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CHASE James Hadley (1906-1985)

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  • CHASE James Hadley (1906-1985)

    Il signait d’abord Raymond Marshall puis Ambrose Grant ou James el Tocherty avant de se fixer sur le pseudonyme définitif de James Hadley Chase. Il s’appelait réellement René Brabazon Raymond. Forcément, le nom n’est guère vendeur. Chase naît donc à Londres en 1906. Etudes sans histoire dans le Kent, et premier boulot dans une librairie à 18 ans. Remarquant le succès des romans noirs américains, il décide de se lancer. En 1939 sort son premier roman : Pas d’orchidées pour Miss Blandish. Succès immédiat. Chase quitte son boulot et devient écrivain professionnel. Près de 100 romans vont suivre. Il invente tout, travaillant sur documentation pour faire américain, lui qui ne met les pieds aux Etats-Unis qu’en 1965. Et ça marche. Une trentaine de ses livres seront adaptés au cinéma. Ce classique du polar bien noir et dézingué termine sa vie en Suisse, dans une villa où il vit reclus avec sa femme pendant ses dix dernières années.

    On les trouve encore dans les librairies d'occasion, les greniers des grands-parents et les bibliothèques des inconditionnels, mais les revoilà à portée de main: Pas d'orchidées pour Miss Blandish, La chair de l'orchidée et Eva, titres phares de ce bon vieux James Hadley Chase, sont désormais disponibles en Folio Policier, moyennant une jaquette joliment liftée - à défaut de nouvelles traductions. Qu'importe, la patte sombre et dure de ce grand nom du polar n'a (presque) pas pris une ride.

    Pas d'orchidées pour Miss Blandish date pourtant de... 1938! Lorsqu'elle paraît en Angleterre, l'histoire tragique de cette fille d'un milliardaire américain du Kansas, jeune beauté rousse kidnappée le jour de son mariage pour son collier de diamants, puis séquestrée en vue d'obtenir une rançon, fait immédiatement sensation. C'est un concert de bruit et de fureur, orchestré par ce psychopathe de Slim Grisson, le tueur au couteau, aussi débile que sadique, et rythmé par moult meurtres, sévices, traîtrises entre gangs rivaux. C'est un fascinant festival de saleté, de sang et de larmes, une sinistre galerie de personnages violents et désaxés.

    Chase restera un pilier de la mythique collection de Gallimard, qui accueillera naturellement La chair de l'orchidée, en 1948. Vingt ans après le kidnapping de miss Blandish, il est question de sa fille, Carol, qui a hérité de la beauté de sa mère et de six millions de dollars, mais aussi de la folie meurtrière de son père... Slim Grisson soi-même. «James Hadley Chase a introduit des personnages sans moralité, en donnant la primeur à l'action plutôt qu'à la psychologie, ce qui allait tout à fait dans le sens du béhaviorisme de l'époque», explique Claude Mesplède, auteur du fameux Dictionnaire des littératures policières. Et de souligner: «Chase décrit une société de l'individualisme et du cynisme tout à fait d'actualité.» Son talent réside aussi dans un sens du rythme irrésistible, ses livres pulsent, on ne les lâche pas, quand bien même ses personnages sont antipathiques au possible, leur noirceur le disputant à leur cruauté.

    Surprise avec Eva, publié entre les deux, en 1947: c'est l'unique roman de Chase sans meurtre ni enquête, dans lequel Clive Thurston, fort d'avoir usurpé à un autre la paternité d'une pièce de théâtre, arrive à se faire une réputation d'écrivain. C'est alors qu'il tombe amoureux d'une certaine Eva Marlowe (!), la seule femme à lui résister. Elle est en réalité une courtisane de luxe, mais Clive n'aura de cesse de la dominer, histoire de trouver une compensation à l'image méprisable qu'il a de lui-même.

    Consacré, admiré, auteur de best-sellers adaptés (souvent mal) au cinéma, James Hadley Chase finira par traverser l'Atlantique en 1965. Cet homme extrêmement discret (il n'accorda que cinq interviews en trente ans!), gentleman d'un mètre quatre-vingts qui aimait l'argent et les bordeaux, vécut un temps à Paris, dans le XVIe arrondissement. Marie-Caroline Aubert, éditrice aux éditions du Masque, se souvient encore du jour où elle l'a croisé dans l'ascenseur de l'immeuble de la rue Alfred-Bruneau où il habitait, à la fin des années 1960: «Avec son imperméable beige et son feutre penché, j'ai cru qu'il s'agissait de Philip Marlowe! J'ai surtout le souvenir d'un homme extrêmement courtois et très chic.»

    Sources : [1], [2]
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