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Enquete sur le Detournement des manuscrits de la mer morte

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  • Enquete sur le Detournement des manuscrits de la mer morte


    Quelques "revelations" que j'ai trouvées édifiantes sur un sujet pour lequel je me passionne

    PART I
    Dans un livre publié en Angleterre en 1991 et traduit en France en 1992, sous le titre La Bible
    confisquée, les auteurs, Michael Baigent et Richard Leigh, accusent le Vatican d'occulter les
    manuscrits de la mer Morte parce qu'ils ébranleraient des doctrines essentielles du
    christianisme.[1]
    Première amorce de preuve avancée par les auteurs : les excessifs retards dans la publication.
    En effet, alors que plus de cinq cents textes ont été mis au jour dans la grotte 4 de Qumrân
    depuis sa découverte en 1952, il n'en a été publié qu'environ une centaine au bout de cinquante
    ans (les trois cents textes provenant d'autres grottes ont presque tous été publiés). Situation
    encore plus alarmante : la petite coterie d'éditeurs qui contrôle l'accès aux quatre cents
    textes inédits de la grotte 4 refuse de laisser d'autres chercheurs voir leur trésor secret.
    Secondo : Les éditeurs des textes de la grotte 4 sont en majorité des religieux catholiques, en
    poste à l'École biblique et archéologique française, dirigée par les dominicains et située dans
    la partie Est de Jérusalem (qui se trouvait sous autorité jordanienne jusqu'en 1967). L'équipe
    éditoriale fut recrutée en 1953 par le père Roland de Vaux qui, selon Baigent et Leigh, exerça
    une autorité quasiment tyrannique sur les rouleaux jusqu'à sa mort en 1971. L'équipe réunie par
    de Vaux comprenait Mgr Patrick Skehan, des États-Unis ; l'abbé Jean Starcky, de France; le père
    Jozef Milik, prêtre polonais qui depuis a quitté la prêtrise et s'est établi en France ; un cher
    cheur allemand bientôt remplacé par un autre prêtre français, le père Maurice Baillet; et John
    Strugnell, qui se convertit ensuite au catholicisme. Le seul protestant de l'équipe était Frank
    Cross, venu alors du McCormick Theological Seminary et actuellement à Harvard. Un Anglais
    agnostique, John Allegro, complétait l'équipe. Mais aucun Juif.
    A la mort du père de Vaux, en 1971, un autre dominicain de l'École biblique, le père Pierre
    Benoît, lui succéda dans ses fonctions d'éditeur en chef. A la mort de Benoît en 1987, lui
    succéda John Strugnell, alors converti au catholicisme, jusqu'en 1991, où il fut révoqué par
    ses collègues après la publication de quelques propos violemment anti- sémites qu'il avait
    tenus à un journaliste israélien. A la mort de Starcky, son lot réservé de textes fut légué
    au père Émile Puech, également de l'École biblique. Quand Skehan mourut, son lot fut légué à
    Eugene Ulrich, de l'université de Notre Dame. Mais Baigent et Leigh ne s'arrêtent point là.
    Ils recherchent longuement où, en définitive, réside l'autorité : "A qui, finalement, l'équipe
    internationale devait-elle rendre compte ? Théoriquement, ses membres auraient dû le faire à
    leurs pairs, aux autres chercheurs [non confessionnels, libres, indépendants]. En réalité,
    l'équipe internationale semblait ne se reconnaître de compte à rendre à quiconque, sauf à
    l'École biblique de Jérusalem. Et à qui l'École biblique devait-elle rendre compte ?" - Au
    Vatican, bien sûr ! Les Religieux ont fait vœu d'obéissance au saint-siège, on le sait !
    Le Vatican occulte-t-il les fameux manuscrits ?
    Par leurs investigations personnelles et minutieuses, Baigent et Leigh ont mis à découvert,
    selon leurs termes, une révélation capitale, non seulement pour nous, mais aussi pour d'autres
    chercheurs indépendants dans ce domaine : l'École biblique était directement branchée sur le
    Vatican, à défaut du pape en personne.
    Dès ses débuts, l'École biblique a été étroitement affiliée à la Commission biblique
    pontificale. Selon les auteurs, l'École biblique est un "auxiliaire de la machine de propagande
    de la Commission [biblique pontificale] - un instrument de diffusion de la doctrine catholique
    sous couvert de recherche historique et archéologique". De Vaux lui-même fut nommé consulteur
    auprès de cette commission ; à sa mort, Benoît lui succéda dans cette fonction. A la mort de
    Benoît, son successeur à la tête de l'École biblique fut nommé consulteur auprès de la
    commission.
    Le cardinal Joseph Ratzinger, préfet de la commission, dirige également un autre organisme
    catholique, la Congrégation pour la doctrine de la foi. La Congrégation est l'héritière de
    ce que les auteurs nomment une très ancienne ascendance : En 1542, elle avait pris
    officiellement le nom de Saint-Office. Et auparavant, on l'appelait la Sainte Inquisition.
    Si Ratziner dirige la Congrégation, le chef officiel n'en demeure pas moins le pape en exercice.
    Aujourd'hui, Ratzinger, en tant que directeur exécutif, porte le titre de secrétaire de la
    Congrégation, qui, "autrefois, était appelé le Grand Inquisiteur".
    Les auteurs continuent: "De tous les services de la Curie romaine, celui de la Congrégation pour
    la doctrine de la foi est le plus puissant. Et de tous les cardinaux de la Curie, Ratzinger est
    peut-être le plus proche du pape.
    Les positions de Ratzinger prises au sein de la Congrégation pour la doctrine de la foi
    déterminent celles de la Commission biblique pontificale, dont il est aussi le préfet, et de là
    filtrent ensuite dans l'École biblique. "Ratzinger est décrit comme un homme profondément
    pessimiste" qui pense que "seule la suppression de tout dissentiment peut assurer la survie de
    l'Église en tant que foi une. D'après lui, ceux qui ne partagent pas son pessimisme sont
    "aveugles ou induits en erreur". "Le rôle joué à un haut niveau par l'Église dans les recherches
    sur les manuscrits de la mer Morte, comme ceci le démontre, concluent les auteurs,
    "ne peut qu'engendrer une forte suspicion ".
    Une suspicion que viennent étayer les attitudes reflétées par certains membres de l'équipe
    éditoriale, tel M, Skehan, qui a exprimé l'opinion, disent les deux auteurs qu'en définitive,
    le travail de tout bibliste devrait être guidé et déterminé par la doctrine de l'Église et
    [citant ici Skehan) "être toujours soumis au droit souverain de notre sainte mère l'Église de
    juger en dernier recours de ce qui concorde effectivement avec l'enseignement qu'elle a reçu
    du Christ". "Que se passe-t-il si l'on découvre quelque chose que l'on ne parvient pas à rendre
    ainsi conforme ?" demandent les auteurs.
    Ils poursuivent : "D'après les déclarations du père Skehan, la réponse à cette question semble
    claire. Tout ce, qui ne peut être subordonné ou adapté à la doctrine existante de l'Eglise doit,
    par nécessité, être éliminé. La position du père Skehan, nous disent-ils, trouvait un écho
    manifeste dans celle du pape Pie XII en personne, qui soutenait que "l'exégète biblique a une
    fonction et une responsabilité à assumer dans des questions aux implications importantes pour
    l'Église".
    Avec cet arrière-plan, on comprend aisément pourquoi "de Vaux tenait à éviter, autant que
    possible, d'embarrasser les autorités chrétiennes", déclarent les auteurs. De toute évidence,
    certaines données de Qumrân étaient précisément jugées susceptibles de le faire. Pour éviter
    cet embarras, l'équipe dirigée par de Vaux conçut et "imposa [pour des raisons que l'on connaît]
    une rigide orthodoxie pour l'interprétation" des rouleaux.
    "Toute déviation de cette interprétation équivalait à une hérésie. Oser contester était risqué
    pour sa propre crédibilité... Au fil des années, progressivement, cette orthodoxie dans
    l'interprétation [est devenue] d'un dogmatisme croissant."
    Les auteurs sous-entendent que de Vaux et ses collègues pourraient même détruire - ou avoir
    détruit - certains documents compromettants. "Que ferait exactement l'École biblique si, parmi
    les documents de Qumrân non publiés ou peut-être non encore découverts, des données
    défavorables à la doctrine de l'Église faisaient surface?" Et encore : "Même si le gouvernement
    israélien prenait des mesures autoritaires et ordonnait la libération immédiate des matériaux
    de Qumrân, comment pourrions-nous avoir la certitude que des données susceptibles de mettre
    l'Église en péril verraient jamais le jour?". Cependant, les savants égarés pouvaient être
    remis dans le droit chemin par des moyens moins draconiens que la destruction de documents.

  • #2
    PART II
    Prenons le cas de John Allegro, l'unique agnostique de l'équipe et, de surcroît, le seul membre
    à publier tous les manuscrits qui lui avaient été assignés. Strugnell, suite à cette
    publication, rédigea une "longue critique hostile" - de cent treize pages - que Robert
    Eisenman, directeur du Département des études religieuses à la California State University,
    à Long Beach, qualifia de "travail de démolition". Très tôt, Allegro avait "commencé à
    s'exaspérer de l'application contrainte déployée [par l'équipe] pour dissocier le christianisme
    de la communauté qoumrânienne et de ses rouleaux". II s'aliéna rapidement les autres membres
    de l'équipe, surtout après leurs efforts pour faire obstacle à ses perspectives très libres,
    qu'ils rejetaient. Les autres contestataires des opinions de l'équipe furent, de même,
    réduits au silence.
    Le principal postulat de l'interprétation orthodoxe des manuscrits concerne leur date.
    "L'élément décisif pour déterminer la signification des manuscrits, et leur lien, ou leur
    absence de lien, avec le christianisme était, évidemment, leur datation." Par conséquent, dans
    la "perspective du consensus", expression désignant la perspective de l'équipe,
    "les textes de Qumrân étaient considérés comme très antérieurs à l'ère chrétienne".
    Tout ce qui était "susceptible de bouleverser la datation et la chronologie "sûres" établies
    par l'équipe internationale pour l'ensemble du corpus des rouleaux" était étouffé. Une fois
    "replacés en toute sécurité dans des temps préchrétiens, [les rouleaux se trouvaient] désarmés
    de toute éventuelle capacité de contester l'enseignement et la tradition du Nouveau Testament".
    Ainsi, l'équipe "désamorça efficacement tout potentiel explosif que pourraient receler les
    manuscrits de la mer Morte."
    Lorsque les raisons de commodité et la stabilité de la théologie chrétienne le dictaient,
    les témoignages contraires étaient "ignorés".
    Selon un autre principe de l'interprétation orthodoxe, les manuscrits et leurs auteurs devaient
    autant que possible rester dissociés du "christianisme primitif", tel que le décrit le
    Nouveau Testament. Ainsi, le consensus orthodoxe "présentait les croyances de la communauté de
    Qumrân comme entièrement différentes du christianisme".
    La lutte pour le contrôle des manuscrits de la mer Morte est d'une complexité byzantine et ses
    enjeux sont élevés. Pour quiconque n'a pas une connaissance familière de ses méandres,
    Baigent et Leigh plaident une cause séduisante - et même peut-être convaincante -, affirmant
    que le Vatican, ou du moins les religieux catholiques, occulte les manuscrits pour des raisons
    doctrinales. Mais, en fait, l'accusation porte sur l'autorité même de l'Eglise et sur le
    pouvoir religieux.
    J'avoue qu'il semble peut-être vaniteux de ma part de le dire, car Baigent et Leigh font
    quelques remarques extrêmement flatteuses sur la campagne de six années menée par la Biblical
    Archaeology Review pour obtenir le libre accès aux rouleaux tenus encore secrets.
    Les auteurs nous disent "influents", nous citent longuement et avec approbation; notre
    "contribution fut immense". Leur thèse principale n'en est pas moins combattue par toutes
    les branches du catholicisme. Commençons par une constatation générale: les chercheurs
    catholiques sont aujourd'hui considérés à l'avant-garde de l'exégèse biblique moderne[2].
    Le Catholic Biblical Quarterly fait partie des revues de recherche biblique les plus réputées
    du monde. [Or, ces chercheurs catholiques ne peuvent pas être impartiaux; c'est tellement
    contraire à leur état d'esprit de croyants bercés depuis l'enfance dans cette religion].
    Mais cette affaire allait vite devenir "le scandale scientifique par exellence du XXe siècle",
    d'après les termes employés par le professeur Gesa Vermes qui publia en 1977 The Dead Sea
    Scolls : Qumran in Perspective, car, trente ans après leur découverte, la publication stagnait
    lamentablement. C'était impossible pour des chercheurs indépendants, d'obtenir la moindre
    information ou document pour étayer leurs propres prospections .[3]
    Baigent et Leigh citent le sort de John Allegro : il publia les textes qui lui avaient été
    assignés, et ses travaux furent sauvagement revus par Strugnell, qui consacra plus de cent
    pages à en corriger les "erreurs". Mais ceci ne put se produire que parce que la compréhension
    du texte présentée par Allegro était stupéfiante, et que ses interprétations étaient contraires
    à celles de l'équipe. Nul doute que Strugnell ait éprouvé une certaine jubilation à corriger
    les "erreurs" d'Allegro et, à ma connaissance, plusieures personnes ont pris la défense des
    travaux d'Allegro, mais c'était trop tard. De plus, une émission télévisée à la BBC parlant
    des travaux d'Allegro fut sans cesse reportée et ne fut diffusée qu'en été à une heure de
    faible audience. Enfin, comme le reconnaissent Baigent et Leigh, Allegro, déçu par le monde
    scientifique, courut à sa propre perte en publiant un livre intitulé The Sacred Mushroom and
    the Cross. Ce livre fit scandale [4]; il niait l'authenticité de l'existence historique de
    Jésus, qui ne serait qu'une simple image surgie dans le psychisme sous l'influence d'une
    drogue hallucinogène, la psilocybine, ingrédient actif de champignons hallucinogènes.
    Quatorze éminents savants britanniques condamnèrent le livre dans une lettre au London Times.
    L'éditeur présenta ses excuses pour l'avoir publié. Si les idées d'Allegro n'eurent pas gain
    de cause, il ne subit cependant aucune intimidation et ne fut point réduit au silence.
    Nombre d'autres chercheurs se sont écartés des thèses de l'équipe régnante. Barbara Thiering,
    de l'université de Sydney, en Australie, soutient que le Maître de Justice, figure dominante
    des textes de Qoumrân, est Jean-Baptiste et que Jésus est le Prêtre Impie. Pour J. L. Teicher,
    de l'université de Cambridge, Paul est le Prêtre Impie. Otto Betz, de l'université de Tübingen,
    suggère que Jean-Baptiste vécut à Qumrân. Norman Golb, de l'université de Chicago, soutient
    que la bibliothèque de Qumrân provenait en réalité de Jérusalem et représente les concepts du
    judaïsme prédominant. Selon Lawrence Schiffman, de l'université de New York, les doctrines
    fondamentales de la secte de Qumrân ne sont pas de caractère essénien, elles sont
    sadducéennes.
    Jose O'Callaghan affirme que des fragments de l'évangile de Marc, ainsi que des Actes des
    Apôtres et de l'Épître aux Romains de Paul, ont été trouvés parmi les textes d'une des grottes
    de Qumrân. Quelle est donc cette voix indépendante qui défie l'autorité des représentants du
    Vatican en avançant que des documents de cette époque du christianisme ont été découverts à
    Qumrân ? Celle d'un jésuite espagnol ! Ces catholiques - tels North, Fitzmyer et O'Callaghan -
    feraient bien de se ressaisir s'ils veulent étouffer les idées non orthodoxes, en particulier
    celles qui voient un lien entre les documents de Qumrân et le Nouveau Testament.
    Pour comble d'avanie, O'Callaghan publie ses idées dans des revues catholiques comme Biblica
    et Civita cattolica.
    Personne ne peut refuser la parole à tous ces chercheurs dissidents. Ils se voient peut-être
    refuser une tribune à des assemblées privées contrôlées par l'équipe éditoriale. Mais leurs
    idées sont largement diffusées dans des publications parallèles. Leurs arguments
    prévaudront- ils?
    L'acceptation ou le rejet exprimés par leurs pairs le déterminera, et non les efforts
    coercitifs de l'équipe éditoriale.

    Commentaire


    • #3
      PART III

      En fait, Baigent et Leigh adoptent eux-mêmes les idées d'un chercheur indépendant,
      Robert Eisenman, qui s'oppose énergiquement à celles de l'équipe éditoriale.
      D'après ce dernier- ainsi que Baigent et Leigh -, le chef de Qumrân surnommé le Maître de
      Justice est en réalité Jacques le Juste, mentionné dans le Nouveau Testament comme le frère
      de Jésus.
      Pour Eisenman, Jacques était le chef des Zélotes, secte juive militante qui joua un rôle majeur
      dans la Première Grande Révolte Juive contre Rome (66-70 apr. J.-C.), tragiquement terminée
      par l'incendie de Jérusalem et la destruction du Temple. Les adeptes de la communauté de
      Qumrân étaient des Zélotes et non des Esséniens, soutient Eisenman.
      En tant que Zélotes, ils étaient les héritiers d'une longue lignée de juifs sadocides - fondée
      par Esdras, perpétuée par Judas Maccabée, Jean-Baptiste, Jésus et finalement Jacques, frère
      de Jésus.
      Dans ce scénario, Paul était l'ennemi juré de Jacques. C'est Paul qui fit de Jésus
      un Homme-Dieu. Paul est " le Menteur" des textes de Qumrân, l'adversaire du Maître de Justice.
      Paul, toujours d'après Eisenman, vécut trois ans à Qumrân.
      Le second adversaire du Maître de Justice, le Prêtre Impie, est - selon cette thèse - Ananie,
      le grand-prêtre de Jérusalem. Ananie s'arrangea pour faire mettre à mort Jacques, événement
      relaté dans le Nouveau Testament où, toujours d'après Eisenman, le nom d'Étienne a été
      substitué à celui de Jacques. C'est alors, dit Eisenman, que la Judée se révolta.
      Ce fut le commencement de la Première Grande Révolte juive contre Rome.
      Les Romains envoyèrent un corps expéditionnaire sous le commandement de Titus et Jérusalem fut
      détruite.
      Paul l'emporta en créant sa secte chrétienne en terre païenne. L'histoire de Jacques,
      véritable chef de la communauté des Juifs évangélisés, fut étouffée, jusqu'à ce que
      l'interprétation des manuscrits de la mer Morte par Eisenman la ressuscite.
      A vrai dire, les recherches d'Eisenman ont révélé la simpicité fondamentale de ce qui semblait
      auparavant une situation d'une rebutante complexité (sans omettre sa suggestion qu'en fait,
      Paul était peut-être un agent secret de Rome).

      Comme le déclarent Baigent et Leigh vers la fin de leur livre de deux cent soixante-six pages
      consacré en grande partie aux idées d'Eisenman : "Il serait impossible, dans le cadre de notre
      propre ouvrage, de rendre adéquatement justice au poids de preuves réunies par Eisenman".
      Baigent et Leigh déclarent qu'une "phalange croissante de partisans se rassemble autour de
      Robert Eisenman, et que des savants influents et éminents sont de plus en plus nombreux à
      adopter sa cause". A ma connaissance, un seul savant a exprimé par écrit son accord avec le
      scénario d'Eisenman. Mais que ses idées l'emportent ou non, là n'est pas la question.
      L'important, c'est qu'elles soient libres de se frayer un chemin sur l'agora des idées.
      Elles ont été présentées à ses collègues du monde érudit et au public. Le premier livre dans
      lequel il expose ses arguments (Maccabees, Zadokites, Christians and Qumran) a été publié
      par les prestigieuses éditions scientifiques E. J. Brill de Leyde en 1983.
      Son deuxième ouvrage (James the Just in the Hahakkuk Pesher) a été publié en 1985
      par - attention, êtes-vous assis ? comme disait mon grand-père - par l'une des propres éditions
      du Vatican, Tipographia Gregoriana ! (Il fut plus tard révisé et édité par Brill.)
      A l'instar des pères North, Fitzmyer et O'Callaghan, les éditions vaticanes n'ont apparemment
      pas reçu le mot d'ordre sur ce qui était doctrine casher ou ne l'était pas.
      Sinon, pourquoi des éditions vaticanes auraient-elles publié Eisenman ? Bref, de nos jours,
      il est difficile d'étouffer les idées. En outre, l'équipe a certainement choisi un curieux
      principe pour faire valoir la pureté doctrinale : une datation des rouleaux à une époque
      très ancienne. L'équipe fait remonter les rouleaux à une période située environ entre
      250 av. J.-C. et 68 apr. J.-C., année où, selon l'interprétation des témoignages archéologiques
      donnée par de Vaux, les troupes romaines détruisirent la localité de Qumrân. Cette datation
      lointaine, d'après l'accusation portée contre les éditeurs de l'équipe, dissocierait les
      manuscrits et le christianisme. Vraiment ? Elle coïncide pourtant avec la vie de Jésus sur
      terre. Si, par exemple, une naissance d'une vierge-mère se trouvait attestée dans un texte
      de Qumrân datant du Ier ou du IIe siècle av. J.-C. au lieu du Ier s. ou IIe siècle apr. J.-C.,
      cette différence aurait-elle une grande importance en ce qui concerne son potentiel
      destructeur pour la doctrine chrétienne ?
      Ces réflexions nous mènent à une autre perle de l'argumentation de Baigent et Leigh.
      Ils présument que quelque chose, dans ces mystérieux manuscrits anciens, pourrait gravement
      saper la doctrine ou la foi chrétiennes. Quoi donc ? Il est facile de l'imaginer.
      Supposons qu'un texte rapporte une naissance d'une vierge qui aurait enfanté.
      Et alors ? Nous savons déjà que des récits de naissance d'une vierge-mère circulaient à cette
      époque. La Parthénos de la mythologie grecque, par exemple, comme l'Arthémis des Ephésiens
      était une déesse mère, et le christianisme s'est inspiré de toutes sortes de mythe répandus
      dans tout l'empire romain.
      Pourtant, la foi juive ou la foi chrétienne n'ont pas plus été sapées par les affirmations
      d'archéologues annonçant qu'aucune ville de Jéricho n'existait à l'époque où Josué est censé
      en avoir fait sept fois le tour avec son armée avant que ses murs ne s'effondrent.
      Allegro écrivit un jour à Strugnell : " Le temps que j'achève [mes travaux], il ne vous restera
      plus aucune Église à laquelle adhérer." De toute évidence, Allegro sous-estimait les ressorts
      secrets de l'Église pour subjuguer les foules. Baigent et Leigh suggèrent que les rouleaux
      pourraient contenir "quelque chose de compromettant, quelque chose de menaçant pour les
      traditions établies, peut-être même qu'ils les réfute ". Ils dépeignent de Vaux et ses
      collègues comme [des hommes] craignant qu'une révélation dans les rouleaux " ne soit
      susceptible de démolir l'édifice tout entier de l'enseignement et de la foi du christianisme ".
      Ceci parce que, selon les deux auteurs, "on a cru jusqu'à présent que les enseignements de
      Jésus étaient uniques". Eh bien, non.
      L'érudition moderne a mis en lumière les correspondances existant entre l'enseignement de
      Jésus et d'autres mouvements sociaux et idéologiques de cette époque.
      Ansi, sa symbiose particulière avec les idées esseniennes était réelle. Tous les savants
      s'accordent pour dire que les documents de Qumrân sont d'une extrême importance pour notre
      intelligence du christianisme primitif. Ces textes ont apporté une nouvelle dimension à
      notre compréhension de ses origines : des dizaines de livres et des centaines d'articles
      ont été écrits sur le lien possible entre les textes de Qumrân et le Nouveau Testament.
      L'une des conclusions majeures de cette vaste recherche est que la doctrine primitive du
      christianisme et ses systèmes de croyance n'étaient pas d'une source unique. Au chapitre 14,
      de quelques décennies consacrées à étudier l'incidence des textes de Qumran sur notre
      compréhention du christianisme primitif, James VanderKam tire deux conclusions principales :
      1) L'Eglise primitive, dans une bien plus large mesure qu'on ne le supposait auparavant, a
      poussé dans la glèbe juive, en particulier, chez les Esseniens.
      2) Parmi les croyances et pratiques de l'Eglise primitive, un grand nombre étaient
      exclusivement esseniennes.
      Aucune résonance générale dans les milieux catholiques, rien n'a filtré de ces conclusions
      ou à la publication de telles preuves! Et pourtant, seraient-ce là les conclusions
      destructrices que la conspiration du Vatican est censée empêcher de se dégager - ou du moins
      de parvenir au grand jour ?
      Baigent et Leigh citent un passage d'un texte de Qumrân encore inédit mentionnant un personnage
      qui sera appelé " Fils du Très-Haut " et " Fils de Dieu ", des noms que l'on retrouve,
      attribués à Jésus, aux versets 1,32-35 de Luc. C'est une "découverte extraordinaire",
      disent-ils. Mais les Religieux contrôlent les informations et récupèrent tout à leur profit.
      Paru récemment, un article révèle qu'un texte de Qumrân contenait des béatitudes préfigurant
      à bien des égards les béatitudes du Sermon sur la montagne. L'auteur? Le père Émile Puech,
      un Jésuite de l'École biblique chargé de la traduction des manuscrits.
      Baigent et Leigh accusent l'équipe d'éditeurs de "dissimuler laborieusement" les liens qui
      existent entre des textes de Qmrân et des événements du Nouveau Testament. Or, on sait bien que
      les implications des textes de Qmrân pour les études néo-testamentaires ont fait l'objet de
      vastes débats aboutissant à ce résultat : certains concepts et certaines doctrines auparavant
      considérés comme exclusivement chrétiens ne sont plus aujourd'hui compris comme tels.

      Commentaire


      • #4
        LAST BUT NOT LEAST
        Toutefois, une énigme demeure : pourquoi les chercheurs qui détiennent le contrôle des textes
        ont-ils insisté pour en tenir secrets un si grand nombre ? La réponse que Baigent et Leigh
        voudraient nous faire deviner est évidente. L'explication est, fort prosaïque: c'est pour
        un mobile secret qui anime toute la Curie Romaine: le pouvoir religieux. Ils étaient
        les membres soumis et obéissants de ce qu'on appelle l'Eglise. Ils avaient autorité sur
        l'ensemble d'une discipline. C'étaient eux les spécialistes. C'étaient leurs noms que
        l'histoire transmettrait à la postérité comme ceux des auteurs des éditions princeps.
        C'étaient eux qui pouvaient conquérir des étudiants en doctorat en leur faisant miroiter un
        manuscrit de la mer Morte inédit à publier pour leur thèse. Plus récemment, un autre facteur
        a joué : la pure opiniâtreté. Les éditeurs des manuscrits ne répondent à personne.
        Ils ne connaissent d'autres lois que les leurs. Ils s'offusquent des pressions que leur ont
        fait subir des étrangers - en outre, non simplement des savants extérieurs, mais des amateurs
        aux connaissances sommaires, tels le directeur de publication de la Biblical Archaeology
        Review et des hommes de la grande presse. Réaction de ces éditeurs : ils se braquent. Et
        disent qu'on ne leur marchera pas sur les pieds.
        Voilà les motifs qui se cachent derrière le refus d'accorder le libre accès aux rouleaux non
        publiés, en plus d'une conspiration ourdie par le Vatican, et l'attitude auprès des
        Israéliens le montre bien. Tout en ayant dernièrement affirmé leur autorité sur les rouleaux,
        ils acquiescent au monopole exercé par les éditeurs de l'équipe - à condition toutefois que
        cette dernière soit élargie, ce qui fut fait, afin d'inclure des Israéliens.
        Assurément, les Israéliens peuvent faire partie d'une conspiration dirigée par le Vatican.
        Car d'éminents savants israéliens participent au consensus officiel. Baigent et Leigh
        expliquent comment l'idée de se joindre à une conspiration dont le but est de sauvegarder
        la pureté de la doctrine chrétienne a pu séduire les Israéliens. Les deux institutions
        religieuses ont intérêt à ce que rien ne change...

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        • #5
          Manuscrits de la Mer Morte...

          Tiens... je suis surpris...

          Je ne connaissais pas l'existence de ce livre anglais... Je crois que les manuscrits étaient écrits en Hébreux et Araméens et qu'ils étaient tombés entre les mains de Juifs.

          Ces derniers ont d'ailleurs rassemblé toute une équipe de chercheurs en Californie pour les traduire.
          Et en 2003 il y eut un colloque justement en Californie pour communiquer aux "savants du monde" les textes traduits.

          Malheureusement, comme je ne fais partie... (ha ha ha..) de ces gens j'ignore ce qui s'est dit.
          J'espère que ce sera publié... et à portée de l'Humanité sous peu.
          L'homme parle sans réféchir...Le miroir réfléchit sans parler!

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