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Toutes les Andalousies chantent au Maroc

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    Toutes les Andalousies chantent au Maroc
    LE MONDE | 02.11.07 | 16h45 • Mis à jour le 02.11.07 | 16h45
    Essaouira (Maroc), envoyée spéciale

    e pianiste Maurice El Medioni, grande figure de la musique judéo-arabe, a ouvert le 1er novembre la quatrième édition du Festival des Andalousies atlantiques d'Essaouira, qui doit s'achever samedi 3 novembre. Ce Français né en Algérie, champion des arabesques et des ornementations pianistiques, joue désormais avec un bassiste cubain et un percussionniste colombien, une façon comme une autre de rappeler que la musique maghrébine s'est aussi nourrie, à un moment de son histoire, de rumba et de boléros.

    Pour mériter son nom, le festival du port marocain a invité des vedettes du flamenco (El Lebrijano, Estrella Morente), des musiciens soufis et des orchestres de musique classique andalouse. Et aussi Haïm Louk, né à Casablanca, qui a longtemps officié comme cantor et rabbin dans la communauté Em Habanim de Los Angeles, formée notamment par des Marocains ayant travaillé dans les bases américaines installées ici avant l'indépendance, en 1956.

    Ainsi, le chapiteau blanc monté sur la place Bab El Menzeh d'Essaouira n'est pas si innocent qu'il paraît. Haïm Louk chante en arabe, mais aussi en hébreu, avec l'Orchestre Mohamed Larbi Temsamani de Tétouan pour un hommage à Abdessadek Chkara (1931-1998), le premier à avoir réconcilié sur une même scène des chanteurs et des styles appartenant à la sphère "andalouse".

    DES TEXTES DE PAIX

    Haïm Louk, qui enseigne en Israël, est un fabuleux chanteur de matrouz ("broderie" musicale, une strophe en arabe, une strophe en hébreu), un heureux chanteur de bonheur. Du corpus de la musique andalouse, il extrait des poèmes écrits en résonance avec la nature, les ivresses, mystiques ou non. Du Shir Yedidut, ancien recueil de piyyoutims (les poèmes religieux), Haïm Louk tire des textes de paix. Le public est connaisseur, emballé, les youyous fusent, contredisant les discours intégristes, qui refusent à la culture marocaine sa composante juive.

    Le Festival des Andalousies atlantiques participe à l'entreprise de restauration multiculturelle d'une cité touristique et portuaire emblématique d'une diversité marocaine mise à mal par l'histoire. Organisée par une entité locale, la Fondation Alizés, la manifestation est essentiellement financée par la fondation Tres Culturas del Mediterraneo (les cultures catholique, musulmane et juive), fondée en 1999 après l'Exposition universelle de Séville et où sont associés le Maroc, le gouvernement de la province autonome d'Andalousie, Israël, par le biais du Centre Pérès pour la paix, et l'Autorité palestinienne.

    Au Maroc, où le parti conservateur Istiqlal est arrivé en tête des élections législatives en septembre, la ville d'Essaouira fait ainsi figure de bravache. L'ex-Mogador portugaise, qui abritait l'une des plus importantes communautés juives du Maghreb, définitivement dispersée en 1967 après la guerre des Six-Jours, a évité le déclin en affirmant ses racines multiculturelles. La ville aimée des hippies depuis 1969, qui vit le passage éclair, mais mythifié, de Jimi Hendrix, alors en villégiature à Marrakech, a déniché une idée de premier ordre en créant en 1997 le Festival de culture gnaoua - du nom de la confrérie soufie dont les membres sont des descendants d'esclaves africains.

    En dix ans, ce festival a grandi, attirant à Essaouira étrangers et Marocains. Et a été créée la manifestation de musique andalouse. Essaouira a ainsi retrouvé une image, avec en arrière-plan l'infatigable messager de l'ouverture souiri, le Français André Azoulay, devenu en 1991 conseiller financier du roi Hassan II, et à qui Mohammed VI n'a pas ôté son titre sans pour autant lui préserver son importance politique.

    TABOUS TOUCHÉS

    André Azoulay est président délégué de la Fondation Tres Culturas (dont le président exécutif est le chef du gouvernement andalou, Manuel Chavez, symbole d'une Espagne de plus en plus intéressée par son voisin marocain) mais aussi de la Fondation Alizés, aux côtés de l'historien Mohammed Ennaji, directeur du Festival des Andalousies atlantiques.

    Ce dernier vient de publier Le Sujet et le Mamelouk (éd. Mille et une nuits), un ouvrage sous-titré Esclavage, pouvoir et religion dans le monde arabe. L'hebdomadaire marocain Le Journal consacre sa dernière "une" à ce livre, en illustrant son article avec une photo du roi, alors prince héritier, prise à Fès en 1971 : le fils d'Hassan II y est monté sur un cheval guidé par deux hommes à la peau noire, symboles de servitude ; l'image est forte, car elle touche au tabou des rituels royaux. D'autre part, pour une partie de la population soumise à l'influence des islamistes radicaux, qui affirment très fort que le festival d'Essaouira est une perdition, intégrer un rabbin comme Haïm Louk à un festival de musique marocaine peut constituer un affront.

    Dans le cadre des Andalousies atlantiques, une exposition réunit une quinzaine de peintres marocains à qui il a été demandé de réfléchir au "choc des civilisations" - l'envers du dialogue des cultures.

    Véronique Mortaigne

    Arabo-andalou et judéo-arabe
    Les origines. En 756, Abd al-Rahman, seul membre de la dynastie des Ommeyades à avoir échappé au massacre de sa famille à Bagdad par les Abbassides, s'installe en Espagne, à Cordoue, et y fonde l'émirat ommeyade d'El Andalous. Ce "jardin de la félicité éternelle qui n'abrite aucun péché" préside à la cohabitation plus ou moins pacifique de trois cultures - catholique, musulmane, juive.

    Chassé de Bagdad par un maître jaloux de son talent, le musicien Ziryab (Abou Al-Hasan Ali Ibn Nafi, 789-857) arrive en 829 à Cordoue, "surprenant mélange de races, de vêtements et d'accents : hispano-musulmans, juifs, mozarabes, chrétiens des royaumes du Nord, Arabes d'Orient, nègres du Soudan, Francs, Génois". Cuisinier, philosophe, musicien, il y fixe les règles des douze Noubas qui constituent le répertoire classique.

    L'exode. En 1492, Isabelle de Castille et Ferdinand d'Aragon achèvent la reconquête de l'Espagne, contraignant les juifs et les musulmans à l'exil au nord de l'Afrique. Au fil du temps, le corpus d'Al Andalus se transforme. Appelé "çana'a" à Alger, il prend le nom de "Al Ala" au Maroc, où il se perpétue à travers différentes écoles (Tétouan, Fez, Marrakech, Rabbat, Meknès...). En Algérie principalement, les musiciens juifs développent une musique dansante, populaire, connue sous l'appellation de judéo-arabe.

  • #2
    le maroc a compis que la paix,ouverture, etc.. apporte le bisness!!

    Commentaire

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