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Alger veut récupérer un colonel dissident

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    Alger veut récupérer un colonel dissident réfugié en Europe

    Par José Garçon (journaliste), 27 octobre 2007

    C’est le plus haut gradé dissident de l’armée algérienne et Alger rêve déjà de le récupérer. Exilé en Europe, l’ex-colonel Mohammed Samraoui, 54 ans, a été arrêté lundi en Espagne à la suite d’un mandat d’arrêt international lancé par Interpol et l’Algérie, indifférente à son statut de réfugié politique en Allemagne, réclame son extradition. Mohammed Samraoui, numéro 2 de la direction du contre-espionnage algérien de mars 1990 à juillet 1992, est l’une des bêtes noires du régime algérien. Il fut -et reste- le premier et seul officier supérieur de son pays à témoigner à visage découvert sur les manipulations et les exactions du haut commandement militaire pendant la sale guerre de la décennie 90.
    C’était en juillet 2002 à Paris. Une cour de justice française examinait la plainte en diffamation déposée par le général Khaled Nezzar, ex-homme fort d’Alger, contre Habib Souaïdia, un jeune lieutenant lui aussi dissident. A la barre des témoins, Mohammed Samraoui. Précis, calme, cet ingénieur en biochimie, engagé dans l'armée et recruté par la Sécurité militaire, la toute puissante police politique du régime, fera soudain pénétrer l’audience au coeur des ténèbres du pouvoir algérien. Fixant le général Nezzar, il avait expliqué: "Notre mission était de casser le FIS, l'infiltrer, le disloquer, créer des faux groupes islamistes et leur attribuer des actions violentes. Le GIA (groupes islamiques armés, ndlr) est une création des services de sécurité algériens". Sonné, le général Nezzar s’était levé: "Tout à fait d'accord avec Samraoui. Les infiltrations et les coups de Jarnac, c'est partout". Samraoui n’avait pas lâché prise: "Mais les assassinats quand même, mon général..." Nezzar avait alors tenté: "15 000 disparus, passons. Mais dire que le GIA est une émanation des services, là, ça va trop loin...".
    Et le procès avait basculé: l’ex-colonel Samraoui venait de donner corps à une guerre de l’ombre plus complexe que la veulent les analyses opposant "militaires républicains" et «"fanatiques islamistes".
    Un an plus tard, il détaillera dans un livre publié aux Editions Denoël, "Chronique des années de Sang", comment les généraux ont manipulé les Groupes islamiques armés pour asseoir leur pouvoir, puis pour gérer leurs conflits internes. "J’ai participé en 1992 à l'annulation du processus électoral de 1991 et à la lutte contre les réseaux du terrorisme intégriste, parce que j'étais convaincu que l'intégrisme était une menace pour le pays. On pensait “sauver l'Algérie“ en luttant contre des gens qui mettaient en cause les fondements de l'Etat républicain, on a été trompés(...). Nos chefs voulaient produire une violence contrôlée et maîtrisable pour justifier a posteriori l'annulation des élections et terroriser la société civile pour la forcer à se ranger derrière l’armée. Cela a abouti au chaos : à cause du cloisonnement, les agents de différents services se faisaient la guerre; il devenait impossible de distinguer entre agents retournés et agents doubles. Sur le terrain, on ne savait plus qui était qui".
    Dès 1992, Samraoui manifeste son désaccord avec la manière dont la lutte antiterroriste est menée. En septembre, il est muté à l'ambassade d'Algérie en Allemagne, où il est responsable de la Sécurité militaire jusqu'à sa désertion en février 1996. « La goutte qui a fait déborder le vase, c'est quand le général Smaïl Lamari (le numéro 2 des services secrets, récemment décédé, ndlr) m'a demandé à Bonn d'organiser la liquidation de deux islamistes algériens réfugiés en Allemagne. Il voulait, disait-il, “clouer le bec à ces salauds qui mettent l'Algérie à feu et à sang et nous empêchent d'obtenir plus de soutien international“. Je lui ai répondu que l'Allemagne n'était pas la France et que, en cas de pépin, il ne trouverait ni Pasqua ni Pandraud pour nous aider. Quelques mois plus tard, je désertais".
    Depuis, Samraoui réside en Allemagne. Passionné d’échec –il préside une fédération- c’est en plein milieu d’un tournoi qu’il a été arrêté à Madrid. Au moment où les autorités algériennes mises sur la sellette par le Comité des droits de l’homme de l’ONU à Genève, semblent décidées à faire taire leurs opposants à l’étranger. Alger vient ainsi d’annoncer le jugement d’un chef islamiste Hassan Hattab et de "cinq autres terroristes". Parmi eux: Rachid Mesli, un avocat algérien réfugié en Suisse et très actif dans la défense des droits de l’Homme
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