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Le pétrole algérien, Bouteflika et les Américains

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  • Le pétrole algérien, Bouteflika et les Américains

    Spécialiste des questions pétrolières internationales, Hocine MALTI est ingénieur des pétroles, l'un des pionniers qui ont créé la compagnie nationale algérienne des pétroles Sonatrach, dont il a été vice président. Conseiller technique du secrétaire général de l'Organisation des Pays Arabes Exportateurs de Pétrole (OPAEP), il a été nommé par le conseil des ministres de l'organisation, directeur général de l'Arab Petroleum Services Company (APSC), une holding multinationale. Hocine MALTI est aujourd'hui consultant pétrolier.
    Le Maghrébin : Monsieur Hocine Malti, vous publiez
    régulièrement des articles et des contributions sur
    l'Algérie et les questions liées aux hydrocarbures ;
    qu'est ce qui vous fait réagir ? Qu'est-ce qui vous
    motive pour réagir à l'actualité économique mais plus
    largement à l'actualité politique dans sa dimension
    énergétique ? Pourquoi avez vous créé de fait ce débat
    et pourquoi l'avez vous suscité ?
    Hocine Malti : Vaste sujet… (Rires) Parce que
    l'industrie pétrolière algérienne est, à mon avis, en
    danger depuis l'arrivée de Bouteflika au pouvoir. Il y
    a eu un changement ces derniers temps, mais sinon
    pendant des années, il avait tout cédé aux américains.
    S'il n y avait pas eu sa maladie - on en parlera
    peut-être plus tard - c'était fini, l'industrie
    pétrolière était entre les mains des américains. Ce
    sont eux qui auraient tout contrôlé et cela,
    personnellement, je ne pouvais l'accepter. Je
    considère que c'est plus que de la trahison, c'est un
    véritable abandon de souveraineté. C'est tout
    simplement céder le pays, puisque le pétrole est la
    source de vie de tout un peuple. Donc personnellement,
    je ne pouvais me taire. La première fois que je suis
    intervenu publiquement c'était au moment de
    l'avant-projet de loi sur les hydrocarbures en 2002.
    J'avais réagi à ce moment là en publiant des articles
    sur le sujet. J'avais bien compris, en 2003, que le
    gel de la loi n'était que purement tactique pour
    passer le cap de la réélection de 2004. Et puis
    ensuite, lorsque Bouteflika a remis la chose à l'ordre
    du jour et a fait approuver la loi, cela m'a
    personnellement révolté. Mais actuellement, il me
    semble qu'il a fait marche arrière jusqu'à un point de
    non retour et j'ai bien noté cela.
    Le Maghrébin : Vous avez été un des fondateurs de la
    SONATRACH , c'est certainement cela qui vous a conduit
    à suivre de près l'évolution de cette entreprise et
    c'est peut-être avec chagrin que vous voyez se défaire
    ce qui a été péniblement construit au lendemain de
    l'indépendance ?
    Hocine Malti : C'est mon métier de pétrolier d'une
    part, et d'autre part effectivement, j'étais parmi les
    premiers ingénieurs et cadres supérieurs de la
    SONATRACH. Donc , j'ai vu ce bébé grandir pendant une
    quinzaine d'années avant de le quitter. Evidement,
    cela me touche. Voir tout ce qui se passe en Algérie,
    que les choses ont complètement dévié du cours normal,
    de l'évolution normale, au point de revenir à la
    situation néocoloniale qui prévalait dans les années
    soixante, du temps du régime des concessions. Alors
    même que tous les autres pays producteurs expriment de
    plus en plus fort leur volonté de protéger leurs
    ressources nationales. On voit ainsi le Vénézuélien
    Hugo Chavez et le Bolivien Evo Morales mettre à
    l'ordre du jour ce que nous avons fait an Algérie
    durant les années soixante-dix. Entre temps, on
    constate chez nous une dérive ultralibérale
    incontrôlée dénuée de toute vision et qui ne mène
    nulle part, si ce n'est à la perte de souveraineté et
    au transfert de propriété de nos ressources
    stratégiques.
    Le Maghrébin : Et vous avez constaté ça effectivement
    avec l'arrivée de Bouteflika mais aussi de Chakib
    Khelil ?
    Hocine Malti : Dans cette affaire, ils sont plusieurs
    acteurs mais la décision ultime c'est malgré tout
    Bouteflika qui la signe et qui l'assume. Mais celui
    qui suggère, qui propose toutes les décisions, c'est
    bien Chakib Khelil et Chakib Khelil n'est qu'un pion
    dans le dispositif des Etats-Unis. Il faut dire les
    choses telles qu'elles sont : de mon point de vue, ce
    ministre est un agent des américains placé au cœur du
    pouvoir algérien. C'est comme s'il avait été envoyé en
    mission, en Algérie, pour faire un travail et le
    conduire à son terme. On parlera peut-être après du
    volet militaire, mais au plan civil, c'est comme cela
    que les choses se passent.
    Le Maghrébin : Vous dites que Bouteflika est revenu
    sur sa décision initiale, que la dynamique de
    préservation des ressources difficilement réversible.
    Mais est-ce que pour autant le danger est passé et ne
    risque-t-on pas de revenir à la situation antérieure ?
    Hocine Malti : Tant que Bouteflika sera au pouvoir, il
    me semble que c'est fini, qu'il ne pourra plus revenir
    là-dessus. La manière dont personnellement
    j'interprète les événements, c'est que sa maladie a eu
    un retentissement très important sur son comportement,
    sur son attitude. On a l'impression que le fait qu'il
    ait été confronté à la mort, l'a fait revenir à des
    réalités beaucoup plus concrètes ; on a l'impression
    qu'une fois que sa maladie a été découverte, il s'est
    dit qu'après tout le pouvoir n'est rien, c'est
    éphémère, il ne parle plus de révision de la
    constitution, qui lui aurait permis de faire un
    troisième mandat. Ainsi que la désignation d'un
    vice-président qui aurait joué vis-à-vis de lui, le
    rôle qu'il a lui-même joué vis-à-vis des militaires,
    c'est à dire le couvrir contre toute tentative
    malveillante. Il y a, à mon avis, toute une série de
    choses qui dénotent que conserver le pouvoir coûte que
    coûte ne l'intéresse plus. Et a partir de la, je pense
    que du coté du DRS, puisque ce sont eux les faiseurs
    de rois et de lois, ils n'ont plus sur lui l'emprise
    qu'ils avaient par le passé. Auparavant, ils
    exerçaient un chantage sur lui (« Tu fais ce qu'on te
    demande ou on te dégomme. Si tu veux refaire un
    mandat, il faut faire la charte. etc. ») J'ai
    l'impression qu'actuellement, ils n'ont plus ce levier
    de pressions sur lui. A partir du moment où il s'est
    libéré lui-même de cette emprise, il s'est dit
    maintenant, je vais faire plus au moins ce que je
    veux.
    Le Maghrébin : Vous attribuez ce revirement d'attitude
    uniquement à la maladie, ou existerait-il d'autres
    influences, d'autres éléments politiques à l'intérieur
    du régime et à l'extérieur du pays, des forces qui se
    sont rapprochées de lui pour lui demander de revoir un
    peu sa copie ?
    Hocine Malti : Je pense que l'élément déclencheur
    reste la maladie. Il est certain que d'autres facteurs
    sont intervenus. Il y a le fait que les américains
    qui, visiblement, étaient très informés de sa maladie
    et de certains faits politiques, se sont dit qu'il
    était fini et qu'en attendant son remplacement, la
    meilleure approche était de traiter avec les chefs du
    DRS, qui eux sont toujours là ; ils sont permanents.
    Il y a donc eu cette attitude négative des américains
    à son égard. Il y a eu aussi des interventions de pays
    amis, l'intervention de Chavez qui était venu le voir
    et lui dire de faire attention aux conséquences, aux
    répercussions, de la loi sur les hydrocarbures. En
    effet, cette loi porte préjudice non seulement à
    l'Algérie mais elle nuit aussi aux intérêts de
    l'ensemble des pays de l'OPEP. A partir du moment où
    une brèche est ouverte quelque part, d'autres pays
    risquent de suivre ; peut être même que certains parmi
    les membres de l'OPEP n'attendent que cela, qu'un
    précédent soit créé, qu'un pays cède pour le suivre.
    Comme un effet de dominos en quelque sorte. Il y a eu
    également ses amis des Emirats qui auraient attiré son
    attention sur le fait que la loi sur les
    hydrocarbures, dans son volet sur les impôts, était
    défavorable à l'Algérie. Ce serait suite à leur
    intervention qu'il aurait pris la décision d'imposer à
    100% la tranche au-delà de 30 dollars, de tous les
    contrats dont le prix de vente est supérieur à 30
    dollars le baril. C'est quand il a compris qu'il
    allait quitter le pouvoir, d'une manière ou d'une
    autre, soit parce que la volonté divine l'aura voulu,
    soit faute d'être reconduit à la fin de son mandat,
    quand il a donc compris que dans tous les cas de
    figures, à un moment ou un autre, il s'en ira, alors
    il s'est mis à faire en sorte que ses associés-rivaux
    du pouvoir réel n'en profitent pas.
    C'est donc comme en guise de représailles, comme si
    Bouteflika voulait se venger des américains suite à
    leur attitude et pour contrecarrer aussi des
    militaires, des généraux, qu'il a pris une série de
    mesures de blocage.
    Bouteflika, on l'a vu, a tout fait pour faire échouer
    le fameux traité d'amitié avec la France. Il avait
    d'abord commencé à hausser le ton vis-à-vis de la
    France , ce qu'il ne faisait auparavant. Il avait
    découvert, avec un certain retard, l'existence de la
    loi du 23 février 2005, puis avait commencé à parler
    de génocide avant de se mettre à exiger des excuses
    officielles, à la veille d'une élection présidentielle
    en France ! Visiblement il savait que Jacques Chirac
    ne pourrait pas satisfaire cette exigence. C'était à
    mon avis un sabotage délibéré du traité d'amitié. Car
    il faut bien comprendre qu'un traité d'amitié avec la
    France , pays des droits de l'homme, aurait
    naturellement servi de certificat de bonne conduite
    pour les généraux algériens, ce que lui ne voulait
    plus leur concéder.
    Vis-à-vis des américains, il est revenu sur la loi sur
    les hydrocarbures comme il a déclenché l'enquête sur
    l'affaire BRC. Il était au fait bien avant de tout ce
    qui se passait au sein de BRC. Il était parfaitement
    informé de cette histoire de mallettes de
    commandement, des surfacturations… Son frère
    Abdelghani était l'avocat conseil de BRC - il a
    d'ailleurs profité lui aussi de cette manne - il ne
    pouvait donc pas ignorer toutes ces choses là.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    Dans la série de mesures prises contre les américains,
    en dehors du secteur des hydrocarbures, il y a celles
    qui concernent le domaine sécuritaire. Il y a eu,
    comme tout le monde le sait, cette histoire de base
    militaire dans le grand sud et celle qui concerne le
    nouveau commandement américain pour l'Afrique,
    l'Africom. Il a fait arrêter la construction par
    Halliburton d'une base de l'armée américaine à
    Tamanrasset. Au sujet de l'Africom, il y a eu la non
    participation déguisée de l'Algérie à la réunion de
    Dakar, l'année dernière. Ce n'est pas le général Gaid
    Salah, chef d'état major qui y avait participé ; c'est
    un officier de moindre envergure qui a été délégué à
    cette rencontre qui a regroupé les chefs d'Etat-major
    des pays membres de la TSCTI , dont celui de l'armée
    américaine. Bouteflika a fait dernièrement une
    déclaration dont laquelle il a carrément signifié
    l'inutilité de l'Africom, en soutenant que les
    problèmes sécuritaires du continent devaient être
    réglés par une force de l'Union Africaine. Il a donc
    remis en cause l'idée même du commandement spécial
    pour l'Afrique et tout cela a des répercussions et des
    conséquences. Il a fait, selon moi, tout cela pour
    punir les américains et mais aussi les généraux. Il a
    voulu enlever à ces derniers toutes les couvertures
    qu'ils avaient, que ce soit du côté français ou du
    côté américain.

    Le Maghrébin : Qu'est ce que l'affaire BRC ? Comment
    a-t-elle commencé ? Quelle est la genèse de cette
    société mixte entre la SONATRACH et Brown & Root
    Condor elle même filiale de Halliburton, à l'époque
    dirigée par Dick Cheney, l'actuel vice-président des
    Etats-Unis?

    Hocine Malti : Brown & Root Condor, BRC, a été crée en
    1994. A l'origine c'était, comme son objet l'indique
    une société d'engineering et de construction, crée en
    association avec une société de renommée mondiale
    Kellog Brown & Root (elle-même filiale de
    Halliburton). Cette société n'a jamais pris réellement
    son envol, elle a toujours été délibérément maintenue
    par les américains, à un faible niveau de compétences.
    BRC n'est pas capable de mener par elle-même un
    chantier de construction, ni même de concevoir une
    unité industrielle importante. Donc, elle n'a jamais
    été autre chose qu'une courroie de transmission vers
    la société-mère Kellog Brown & Root. Halliburton est
    connue, ce n'est pas seulement la société dirigée par
    Dick Cheney, mais c'est d'abord une entreprise qui
    travaille pour le compte de l'armée américaine. C'est
    Halliburton qui a construit nombre de bases militaires
    américaines à l'étranger. C'est cette entreprise qui a
    réalisé la plus grande base américaine en dehors des
    Etats-Unis, celle du Kosovo. En Irak, c'est
    Halliburton, omniprésent, qui fait tout. C'est donc
    une source de revenus importants sur les plans
    pétrolier et militaire. Et comme cette société
    intervient dans des secteurs stratégiques tels que
    l'industrie pétrolière et la défense, elle a
    automatiquement connaissance de tout ce qui se passe
    dans les pays où elle intervient. C'est comme cela que
    BRC est devenue, non seulement une source
    d'enrichissement pour les américains, mais en même
    temps une source de renseignement et de collecte
    d'informations sur l'industrie pétrolière algérienne.
    Depuis l'arrivée de Bouteflika au pouvoir et surtout
    depuis la nomination de Chakib Khelil à l'énergie,
    cette société a pratiquement changé de statut. Elle
    est devenue le représentant quasi officiel du lobby
    texan da la Maison-Blanche en Algérie. Et puis
    derrière, il y a la CIA , les services de
    renseignements américains qui exploitent ce filon.
    Elle est la seule société au sujet de laquelle Chakib
    Khelil avait lui-même déclaré, lorsque l'enquête a été
    déclenchée, « c'est une société de statut algérien qui
    bénéficie donc d'un traitement de faveur par rapport
    aux autres ; elle est systématiquement retenue même
    quand elle est plus chère de 15% que le moins disant
    ». Pour certains généraux, c'était également une
    source d'enrichissement grâce aux grosses commissions
    qu'ils percevaient sur tous les contrats passés entre
    BRC et la Sonatrach , ses filiales ou certains
    ministères, dont celui de la défense. Pour
    s'enrichir, ils ont fermé les yeux sur un tas de
    manoeuvres illégales ; c'est comme cela que l'on est
    arrivé jusqu'à la compromission extrême avec les
    américains dans cette histoire de mallettes de
    commandement, des équipements ultra sophistiqués de
    communication et de transmissions militaires.

    Le Maghrébin : Comment une société d'engineering
    pétrolier se retrouve-t-elle en position d'acheter des
    systèmes de télécommunication pour le compte de
    l'armée algérienne ?

    Hocine Malti : Parce que BRC a ses propres parrains,
    ses propres sponsors. Dans le domaine pétrolier, il n
    y a pas de miracles, on ne peut réussir en Algérie,
    dans ce secteur en particulier, que si on est soutenu
    par des militaires de haut rang.
    Après les surfacturations dont a profité la société
    mère de BRC ainsi que ses sponsors algériens, ceux-ci
    sont passés à l'étage au dessus. S'il n y a pas de
    business dans le domaine pétrolier, pourquoi ne pas
    lui donner la construction de l'hôpital d'Oran ? Alors
    qu'il est notoire que ce n'est pas son domaine. C'est
    une société spécialisée dans la réalisation
    d'infrastructures pétrolières, par conséquent elle n'a
    pas à construire ni un hôpital, ni le siège de la DGSN
    et encore moins à fournir du matériel militaire.

    Je suis convaincu que Bouteflika ne pouvait pas
    ignorer ce qui se passait à l'intérieur de cette
    société. S'il a déclenché une enquête, il y a de cela
    à peu près une année, c'est parce qu'il a voulu
    dévoiler au grand jour certaines choses, que ces
    choses soient rendues publiques, pour entraver
    l'action des deux partenaires, les américains d'un
    côté et les généraux du DRS de l'autre. C'est un
    scandale tellement énorme qu'il est impossible à
    étouffer. Comme à l'habitude en Algérie, encore une
    fois, lorsque les choses en arrivent à ce point, il
    faut bien sacrifier quelqu'un. Un fusible doit sauter
    quelque part ; cette personne est toute désignée,
    c'est le directeur général qu'on accuse d'intelligence
    avec l'étranger. Quelle « intelligence » peut-il avoir
    eu avec l'étranger dans cette affaire de mallettes,
    lui qui était chargé de gérer une société pétrolière ?
    Cette « intelligence » est ailleurs, ce n'est pas lui
    qui a ordonné l'achat de ces mallettes de
    commandement, la commande vient de l'armée, c'est
    probablement un très haut gradé de l'armée qui lui a
    donné instruction de passer commande.

    Le Maghrébin : Pour ce qui est justement de ces
    mallettes de commandement, il se dit que ce sont les
    Russes qui ont informés les militaires algériens
    qu'elles étaient reliées aux écoutes de la CIA. N'est
    -il pas vraiment inquiétant de voir que ceux qui ont
    la charge de protéger notre pays être incompétents au
    point de ne pas savoir que les mallettes en cause
    étaient connectées aux systèmes d'espionnage
    américains ? Où bien ils le savaient mais ils ont
    laissé passer cela ?

    Hocine Malti : Je ne pense pas qu'ils soient nuls à ce
    point là. Toute personne qui a un tout petit peu de
    bon sens, sait qu'à partir du moment où on achète du
    matériel aussi sensible aux USA, les américains ne
    peuvent pas ne pas être tentés de mettre une petite
    puce quelque part. (Rires). Ceux qui ont commandé ces
    mallettes le savaient ; je suis convaincu qu'ils
    savaient pertinemment ce qu'elles contenaient, mais
    ils ont fermé les yeux.

    Le Maghrébin : La Gazette du Maroc semble être bien
    informée il y a eu un article le 14 septembre dernier
    qui soulignait que le président de la société
    pétrolière d'Anadarko avait exprimé, dans des
    circonstances qu'on ne connaît pas, son irritation à
    l'endroit des généraux algériens, aurait même menacé
    de plier bagages. Pourquoi cette sortie du président
    d'Anadarko ?

    Hocine Malti : Je doute de la réalité de cette
    déclaration ! A moins qu'elle ne soit tronquée ou
    déformée. Elle a cependant le mérite de confirmer ce
    qui se dit dans le milieu pétrolier, à savoir
    qu'ANADARKO est parrainée par le DRS ; donc les choses
    ne peuvent que bien marcher pour elle. Et si vraiment
    son directeur général accuse les généraux, cela veut
    dire qu'il considère qu'ils n'ont pas suffisamment
    défendu son entreprise, qu'ils perçoivent une dîme
    pour rien. C'est grâce à eux que la société prospère.
    Quant à la menace de plier bagages, je ne pense pas
    qu'ANADARKO quitterait l'Algérie, car elle y a investi
    des milliards de dollars et y conduit des opérations
    extrêmement juteuses, mais c'est une manière de mettre
    encore plus de pression sur les "sponsors" et donc
    d'attiser encore plus la rivalité Bouteflika – DRS.

    Le Maghrébin : Vous dites que suite à sa maladie,
    Bouteflika s'est libéré de l'emprise des généraux.
    Pourquoi ne va-t-il pas plus loin avec le DRS ? En
    changeant les têtes...

    Hocine Malti : On peut, évidemment, se poser cette
    question. Mais a-t-il les moyens de le faire ? Sur le
    plan théorique, il est le président de la République ,
    c'est lui qui nomme et démet tous les hauts
    fonctionnaires. Officiellement, il est le ministre de
    la défense, chef des armées, donc il peut prendre la
    décision de mettre fin aux fonctions du chef du DRS.
    Mais peut-il le faire réellement ? Peut-il publier le
    décret ? En supposant qu'il réussisse, a-t-il les
    moyens d'aller plus loin si l'autre refuse d'exécuter
    ? Il ne peut pas, à mon avis, les affronter et encore
    moins les réduire mais par contre il peut les bloquer.

    Le Maghrébin : Donc aujourd'hui, l'avenir des
    ressources algériennes est tributaire, finalement, des
    états d'âme d'un chef d'Etat impotent dont les
    capacités sont réduites, et du bon vouloir «
    diplomatique » des chefs du DRS à la recherche
    d'appuis extérieurs ?
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

    Commentaire


    • #3
      Hocine Malti : Exactement ! D'après les informations
      dont je dispose sur ce qui se passe dans le milieu
      pétrolier algérien, les patrons des sociétés
      américaines qui travaillent en Algérie et le lobby
      pétrolier américain d'une manière générale, n'ont pas
      perdu l'espoir - et ils font tout pour - que Chakib
      Khelil fasse passer la loi sur les hydrocarbures. Ceci
      dit, je ne pense pas que les américains réussiront
      dans cette entreprise tant que Bouteflika sera là.

      Le Maghrébin : Sur un plan plus géostratégique, on
      voit qu'il y a un fort intérêt américain pour
      l'Algérie ! D'ailleurs dans quelques semaines il y
      aura à Houston une réunion organisée sur la sécurité
      et l'énergie en Afrique du nord. Bien entendu le pays
      de l'Afrique du nord le plus concerné est l'Algérie.
      Visiblement à travers ce séminaire, l'on perçoit un
      certain nombre de signes, avec ce qui ce passe à nos
      frontières sud, avec ce qui se passe en terme de
      mouvement militaire, de subversion dans la zone
      Sahélo–Saharienne... Et d'un conflit possible avec
      l'Iran ?

      Hocine Malti
      : Bien sur. A l'origine même de la PSI
      (Pan-Sahel Initiative), de la TSCTI (Trans-Saharian
      Counter Terrorism Initiative) ou de l'installation
      d'une base américaine dans le sud algérien, se
      trouvent la protection des intérêts pétroliers
      américains dans la région, mais aussi l'idée de
      prendre les dispositions nécessaires en vue d'un
      conflit éventuel au Moyen-Orient. Cette base qu'ils
      ont voulu installer dans le Sahara aurait servi
      justement d'escale, de point d'appui pour des actions
      militaires dans la région du Golfe.

      Le Maghrébin : Une question que se pose beaucoup de
      gens, comment vous voyez l'évolution des prix de
      pétrole dans une perspective à cours et moyen termes,
      dans les six à douze mois à venir ?

      Hocine Malti : Ça ne peut qu'augmenter, c'est certain.
      On est très proche de la barre fatidique des 100
      dollars. Il y a l'hiver qui arrive et il suffit d'une
      petite étincelle quelque part, au Nigeria par exemple,
      ou il arrive fréquemment que les populations locales
      mettent le feu à des installations pétrolières, pour
      que l'on atteigne et dépasse cette barrière. Des
      petits incidents de ce genre peuvent facilement faire
      grimper les prix. Il ne faut pas non plus oublier que
      la hausse des prix arrange beaucoup les compagnies
      américaines, autant si ce n'est plus que les pays de
      l'OPEP. Les Etats-Unis sont un pays consommateur mais
      c'est aussi un grand pays producteur. Les compagnies
      pétrolières américaines, les majors, sont directement
      intéressées par la vente du brut. Elles ont autant
      d'influence sur les prix que l'OPEP, si ce n'est plus.
      Plus les prix augmentent, plus cela les arrange.

      Le Maghrébin : Mais si le prix du pétrole aujourd'hui
      à 90 dollars peut paraître énorme, en termes de
      pouvoir d'achat, il est inférieur à ce que coûtait le
      baril durant les années quatre-vingt, particulièrement
      lorsqu'on voit la détérioration du pouvoir d'achat
      dans notre pays qui est un importateur en euros. La
      question que d'aucuns soulèvent : Pourquoi les pays
      exportateurs ne libellent-ils pas leurs exportations
      en euros ?

      Hocine Malti : Je ne connais pas toutes les
      implications d'une telle décision. Néanmoins, ce que
      l'on peut déjà dire, c'est qu'à la base les mentalités
      ont beaucoup changé. Cette décision, les pays de
      l'OPEP l'on prise en 1975, quand ils ont crée un
      panier de monnaies pour les transactions pétrolières.
      Il n'y avait pas que le dollar pour libeller le prix
      du baril. Mais depuis beaucoup d'eau a coulé sous les
      ponts et l'OPEP n'est plus ce qu'elle était il y a
      vingt ou trente ans. Je vois difficilement les pays
      membres se mettre d'accord là dessus. Ça tire de tous
      les cotés, il y a des tensions, il y a des
      alliances…Mais il y a des pays qui font quelques
      transactions en euros comme l'Iran, mais se sont là
      des initiatives nationales.

      Le Maghrébin : Que pense l'ingénieur : Est-ce que
      l'Algérie est un pays suffisamment exploré ?

      Hocine Malti : L'Algérie est un pays largement
      inexploré. Il y a des zones immenses qui n'ont pas été
      concernées par la recherche. De toute la partie
      occidentale du Sahara, à part les gisements de gaz
      connus depuis les années cinquante dans la région d'In
      Salah, on ne sait pas grand-chose. Comme les premières
      découvertes faites dans cette zone c'était du gaz et
      que le gaz a longtemps été considéré comme le parent
      pauvre de l'industrie des hydrocarbures, on ne s'y est
      pas beaucoup intéressé. Les travaux de recherche sont
      extrêmement coûteux, donc il y a eu peu de recherche
      pétrolière. C'est un peu comme au casino : soit on
      trouve alors c'est le banco, soit on ne trouve pas et
      on y laisse sa peau.

      Le Maghrébin : La région Sahélo–saharienne ne cesse
      d'attirer les grandes puissances de ce monde. Que
      cache réellement cette région pour qu'elle soit tant
      convoitée ?

      Hocine Malti : Il existe de gigantesques réserves de
      pétrole dans cette région et tout autour. Le Nigeria
      représente 110 millions de tonnes de pétrole brut par
      an. Au nord, il y a l'Algérie et la Libye. La Libye
      produit aujourd'hui 70 à 75 millions de tonnes par an
      et elle peut passer facilement, dans le cas où elle
      ouvrirait toutes les vannes, à plus de 100 millions de
      tonnes de brut par an. Il y a le Tchad où de gros
      gisements de pétrole ont été découverts, c'est ce qui
      a d'ailleurs déclenché l'intérêt des américains pour
      toute la zone, surtout depuis la mise en exploitation
      du pipe-line qui transporte, entre le Tchad et le
      Cameroun, du pétrole purement américain, appartenant à
      Texaco et Exxon. Il y a la Mauritanie qui semble
      déceler de grosses réserves, il y a l'Angola…etc. Et
      les américains font tout cela pour préserver leurs
      intérêts. Le rapport qui a été établi par
      l'administration Bush montre que 30% de la
      consommation américaine était importée et que ce
      pourcentage allait augmenter à l'avenir. Pour garantir
      les ressources d'approvisionnement, l'Afrique est le
      continent le plus proche, où il est facile de
      s'installer. Et puis, il y a le phénomène chinois. Les
      chinois sont devenus de grands consommateurs
      d'énergie, ils se sont mis à la recherche de
      ressources pétrolières et ont commencé à s'installer
      un peu partout, en Afrique entre autres. Cela fait du
      pétrole en moins pour les USA, un pétrole qui va chez
      l'ennemi N° 1 de demain.

      Le Maghrébin : Quel est le rôle de la France dans la
      région ? On voit de moins en moins Total, au Niger il
      semble qu'il y a de sérieux problèmes avec AREVA…A
      quoi est dû cet effacement de la France ?

      Hocine Malti : C'est certain qu'il y a un recul de la
      France parce que de l'autre côté il y a un rouleau
      compresseur. Quand les américains se mettent en
      marche, il n'y a pas seulement l'aspect militaire qui
      est mis en branle, mais également l'aspect civil.
      Comme vous le savez, ils ont crée le MEPI (Middle East
      Partnership Initiative). C'est un grand programme pour
      acheter les organisations de la société civile dans
      tous les pays arabes. Dans le cas précis de l'Algérie,
      je pense que c'était un peu pour contrer l'offensive
      américaine que le président Jacques Chirac avait lancé
      l'idée de pacte d'amitié algéro-français.

      Le Maghrébin : Monsieur Malti, nous arrivons bientôt
      au terme de cette interview. Nous souhaiterions que
      vous évoquiez pour nos lecteurs quelques questions
      d'importance qui ont agité récemment le landernau
      médiatique. D'abord, quelle est votre opinion sur
      l'éventuelle création d'une Opep du gaz ? Ensuite vous
      voudrez bien nous faire part de vos observations sur
      les relations de l'Algérie avec la France et l'Espagne
      au plan énergétique.
      The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

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      • #4
        OPEP DU GAZ

        La question de la création d'une OPEP du gaz est
        devenue d'actualité depuis un peu plus d'une année.
        Dans le courant de l'été 2006, un accord de
        coopération portant sur différents domaines de
        l'industrie pétrolière avait été passé entre la
        Sonatrach et le géant russe Gazprom. Craignant de
        subir une situation semblable à celle vécue par
        l'ensemble des pays européens au cours de l'hiver
        2005, les Italiens ont été les premiers à voir dans
        cet accord les prémices de la création d'une OPEP du
        gaz. En décembre 2006, c'est l'ayatollah Khamenei qui
        le premier a formulé plus clairement l'idée au
        lendemain de la visite de Hugo Chavez en Iran.

        La naissance d'une telle organisation n'est cependant
        pas pour demain, pour de très nombreuses raisons, dont
        celle de la politique de fixation des prix. Le prix du
        gaz est actuellement indexé sur celui du pétrole ; une
        OPEP du gaz voudrait très certainement mener sa propre
        politique de prix. Il y aurait donc conflit entre les
        gros producteurs de pétrole et les gros producteurs de
        gaz. L'OPEP est actuellement dominée par l'Arabie
        Saoudite, tandis qu'une organisation similaire pour le
        gaz serait elle dominée par la Russie. Il y a donc une
        question de leadership. Les conflits d'intérêts entre
        les "pétroliers" d'un côté et les "gaziers" de l'autre
        pourraient à la limite déboucher sur l'auto
        destruction des deux organisations, s'il n'y a pas
        d'harmonisation des objectifs, ce qui semble a priori
        très difficile à réaliser. Ceci n'est qu'un des
        aspects d'une question qui semble très attractive mais
        qui n'en mérite pas moins une réflexion très
        approfondie.

        RELATIONS ENERGETIQUES ALGERO FRANCAISES

        C'est une très vaste question qui mériterait à elle
        seule un débat aussi long que celui que nous venons
        d'avoir. Pour faire bref disons que ces relations sont
        comme le reste des relations entre l'Algérie et la
        France très passionnelles et empreintes de méfiance de
        part et d'autre.

        CRISES CYCLIQUES ENTRE L'ALGERIE ET L'ESPAGNE

        Je ne vous apprendrai rien en vous disant que tant que
        l'affaire du Sahara occidental n'aura pas été réglée,
        il y aura de temps à autre une crise dans les
        relations politiques algéro–espagnoles. Dans le
        domaine pétrolier par contre, il n'y a jamais eu de
        contentieux entre les deux pays, en dehors de ces
        derniers mois où des affaires commerciales ont pris
        une teinte politique, en raison du parasitage créé par
        la prise de position du gouvernement espagnol sur
        l'affaire du Sahara, une position favorable à la thèse
        marocaine. L'autre raison qui se trouve à l'origine de
        cette crise est liée à la crainte qu'ont les pays
        européens, parmi eux l'Espagne, quant à leur
        approvisionnement en gaz de par une trop grande
        dépendance de la Russie et de l'Algérie dans ce
        domaine. C'est pourquoi le gouvernement espagnol avait
        refusé de donner une suite favorable à la demande
        algérienne de commercialiser directement du gaz en
        Espagne, par le biais de la Sonatrach. En
        représailles, les algériens ont décidé d'annuler un
        gros contrat, celui de la mise en valeur du champ de
        Gassi Touil, qui avait été attribué à une entreprise
        espagnole. L'ensemble du contentieux semble néanmoins
        être en voie de règlement.

        Le Maghrébin : Merci beaucoup, Monsieur Malti, il vous
        appartient à présent, si vous le voulez bien, de
        conclure cet entretien.

        Hocine Malti : Que dire en conclusion, si ce n'est que
        le pétrole est une ressource non renouvelable et donc
        déjà de ce fait extrêmement précieuse. Il est pour la
        quasi-totalité des pays producteurs l'unique source de
        revenus ; c'est donc l'existence même des populations
        de ces pays qui en dépend. Hélas, les dirigeants et en
        Algérie tout particulièrement, utilisent cette
        ressource d'abord et avant tout pour leur bénéfice
        personnel. C'est en monnayant leur pouvoir contre des
        commissions faramineuses perçues sur toute la chaîne
        de l'industrie pétrolière, depuis la recherche jusqu'à
        la mise sur le marché des produits pétroliers, qu'ils
        ont bâti des fortunes fabuleuses. Ils ont ainsi
        garanti leur avenir, leur bien être et ceux de
        plusieurs générations de leur descendance, alors même
        que l'algérien moyen a tout juste les moyens – quand
        il les a – de sa survivance. Ils utilisent aussi les
        richesses pétrolières du pays pour asseoir encore plus
        leur pouvoir. C'était le cas de Bouteflika quand il
        s'agissait, pour lui, de garantir sa réélection en
        2004 ou de s'affirmer face aux généraux qui l'ont
        placé là où il est. C'était et c'est encore le cas des
        généraux algériens qui utilisent le pétrole aux mêmes
        fins.

        Le pétrole est par ailleurs une matière stratégique.
        Sans pétrole, il n'y a pratiquement pas d'industrie,
        il n'y a pas de transport, ni de marchandises, ni de
        personnes ; il n'y a pas d'avions, ni civils, ni
        militaires ; pas de navires, ni navires de croisières,
        ni sous marins, ni porte avions, ni destroyers. Que
        serait la puissance américaine sans pétrole ? Peut-on
        même imaginer une telle situation ? Alors pour
        maintenir cette puissance, les Etats-Unis font la
        guerre, à la recherche de pétrole, en Irak, en
        Afghanistan ; ils déstabilisent des pays comme
        l'Ukraine ou la Géorgie ; ils viennent s'installer
        dans le Sahel, pour soi disant combattre Al Qaïda.
        Pour s'accaparer des richesses pétrolières d'autrui
        ils corrompent des dirigeants et asservissent des
        peuples. De la même manière que dans les siècles
        passés, il y a eu des guerres pour le sel, pour les
        épices ou pour la soie, il y a aujourd'hui des guerres
        pour le pétrole.
        The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

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        • #5
          Ils sont où les avocats de Bouteflika pour nous expliquer cette enième boulette de leur Rais ????
          Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

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          • #6
            Ils sont où les avocats de Bouteflika pour nous expliquer cette enième boulette de leur Rais ????

            tu peux faire un résumé e cette "boulette" de ex de la sontrach?
            « Great minds discuss ideas; average minds, events; small minds, people. » Eleanor ROOSEVELT

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            • #7
              Ils sont où les avocats de Bouteflika pour nous expliquer cette enième boulette de leur Rais ????
              éxcusez mon intrusion mais que je sache c'est bien notre cher président qui a annulé la fameuse lois sur les hydrocarbures que Chakib Khalil a tout fait pour appliquer, chose qui n'a pas été bien vue par l'oncle Sam .

              Commentaire


              • #8
                Verider

                Et voilà pourquoi d'après Hocine Malti :

                Je pense que l'élément déclencheur
                reste la maladie. Il est certain que d'autres facteurs
                sont intervenus. Il y a le fait que les américains
                qui, visiblement, étaient très informés de sa maladie
                et de certains faits politiques, se sont dit qu'il
                était fini et qu'en attendant son remplacement, la
                meilleure approche était de traiter avec les chefs du
                DRS, qui eux sont toujours là ; ils sont permanents.
                Il y a donc eu cette attitude négative des américains
                à son égard.
                Il y a eu aussi des interventions de pays
                amis, l'intervention de Chavez qui était venu le voir
                et lui dire de faire attention aux conséquences, aux
                répercussions, de la loi sur les hydrocarbures. En
                effet, cette loi porte préjudice non seulement à
                l'Algérie mais elle nuit aussi aux intérêts de
                l'ensemble des pays de l'OPEP. A partir du moment où
                une brèche est ouverte quelque part, d'autres pays
                risquent de suivre ; peut être même que certains parmi
                les membres de l'OPEP n'attendent que cela, qu'un
                précédent soit créé, qu'un pays cède pour le suivre.
                Comme un effet de dominos en quelque sorte. Il y a eu
                également ses amis des Emirats qui auraient attiré son
                attention sur le fait que la loi sur les
                hydrocarbures, dans son volet sur les impôts, était
                défavorable à l'Algérie.
                Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

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                • #9
                  voila ce qu'a écrit monsieur Hocine Malti en 2005, nous sommes à la fin 2007 et le projet de lois sur les hydrocarbures est toujour gelé par Bouteflika .

                  LETTRE OUVERTE A MONSIEUR LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE

                  Monsieur le Président de la République,

                  En 2003, vous avez gelé ce qui n’était encore qu’un avant projet de loi sur les hydrocarbures.
                  Vous avez mené récemment campagne auprès « des travailleurs et de l’élite », pour les convaincre de la nécessité d’adopter la nouvelle loi sur les hydrocarbures. Que s’est-il passé entre ces deux dates ?
                  Comme probablement beaucoup d’Algériens, j’avais espéré que votre geste de 2003 n’était pas qu’une mesure dictée par les nécessités de la campagne électorale présidentielle qui venait de démarrer. Vous venez de nous dire que, si vous avez été amené à changer de position, c’est parce que « la nouvelle superpuissance mondiale le veut et que quiconque ne se soumet pas à sa volonté risque de connaître le sort de l’Irak ».
                  Je me permets de vous interpeller à propos de cette loi car, au moment où vous étiez, comme vous l’avez déclaré dernièrement, réunis autour du Président Boumediene, en compagnie de Belaïd Abdesslam et d’autres personnes, pour mener la bataille des nationalisations de février 1971, j’étais personnellement en première ligne, sur le terrain, en charge de la mise en application des décisions que vous preniez. J’étais responsable, entre autres, des champs de Hassi Messaoud et Hassi R’Mel et je sais combien il a été difficile d’imposer aux sociétés pétrolières étrangères les mesures que vous décidiez, au moment où ces sociétés nous disaient : « Ceci est notre pétrole, ceci est notre gisement, vous n’avez de droit de propriété ni sur l’un, ni sur l’autre; vos mesures sont illégales; vous nous avez purement et simplement volé nos réserves pétrolières ». Je sais aussi combien il a été difficile d’assurer la continuité de la production pétrolière, quand je me suis retrouvé, dans la nuit du 30 avril au 1er mai 1971, chargé d’assurer la relève des ingénieurs et techniciens étrangers qui ont abandonné, en moins de 24 heures, la direction des opérations sur le champ de Hassi Messaoud. C’est grâce aux actions héroïques de tout le personnel algérien présent sur place, dont le courage avait compensé le manque d’expérience, que nous avions pu relever le défi, faire en sorte que le pétrole ne s’arrête pas de couler un seul instant, car cela aurait signifié, comme vous le savez, Monsieur le Président de la République, la chute du régime en place et la recolonisation, pour le moins économique, de l’Algérie.
                  Monsieur le Président de la République,
                  Je vous lance, aujourd’hui, ce cri d’alarme car je considère que la mesure que vous êtes sur le point de prendre est gravissime, qu’elle hypothèque l’avenir du pays, celui de plusieurs générations et que les arguments que l’on vous a avancés pour l’adopter sont tous faux. Je ne veux viser personne, je n’ai de comptes à régler avec personne, je ne fais que reprendre ce que j’ai pu lire dans la presse.
                  On vous a dit que les potentialités de l’Algérie en hydrocarbures étaient immenses, que les efforts de recherche entrepris à ce jour étaient insuffisants - preuve en est que la moyenne des puits forés était plus de 12 fois inférieure à la moyenne mondiale - que cette nouvelle loi allait attirer les compagnies étrangères et qu’en conséquence l’argent et le pétrole allaient couler à flots. Ces affirmations sont, en grande partie, inexactes.
                  S’il est exact que le potentiel algérien en hydrocarbures est très grand, ce ne sont certainement pas les lois en vigueur qui ont empêché les compagnies d’aller chercher du pétrole dans la région de Bechar, de Constantine ou au large des côtes algériennes, plutôt que de se ruer, comme elles l’ont toujours fait, vers le bassin de Hassi Messaoud, de Hassi Berkine ou le plateau du Tinhert. Ce sont des raisons purement géologiques qui leur font préférer certaines zones à d’autres. Ce sont ces mêmes raisons géologiques qui font que ces mêmes sociétés, sous le même régime du « production sharing agreement » (partage de production), préfèrent se ruer sur la région est de l’Arabie Saoudite, celle de Dhahran, plutôt que d’aller chercher, d’une manière plus aléatoire, du pétrole dans la région de Ryad ou de Djeddah. Quant au nombre de puits forés au kilomètre carré, il est certes plus de 12 fois inférieur, en Algérie, à la moyenne américaine, mais il reste cependant tout à fait comparable aux moyennes saoudienne, nigériane ou libyenne.
                  On vous a dit que cette loi, une fois mise en vigueur, allait faire augmenter les recettes du pays. Je n'en vois pas comment, en ramenant la part de la société nationale de 51% ou plus à 30%, voire 0%, on pourrait augmenter les recettes.
                  Plus flagrant est l’exemple de l’association avec des partenaires étrangers sur des champs déjà en exploitation. Comme vous le savez, Monsieur le Président de la République, il est prévu de passer des accords avec des compagnies pétrolières sur bon nombre de gisements algériens dont ceux, entre autres, de Hassi Messaoud et de Zarzaïtine. Ces compagnies disent aux Algériens : « Vous avez atteint un plafond de production sur ces gisements, un plafond qui déclinera avec le temps. Nous sommes, nous, en mesure, par des techniques spéciales, de forages orientés, d’injection de fluides divers, de combustion in situ et autres méthodes, d’augmenter la production de ces champs. L’accord que nous vous proposons est que vous conserviez votre production jusqu’à concurrence du plafond arrêté et que nous récupérions l’excédent ». Ce raisonnement est bâti sur des études entreprises par les sociétés, donc a priori sujettes à discussion, une discussion qui ne peut avoir lieu, puisque la Sonatrach ne possède précisément pas la super-technique proposée par le partenaire étranger.
                  Question : Comment peut-on augmenter les recettes algériennes, à partir du moment où l’excédent de production est entièrement récupéré par l’entreprise étrangère ? Elle paiera l’impôt, bien entendu, un impôt fonction de coûts d’exploitation forcément plus élevés, puisque nous avons affaire à une super-technique, mais la part de la société nationale qui aurait été de 51%, aux conditions actuelles, est ramenée à 0%.
                  On vous a dit, Monsieur le Président de la République, que la nouvelle loi ne dessaisit pas l’Algérie de la propriété des réserves découvertes ou déjà existantes et qu’il ne s’agit pas de réinstaurer le régime de la concession. Evidemment, les choses ne sont pas dites aussi crûment dans le texte de loi, mais le résultat est néanmoins le même.
                  La loi prévoit une durée de 32 ans minimum pour les contrats de recherche et d’exploitation, voire de 37 ans pour les champs de gaz; elle sera de 25 ans pour les champs déjà découverts. Durant 25, 32 ou 37 ans, la compagnie étrangère exploitante sera seule maîtresse à bord, elle décidera de la politique d’exploitation qui répondra à ses seuls intérêts propres, elle produira au rythme qu’elle voudra, les quantités qu’elle voudra, sans tenir compte nécessairement des desiderata de l’Algérie. Elle subira, certes, le contrôle administratif de l’ALNAFT. Nous avons connu, par le passé, l’impuissance de la Direction de l’énergie et des carburants à imposer les décisions de l’État, nous voyons aujourd’hui, les limites de l’ART dans le domaine des télécommunications. Evidemment, la Texas Railways Commission, l’équivalent de l’ALNAFT au Texas, dispose de moyens autrement plus puissants, plus performants et plus coercitifs pour imposer les mesures qu’elle arrête et c’est bien entendu une erreur que de vouloir comparer des situations non comparables.
                  Une fois passée la période de jouissance de 25, 32 ou 37 ans, celle durant laquelle aura été effectivement consentie la propriété des réserves découvertes à l’entreprise exploitante, et ce quelque soit le maquillage juridique mis en place, celle-ci pourra demander la prorogation de son contrat. Elle ne le fera probablement que dans peu de cas, car que restera-t-il de Hassi Messaoud ou de Zarzaïtine, dans 25 ans, quand Exxon - Mobil, Texaco - Chevron ou d’autres auront pressé ces gisements comme des citrons afin d’en extraire le maximum de jus possible ? Elles renonceront, ce jour-là, sans états d’âme à la propriété que l’État leur aura consentie sur ces réserves pétrolières. Le même raisonnement, en mieux, est valable pour toute nouvelle découverte éventuelle, puisque, dans ce cas, la période d’exploitation sera supérieure à 25 ans du fait que l’on y rajoutera la période dite de rétention
                  .

                  30 mars 2005
                  Hocine MALTI
                  Ex vice président de la Sonatrach

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                  • #10
                    Tres interessante l'interview, merci de l'avoir poster.

                    Il devrait lui aussi ecrire un livre pour inscrire son temoignange dans l'histoire et surtout apporter une autre version des faits.

                    Commentaire


                    • #11
                      Interview à lire...
                      Intéressante...
                      C'est qui les généraux du DRS?

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                      • #12
                        ce n'est pas la couleur (des pseudos) qui donne raison mais les arguments, jusqu'a présent ils sont absents

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                        • #13
                          Donc si on en croit ses dires, il est impossible que Bouteflika fasse un troisième mandat.C'est quand les prochaine élection?
                          On peut nouer un fil rompu, mais il y aura toujours le noeud.

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                          • #14
                            Doublon........
                            On peut nouer un fil rompu, mais il y aura toujours le noeud.

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                            • #15
                              mr malti devrait nous dire pourquoi il garde cet agent de la cia
                              a moins qu ils le tiennent par la barbichette

                              il ya eu la guerre du sel est ce que la guerre du petrole nous emportera
                              il faut montrer plus de vigilance a l avenir si nous ne voulons pas sombrer dans le chaos que des mains malefiques tissent pour en accelerer l issue

                              il faut un sursaut
                              il faut eradiquer ces predateurs
                              The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

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