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L'Iran éclipse l'Irak dans la campagne américaine

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  • L'Iran éclipse l'Irak dans la campagne américaine

    LA GUERRE n'est pas certaine entre les États-Unis et l'Iran, mais elle est déjà déclarée entre les candidats à la Maison-Blanche sur ce nouveau front de la politique étrangère américaine. Surgissant comme une deuxième chance après l'accumulation d'erreurs en Irak, le problème iranien s'annonce comme l'épreuve de vérité en matière de diplomatie et de sécurité nationale, principaux enjeux de l'élection de 2008.

    En tête dans les sondages, Hillary Clinton joue gros sur ce dossier. En 2002, la sénatrice de l'État de New York avait accordé les pouvoirs de guerre au président et n'a jamais renié ce choix, indiquant seulement qu'elle aurait voté autrement « si l'on avait su alors ce que l'on sait aujourd'hui. » Cette position a beau l'obliger à une défense constante face à la base démocrate, elle a adopté une ligne similaire sur l'Iran. Approuvant la mise à l'index par George W. Bush des gardiens de la révolution iraniens (pasdarans), elle a estimé que « les sanctions annoncées jeudi renforcent la main de l'Amérique. L'Administration devrait saisir cette occasion pour engager un effort diplomatique soutenu. »

    Barack Obama, le jeune sénateur noir de l'Illinois, approuve lui aussi le durcissement des sanctions. Mais il attaque sa rivale sur un autre vote, fin septembre, en faveur d'une résolution du Sénat préconisant l'inscription des pasdarans sur la liste des organisations terroristes. Selon ce texte, les troupes américaines en Irak jouent un rôle crucial pour empêcher l'Iran de menacer tout le Moyen-Orient. De là à y voir un feu vert pour des opérations militaires au-delà de la frontière, il n'y a qu'un pas, franchi par tous les autres candidats démocrates, qui y sont hostiles. Mme Clinton a dû corriger le tir début octobre avec une résolution interdisant de mener des actions contre l'Iran sans l'accord explicite du Congrès.

    Ces contorsions invitent d'autant plus à la polémique que l'Iran n'est pas l'Irak : tant qu'on n'en est pas à l'affrontement direct, il reste une marge de manoeuvre et le dossier se prête plus facilement aux promesses électorales que l'inextricable bourbier irakien. Une aubaine pour Obama et John Edwards, candidats en embuscade qui jouent leur va-tout sur le caucus de l'Iowa, premier rendez-vous des primaires en janvier.

    « J'ai retenu la leçon de 2002, fait valoir Edwards : si vous cédez un centimètre à ce président, il prendra un kilomètre et déclenchera une guerre. Au lieu de bloquer la stratégie belliciste de Bush contre l'Iran, le sénateur Clinton et d'autres lui en donnent une nouvelle fois les moyens. »

    De fait, Hillary Clinton, qui a fêté hier son 60e anniversaire, a l'oeil sur la prochaine phase de la campagne où, si elle obtient l'investiture démocrate, il lui faudra séduire le centre pour conquérir la Maison-Blanche. Sa stratégie de fermeté procède du constat que dans le camp républicain, l'Iran n'est pas un sujet de polémique, mais de surenchère. Pour Rudy Giuliani, l'ancien maire de New York, « nous ne laisserons pas l'Iran devenir une puissance nucléaire, cela n'arrivera pas ». Il affirme que ce n'est pas là une menace, mais « une promesse ». Mitt Romney, son plus sérieux rival, passe en revue « les options militaires disponibles, d'un blocus à des bombardements, à définir ». Le candidat mormon s'est fait railler sur sa droite pour avoir envisagé de « consulter ses avocats » sur les pouvoirs de guerre du président. John McCain, l'un des républicains les plus « faucons » sur l'Irak, a chanté « Bombardons l'Iran ! » sur un air des Beach Boys. En face, dans le camp démocrate, Chris Dodd dénonce le durcissement des sanctions comme « un pas dangereux vers la confrontation. » Entre les bruits de bottes et les cris d'orfraie amplifiés par la course électorale, Hillary Clinton dénonce les « fausses attaques » dont elle est la cible : « Je suis contre toute marche précipitée vers la guerre, mais j'estime qu'il serait inacceptable de ne rien faire », dit-elle.

    L'Amérique de l'après-11 Septembre cherche-t-elle encore un président fort pour la défendre contre ses ennemis ou, traumatisée par l'Irak, veut-elle entendre des paroles d'apaisement comme le croient la plupart des démocrates ? En attendant le verdict des urnes, la réponse appartient pour encore un an à George W. Bush.

    source : le figaro
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