête à son niveau. Le conducteur est Smaïn Mira, député du Rassemblement patriotique républicain (RPR). Il est accompagné de deux hommes, son cousin Samir Mira et Boualem Kouchache, trabendiste connu de la région.
Smaïn Mira fait signe à Kamel de se rapprocher et les trois hommes sortent de la voiture. Pour une raison que nous ignorons, il demande au jeune homme de lui présenter ses papiers. Quand ce dernier lui dit qu’il est un jeune sportif du village Iaagachen, le député ordonne à son cousin de lui remettre son arme. Il assène un coup de poing sur la nuque de Kamel, qui tombe à terre, et il pointe le pistolet sur lui. Kamel réussit à se redresser et prend la fuite de peur d’être assassiné.
Smaïn Mira tire alors deux balles sur lui, le blessant grièvement dans le dos. Kamel s’effondre. Les trois hommes décident de transporter la victime à l’hôpital d’Akbou. Devant le personnel médical, accouru pour secourir la victime, Smaïn Mira ordonne à Kamel de taire ce qui vient d’arriver : il menace de l’achever immédiatement s’il parle. Mais mardi 24 juillet 2007, à 6 heures du matin, Kamel Saadi succombe aux blessures par balles infligées par Smaïn Mira.
Il faut savoir que le comportement criminel de cet homme n’est pas une première : ce fils d’un chahid (martyr de l’indépendance) colonel de l’ALN, Abderrahmane Mira, s’est en effet forgé une triste réputation comme ancien maire de Tazmalt, dirigeant une milice dans la région de Béjaïa.
Ainsi, en juin 1998, à Tazmalt, trois jours après l’assassinat du chanteur Matoub Lounes, une centaine de jeunes se rassemblent dans la rue devant le siège de la mairie pour dénoncer le pouvoir, qu’ils accusent d’être responsable de sa mort. Des gendarmes sont postés devant eux. Tout d’un coup, une voiture arrive en trombe : elle s’arrête et Smaïn Mira en descend. Il arrache à l’un des gendarmes sa mitraillette, la braque sur les jeunes et tire. Hamza Ouaili, jeune lycéen de dix-sept ans, est tué. Meziane Snouci sera touché par la même rafale, qui emportera la moitié de son visage. À une autre occasion, Smaïn Mira blessera Madani Saadi à la main.
Tous ces crimes restent à ce jour impunis. Smaïn Mira, fort de son héritage de fils de chahid, fort de ses fonctions d’ex-maire et d’actuel député, et enfin fort de ses quelques centaines d’hommes enrôlés dans sa milice, considère qu’en tout-puissant, il lui suffit de soudoyer ses « sujets » et les familles de ses victimes pour jouir de l’impunité totale. Il est temps que soit mis un terme aux agissements des seigneurs de guerre qui font la loi depuis quinze ans en Algérie et qu’enfin ils rendent des comptes devant la Justice et leurs victimes.
Mais cela ne sera pas obtenu sans une mobilisation de l’opinion internationale, et en particulier des ONG de défense des droits humains. Car avec bien d’autres drames quotidiens, l’impunité dont jouit ce genre de personnage atteste encore une fois la tragique absence de tout état de droit en Algérie, entretenue par un régime dont les chefs n’ont aucun souci du peuple, de sa misère et de la violence qu’il subit. Ils ne vivent qu’avec une seule obsession en tête : durer, durer encore, pour s’enrichir toujours plus.
Algeria-Watch, 25 juillet 2007
Algeria-Watch a appris le récent assassinat de sang-froid en Kabylie d’un jeune homme, Kamel Saadi. Même si nous n’avons pu encore faire vérifier sur place tous les faits, les premiers recoupements que nous avons opérés nous ont incités à rendre publique cette information, qui illustre une nouvelle fois le climat quotidien de violence infligé à la société algérienne.
Vendredi 13 juillet 2007, Kamel Saadi, jeune sportif résidant au village Iaagachen, dans la commune d’Ath Melikeche (Beni Melikeche, wilaya de Bejaïa), fait son footing habituel, quand un véhicule de marque Nissan 4×4 s’arrête à son niveau. Le conducteur est Smaïn Mira, député du Rassemblement patriotique républicain (RPR). Il est accompagné de deux hommes, son cousin Samir Mira et Boualem Kouchache, trabendiste connu de la région.
Smaïn Mira fait signe à Kamel de se rapprocher et les trois hommes sortent de la voiture. Pour une raison que nous ignorons, il demande au jeune homme de lui présenter ses papiers. Quand ce dernier lui dit qu’il est un jeune sportif du village Iaagachen, le député ordonne à son cousin de lui remettre son arme. Il assène un coup de poing sur la nuque de Kamel, qui tombe à terre, et il pointe le pistolet sur lui. Kamel réussit à se redresser et prend la fuite de peur d’être assassiné.
Smaïn Mira tire alors deux balles sur lui, le blessant grièvement dans le dos. Kamel s’effondre. Les trois hommes décident de transporter la victime à l’hôpital d’Akbou. Devant le personnel médical, accouru pour secourir la victime, Smaïn Mira ordonne à Kamel de taire ce qui vient d’arriver : il menace de l’achever immédiatement s’il parle. Mais mardi 24 juillet 2007, à 6 heures du matin, Kamel Saadi succombe aux blessures par balles infligées par Smaïn Mira.
Il faut savoir que le comportement criminel de cet homme n’est pas une première : ce fils d’un chahid (martyr de l’indépendance) colonel de l’ALN, Abderrahmane Mira, s’est en effet forgé une triste réputation comme ancien maire de Tazmalt, dirigeant une milice dans la région de Béjaïa.
Ainsi, en juin 1998, à Tazmalt, trois jours après l’assassinat du chanteur Matoub Lounes, une centaine de jeunes se rassemblent dans la rue devant le siège de la mairie pour dénoncer le pouvoir, qu’ils accusent d’être responsable de sa mort. Des gendarmes sont postés devant eux. Tout d’un coup, une voiture arrive en trombe : elle s’arrête et Smaïn Mira en descend. Il arrache à l’un des gendarmes sa mitraillette, la braque sur les jeunes et tire. Hamza Ouaili, jeune lycéen de dix-sept ans, est tué. Meziane Snouci sera touché par la même rafale, qui emportera la moitié de son visage. À une autre occasion, Smaïn Mira blessera Madani Saadi à la main.
Tous ces crimes restent à ce jour impunis. Smaïn Mira, fort de son héritage de fils de chahid, fort de ses fonctions d’ex-maire et d’actuel député, et enfin fort de ses quelques centaines d’hommes enrôlés dans sa milice, considère qu’en tout-puissant, il lui suffit de soudoyer ses « sujets » et les familles de ses victimes pour jouir de l’impunité totale. Il est temps que soit mis un terme aux agissements des seigneurs de guerre qui font la loi depuis quinze ans en Algérie et qu’enfin ils rendent des comptes devant la Justice et leurs victimes.
Mais cela ne sera pas obtenu sans une mobilisation de l’opinion internationale, et en particulier des ONG de défense des droits humains. Car avec bien d’autres drames quotidiens, l’impunité dont jouit ce genre de personnage atteste encore une fois la tragique absence de tout état de droit en Algérie, entretenue par un régime dont les chefs n’ont aucun souci du peuple, de sa misère et de la violence qu’il subit. Ils ne vivent qu’avec une seule obsession en tête : durer, durer encore, pour s’enrichir toujours plus.
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