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Les exportateurs interpellent les pouvoirs publics en Algérie

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  • Les exportateurs interpellent les pouvoirs publics en Algérie

    Une poignée d’opérateurs nationaux versés dans l’activité de l’exportation, et cela depuis dix ans, ne se sont pas fait prier pour prendre la parole et parfois même l’exigeant, voulant ainsi se faire entendre par le ministre du Commerce, El Hachemi Djaaboub, présent à l’ouverture des travaux de la première conférence nationale sur les exportations hors hydrocarbures qui s’est tenue, hier, au siège de l’Agence nationale de promotion du commerce extérieur (Algex) situé à Alger.

    Une opportunité pour ces derniers d’interpeller les institutions étatiques, partie prenante dans l’acte d’exporter, par le biais du premier responsable du département du Commerce au sein du gouvernement. Sans la clairvoyance de Djaaboub et la voix autoritaire de M. Bennini Mohamed, DG d’Algex, les débats auraient sombré dans l’anarchie.

    Il faut comprendre que ces opérateurs ne sont pas à leur première doléance car n’ayant cessé de monter au créneau, histoire de tenter de mettre devant leurs responsabilités les institutions concernées. On retiendra, entre autres prises de parole des exportateurs, celle de M. Gacemi, installé en France qui exporte des légumes à destination des marchés européens : «Nous avons les solutions pour amplifier nos exportations hors hydrocarbures, notamment les produits agricoles, mais pour peu qu’on daigne nous écouter. Nous butons sur une anarchie et un manque de communication incroyable au moment où nous voulons donner plus de présence à nos produits agricoles sur les marchés extérieurs.» Un autre exportateur, fabricant de films plastiques de qualité qui, a pu placer son produit sur les marchés camerounais, jordanien, tunisien et chez le géant mondial Heinkel, est contraint aujourd’hui de réduire sa production à cause des lenteurs administratives.

    Selon lui, «il nous faut des semaines pour pouvoir réceptionner nos containers de matière première, et, du coup, les commandes extérieures nous filent entre les doigts. Nous n’arrivons pas à comprendre le pourquoi de cette lourdeur. Il est indispensable de lever cette contrainte dans les procédures au niveau de nos ports».

    A relever aussi l’intervention de cet exportateur d’huile d’olive activant dans l’ouest du pays pour lequel la seule façon de multiplier nos exportations de produits agricoles passe avant tout par la levée de la barrière du foncier agricole : «Pour exporter de la bonne huile d’olive, je ne peux me résoudre à ne faire que de la trituration et de la presse, il faut que je possède ma propre oliveraie et, aussi paradoxal que cela puisse paraître, je ne trouve pas deux hectares à acheter dans un grand pays comme le nôtre.» Au cours d’autres interventions, il a été surtout question de suggérer au ministre une diminution de la TVA et de l’IRG, ainsi que les taxes sur les équipements nécessaires à l’exportation.

    Notons que M. Benslim, président de l’association des exportateurs algériens, est intervenu avant l’ouverture des débats en rappelant à l’assistance que «les statistiques parlent de l’existence de 270 000 PME, mais combien d’entre elles exportent ? On peut les compter sur le bout des doigts. Car, rares sont les PME qui proposent des produits de qualité à même de rivaliser avec ceux existant sur les marchés extérieurs». Et de se demander «si l’environnement actuel est propice pour envisager la multiplication de nos exportations. Ce n’est pas le cas, et pour cause, nous manquons de moyens humains, de matériels et de jurisprudence pour espérer faire démarrer la machine de l’exportation».

    Interpellant les pouvoirs publics, il s’interrogera sur le sort du Conseil national pour l’exportation promulgué en 2004.«Un mort-né alors que cette entité se devait d’être un relais entre les pouvoirs publics et les exportateurs», affirme-t-il.

    A propos du Fonds de soutien pour l’exportation (FSPE), le président dira : «Jusqu’à preuve du contraire, il n’a eu aucun impact sur le terrain, au moment où on croyait que c’était là un outil efficace pour booster les exportations hors hydrocarbures.»Et de souligner : «Il fallait se pencher sur la révision de la feuille de route, c’est-à-dire réviser à la baisse la bonification des taux d’intérêt bancaire.»

    Benslim a, par ailleurs, rappelé au ministre : «Le temps de recouvrement pour les importateurs est plus rapide que celui des exportateurs qui dépasse parfois les sept mois, faussant ainsi tous nos plans budgétaires.» Il fera aussi cette remarque : «Les interférences institutionnelles sont trop pesantes pour pouvoir acheminer nos exportations dans les délais.» Entre le ministre du Commerce, les douanes et les banques, il y a comme un grain de sable qui empêche la mécanique de passer la vitesse supérieure. Cet opérateur a conclu : «Avant de penser à l’exportation, il aurait été plus indiqué de mettre d’abord de l’ordre dans notre marché économique.»
    Ce que d’ailleurs a approuvé le ministre dans son intervention.

    M. Djaaboub a interpellé les exportateurs présents dans la salle pour leur demander de préciser leurs attentes tout en reconnaissant la part de responsabilité de son ministère. Il se lancera ensuite dans une autopsie de la situation : «Malgré toutes les améliorations apportées, les résultats ne viennent pas. Nous ne savons pas exporter.» Selon lui, les 1,2 milliard de dollars d’exportations enregistrés en 2006 «ne recouvrent même pas notre facture d’importation de médicaments ou celle de la poudre de lait».

    Ce niveau d’importation reste pour le moins très en deçà des capacités réelles du pays, notamment dans le secteur de l’agriculture. Il a incité les opérateurs à se concerter : «Notre objectif est d’atteindre les 2 milliards de dollars d’exportations à l’horizon 2010.» Soulignons, enfin, que le ministre a inauguré la maison de l’exportateur, un espace de concertation intégré au siège de l’Algex.

    Par la Tribune
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