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La Flandre pourrait déclarer "la guerre" à la Belgique ce mercredi 7 novembre

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  • La Flandre pourrait déclarer "la guerre" à la Belgique ce mercredi 7 novembre

    Dans l’article "La Wallonie bientôt française?" j’avais estimé que la Belgique tiendrait encore 3 à 7 ans. Mais il semble que l’Histoire s’accélère. Car si les acteurs des deux communautés (flamande et wallonne) passent de leurs récents discours aux actes, ce mercredi 07/11/07 pourrait marquer historiquement le début de la fin du Royaume des Belges.

    Pour l’histoire au long terme de cette crise, je vous suggère de lire "La Wallonie bientôt française ?" Ici, je vais juste expliquer ce qu’il faut savoir pour comprendre optimalement ce que vous allez sans doute voir à la télé dans les temps à venir. Car ceci concerne d’autant la France, que d’ici 2 ans (2009), les Wallons pourraient bien entamer des pourparlers avec Paris pour un éventuel rattachement de la Wallonie à la France.

    Alors, dans l’immédiat, que se passe-t-il ?
    Eh bien, vous allez entendre parler de BHV. Qu’est-ce que c’est ?
    BHV, c’est la circonscription bilingue de Bruxelles-Hal-Vilvorde. Un territoire englobant Bruxelles et sa périphérie où Francophones et Flamands peuvent voter pour les partis des deux communautés. Problème : les frontières de BHV, qui contient 35 communes, n’épousent pas les frontières des régions linguistiques. BHV étant à cheval sur la région bilingue de Bruxelles (19 communes) et la Flandre flamande (16).
    Et que veulent les Flamands ?
    Ils veulent scinder BHV en deux parties pour la faire coïncider avec les frontières linguistiques.
    Ce qui aurait pour conséquence d’empêcher les 120 000 Francophones de la périphérie de voter pour des partis francophones. Ceux-ci ne pouvant plus voter dès lors que pour des partis flamands. Tandis que les Flamands de Bruxelles pourraient eux, continuer à voter pour leurs partis, puisque la région de Bruxelles est bilingue.
    Et donc, la scission de BHV équivaut, de fait, à la flamandisation de la périphérie bruxelloise. Ce qui est ressenti par les Francophones comme une "annexion". Un véritable "casus belli" politique.
    "Casus belli" d’autant plus sérieux, que BHV est un obstacle juridique à la prise d’indépendance future de la Flandre. Indépendance inscrite dans un agenda de moins en moins caché, puisqu’elle est désormais souhaitée par 45% des Flamands selon plusieurs sondages récents.
    Et c’est ainsi qu’à cause de BHV, depuis les élections du 10 juin, la Belgique n’a toujours pas pu former de gouvernement après cinq mois d’âpres négociations.
    Alors, pour comprendre ce qui s’est passé cet été, il faut savoir qu’en Belgique, la formation d’un gouvernement se déroule ainsi : un informateur est d’abord nommé par le roi. Cet informateur ayant pour mission de notifier les souhaits des partis de la majorité, afin de contruire le programme d’action gouvernemental. Ensuite, entre en piste le formateur, qui deviendra le futur Premier ministre, et qui négocie avec ses partenaires de la majorité le détail du programme gouvernemental. Voilà.
    Or le formateur, qui est M. Leterme (leader du CDNV - parti chrétien flamand), a déjà dû, cet été, faire rapport au roi de l’échec de sa mission, à cause de BHV. Ce qui a poussé le roi à lui demander de réessayer une seconde fois, mais en le faisant précéder cette fois par un autre informateur (surnommé "l’explorateur") : M. H. Van Rompuy. Celui-ci ayant reçu la délicate mission de faire rasseoir autour de la table des partenaires qui s’étaient quittés fâchés. Et c’est ainsi qu’avec des méthodes de Sioux que n’aurait pas désavouées Sitting Bull, M. H. Van Rompuy put finalement mener sa mission à bien, les partenaires acceptant finalement de se parler à nouveau.
    Mais tout ceci a pris beaucoup de temps. Trop de temps. Car l’automne est arrivé, et avec lui, la rentrée parlementaire, ce qui aura des conséquences inattendues. Car M. Leterme, fort de l’expérience désastreuse de cet été, a décidé de négocier plus patiemment, en douceur, point par point, tout en postposant pour la fin du parcours les problèmes qui fâchent, dont BHV.
    Mais pendant ce temps, au Parlement, il se passe des choses. Et notamment une chose capitale concernant BHV : c’est que si les Flamands font bloc, ils peuvent voter unilatéralement la scission de BHV, sans concession. Tout simplement parce qu’ils sont majoritaires au Parlement. Et ils ont bien l’intention de faire bloc justement !
    Car ils le disent haut et clair : sans concession suffisante des Francophones sur BHV dans la négociation gouvernementale, ils passeront "en force". Ce à quoi les Francophones répondent : si vous le faites, on rompt les négociations et il n’y aura pas de gouvernement. Et ces derniers jours encore, ils ont tous confirmé leur inébranlable position sur les plateaux de télévision.
    Musculation ? Bluff de poker ? Plus personne n’y croit trop. Car celui qui cède sera désavoué par son électorat. Les sondages indiquant clairement que chaque communauté est en bon accord avec la volonté aujourd’hui affichée par ses représentants politiques.
    Alors que pourrait-il se passer ce fameux mercredi 07/11/07 (demain, à l’heure où j’écris ces lignes) ?
    Eh bien, la commission de l’Intérieur, qui est une sorte d’antichambre du Parlement, doit décider de proposer au Parlement le projet de loi sur la scission de BHV. Or, cette commission est composée de Francophones et de Flamands selon les mêmes proportions qu’au Parlement. C’est-à-dire que les Flamands y sont aussi majoritaires, et donc s’ils votent en bloc comme ils l’ont promis, la scission de BHV sera soumise ensuite au Parlement, où ils pourront à nouveau voter en bloc, et BHV sera scindé.
    Du moins en serait-il ainsi si l’on n’avait pas prévu dans la loi une procédure nommée "sonnette d’alarme" justement applicable lorsqu’une communauté vote en bloc contre l’autre. Mécanisme prévu pour tenter de protéger un Etat fédéral qui a la fâcheuse particularité de ne contenir que deux entités principales. Ce qui le fragilise dangereusement, car le collectif est d’autant plus solide que chaque individu y trouve un avantage, ce qui n’est plus le cas aux yeux des Flamands qui sont majoritaires.
    Mais la procédure de la "sonnette d’alarme" n’est pas une panacée non plus. Elle ne fera que retarder l’échéance de six mois minimum, c’est tout. Et toujours sans gouvernement, puisque les Francophones auront rompu les négociations dès le premier vote.
    Et c’est là que survient un autre problème : la Belgique est depuis le 10 juin gouvernée par l’équipe sortante sur le mode "affaires courantes". Or ce mode ne permet notamment pas le vote des budgets de 2008 pour lesquels il faut un vrai gouvernement.
    Alors, que se passerait-il si les Flamands faisaient le forcing ?
    Hier soir au JT, on a posé la question à plusieurs présidents de parti. Ils ont répondu que ce serait la plus grave crise de l’histoire de la Belgique, et qu’ils se réuniraient et en discuteraient. On ne peut plus vague...
    Aussi, faute de plus amples précisions, voici mes prévisions personnelles pour la suite :
    Sauf surprise de dernière minute, les Flamands devraient voter en commission, ce mercredi 07/11/07 (ou le mercredi suivant au plus tard) l’envoi au Parlement du projet de scission de BHV. Ce qui engendrerait l’arrêt instantané de la formation du gouvernement, et le déclenchement de la "sonnette d’alarme". Ce qui est une première. Et M. Leterme devrait alors s’en retourner une seconde fois au Palais rendre compte de son échec.

    Ensuite (ceci étant conjectural), ils auraient le choix entre le retour aux urnes ou la formation d’un gouvernement de transition jusqu’en 2009. Gouvernement de transition qui permettrait à la Belgique de fonctionner à peu près normalement. Pourquoi 2009 ? Parce qu’il y aura alors des élections régionales avec lesquelles on pourrait opportunément coupler les élections fédérales. Et pendant ce temps, on nommerait une commission de Sages à qui l’on confierait le soin de régler tout ce qui fâche, c’est-à-dire la grande réforme institutionnelle de l’Etat (pour une confédération) et dans laquelle BHV serait inclus.
    Et je pense que cette option sera privilégiée, car la réorganisation immédiate d’élections prendrait plusieurs mois, ce qui obligerait à prolonger le mode "affaires courantes", ce qui est très gênant pour le vote des budgets 2008.
    De plus, et là est le pire, avec l’échauffement de l’opinion, des élections si rapprochées pourraient amener une radicalisation des positions communautaires dans les urnes. Ce qui enterrerait la Belgique encore plus vite que prévu.

    Aux dernières nouvelles, le vote flamand en commission devrait tomber théoriquement avant 15h00, ce mercredi 07/11/07.
    TALL-AGORAVOX
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    Ce qui est incroyable, c'est la capacité de ce pays de "fonctionner normalement" sans gouvernement depuis .... 5 mois.

    C'est là où on voit les vertus de la décentralisation et de la délégation des pouvoirs aux régions et cantons.

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    • #3
      Désolé je n'ai pas lu l'article, mais je voudrais soulever une question qui m'a toujours intrigué à propos de la Belgique:

      Comment un pays occidental aux valeurs libérales, notamment égalité et laïcité, et avec une gouvernance décentralisée et démocratique peur virer vers la division? Et moi qui croyait que ce n'était que les sociétés arriérées qui avaient l'instinct de la division.

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