Nicolas Beau,Catherine Graciet.
« Le Maroc, c’est la Russie en 1916 »
Un des patrons de l’antiterrorisme en France, resté un des experts auprès de la Direction générale de la police nationale (DGPN), expliquait encore en octobre 2006 : « En matière d’intégrisme, la Tunisie a tout verrouillé et nous ne craignons rien. L’Algérie a réussi à crever l’abcès au prix d’énormes souffrances et de 150 000 morts. Le problème est derrière. En revanche, le Maroc est la région qui est, de loin, la plus inquiétante : (…) « Le Maroc, c’est la Russie en 1916 ».
Mission à Tripoli
Les services marocains sont totalement dépassés par l’irruption de la violence terroriste, à commencer par le général Laânigri qui va perdre son poste à la tête de la DST en raison de son incapacité à prévoir puis à comprendre l’événement. (…) « Les forces de l’ordre au Maroc n’ont plus la réputation d’efficacité, accompagnée d’une infinie cruauté, qu’elles avaient du temps d’Hassan II ». (…) Le royaume de Hassan II et de Mohammed VI est passé, un peu vite, pour un rempart contre les excroissances violentes de l’islam politique. Les attentats de Casablanca font prendre conscience de la réalité du danger la lutte contre les islamistes va s’intensifier au Maroc. Les services marocains peinent à retracer les filières qui ont rendu possibles ces attentats. Une note des services secrets français, datée de mai 2003 (…), rend compte d’une conversation approfondie qu’une de leurs sources au Palais a pu avoir à l’époque avec Noureddine Benbrahim, alors numéro deux de la DST marocaine. Selon cette note, le lendemain des attentats, cet officier est dépêché en Libye où ont séjourné trois des membres du groupe terroriste pour y recevoir une formation religieuse dirigée par Abdelkrim Mouti, chef d’un mouvement extrémiste réputé lié à Al-Qaïda. Ce dernier est bien connu des services marocains : dans les années 1970, cet enseignant, inspiré par le penseur djihadiste égyptien Sayyid Qutb, a créé le Mouvement de la jeunesse islamique. (…) En 1975, son organisation est responsable de l’assassinat d’Omar Benjelloun, l’un des responsables du parti socialiste marocain, l’USFP. Condamné à mort en 1980, Mouti s’enfuit du Maroc et se réfugie en Arabie saoudite, puis en Libye . Le numéro deux de la DST marocaine obtient l’autorisation d’interroger Mouti, en présence du fils Kadhafi. En rentrant de Libye, Noureddine Benbrahim s’est fait sa religion : les attentats de Casablanca sont le résultat direct d’une manipulation des amis de Ben Laden. « Le Libyen Mouti a été explicite sur le fait que c’est Al-Qaïda qui tire les ficelles, explique-t-il à l’époque à ses interlocuteurs français, et ces imbéciles de gamins qui se sont appelés “Al-Sirat al-Moustakim” ne sont que le bois de feu utilisé pour passer le message ». Plus tard, les services marocains affirmeront avoir découvert de nombreuses passerelles, encore qu’assez ténues, entre les poseurs de bombe et Al-Qaïda. (…)
« Guéguerre de clans »
Une certitude, la DST marocaine est, pour la première fois de son histoire, « ébranlée », comme l’explique Benbrahim dans la note des services français : « Le roi […] ne veut pas que Laânigri [alors patron de la DST] et les autres commettent encore des erreurs qui ont montré des failles dans la constellation sécuritaire marocaine. Le roi a savonné Laânigri, Benslimane (patron de la gendarmerie) et Benhachem, directeur de la Sûreté nationale, qui étaient tout le temps en “guéguerre de clans” au lieu de faire leur travail ». Après les attentats de 2003, le Palais est donc persuadé que ses services ont été dépassés par les événements. Des messages clairs sur les risques d’attentats auraient été envoyés, qui n’ont visiblement pas été reçus. « Le roi, poursuit Benbrahim, était dans tous ses états, lorsqu’il a appris très en retard l’avertissement lancé par le juge antiterroriste français [Jean-Louis] Bruguière quelques jours [avant les attentats], lors d’un séminaire de la firme française militaire Thalès, que le Maroc pourrait connaître de grosses opérations. Il est, selon ce magistrat, le maillon faible du Maghreb ».
Inquiétudes occidentales
Autant de « dérives » qui inquiètent les grands services de renseignement occidentaux, les think tanks américains et français ainsi que les groupes privés occidentaux installés au Maroc. Les inquiétudes des services français ne datent pas d’aujourd’hui. Dès le 4 février 1991, « la DGSE rédige une note intitulée Le Maroc dans la tourmente ». La guerre du Golfe vient d’être déclarée, Hassan II est encore au pouvoir et le danger islamiste est encore assez largement virtuel. Mais déjà la tentation existe à Rabat d’attribuer à des agents étrangers le malaise que connaît le pays (marqué en décembre 1990 par les « émeutes de la misère », violemment réprimées, à Fès, Tanger et Kenitra) ; déjà les services français pointent les dérives du système chérifien ; déjà le danger de la violence islamiste perce discrètement à l’horizon. « Le monarque, expliquent les hommes de la DGSE, ne s’est pas trompé sur ce signal [les émeutes de décembre]. Il est apparu à la télévision désemparé, suppliant, faisant pour la première fois des fautes grossières dans son discours en arabe, perdant manifestement pied. Derrière les slogans anti-occidentaux et nationalistes arabes, c’est d’abord le système de pouvoir autocratique et de ses options depuis vingt-cinq ans qui est critiqué ». Dès cette époque, le système monarchique était à court de projet. Le parallèle est saisissant entre l’analyse de 1991 et le malaise palpable quinze ans plus tard : « Le Palais n’arrive pas à trouver de solution à cette situation. Il use, sans conviction, d’artifices usés. L’appel au nationalisme marocain à travers la question du Sahara, qui a servi efficacement de remède universel pendant dix ans, ne fait plus recette. L’usage de la répression policière -on incarcère environ trois cents personnes pour des motifs politiques- n’impressionne plus, comme si chacun savait que les jours du régime sont comptés ». (…) Autre trait frappant pointé par les militaires des renseignements français, essentiellement préoccupés par le maintien de l’ordre et du statu quo au Maroc, une partie des élites dans l’armée et la bourgeoisie est alors tentée par un durcissement du régime.
Lorsque la misère côtoie l’opulence
Le 15 février 2006, l’ancien patron de l’Institut du monde arabe, le diplomate Denis Bauchard, conseiller de l’IFRI (Institut français des relations internationales), rédigeait pour un think tank américain une note confidentielle intitulée Maroc, bilan et perspectives. « Le risque terroriste demeure, écrivait ce diplomate. Les attentats de 2003 ont profondément surpris et affecté la population comme le pouvoir. Le langage officiel est que ce terrorisme a été largement importé, que les auteurs venaient de France ou d’Égypte et que l’opinion rejette complètement de tels actes. […] 44 % des jeunes entre seize et vingt-neuf ans estimeraient qu’Al-Qaida n’est pas une organisation terroriste. (…) L’excellent Denis Bauchard se livrait ensuite à une analyse fort sévère de la personnalité de Mohammed VI : “Quel est exactement l’objectif du pouvoir, du roi personnellement et du “néo-Makhzen” qui regroupe les jeunes technocrates proches du roi ? La démocratie telle qu’elle est conçue par le Palais va-t-elle jusqu’à l’instauration d’une monarchie constitutionnelle ? On peut en douter. Le pouvoir semble soumis à des tensions contradictoires sans qu’apparaisse véritablement un homme fort à l’autorité incontestée. Il est clair que Mohammed VI n’a pas l’autorité de son père et que l’on peut percevoir un certain flottement au sein du premier cercle du pouvoir. […]
Le PJD baisse le ton
Le Palais ne pouvait en espérer tant. Il tient enfin un parti islamiste fréquentable à tous points de vue… Et sait le récompenser comme il se doit. C’est en tout cas ce que laisse entendre une autre note du ministère français de la Défense du début des années 2000. Le numéro deux de la DST marocaine, Noureddine Benbrahim, y raconte que « le Palais a donné des instructions en vertu desquelles des appels d’offres en matière de BTP soient accordés à des sociétés appartenant au PJD »…
Un « royaume en mouvement »
En 2006, certains hommes du Palais se sont efforcés de vendre à l’Occident, et surtout à la France, l’image d’un « royaume en mouvement ». Joli concept, qui a fait par exemple en mars la couverture du Nouvel Observateur, grâce sans doute à l’activisme d’un communicant français fraîchement sollicité par le gouvernement marocain, Olivier Le Picard – P-DG d’une petite société honorablement connue sur la place de Paris, Communication & Institutions, cabinet conseil spécialisé en lobbying et en affaires publiques, [qui] conseille depuis plus de vingt ans les entreprises, les organisations professionnelles, les collectivités territoriales et les États ». Depuis des années, Laurent Joffrin, patron de la rédaction du Nouvel Obs, et Olivier Le Picard font souvent du bateau ensemble, ce qui forge une amitié. Une proximité qui a peut-être contribué à la présentation sous son meilleur jour, en une du Nouvel Observateur, de la situation bien anémiée du royaume.
Lorsqu’Olivier Le Picard – qui, dans ses activités de lobbyiste, a notamment défendu le régime colombien et le groupe de cigarettes Philip Morris – se rend à Rabat au printemps 2006 pour rencontrer ses commanditaires, le ministre délégué à l’Intérieur Fouad Ali El Himma – homme fort du régime de « M6 » dont nous aurons l’occasion de reparler – et le patron de la télévision publique Fayçal Laraïchi, son discours est bien rodé. L’image du royaume en France, leur explique-t-il, ne souffre d’aucun nuage. Les oppositions ne seraient plus le fait que de quelques écervelés, journalistes au Monde ou au Canard enchaîné, ou d’altermondialistes en rupture de ban.
L’illusion de l’embellie de 2006
« Le Maroc, c’est la Russie en 1916 »
Un des patrons de l’antiterrorisme en France, resté un des experts auprès de la Direction générale de la police nationale (DGPN), expliquait encore en octobre 2006 : « En matière d’intégrisme, la Tunisie a tout verrouillé et nous ne craignons rien. L’Algérie a réussi à crever l’abcès au prix d’énormes souffrances et de 150 000 morts. Le problème est derrière. En revanche, le Maroc est la région qui est, de loin, la plus inquiétante : (…) « Le Maroc, c’est la Russie en 1916 ».
Mission à Tripoli
Les services marocains sont totalement dépassés par l’irruption de la violence terroriste, à commencer par le général Laânigri qui va perdre son poste à la tête de la DST en raison de son incapacité à prévoir puis à comprendre l’événement. (…) « Les forces de l’ordre au Maroc n’ont plus la réputation d’efficacité, accompagnée d’une infinie cruauté, qu’elles avaient du temps d’Hassan II ». (…) Le royaume de Hassan II et de Mohammed VI est passé, un peu vite, pour un rempart contre les excroissances violentes de l’islam politique. Les attentats de Casablanca font prendre conscience de la réalité du danger la lutte contre les islamistes va s’intensifier au Maroc. Les services marocains peinent à retracer les filières qui ont rendu possibles ces attentats. Une note des services secrets français, datée de mai 2003 (…), rend compte d’une conversation approfondie qu’une de leurs sources au Palais a pu avoir à l’époque avec Noureddine Benbrahim, alors numéro deux de la DST marocaine. Selon cette note, le lendemain des attentats, cet officier est dépêché en Libye où ont séjourné trois des membres du groupe terroriste pour y recevoir une formation religieuse dirigée par Abdelkrim Mouti, chef d’un mouvement extrémiste réputé lié à Al-Qaïda. Ce dernier est bien connu des services marocains : dans les années 1970, cet enseignant, inspiré par le penseur djihadiste égyptien Sayyid Qutb, a créé le Mouvement de la jeunesse islamique. (…) En 1975, son organisation est responsable de l’assassinat d’Omar Benjelloun, l’un des responsables du parti socialiste marocain, l’USFP. Condamné à mort en 1980, Mouti s’enfuit du Maroc et se réfugie en Arabie saoudite, puis en Libye . Le numéro deux de la DST marocaine obtient l’autorisation d’interroger Mouti, en présence du fils Kadhafi. En rentrant de Libye, Noureddine Benbrahim s’est fait sa religion : les attentats de Casablanca sont le résultat direct d’une manipulation des amis de Ben Laden. « Le Libyen Mouti a été explicite sur le fait que c’est Al-Qaïda qui tire les ficelles, explique-t-il à l’époque à ses interlocuteurs français, et ces imbéciles de gamins qui se sont appelés “Al-Sirat al-Moustakim” ne sont que le bois de feu utilisé pour passer le message ». Plus tard, les services marocains affirmeront avoir découvert de nombreuses passerelles, encore qu’assez ténues, entre les poseurs de bombe et Al-Qaïda. (…)
« Guéguerre de clans »
Une certitude, la DST marocaine est, pour la première fois de son histoire, « ébranlée », comme l’explique Benbrahim dans la note des services français : « Le roi […] ne veut pas que Laânigri [alors patron de la DST] et les autres commettent encore des erreurs qui ont montré des failles dans la constellation sécuritaire marocaine. Le roi a savonné Laânigri, Benslimane (patron de la gendarmerie) et Benhachem, directeur de la Sûreté nationale, qui étaient tout le temps en “guéguerre de clans” au lieu de faire leur travail ». Après les attentats de 2003, le Palais est donc persuadé que ses services ont été dépassés par les événements. Des messages clairs sur les risques d’attentats auraient été envoyés, qui n’ont visiblement pas été reçus. « Le roi, poursuit Benbrahim, était dans tous ses états, lorsqu’il a appris très en retard l’avertissement lancé par le juge antiterroriste français [Jean-Louis] Bruguière quelques jours [avant les attentats], lors d’un séminaire de la firme française militaire Thalès, que le Maroc pourrait connaître de grosses opérations. Il est, selon ce magistrat, le maillon faible du Maghreb ».
Inquiétudes occidentales
Autant de « dérives » qui inquiètent les grands services de renseignement occidentaux, les think tanks américains et français ainsi que les groupes privés occidentaux installés au Maroc. Les inquiétudes des services français ne datent pas d’aujourd’hui. Dès le 4 février 1991, « la DGSE rédige une note intitulée Le Maroc dans la tourmente ». La guerre du Golfe vient d’être déclarée, Hassan II est encore au pouvoir et le danger islamiste est encore assez largement virtuel. Mais déjà la tentation existe à Rabat d’attribuer à des agents étrangers le malaise que connaît le pays (marqué en décembre 1990 par les « émeutes de la misère », violemment réprimées, à Fès, Tanger et Kenitra) ; déjà les services français pointent les dérives du système chérifien ; déjà le danger de la violence islamiste perce discrètement à l’horizon. « Le monarque, expliquent les hommes de la DGSE, ne s’est pas trompé sur ce signal [les émeutes de décembre]. Il est apparu à la télévision désemparé, suppliant, faisant pour la première fois des fautes grossières dans son discours en arabe, perdant manifestement pied. Derrière les slogans anti-occidentaux et nationalistes arabes, c’est d’abord le système de pouvoir autocratique et de ses options depuis vingt-cinq ans qui est critiqué ». Dès cette époque, le système monarchique était à court de projet. Le parallèle est saisissant entre l’analyse de 1991 et le malaise palpable quinze ans plus tard : « Le Palais n’arrive pas à trouver de solution à cette situation. Il use, sans conviction, d’artifices usés. L’appel au nationalisme marocain à travers la question du Sahara, qui a servi efficacement de remède universel pendant dix ans, ne fait plus recette. L’usage de la répression policière -on incarcère environ trois cents personnes pour des motifs politiques- n’impressionne plus, comme si chacun savait que les jours du régime sont comptés ». (…) Autre trait frappant pointé par les militaires des renseignements français, essentiellement préoccupés par le maintien de l’ordre et du statu quo au Maroc, une partie des élites dans l’armée et la bourgeoisie est alors tentée par un durcissement du régime.
Lorsque la misère côtoie l’opulence
Le 15 février 2006, l’ancien patron de l’Institut du monde arabe, le diplomate Denis Bauchard, conseiller de l’IFRI (Institut français des relations internationales), rédigeait pour un think tank américain une note confidentielle intitulée Maroc, bilan et perspectives. « Le risque terroriste demeure, écrivait ce diplomate. Les attentats de 2003 ont profondément surpris et affecté la population comme le pouvoir. Le langage officiel est que ce terrorisme a été largement importé, que les auteurs venaient de France ou d’Égypte et que l’opinion rejette complètement de tels actes. […] 44 % des jeunes entre seize et vingt-neuf ans estimeraient qu’Al-Qaida n’est pas une organisation terroriste. (…) L’excellent Denis Bauchard se livrait ensuite à une analyse fort sévère de la personnalité de Mohammed VI : “Quel est exactement l’objectif du pouvoir, du roi personnellement et du “néo-Makhzen” qui regroupe les jeunes technocrates proches du roi ? La démocratie telle qu’elle est conçue par le Palais va-t-elle jusqu’à l’instauration d’une monarchie constitutionnelle ? On peut en douter. Le pouvoir semble soumis à des tensions contradictoires sans qu’apparaisse véritablement un homme fort à l’autorité incontestée. Il est clair que Mohammed VI n’a pas l’autorité de son père et que l’on peut percevoir un certain flottement au sein du premier cercle du pouvoir. […]
Le PJD baisse le ton
Le Palais ne pouvait en espérer tant. Il tient enfin un parti islamiste fréquentable à tous points de vue… Et sait le récompenser comme il se doit. C’est en tout cas ce que laisse entendre une autre note du ministère français de la Défense du début des années 2000. Le numéro deux de la DST marocaine, Noureddine Benbrahim, y raconte que « le Palais a donné des instructions en vertu desquelles des appels d’offres en matière de BTP soient accordés à des sociétés appartenant au PJD »…
Un « royaume en mouvement »
En 2006, certains hommes du Palais se sont efforcés de vendre à l’Occident, et surtout à la France, l’image d’un « royaume en mouvement ». Joli concept, qui a fait par exemple en mars la couverture du Nouvel Observateur, grâce sans doute à l’activisme d’un communicant français fraîchement sollicité par le gouvernement marocain, Olivier Le Picard – P-DG d’une petite société honorablement connue sur la place de Paris, Communication & Institutions, cabinet conseil spécialisé en lobbying et en affaires publiques, [qui] conseille depuis plus de vingt ans les entreprises, les organisations professionnelles, les collectivités territoriales et les États ». Depuis des années, Laurent Joffrin, patron de la rédaction du Nouvel Obs, et Olivier Le Picard font souvent du bateau ensemble, ce qui forge une amitié. Une proximité qui a peut-être contribué à la présentation sous son meilleur jour, en une du Nouvel Observateur, de la situation bien anémiée du royaume.
Lorsqu’Olivier Le Picard – qui, dans ses activités de lobbyiste, a notamment défendu le régime colombien et le groupe de cigarettes Philip Morris – se rend à Rabat au printemps 2006 pour rencontrer ses commanditaires, le ministre délégué à l’Intérieur Fouad Ali El Himma – homme fort du régime de « M6 » dont nous aurons l’occasion de reparler – et le patron de la télévision publique Fayçal Laraïchi, son discours est bien rodé. L’image du royaume en France, leur explique-t-il, ne souffre d’aucun nuage. Les oppositions ne seraient plus le fait que de quelques écervelés, journalistes au Monde ou au Canard enchaîné, ou d’altermondialistes en rupture de ban.
L’illusion de l’embellie de 2006
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