Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Le diabète de l'enfant en Algérie

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Le diabète de l'enfant en Algérie

    Le diabète, tous types confondus, touche 1,5 % à 2% de la population en Algérie. En comptant les enfants, adolescents et adultes atteints, on estime que le diabète de type 1 représente 10 à 15 % de l'ensemble. Pour ce qui est spécialement du diabète de l'enfant de moins de 15 ans, tranche d'âge à laquelle apparaissent la majorité des diabètes de type 1, diverses études nationales basées sur l'enregistrement systématique montrent que le nombre de nouveaux cas qui apparaissent annuellement se situe actuellement à 12 pour 100.000 enfants âgés de moins de 15 ans.

    Ce chiffre est celui de l'incidence. Ainsi, la wilaya d'Oran a vu apparaître 84 nouveaux cas de diabète à l'âge pédiatrique en 2006. On peut facilement extrapoler à tout le pays sachant que les chiffres fournis par notre équipe sont vérifiés et publiés par l'Organisation mondiale de la santé. Ce chiffre est également confortés par les travaux de nos collègues de Constantine. On peut estimer par conséquent à environ 3.000 le nombre de nouveaux cas de diabète de l'enfant apparaissant annuellement dans notre pays. Le cumul successif des nouveaux diabétiques représente le nombre total de diabétiques vivants à un moment donné, pour une population donnée. Cette notion est appelée prévalence. Pour rester dans la tranche d'âge des moins de 15 ans, cette prévalence est estimée par nos travaux à 46 pour 100.000 enfants de moins de 15 ans au 31 décembre 2006. Ceux-ci représentent donc un maximum de 15.000 diabétiques de moins de 15 ans vivant sur le territoire national au 31 décembre 2006.

    Ce chiffre n'est pas énorme comparé au nombre de diabétiques adultes tous types confondus, connus ou méconnus. Cependant, quand on sait que tous les enfants diabétiques nécessitent de l'insuline et pour toute la vie, on imagine sans peine le poids individuel, familial et sociétal que chaque enfant diabétique va représenter. Les contraintes se traduisent à tous les niveaux : au niveau médical par la nécessité d'une longue éducation personnelle et familiale pour autonomiser du mieux possible l'enfant diabétique ; au niveau économique par le coût induit dont beaucoup de frais ne sont pas remboursables. Un minimum mensuel de 12.000 DA est à considérer pour les seuls soins journaliers consistant en 2 à 4 injections d'insuline, en 3 ou 4 examens de sang et d'urine absolument nécessaires à l'adaptation des doses quotidiennes d'insuline effectuées par l'enfant lui-même ou sa mère et en dispositifs d'injection ; au niveau social, enfin, la malade chronique n'est jamais complètement acceptée. Ainsi, dans la société algérienne une jeune fille diabétique aura de la peine à trouver un parti et l'adolescent se sentira toujours diminué. Méconnaissance et préjugés ne facilitent pas de même l'intégration ultérieure des diabétiques dans le monde du travail, alors qu'il est pourtant reconnu que leur taux de réussite scolaire et leurs motivations sont souvent meilleures que dans la population générale.

    Alors, au-delà d'une célébration administrée, qu'attendent les enfants, les adolescents et les jeunes adultes atteints de diabète pour le reste des 364 jours de l'année et pour le restant de leurs jours ? Premièrement, une meilleure approche des moyens nécessaires à la prise en charge. Si l'on peut se féliciter du statut de maladie chronique accordée à la maladie diabétique qui permet l'accès au minimum vital représenté par l'insuline, il faut savoir que celle-ci ne représente qu'une partie minoritaire dans le coût de la maladie.

    Il conviendrait donc de se pencher sur les coûts induits par l'autocontrôle nécessitant, outre les seringues non remboursées, les différentes bandelettes et appareils pas toujours remboursés. Sans contrôle journalier, pas d'équilibre; sans équilibre les complications à court, moyen et long terme sont plus fréquentes et plus précoces alourdissant la prise en charge et imposant de nouvelles dépenses. Ainsi, le diabète est la première cause de malvoyance et d'insuffisance rénale alors même qu'il est correctement pris en charge. Une réflexion et des solutions à l'échelle nationale s'imposent. Deuxièmement, le soutien direct aux malades doit être associé à un accès facilité aux différentes et nombreuses prestations occasionnées par la maladie : consultations spécialisées périodiques obligatoires répétitives qui sont le lot de toutes les maladies chroniques occasionnant des absences plus fréquentes, de la perte de temps et d'argent, des difficultés familiales, scolaires ou de travail qui n'arrangent rien à l'affaire. Cette facilitation peut s'envisager de manière réglementaire par exemple par une franchise tout à fait envisageable d'un commun accord encore l'employeur et les caisses et par des circuits facilités au niveau des hôpitaux, des guichets et des contrôles incessants des caisses. A ce propos, il est absurde de se voir réclamer par les caisses un certificat médical annuel pour une maladie à vie et exiger une glycémie anormale, quand le but du traitement est de la normaliser...

    Troisièmement, il faut évoquer le cas des non assurés sociaux qui, en plus de leur maigres ressources, se voient imposer une contribution personnelle, ailleurs remboursable aux assurés.

    Outre le fait que cela crée une médecine à 02 vitesses, ceci décompense financièrement le reste de la famille et ne permet pas un suivi adéquat, source de complications. Bien heureusement la solidarité joue par l'intermédiaire des diverses associations et des organisations non gouvernementales. Mais cela ne suffit pas, car il y a aussi la disponibilité immédiate des produits et la dispersion des malades qui rentrent en ligne de compte. La seule solution est de décréter la gratuité totale des moyens directement et indirectement liés au traitement du diabète sans discrimination.

    Quatrièmement, compte-tenu des contraintes perpétuelles et des complications journalières menaçantes du diabète de l'enfant, il est nécessaire de créer des consultations de proximité au sein des hôpitaux des villes chef-lieu de wilayate. Cette action passe par la formation des médecins et du personnel paramédical. Les équipes oranaises s'y sont attelées par la répétition du certificat d'études spéciales de diabétologue destiné aux médecins généralistes. La responsabilisation des personnels paramédicaux passe par le même processus pour créer les conditions de constitution d'équipes se concentrant sur le diabète. Pour ce qui est de l'enfant, l'expérience montre que cette action doit se dérouler en milieu pédiatrique hospitalier, les centres et les praticiens privés généralistes ou spécialistes n'ayant aucun rôle à jouer pour ce qui est du diabète de l'enfant. Ceci est l'affaire des équipes entraînées au diabète, à condition qu'elles soient soutenues d'un point de vue logistique.

    Cinquièmement, le cas de l'adolescent diabétique, passage obligé entre l'enfance et l'âge adulte, doit être pris sérieusement en compte. Le désarroi habituel de l'adolescent est accentué par la maladie chronique dont la traduction est l'abandon plus ou moins avoué du contrôle et du traitement et les tentatives de suicide plus fréquentes qu'ailleurs, entre autres. Pas d'écoute, pas de structures d'accueil spécifiques en vue. Les tentatives volontaristes de consultations communes d'adolescents entre pédiatres et internistes oranais ont fait long feu, faute de structures et de personnel adéquats. La solution consiste en la création de service (ou d'unité) pour adolescents (pas seulement diabétiques) en milieu hospitalier sous la responsabilité de pédiatres ou d'internistes qui ont la même approche en l'occurrence. L'hôpital d'enfants de Canastel et le nouvel EHS représentent des endroits privilégiés pour cette action. En conclusion, si l'on devait attendre quelque nouveauté pour la Journée mondiale c'est bien d'annoncer la prise en charge des problèmes récurrents par les responsables concernés de concert avec les équipes soignantes. Si on pouvait y ajouter de plus l'annonce de la mise en circulation de l'ensemble de la gamme d'insuline produite en Algérie par Saidal, les enfants diabétiques, leurs familles et leurs soignants retrouveraient quelques raisons supplémentaires d'espérer.


    Par M. Touhami, Pédiatre. CHU d'Oran- Quotidien d'Oran

  • #2
    sans compter les patienst qui se baladent avec cette maladie sans le savoir, car jamais aucun test n a´té fait etles symptomes sont subtiles et la maladie ne se fait diagnostquée qu apres que ce soit trod tard, malheureuesement!

    Commentaire

    Chargement...
    X