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Sida et tuberculose, cocktail fatal

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  • Sida et tuberculose, cocktail fatal

    SUR LES 8,8 MILLIONS de personnes estimées atteintes d'une infection par la tuberculose, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) note que 1,6 million de ces sujets décéderont dans l'année. Parmi ces morts, il y aurait quelque 195 000 personnes ayant une coïnfection avec le virus du sida. Une réunion de l'Agence nationale de recherches sur le sida (ANRS), de la Fondation Gates, des National Institutes of Health et de l'OMS s'est tenue en juillet 2007 à Sydney pour accélérer la détection et la lutte contre la première cause d'infection opportuniste chez les sidéens sous traitement antirétroviral. C'est également la première cause de mort chez les patients infectés par le VIH.

    Plus de 50 % des nouveaux cas de tuberculose observés en Afrique de l'Ouest et de l'Est sont désormais aussi des malades du sida. Une épidémie particulière de tuberculose ultrarésistante (TBUR) à quatre des antibiotiques antituberculeux majeurs fait aujourd'hui irruption sur le continent africain. Une bouffée épidémique à l'hôpital de Tugela Ferry, au Kwazulu-Natal en Afrique du Sud en 2006 a touché 53 malades, dont 52 sont morts. Tous étaient infectés par le VIH et tous avaient un bacille tuberculeux résistant à six antituberculeux majeurs ! « La moitié des malades à Tugela Ferry n'avait jamais pris de traitements contre la tuberculose auparavant, confirme le professeur Willem Sturm, de la faculté de médecine de l'université du Kwazulu-Natal. Un tiers n'avait même jamais été hospitalisé : ils ont donc été contaminés dans leur communauté par une personne déjà infectée, qui a toussé ou respiré près d'eux dans un lieu confiné. »

    Par la suite, la souche ultrarésistante a été détectée dans 28 des 50 hôpitaux et cliniques du Kwazulu-Natal. Depuis, on a comptabilisé 450 cas de tuberculose multirésistante à Tugela Ferry, dont 55 % (une proportion énorme selon les spécialistes) ont une variété ultrarésistante.

    Lors de la réunion de Sydney, l'exemple de Western Cape Town (Afrique du Sud) a été donné. Entre 1996 et 2004, dans ce ghetto de 13 000 habitants, le dispensaire local a vu multiplier par six le nombre de cas de tuberculoses annuelles, particulièrement difficiles à diagnostiquer. Plus de la moitié des malades ont une tuberculose extrapulmonaire. Ce ne sont pas des « cracheurs de bacille de Koch » : or, dans les pays démunis, c'est surtout l'examen direct au microscope des crachats qui permet de diagnostiquer la présence du bacille tuberculeux.

    La proportion de malades obligés de suivre un second traitement (après l'échec du premier) a également augmenté de 3 à 24 %. Il faut dire que les traitements antituberculeux sont longs (24 mois au minimum), comportent souvent 13 comprimés, un sachet, une injection tous les jours. Les arrêts, abandons, traitements mal prescrits, sous-dosés, les ruptures de stock, sont légion. Les industriels renâclent aussi à fournir des marchés réduits, à des pays à faibles revenus, donc peu attractifs. Parfois un seul laboratoire est en situation de monopole pour ces médicaments antituberculeux qui ont jusqu'à quarante, voire cinquante ans ! Et les « génériqueurs » n'ont pas non plus envahi le marché.

    Pour le Forum for Collaborative HIV Research, un partenariat indépendant entre fondations privées et agences officielles, « cette coépidémie galopante est favorisée dans cette partie de l'Afrique par un manque de connaissances, de recherches, de données, de ressources financières et des systèmes de santé défaillants ».

    La difficulté de traiter conjointement les deux maladies est immense dans ce type d'environnement : la moitié des patients recevant au dispensaire local un traitement antirétroviral contre le VIH avaient déjà reçu au moins un traitement antituberculeux. Mais l'échec est patent, puisqu'un quart de ces malades avaient toujours une maladie tuberculeuse active. Et l'épidémie continue à flamber : un malade sur dix a été contaminé par le bacille de Koch pendant sa première année de traitement anti-VIH.

    « L'oeil du cyclone se trouve actuellement en Afrique subsaharienne où la moitié des nouveaux cas de tuberculose est coïnfectée par le VIH, et où une forme de la maladie résistante aux médicaments se propage insidieusement, estime Veronica Miller, coauteur du rapport et directrice du Forum for Collaborative HIV Research. Contrairement à la grippe aviaire, la menace VIH-tuberculose au niveau mondial n'est nullement hypothétique. Elle existe, elle est là. Mais la science et la coordination nécessaires pour l'arrêter sont largement insuffisantes. »

    source : le figaro
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