Etonnant parcours qui pourrait servir de modèle aux algériens vivant en Europe, en France, ...
Un mélange de culot, de "débrouillardise", de besogne, probablement "d'intelligence", de brio, de "chance", d'opportunisme, de "petite magouille", mais surtout de forte personnalité, Rachida Dati ne laisse pas indifférent. Lissez cette courte biographie.
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La face cachée de Rachida Dati
par Eric Pelletier et Jean-Marie Pontaut
La ministre de la Justice est aujourd'hui une star de la galaxie Sarkozy. Mais cette ascension est le fruit d'un parcours aussi atypique que méconnu. Famille, réseaux, études, politique: contre-enquête sur une réussite balzacienne, avec ses ombres et ses lumières.
Une brindille sur un volcan: à 41 ans, Rachida Dati porte les dossiers brûlants du gouvernement, de la loi sur la récidive à la réforme de la carte judiciaire. En propulsant Place Vendôme cette jeune femme frêle et séduisante, ni élue ni énarque, Sarkozy joue le velours de l'opinion contre la bure des préjugés. Rachida: le prénom claque comme une promesse d'avenir pour les enfants d'immigrés. Dati: le nom symbolise une France enfin égalitaire. Du jour au lendemain, la ministre, forte d'une belle cote de popularité, est devenue une héroïne républicaine et glamour.
Sommaire
1. Sa famille
2. Ses réseaux
3. Ses études
4. La politique
- Son bilan de compétences
- Chouchoute du président
- Une ministre très tendance
Pourtant, son ascension sociale et politique ne se réduit pas à cette geste sarkozyenne. Le personnage cadre mal avec cette image trop lisse. «Je n'avais pas un destin tracé», résume l'intéressée, qui n'aime pas qu'on gratte le vernis de l'icône. Sa réussite révèle en effet de formidables ressources intérieures, mais aussi une stratégie éprouvée de conquête du pouvoir. Elle recèle des blessures intimes et des zones d'ombre alimentant les rumeurs. Raconter la vie de Rachida Dati? «Vous n'y arriverez jamais, prévient cette dernière. Je suis la seule à en posséder toutes les clefs.» Nous en avons retrouvé quelques-unes. Certaines étaient, il est vrai, bien cachées. Elles se nomment famille, réseaux, études et politique.
1. Sa famille
Les Dati débarquent d'Algérie au début des années 1960, à Gergy, un bourg de Saône- et-Loire. Le père, Mbarek, paterfamilias sévère et conservateur, offre à ses enfants des études dans un collège catholique privé, le bien nommé Le Devoir. En retour, il exige discipline et excellence. S'ils ne regagnent pas l'appartement HLM de la cité du Stade, à Chalon-sur-Saône, avant 20 heures, les garçons doivent se débrouiller pour trouver de quoi passer la nuit, un banc ou une banquette de voiture. Ce carcan devient vite insupportable à l'un des jeunes frères, Jamal, qui dévisse et tombe dans le ravin de la dope. Au contraire, Rachida, comme la plupart des 12 enfants, puise dans cette sévérité paternelle les racines de sa réussite. Durant l'émission Vivement dimanche consacrée à la garde des Sceaux, le 7 octobre, Michel Drucker note l'attention soutenue du patriarche dans le public: «On avait l'impression qu'elle passait un véritable examen, a expliqué l'animateur sur RTL. On sent le poids de cet homme qui a dirigé sa famille d'une main de fer avec succès [...]. ça m'a rappelé la présence physique et silencieuse de M. Zidane face à son fils.»
Ils allaient chercher l'eau au puits
Une habitante de Gergy (Saône-et-Loire) se souvient de l'arrivée des Dati, avant la naissance de Rachida.
«Ses parents ont débarqué dans le village avec leur fille aînée et deux valises, pendant l'hiver 1962 ou 1963. J'en garde un excellent souvenir. Je crois qu'ils venaient de quitter leur pays. Mais ils n'aimaient pas en parler. Les Dati logeaient avec trois familles maghrébines dans une ancienne grange refaite sommairement. Il fallait aller chercher l'eau au puits, les toilettes se trouvaient à l'extérieur. La mère, une femme très douce, était enceinte. Lui était un homme très travailleur. Je le voyais partir tous les matins vers 6 heures, par tous les temps, pour se rendre à son travail à Chalon-sur-Saône. Je lui ai d'ailleurs prêté une bicyclette pour qu'il puisse faire ces 30 kilomètres quotidiens, avant qu'il achète une Mobylette. La maman venait souvent dans notre ferme acheter du lait et des oeufs. Au début, elle parlait à peine français. Je me souviens d'avoir écrit deux lettres pour elle. Les Dati? C'étaient des gens très honnêtes. Quand ils nous commandaient 3 kilos de pommes de terre la semaine, nous étions sûrs d'être payés dès le samedi.»
Propos recueillis par Eric Pelletier
Au collège, la petite Rachida ne passe pas inaperçue. Du roseau elle n'a que l'allure. Déjà, elle préfère rompre plutôt que plier: née le 27 novembre 1965, à 15 h 30 précises, elle affiche le caractère entier d'un Sagittaire. Christian Morin, le directeur du Devoir, se souvient d'une écolière attachante, «curieuse de tout, bosseuse, un peu meneuse, qui avait soif de connaissances et de reconnaissance». La mère, Fatim-Zohra, qui élève sans faillir les enfants, reste un modèle absolu d'amour et d'abnégation aux yeux de Rachida, qui souffre encore du vide laissé par son décès, voilà six ans.
«La famille? Rachida y fait sans arrêt référence. C'est même un trait structurant de sa personnalité, souligne une amie de longue date. Elle a toujours mis un point d'honneur à ce que chacun réussisse.» Rachida Dati s'est beaucoup impliquée, hébergeant une sœur et une nièce dans le petit appartement qu'elle occupe rue du Faubourg-Poissonnière, dans le Xe arrondissement de Paris, au milieu des années 1990. Elle reverse alors une grande partie de ses revenus pour aider la fratrie. Ce qui lui vaut d'ailleurs un sérieux problème avec le fisc en 1997. Alors qu'elle vient tout juste d'intégrer l'Ecole nationale de la magistrature (ENM), elle fait l'objet d'un redressement pour avoir, de 1992 à 1994, déduit ces aides de son revenu au titre de «pensions alimentaires». L'administration exige donc un remboursement sur trois ans, d'un montant considérable par rapport à son salaire (20 000 francs par mois chez Matra, mais 9 000 depuis son entrée à l'ENM). Conseillée par ces relations qu'elle sait si bien tisser, elle obtient un étalement sur trente mois et rembourse l'intégralité de la somme.
A peine a-t-elle entamé ses études supérieures que Rachida est rattrapée par un diktat familial: elle est mariée sans qu'elle le veuille à un proche de la famille. «Je ne pouvais pas refuser, confiera-t-elle à des amis. A partir de 22 ou 23 ans, les filles devaient être mariées.» Cet épisode se conclut finalement par une annulation pure et simple, pour défaut de consentement mutuel. Une procédure exceptionnelle, suivie en son temps par Me Coralie Blum et justifiée par le fait qu'elle a été longtemps harcelée par son ex-mari. Pour échapper à la pression, Rachida Dati s'installera même un temps à Londres, où elle travaille pour la Banque européenne pour la reconstruction et le développement. Le passage dans cette banque, de l'autre côté de la Manche, à la fin de 1992, auprès de Jacques Attali, l'ancien conseiller de François Mitterrand, tient autant de la fuite que de l'avancée d'une carrière. «Quelque chose de très personnel me lie à lui», a-t-elle révélé sur France 2. «Cette femme est faite de fidélités, résume Attali. Elle se ferait tuer pour ceux qui l'ont aidée.» Rachida Dati sort en effet de cette épreuve grâce à son entregent. Un impressionnant réseau qui, depuis des années, veille sur elle.
L'express.fr
Un mélange de culot, de "débrouillardise", de besogne, probablement "d'intelligence", de brio, de "chance", d'opportunisme, de "petite magouille", mais surtout de forte personnalité, Rachida Dati ne laisse pas indifférent. Lissez cette courte biographie.
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La face cachée de Rachida Dati
par Eric Pelletier et Jean-Marie Pontaut
La ministre de la Justice est aujourd'hui une star de la galaxie Sarkozy. Mais cette ascension est le fruit d'un parcours aussi atypique que méconnu. Famille, réseaux, études, politique: contre-enquête sur une réussite balzacienne, avec ses ombres et ses lumières.
Une brindille sur un volcan: à 41 ans, Rachida Dati porte les dossiers brûlants du gouvernement, de la loi sur la récidive à la réforme de la carte judiciaire. En propulsant Place Vendôme cette jeune femme frêle et séduisante, ni élue ni énarque, Sarkozy joue le velours de l'opinion contre la bure des préjugés. Rachida: le prénom claque comme une promesse d'avenir pour les enfants d'immigrés. Dati: le nom symbolise une France enfin égalitaire. Du jour au lendemain, la ministre, forte d'une belle cote de popularité, est devenue une héroïne républicaine et glamour.
Sommaire
1. Sa famille
2. Ses réseaux
3. Ses études
4. La politique
- Son bilan de compétences
- Chouchoute du président
- Une ministre très tendance
Pourtant, son ascension sociale et politique ne se réduit pas à cette geste sarkozyenne. Le personnage cadre mal avec cette image trop lisse. «Je n'avais pas un destin tracé», résume l'intéressée, qui n'aime pas qu'on gratte le vernis de l'icône. Sa réussite révèle en effet de formidables ressources intérieures, mais aussi une stratégie éprouvée de conquête du pouvoir. Elle recèle des blessures intimes et des zones d'ombre alimentant les rumeurs. Raconter la vie de Rachida Dati? «Vous n'y arriverez jamais, prévient cette dernière. Je suis la seule à en posséder toutes les clefs.» Nous en avons retrouvé quelques-unes. Certaines étaient, il est vrai, bien cachées. Elles se nomment famille, réseaux, études et politique.
1. Sa famille
Les Dati débarquent d'Algérie au début des années 1960, à Gergy, un bourg de Saône- et-Loire. Le père, Mbarek, paterfamilias sévère et conservateur, offre à ses enfants des études dans un collège catholique privé, le bien nommé Le Devoir. En retour, il exige discipline et excellence. S'ils ne regagnent pas l'appartement HLM de la cité du Stade, à Chalon-sur-Saône, avant 20 heures, les garçons doivent se débrouiller pour trouver de quoi passer la nuit, un banc ou une banquette de voiture. Ce carcan devient vite insupportable à l'un des jeunes frères, Jamal, qui dévisse et tombe dans le ravin de la dope. Au contraire, Rachida, comme la plupart des 12 enfants, puise dans cette sévérité paternelle les racines de sa réussite. Durant l'émission Vivement dimanche consacrée à la garde des Sceaux, le 7 octobre, Michel Drucker note l'attention soutenue du patriarche dans le public: «On avait l'impression qu'elle passait un véritable examen, a expliqué l'animateur sur RTL. On sent le poids de cet homme qui a dirigé sa famille d'une main de fer avec succès [...]. ça m'a rappelé la présence physique et silencieuse de M. Zidane face à son fils.»
Ils allaient chercher l'eau au puits
Une habitante de Gergy (Saône-et-Loire) se souvient de l'arrivée des Dati, avant la naissance de Rachida.
«Ses parents ont débarqué dans le village avec leur fille aînée et deux valises, pendant l'hiver 1962 ou 1963. J'en garde un excellent souvenir. Je crois qu'ils venaient de quitter leur pays. Mais ils n'aimaient pas en parler. Les Dati logeaient avec trois familles maghrébines dans une ancienne grange refaite sommairement. Il fallait aller chercher l'eau au puits, les toilettes se trouvaient à l'extérieur. La mère, une femme très douce, était enceinte. Lui était un homme très travailleur. Je le voyais partir tous les matins vers 6 heures, par tous les temps, pour se rendre à son travail à Chalon-sur-Saône. Je lui ai d'ailleurs prêté une bicyclette pour qu'il puisse faire ces 30 kilomètres quotidiens, avant qu'il achète une Mobylette. La maman venait souvent dans notre ferme acheter du lait et des oeufs. Au début, elle parlait à peine français. Je me souviens d'avoir écrit deux lettres pour elle. Les Dati? C'étaient des gens très honnêtes. Quand ils nous commandaient 3 kilos de pommes de terre la semaine, nous étions sûrs d'être payés dès le samedi.»
Propos recueillis par Eric Pelletier
Au collège, la petite Rachida ne passe pas inaperçue. Du roseau elle n'a que l'allure. Déjà, elle préfère rompre plutôt que plier: née le 27 novembre 1965, à 15 h 30 précises, elle affiche le caractère entier d'un Sagittaire. Christian Morin, le directeur du Devoir, se souvient d'une écolière attachante, «curieuse de tout, bosseuse, un peu meneuse, qui avait soif de connaissances et de reconnaissance». La mère, Fatim-Zohra, qui élève sans faillir les enfants, reste un modèle absolu d'amour et d'abnégation aux yeux de Rachida, qui souffre encore du vide laissé par son décès, voilà six ans.
«La famille? Rachida y fait sans arrêt référence. C'est même un trait structurant de sa personnalité, souligne une amie de longue date. Elle a toujours mis un point d'honneur à ce que chacun réussisse.» Rachida Dati s'est beaucoup impliquée, hébergeant une sœur et une nièce dans le petit appartement qu'elle occupe rue du Faubourg-Poissonnière, dans le Xe arrondissement de Paris, au milieu des années 1990. Elle reverse alors une grande partie de ses revenus pour aider la fratrie. Ce qui lui vaut d'ailleurs un sérieux problème avec le fisc en 1997. Alors qu'elle vient tout juste d'intégrer l'Ecole nationale de la magistrature (ENM), elle fait l'objet d'un redressement pour avoir, de 1992 à 1994, déduit ces aides de son revenu au titre de «pensions alimentaires». L'administration exige donc un remboursement sur trois ans, d'un montant considérable par rapport à son salaire (20 000 francs par mois chez Matra, mais 9 000 depuis son entrée à l'ENM). Conseillée par ces relations qu'elle sait si bien tisser, elle obtient un étalement sur trente mois et rembourse l'intégralité de la somme.
A peine a-t-elle entamé ses études supérieures que Rachida est rattrapée par un diktat familial: elle est mariée sans qu'elle le veuille à un proche de la famille. «Je ne pouvais pas refuser, confiera-t-elle à des amis. A partir de 22 ou 23 ans, les filles devaient être mariées.» Cet épisode se conclut finalement par une annulation pure et simple, pour défaut de consentement mutuel. Une procédure exceptionnelle, suivie en son temps par Me Coralie Blum et justifiée par le fait qu'elle a été longtemps harcelée par son ex-mari. Pour échapper à la pression, Rachida Dati s'installera même un temps à Londres, où elle travaille pour la Banque européenne pour la reconstruction et le développement. Le passage dans cette banque, de l'autre côté de la Manche, à la fin de 1992, auprès de Jacques Attali, l'ancien conseiller de François Mitterrand, tient autant de la fuite que de l'avancée d'une carrière. «Quelque chose de très personnel me lie à lui», a-t-elle révélé sur France 2. «Cette femme est faite de fidélités, résume Attali. Elle se ferait tuer pour ceux qui l'ont aidée.» Rachida Dati sort en effet de cette épreuve grâce à son entregent. Un impressionnant réseau qui, depuis des années, veille sur elle.
L'express.fr
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