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L'Arabie Saoudite craint une attaque américaine contre l'Iran

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  • L'Arabie Saoudite craint une attaque américaine contre l'Iran

    Craignant les représailles de Téhéran contre ses installations pétrolières, l’Arabie saoudite s’est rapprochée de Moscou, qui a l’oreille des Iraniens dans la crise du nucléaire. Après avoir misé sur le dialogue, les responsables saoudiens semblent s’être résignés à une attaque américaine contre l’Iran. «Nous nous approchons de plus en plus près d’une confrontation», affirme au Figaro Abdel Mohsen Hakas, le ministre des Affaires sociales. «Le ton de George Bush nous donne à penser qu’il a décidé de ce qu’il allait faire», renchérit Rihab Massoud, bras droit du prince Bandar Ben Sultan, l’ancien ambassadeur saoudien aux États-Unis, très bien introduit outre-Atlantique. Sous-entendu : le président américain ne quittera pas la Maison-Blanche sans avoir «traité» la menace que représente le nucléaire iranien.

    Officiellement, la monarchie saoudienne, alliée de Washington, s’oppose à un nouveau conflit, de peur de voir la déstabilisation du Moyen-Orient s’aggraver. «Mais s’il éclate, les Saoudiens l’approuveront tacitement», note un diplomate occidental à Riyad. Tout autant que le nucléaire, l’Arabie saoudite redoute l’influence grandissante de Téhéran chez les pays arabes sunnites, comme l’Arabie. «Lorsqu’on parle du nucléaire iranien aux Saoudiens, poursuit le diplomate occidental, ils répondent Iraniens en Irak, Iraniens au Liban, Iraniens en Palestine et en Syrie.»

    Adossée à ses richesses pétrolières et gardienne des lieux saints musulmans, l’Arabie se voit comme le défenseur du monde sunnite face à l’Iran chiite. À l’été 2006, Riyad dénonça «l’aventurisme» du Hezbollah libanais, allié de l’Iran, qui déclencha les hostilités face à Israël.

    Malgré cette tentative de coup de force iranien dans un pays cher aux Saoudiens, au cours des mois qui suivirent, le prince Bandar rencontra à plusieurs reprises son homologue iranien à la tête du Conseil national de sécurité, Ali Larijani, qui vient de démissionner. Sous l’égide du roi Abdallah, les Saoudiens tenaient à maintenir le contact avec leurs voisins.


    «Discuter avec les Iraniens ne produit aucun résultat»

    «Depuis dix mois, nous ne sommes plus allés en Iran, regrette Rihab Massoud. Sur la question du nucléaire comme sur le Liban, nous avons le sentiment que discuter avec les Iraniens ne produit aucun résultat.»

    L’Arabie fut encore déçue par la visite du président Mahmoud Ahmadinejad en mars à Riyad, qui ne déboucha sur aucune concession iranienne. Au contraire, les Saoudiens continuèrent d’observer l’em-prise croissante de Téhéran chez les chiites d’Irak ; et aujourd’hui que les bruits de bottes se rapprochent, ils redoutent des infiltrations iraniennes parmi leur minorité chiite, vivant dans les provinces pétrolières à l’est du royaume.

    Pour le ramadan, bien peu d’Iraniens ont été vus en octobre à La Mecque. Dernièrement, la seule rencontre à haut niveau fut celle entre le ministre saoudien de l’Intérieur, le prince Nayef, et son homologue iranien des Renseignements et de la Sécurité, Gholam-Hossein Mohseni-Ejei. Attendu au prochain sommet de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), ce week-end dans la capitale saoudienne, le président Mahmoud Ahmadinejad devrait toutefois s’entretenir avec le roi Abdallah.

    Même si les Américains n’ont pas besoin du territoire saoudien pour frapper l’Iran, Riyad s’inquiète d’éventuelles représailles iraniennes contre ses installations pétrolières. «Si les Iraniens veulent faire mal aux États-Unis, ils chercheront à stopper nos lignes d’approvisionnement pétrolières en attaquant le terminal d’Abqaiq ou la raffinerie de Ras al-Tannoura», prévient M. Hakas. Ces craintes expliquent l’extrême prudence de la diplomatie saoudienne à s’afficher face à l’Iran. «Quand on leur propose une déclaration commune sur le nucléaire, ils refusent», reconnaît un diplomate français.

    Le long des côtes du golfe Persique, l’armée ou la marine saoudienne ne donnent pas l’impression de se préparer à un conflit. Lorsqu’il y a quelques mois, un navire iranien – cherchant à tester les capacités de ripostes adverses – entra dans les eaux territoriales saoudiennes, la réponse de Riyad fut là encore parfaitement proportionnée.

    Alors que la France et la Grande-Bretagne encouragent un durcissement des sanctions contre l’Iran, la diplomatie saoudienne veut croire en une médiation de la Russie. «Les Russes ont de bonnes relations avec les Iraniens, estime Rihab Massoud, ils peuvent jouer un rôle utile.»

    Après la visite de Vladimir Poutine – la première d’un chef du Kremlin chez les Saoud – le prince Bandar s’est rendu à Moscou ; et pour récompenser ses nouveaux partenaires russes, Riyad devrait leur acheter près d’une centaine d’hélicoptères. «Mais les Russes nous ont confié que l’ambiance à Téhéran leur rappelait étrangement l’atmosphère à Bagdad les mois précédant la guerre en 2003», constate amèrement Rihab Massoud.

    source : le figaro
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