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Les relations entre le Maroc et l'Espagne à l'épreuve

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  • Les relations entre le Maroc et l'Espagne à l'épreuve

    Les relations hispano-marocaines à l¹épreuve (11/6/2007)

    Plus de cinquante ans après son indépendance, le Maroc ne semble toujours pas près de parachever son intégrité territoriale et de mettre fin à un des vestiges du colonialisme espagnol au nord de son espace géographique. Malgré toutes les tentatives des autorités marocaines pour amener leurs homologues espagnoles à oeuvrer pour trouver une solution équitable à cette question, ces dernières semblent déterminées à pérenniser leur présence sur Sebta et Melillia et à donner une fin de non recevoir à toutes les revendications marocaines.

    Et la visite effectuée à ces deux enclaves par le monarque espagnol, Juan Carlos, ne fait que confirmer encore une fois que les autorités espagnoles sont décidées à faire la sourde oreille aux revendications marocaines et à persister à nier l¹existence même d¹une contentieux entre les deux pays à leur sujet. Bien plus, ajoutée à celle effectuée par le chef de l¹exécutif espagnol, José Luis Rodrigues Zapatero, en janvier 2006, cette visite constitue un tournant dans l¹histoire du contentieux de Sebta et Melillia. En effet, dès l¹aube de l¹indépendance du Maroc, en passant par l¹avènement de la démocratie en Espagne, il y avait comme une sorte d¹accord tacite entre les autorités espagnoles et marocaines. En effet, conscients des revendications marocaines et de la sensibilité des Marocains devant tout acte politique susceptible de confirmer l¹appartenance de ces deux enclaves à l¹Espagne, le chef de l¹Etat et les présidents du gouvernement espagnol - à l¹exception du premier Président de l¹Espagne démocratique Adolfo Suárez - se sont toujours bien gardés d¹y effectuer des visites officielles. Ce fut ainsi le cas respectivement de Felipe González1, ainsi que de José María Aznar, lequel même s¹il avait visité ces deux présides en 1995 et en 2000, le fit pendant la campagne électorale sous l¹étiquette du président du Partit Populaire.

    L¹enjeu politique de la visite
    de Juan Carlos


    Alors que les deux pays vivaient depuis plus de 3 ans dans une période d¹embellie de leurs relations, que leur coopération bilatérale à tous les points de vue semblait en voie de prendre sa véritable vitesse de croisière, comment peut-on interpréter cette visite à Sebta et Melillia, qualifiée unanimement par la presse marocaine de geste inamical et de provocation à l¹égard du peuple marocain ? Quel enseignement peut-on tirer de cette visite en ce qui concerne l¹avenir de ce contentieux qui n¹en finit pas d¹assombrir l¹horizon des relations hispano-marocaines ? Enfin, en sachant que l¹Espagne est à la veille des élections législatives (mars 2008), dans quelle mesure cet événement pourrait être exploitée par la classe politique espagnole (PSOE et PP) pendant la campagne électorale pour capter le maximum de voix ?
    D¹aucuns ont interprété cette visite comme un signe de mécontentement des autorités espagnoles devant l¹accueil chaleureux réservé par le Maroc au Président français, Nicolas Sarkozy, et les contrats juteux que Rabat a signés avec les entreprises françaises, ainsi que devant l¹élargissement du port de Tanger Med et les répercussions négatives qu¹il pourrait entraîner sur la viabilité économique de Sebta et Melillia.
    Mais à n¹en pas douter, vu le timing de la visite du Roi Juan Carlos, à la veille de la célébration par le Maroc du 32e anniversaire de la Marche Verte, les autorités espagnoles cherchent à transmettre un message clair et ferme à leurs homologues marocaines. Ainsi, les Espagnols signifient aux Marocains que si en 1975 ils profitèrent de l¹instabilité que traversait l¹Espagne, en raison de la mort imminente de Franco, pour la prendre de court et la mettre devant le fait accompli, il n¹en sera pas de même pour Sebta et Melillia. Dans le même temps, en vue des élections législatives qui approchent, le chef de l¹exécutif espagnol saisit cette opportunité pour faire taire les critiques de tous ceux qui l¹accusent de pusillanimité dans son traitement de cette question avec le Maroc, et empêcher ainsi le PP d¹avoir l¹exclusivité de se poser en défenseur acharné de l¹intégrité territoriale et des intérêts stratégiques de tous les Espagnols, y compris ceux de Sebta et Melillia.
    Suivant cette logique, et prenant en compte le tournant qu¹a pris ce contentieux avec la visite du chef de l¹Etat espagnol, on peut s¹attendre, dans les années à venir, à voir les autorités espagnoles franchir un nouveau cap dans la consolidation de l¹appartenance de ces deux enclaves à l¹Espagne. Ainsi, après la promulgation en 1995 d¹un nouveau Statut d¹autonomie qui dota Sebta et Melillia de larges compétences administratives, mais sans pour autant les mettre sur un pied d¹égalité avec les autres Communautés autonomes espagnoles, il y a fort à parier que les autorités de Madrid vont élaborer un nouveau statut qui les transformerait pleinement en Communautés autonomes.
    Dans cette optique, et étant donné que Sebta et Melillia sont un important réservoir de voix pendant toute campagne électorale, il semble plus qu¹évident qu¹elles seront au c¦ur des sujets que les deux acteurs majeurs de la scène politique espagnole vont instrumentaliser pour gagner la confiance des électeurs. Dans cette perspective, il faudrait s¹attendre à voir les deux partis aller loin dans la surenchère pour se présenter en meilleurs défenseurs de l¹intégrité territoriale espagnole. Sachant que «le Maroc» est une question de politique intérieure en Espagne, et que parler mal de ce pays et fustiger la prétendue perfidie des ses responsables rapporte toujours des voix aux responsables politiques, notamment à ceux de la droite, il ne fait aucun doute qu¹il sera présent pendant la campagne électorale de 2008, que ce soit à travers la question de Sebta et Melillia ou à travers celle de l¹immigration, sans oublier, bien entendu la question du Sahara.
    À la lumière de ce qui précède, quelle attitude devraient adopter les dirigeants marocains pour amener les autorités espagnoles à tenir compte de leurs revendications et de leurs droits historiques sur Sebta et Melillia ? Doivent-ils suivre la même stratégie qui a consisté à ne revendiquer la récupération de ces territoires que de façon circonstancielle, ou devraient-ils plutôt faire de cette question une des priorités de leur politique étrangère ? Si tel est le cas, de quels atouts pourraient-ils se prévaloir pour internationaliser cette question et amener, enfin, les autorités espagnoles à envisager l¹ouverture de négociations à leur sujet ?


    Dernière modification par orion, 06 novembre 2007, 15h33.

  • #2
    Le Maroc dispose de bien d¹arguments pour contester la présence espagnole

    Eu égard à la tournure prise par ce contentieux, il semble de plus en plus urgent pour la diplomatie marocaine de rompre avec son inertie et son attentisme d¹antan, d¹inscrire la question de la récupération de Sebta et Melillia dans une stratégie nationale bien définie, et de mener à bien une campagne de médiatisation destinée à sensibiliser l¹opinion publique internationale sur cette question et de dénoncer les torts que ce dernier vestige du colonialisme espagnol continue de causer à l¹économie marocaine. N¹est-ce pas cet attentisme des autorités marocaines qui permit aux autorités de Madrid de neutraliser les revendications marocaines au début des années 60 et de reporter sine die la date de son règlement, surtout après la rétrocession d¹Ifni qui donna au Marocains l¹illusion que les Espagnols était disposés à régler progressivement tous les contentieux territoriaux qui les mettaient aux prises Cette stratégie habilement exploitée par les dirigeants espagnols, ajoutée au manque d¹une volonté ferme du Maroc de porter ce contentieux devant l¹ONU, à un moment où la question de Gibraltar y était à l¹ordre du jour, priva le Maroc de les inscrire au même titre que Gibraltar sur la liste des Territoires non autonomes, que les puissances coloniales étaient appelées à décoloniser.
    C¹est cette erreur de la diplomatie marocaine, qui permit aux dirigeants espagnols de juger par la suite sans fondements juridiques toutes les revendications et les tentatives marocaines destinés à les amener à ouvrir un dialogue à leur sujet, et à rejeter tout parallélisme entre ces deux enclaves et Gibraltar. Pour mettre en cause le parallélisme mis en avant par le Maroc sur Gibraltar et Sebta et Melillia, les officiels espagnols rétorquent que le fait que ces deux enclaves ne soient pas considérées comme des Territoires non autonome, confirme leur pleine appartenance à l¹Etat espagnol.
    Pour enlever toute légitimité aux revendications marocaines concernant ces deux territoires, certains auteurs espagnols soulignent qu¹il s¹agit d¹une stratégie utilisée par les dirigeants marocains pour dévier l¹opinion publique de ses problèmes internes et créer une certaine adhésion populaire autour de la monarchie. Mais les auteurs de cette analyse oublient qu¹indépendamment de tout calcul de la part du pouvoir marocain, toutes les composantes de la société marocaine souhaiteraient voir un jour leur pays parachever son intégrité territoriale. Pour ne laisser aucun doute sur l¹illégitimité de la position marocaine, ces mêmes auteurs insistent en même temps sur le fait que Sebta et Melillia furent occupées par l¹Espagne avant l¹existence même de l¹état marocain, ce qui est, comme le prouvent les faits historiques, loin de correspondre à la réalité.
    Même si la plupart des auteurs qui défendent la «españolidad» (hispanité) de ces deux enclaves, insistant principalement sur l¹argument juridique pour affirmer que la thèse marocaine est insoutenable, cela n¹empêche pas le Maroc de continuer de déployer des efforts pour amener les dirigeants espagnols à ouvrir des négociations à leur sujet, car il existe bel et bien d¹autres arguments d¹ordre historique, géographique et humain dont le Maroc peut se prévaloir pour rejeter la thèse espagnole. Sans oublier, bien entendu, le parallélisme criant qui, n¹en déplaise au défenseurs de la españolidad de Sebta et Melillia, existe entre ces dernières et Gibraltar.
    À la tête de ces arguments, on trouve le caractère inique des traités que les Espagnols ont imposés au Maroc pour ratifier leur appartenance à l¹Etat espagnol, à un moment où ce pays ne pouvait faire mieux pour ménager le reste de son territoire que de se soumettre aux injonctions des Espagnols. À ce propos, il y a lieu de faire remarquer que nombre de personnalités éminentes espagnoles, parmi lesquelles les deux anciens diplomates Máximo Cajal et Alfonso de la Serna (2), ont souligné que les traités dont se prévalent les autorités espagnoles n¹ont aucune valeur juridique ou morale, du moment qu¹ils ont été signés sous la contrainte et à un moment où le Maroc se trouvait en position de faiblesse.
    Mais là où le Maroc peut se prévaloir de plus d¹arguments, c¹est en ce qui concerne le parallélisme criant qui existe entre ces deux enclaves et Gibraltar. Plusieurs points de ressemblance existent, en effet, entre les deux questions, à commencer par la similitude de la situation géographique entre Sebta et Melillia, et Gibraltar. Dans les deux cas, il s¹agit d¹enclaves situées sur le territoire naturel d¹un Etat étranger et constituent, de ce fait, une rupture et un obstacle à la continuité et à l¹intégrité territoriale du pays dans lequel elles sont enclavées. Le parallélisme existant entre les deux cas est corroboré par le fait que, aussi bien dans le cas de Sebta et Melillia pour l¹Espagne que dans celui de Gibraltar pour la Grande-Bretagne, il y a eu pendant une bonne partie de l¹histoire une absence d¹attachement des puissances occupantes à leurs enclaves respectives. Cet état de fait explique pourquoi les deux pays se sont posé, à maintes reprises, la question de savoir s¹il convenait de garder leurs enclaves, ou pour des raisons économiques il valait mieux les abandonner (3).
    A cela s¹ajoute le fait que, dans les deux cas, on est face d¹enclaves qui, pendant la majeure partie de leur histoire, avaient un caractère éminemment militaire. Le caractère militaire de Sebta et Melillia n¹est plus à démontrer, dans la mesure où depuis leur occupation par l¹Espagne, ces dernières étaient appelées à jouer le rôle de tête de pont et de bases militaires avancées pour sécuriser la péninsule et se prémunir contre toute éventuelle attaque en provenance du sud. Sans oublier que sur le plan démographique, outre le fait que les deux enclaves avaient une population carcérale, en raison de leur condition de Présides, elles étaient habitées majoritairement par les militaires et leurs familles. Et mêmes sur le plan administratif, contrairement aux autres villes espagnoles, Ceuta et Melilla étaient gouvernées jusqu¹à 1983 par des dignitaires militaires. À cela s¹ajoute le fait que Sebta et Melillia n¹ont pas toujours été considérées comme des villes espagnoles à part entière, mais seulement comme des zones de relégation, sans oublier que dans les deux cas on est face à des territoires qui dépendent économiquement de leur arrière-pays.

    La contrebande à Sebta et Melillia :
    un cancer pour l¹économie marocaine


    Il est de notoriété publique que ces dernières, à l¹instar de Gibraltar, vivent essentiellement de ces activités illégales qui portent une grave atteinte à l¹économie marocaine. Nous croyons qu¹il est trop parlant, dans ce sens, que Sebta et Melillia aient le taux le plus élevé, en Espagne, de licences de commerce par mille habitants. Sur ce point, le Maroc, tout comme l¹Espagne dans le cas de Gibraltar, a toutes les raisons d¹affirmer que ces deux enclaves constituent une source de préjudice et un cancer pour l¹économie marocaine, mais aussi pour la santé publique des consommateurs marocains, vouant à l¹échec toute tentative de mise à niveau de l¹économie de la région du nord du Maroc.
    Comme l¹ont démontré nombre d¹observateurs, en raison de l¹exiguïté de leur territoire, de l¹absence de toute activité agricole, Sebta et Melillia vivent essentiellement de la contrebande. En effet, alors que la population de ces deux enclaves ne dépasse pas les 130.000 habitants, leurs ports respectifs voient quotidiennement l¹arrivée d¹un nombre considérable de cargos chargés de marchandises de toute sorte, dont le volume dépasse largement les besoins de leurs populations. Compte tenu du fait que ces deux enclaves sont des zones franches, il ne fait aucun doute que le véritable enjeu pour les exportateurs espagnols consiste à submerger le marché marocain avec des produits qui échappent au paiement de tout droit de douane et de TVA, et qui ne font que fragiliser le tissu économique marocain. Eu égard à la porosité des frontières entre l¹arrière-pays marocain et ces deux enclaves et à la facilité d¹accès des passeurs qui vivent de cette activité, des produits de toute sorte déferlent quotidiennement sur le marché marocain, qu¹il s¹agisse des produits de la cosmétique, les pneumatiques, les détergents, le produits agroalimentaires, les insecticides, les téléviseurs, les plaques d¹immatriculation des voitures, les vêtements, etc.

    Dernière modification par orion, 06 novembre 2007, 15h34.

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    • #3
      Alors que le volume des échanges économiques entre le Maroc et l¹Espagne ne dépasse guère les 4,9 milliards d¹euros (4), le chiffre d¹affaires que génère ce commerce illégal pour les Espagnols serait de près de 1,5 milliard de dollars (5). En plus du manque à gagner que cela suppose pour le Maroc en termes de droits de douane et TVA, cette activité condamnable ne fait que creuser le déficit commercial du Maroc avec l¹Espagne. En effet, si on s¹en tient à ce chiffre et on y ajoute les 130,2 millions d¹euros de déficit commercial marocain avec l¹Espagne en 2006 (6), le montant total de ce déficit serait près de quelque 1,8 milliard de dollars, ce qui dépasse toutes les aides que le gouvernement octroie au Maroc, ainsi que les transferts des immigrés marocains résidant en Espagne (7). Ce qui est encore plus grave, c¹est que l¹arrivée massive des produits de la contrebande a des répercussions dramatiques sur le tissu économique marocain, en ce sens que plusieurs entreprises, faute de pouvoir faire face à cette concurrence déloyale que représente cette activité illicite, sont condamnées soit à la réduction de leur effectif, soit à la cessation de leur activité. Ce qui ne fait qu¹aggraver le problème du chômage au Maroc. Cette affirmation de Hassan Chami, ex-président de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), en dit long sur la gangrène que provoque la contrebande dans le corps de l¹économie marocaine : «Nos producteurs doivent inclure la contrebande comme facteur de concurrence déloyale. Il est plus difficile de vendre sur le marché intérieur que d¹exporter. Quand on exporte vers les pays européens on est soumis à une concurrence loyale» (8).
      Selon le même responsable marocain, la contrebande serait à l¹origine de la disparition de près de 400.000 emplois par an au Maroc. De même, selon une étude menée en 2002 par la Chambre de commerce américaine au Maroc, chaque emploi dans la contrebande entraîne la perte ou la non-création de 10 emplois légaux (9). Et quand on sait que près de 35.000 personnes s¹adonnent à cette activité dans les zones frontalières de Sebta et Melillia, on peut mesurer l¹ampleur des dégâts que provoque la contrebande pour l¹économie marocaine. À titre d¹exemple, le déferlement des produits de la contrebande en provenance de ces deux enclaves a entraîné la fermeture de General Tire au Maroc et la disparition de 700 emplois, ainsi que la réduction d¹effectif de 150 emplois chez Goodyear Maroc (10).
      Ceci étant dit, ce qui est encore plus inquiétant c¹est que la nocivité de la contrebande en provenance de Sebta et Melillia ne se limite pas à l¹aspect financier, mais elle entraîne aussi des conséquences dramatiques sur la santé des consommateurs marocains, dans la mesure où ces produits, qui échappent à tout contrôle des autorités sanitaires marocaines, sont dans la majorité des cas périmés ou d¹une qualité douteuse. Le dernier exemple qui illustre cet état de faits est l¹insecticide «Leon Rojo», fabriqué par une société espagnole basée à Murcie, et introduit illégalement sur le marché marocain à travers Sebta et Melillia. Selon le quotidien marocain Al Alam (11), ce produit contiendrait des substances qui pourraient provoquer des cas de cancer chez les enfants, ainsi que la leucémie chez les adultes. Ce qui est encore plus alarmant, c¹est que le Maroc est le seul pays où circule ce produit nocif en toute impunité, alors que d¹autres pays à la tête desquels les pays de l¹UE ont interdit sa commercialisation. L¹autre exemple qui illustre les implications de la contrebande sur la santé et la sécurité des Marocains, est le cas des pneumatiques. En effet, le déferlement des pneumatiques usagés a un impact notoire sur la sécurité routière au Maroc, sans oublier que la destruction de ces produits est nuisible pour l¹environnement. Nous pouvons dire la même chose à propos du trafic de cigarettes. En plus de la perte colossale que ce trafic représente pour le trésor marocain en termes de droits de douanes et de TVA, ces cigarettes issues de la contrebande comportent un grave problème de santé publique, surtout quand on sait que les dizaines de millions de paquets de cigarettes qui déferlent sur le marché marocain sont périmées (12.)
      Au vu de cet impact plus que catastrophique de la contrebande sur l¹économie, la sécurité et la santé publique marocaine, il est grand temps que les autorités marocaines mettent en place une stratégie bien définie, en vue de lutter efficacement contre ce fléau et mettre fin à cette situation de non-droit à la frontière entre les présides de Sebta et Melillia et le reste du territoire marocain. Une des premières mesures qu¹il faudrait prendre pour arriver à cette fin, consiste à renforcer le contrôle sur les postes frontières et à infliger des amendes exemplaires à tous les passeurs qui s¹adonnent à cette activité. Ceci étant dit, cette mesure devrait être accompagnée d¹une politique volontariste de promotion et de mise à niveau du tissu économique des villes du Nord, ainsi que des autres régions pauvres du Maroc, de façon à offrir à alternative viable à tous ceux qui subsistent grâce à l¹économie informelle.
      Dans le même temps, il faudrait exiger des autorités espagnoles qu¹elles ne tolèrent plus l¹accès aux deux enclaves à l¹aide de la seule carte d¹identité nationale, car c¹est cette particularité réservée aux habitants des villes frontalières de Sebta et Melillia, qui pousse leurs habitants à opérer dans l¹économie parallèle, plutôt qu¹à avoir un esprit d¹initiative et chercher à exercer une activité commerciale légale. En parallèle avec ces mesures, il faudrait lancer régulièrement des campagnes de sensibilisation destinées à faire prendre conscience à l¹opinion publique marocaine du danger que fait peser la contrebande aussi bien sur l¹économie marocaine que sur la santé des consommateurs. Et toute stratégie gouvernementale de développement économique qui ne prendrait pas en compte ces éléments, serait immanquablement vouée à l¹échec.
      Dans un autre registre, il est du devoir des autorités marocaines de demander officiellement aux autorités de Madrid de rendre des comptes sur l¹usage par l¹armée espagnole, pendant la guerre du Rif, d¹armes chimiques interdites internationalement par les traités que l¹Espagne avait signés. À ce propos, il faudrait exiger formellement du Roi Juan Carlos de s¹excuser publiquement devant le peuple marocain, puisque c¹est son grand père Alphonse XIII, dont il est l¹héritier du trône, qui ordonna à ses militaires d¹utiliser ces armes chimiques de destruction massive pour venger la mort de près de 14.000 soldats espagnols pendant la bataille d¹Anoual de juillet 1921 et étouffer l¹insurrection menée par Mohammed Ben Abdelkrim Al Khattabi. Comme l¹ont montré nombre d¹auteurs espagnols et étrangers, à la tête desquels María Rosa de Madariaga et Sebastian Balfour (13), l¹utilisation de ces armes chimiques traîne encore ses séquelles sur la population marocaine du Rif, et explique pourquoi cette région continue d¹enregistrer le plus haut taux de personnes atteintes par le cancer.
      En définitive, il est temps de rappeler aux autorités espagnoles que la multiplication de leurs gestes inamicaux à l¹égard du peuple marocain ne pourra en aucun cas favoriser le rapprochement entre les deux voisins. Tant que le peuple espagnol continue d¹entretenir son animosité historique à l¹égard des Marocains, il est difficilement envisageable de voir les deux pays parvenir à dépasser leurs traumatismes de l¹histoire récente et lointaine, et éloigner ainsi tous les spectres de l¹affrontement et de la guéguerre entre eux.

      Par Samir BENNIS*

      NOTES

      1) C¹est pour ménager la sensibilité marocaine et éviter l¹éclatement de toute crise avec le Maroc, que pendant le débat qui précéda la promulgation des Statuts d¹Autonomie de Sebta et Melillia, et malgré la pression du PP, le gouvernement de Felipe González s¹est gardé d¹octroyer à ces deux enclaves un statut similaire à celui des autres Communautés Autonomes espagnoles.
      2) Maximo Cajal, Ceuta y Melilla, Olivenza y Gibraltar, dónde acaba España ?, Madrid, Siglo Veintiuno de España editores, 2003. Alfonso de la Serna, Al sur de Tarifa, Marruecos España : un malentendido histórico, Madrid, Ediciones de Historia, 2001.
      3) Cette question de l¹abandon de Sebta et Melillia se posa en Espagne en 1726, en 1764, 1801, en 1811 et en 1820. En parallèle avec ces projets, à partir du milieu du XIXe siècle jusqu¹au début du XXe siècle, les gouvernements respectifs de O¹Donnel, Prim, Moret et Primo de Rivera proposèrent à la Grande Bretagne d¹échanger Sebta avec Gibraltar, sans obtenir le résultat escompté. Voir à ce propos, notre ouvrage «Les relations politiques, économiques et culturelles entre le Maroc et l¹Espagne (1956-2005)» (préface de Monsieur Ismail Alaoui), à paraître prochainement.
      4) Sonsoles Valle Muñoz, «Las relaciones entre España y Marruecos», in Boletín Económico de ICE no 2918, 1-15 août 2007, p. 28.
      5) Ce sont des chiffres qui ont été publiés par la Chambre de commerce américaine au Maroc en 2002. Pour 2006 où 2007 Il est plus que probable que ce montant dépasse les 2 milliards de dollars.
      6) Sonsoles Valle Muñoz, op. cit., p. 28.
      7) Le montant total des envoies des immigrés marocains résidents en Espagne s¹est élevé à 6,7 milliards de dirhams. Ibid., p. 32.
      8) «La contrebande mine l¹économie marocaine selon les patrons », Agence Reuters (www.**********/modules/news/articles-2769).
      9) Chambre de Commerce Américaine au Maroc, compte rendu de l¹atelier sur la promotion du commerce et de l¹investissement : la contrebande, tenu à Rabat le 17 avril 2002, p. 2.

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      • #4
        10) Ibid.
        11) Abdelfattah Sadki : «Cinq millions de flacons de l¹insecticide León Rojo menacent la santé des Marocains de cancer», Al Alam, 19 octobre 2007.
        12) Pour se convaincre de constat, il suffit de demander aux fumeurs habitués à fumer le tabac acheté légalement dans des bureaux de tabac, et à qui il est arrivé une fois de fumer des cigarettes issues de la contrebande. La réponse sera toujours la même : le goût de ces dernières est différent à celui des cigarettes achetées légalement, et elles laissent un arrière goût qui en dit long sur leur état de péremption.
        13) Voir à ce propos, María Rosa de Madariaga, Los moros que trajo Franco, Barcelone, ed. Martínez Roca, 2002. España en el Rif, crónica de una historia casi olvidada, Ciudada Autónoma de Melilla, UNED, 2000. Sebastian Balfour, Abrazo mortal, de la guerra colonial la guerra civil en España y Marruecos(1909-1939), Madrid, Crítica, 2002.

        *Samir BENNIS, chercheur marocain, titulaire d¹un Doctorat en Relations Internationales (obtenu en 2005 à l¹université de Provence, avec félicitations du jury), ainsi que d¹un Mastère d¹Etudes Diplomatiques Supérieures (obtenu en 2007 au Centre d¹Etudes Diplomatiques et Stratégiques de Paris, avec félicitations du jury). Il est spécialiste de la géopolitique du pétrole et des relations hispano-marocaines.

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        • #5
          orion,je n'ai pas tout lu mais je n'ai pas besoin de ça pour savoir que les villes de Sebta et Melilla ,sont belles et bien marocaines.
          J'etais agréablement surpris de voir les manifs pour la récupération des 2 villes aux portes de Sebta,maintenant, c'est au gouvernement de suivre son opinion publique pour demander aux espagnols de rétrocéder les 2 enclaves comme l'ont fait,les britaniques avec les chinois à propos de Hong Kong.

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          • #6
            oui mon ami, je sais, c'est un peu long,
            mais j'ai preferé tout mettre pour ne rien enlever à l'article, je trouve qu'il traite bien la globalité du sujet. en particulier, l'histoire et l'economie.

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            • #7
              Je ne vois dans cet article comme base politique et non juridique, répétée moultes fois par l'auteur comme pour lui donner plus de consistance qu'elle n'en a: le parallélisme Gibraltar-Sebta et Mélila.

              Je reprends le coeur de cette réflexion politique ici: "...ajoutée au manque d¹une volonté ferme du Maroc de porter ce contentieux devant l¹ONU, à un moment où la question de Gibraltar y était à l¹ordre du jour, priva le Maroc de les inscrire au même titre que Gibraltar sur la liste des Territoires non autonomes, que les puissances coloniales étaient appelées à décoloniser.
              C¹est cette erreur de la diplomatie marocaine,..."

              Je ne pense pas du tout que le Maroc avait fait une erreur. Au contraire, le Maroc avait été bien inspiré de ne pas se lancer dans cette voie impasse qui aurait cadenassée une fois pour toutes ses chances de récupérer ses enclaves un jour.
              C'est l'Espagne qui avait commis l'erreur et la preuve est qu'on voit bien ce qu'a donné cette démarche.
              Dans cette démarche, ce sont les habitants de Gibraltar qui ont le dernier mot et non l'Espagne...
              Parallèlement, donner le dernier mot aux habitants de Sebta et Mélila, est une entreprise des plus hasardeuses pour le Maroc.

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              • #8
                Dommage que cet article apparaisse maintenant alors que les nuisances de ces 2 conclaves sont connues depuis belle lurette.

                C'est tout de même surprenant qu'un article où on montre que le royaume marocain perd 1,8 milliards de dollars/an dans le change soit balancé maintenant et pas avant pourtant cette situation depuis des décennies.

                Qui est responsable de cette situation ?

                Commentaire


                • #9
                  citoyen, expliques nous stp quelle est la duree maximum apres laquelle un pays a le droit de demander ses terres? s'il y a une "date d'expiration", dis le nous...

                  Commentaire


                  • #10
                    les relations entre le maroc et l'espagne à l'épreuve

                    concernant la visite des chefs d'état, cest faux!

                    José Maria Aznar s'est aussi rendu dans les enclaves en tant que chef du gouvernement!

                    et il l'a fait pour décorer les parachutistes qui avaient déloger les gendarmes marocains de l'ilot leila et qui a failli déclencher une guerre!

                    Commentaire


                    • #11
                      C'est vous, les Marocains...
                      C'est vous qui êtes censés connaitre un peu ce que vous faites puisque vous défendez avec autant d'ardeur la récupération de vos deux villes...
                      C'est vous qui devez informer les Algériens que nous sommes sur votre démarche...
                      Quand on cherche à être appuyé de manière ou d'autre, eh bien la moindre des choses est de présenter les choses rationnellement et ne pas insulter les gens qui vous le demandent...

                      Alors, comment feriez-vous cette récupération ?
                      Que faites-vous des gens qui habitent ces enclaves ? seront-ils forcés d etre Marocains ? seront-ils libres de rester Espagnoles ? Comment vous feriez ? Comment ?

                      Commentaire


                      • #12
                        Dommage que cet article apparaisse maintenant alors que les nuisances de ces 2 conclaves sont connues depuis belle lurette.

                        C'est tout de même surprenant qu'un article où on montre que le royaume marocain perd 1,8 milliards de dollars/an dans le change soit balancé maintenant et pas avant pourtant cette situation depuis des décennies.

                        Qui est responsable de cette situation ?


                        ( Citoyen)

                        ................................

                        Le Maroc à cause du Sahara ( un conflit pourtant réglé avec les accords de Madrid) est obligé de ménager cette ex-puissance à cause du Polisario créé et entretenu par qui ???.

                        IL FAUT PAS ÊTRE GRAND CLERC POUR SAVOIR QUI EST RESPONSABLE.

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                        • #13
                          de la plus pure démagogie....
                          Jeter toujours et tout le temps vos responsabilités sur les autres.
                          C'est faible et mesquin.

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                          • #14
                            Ou vous plante un poignard dans le pied et on vous dit pourquoi vous n'avancez pas. Voila ce que je conclus...

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                            • #15
                              Trop facile...

                              Je ne suis pas naîf au point de penser que les Marocains de ce forum représentent les Marocains dans leur ensemble...
                              Mais je vous trouve plutôt décousus et peu articulés...
                              Quand il s'agit de provocation et de bétises qu'on jette à l'Algérie, je dois reconnaitre que vous vous faites assez forts dans ces gamineries...
                              Mais pour bien défendre les causes marocaines, c'est à pleurer de honte...

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