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A 87 ans, Gamal al-Banna veut toujours réformer l'Islam,

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  • A 87 ans, Gamal al-Banna veut toujours réformer l'Islam,

    "L’islam d’aujourd’hui est arriéré de quatre siècles." Paisiblement assis dans un coin de son bureau cairote, Gamal al-Banna, 87 ans, pèse ses mots. Il en sourit même. Comme on sourit d’une évidence longuement mûrie. Une phrase qui prend tout son poids quand son auteur n'est autre que le petit frère de Hassan al-Banna, le fondateur des Frères musulmans en Egypte (et accessoirement le grand oncle de Tariq Ramadan).

    Le vieil homme poursuit: "Il est urgent de révolutionner l’islam". En Egypte, le discours de cet érudit atypique dérange. Gamal al-Banna est un musulman libéral, qui veut dépoussiérer la pratique religieuse, et bousculer une société que l’on dit promise à un intégrisme triomphant.

    "Al-Banna essaie de dire que le plus important, c'est la foi, et non la forme"

    Que dit-il? Non, le port du hijab n’est pas une obligation légale. Oui, la femme musulmane peut se marier sans témoin ni tuteur légal. Non, l’apostasie ne doit pas être punie par la mort. Nourries d'une étude scrupuleuse du Coran, ces affirmations sont perçues comme des provocations. Mouna Akouri, qui a consacré deux années de sa vie et un livre ("L’Enseignement de Gamal al-Banna", éd. Dar Al-Fikr Al-Islami, 2001) au penseur, le regrette:

    "Les gens ne saisissent pas le message, ils s’arrêtent à la lettre. al-Banna essaie de dire qu’en islam, le plus important, c’est la foi, et non la forme. Mais la plupart des gens rejettent ses idées sans réfléchir à leur signification."

    Car au-delà de quelques positions tranchées et médiatiques, c’est à "l’esprit" de l’islam que Gamal al-Banna souhaite retourner. Il le répète: "Le Coran est un guide pour les lecteurs, pas une science exacte." Il accuse ses coreligionnaires de se référer en permanence aux "hadiths", recueils des faits et gestes du prophète, et non au texte coranique. Il fustige:

    "Les hadiths ne sont que des paroles rapportées, fabriquées au gré des d’intérêts politiques et religieux, et indissociables du contexte qui les a vus naître. Il faut réinterpréter le Coran à l’aune de nos préoccupations actuelles."

    "Si mon frère avait vécu plus longtemps, les Frères musulmans seraient différents"

    Il serait difficile de le qualifier d’incroyant. Né dans un village du delta du Nil, il a été nourri aux sources de l’islam. Son père, horloger de métier, a consacré quarante années de sa vie à recenser, classer et commenter près de 45 000 hadiths, constituant ainsi un fond unique qui fait encore autorité aujourd’hui.

    Lorsqu’il apprend la mort son frère, en 1949, Gamal est en prison, arrêté à la suite d’une vague de répression dans les rangs des Frères musulmans.

    "Je n’ai jamais fait partie de cette organisation, mais comme j’avais fondé un petit groupe d’action politique, ils en ont profité pour me mettre à l’écart."

    Aujourd’hui, il dit entretenir avec lui un rapport "dialectique" et regrette:

    "S’il avait vécu plus longtemps, la Confrérie ne serait pas ce qu’elle est. Il était épris de justice, elle est avide de pouvoir. Le pouvoir corrompt les idéologies".

    Les audaces d’Al-Banna à l’encontre de l’establishment musulman lui valent aussi les foudres répétées d’Al Azhar. En 2000, au nom de "la préservation de la tradition", la plus haute autorité de l’islam sunnite censure son ouvrage "La Responsabilité de l’échec des états islamiques". Il y est question de l’intégration des musulmans dans les sociétés occidentales. "Si une musulmane ressent une gêne dans un pays étranger, mais souhaite se couvrir, elle peut utiliser un chapeau", écrit alors Al-Banna. C’est un tollé. Il répond à ses détracteurs:

    "Pourquoi les cheikhs d’Al Azhar accepteraient-ils de changer? Ils jouissent d’une telle considération dans le monde arabe! Mais ils ont oublié l’esprit de tolérance et de progrès qui a fondé l’islam. Ce genre d’attitude est à l’origine de la mauvaise image dont souffre notre religion en Occident."

    Son trésor: 13 000 ouvrages soigneusement classés, dans son appartement.

    Certes, il n’est pas le premier se réclamer du réformisme musulman. Mais à la différence de ces télévangélistes à la mode qui délivrent des fatwas sur commande, lui, prône un retour à l’ijtihad, l’interprétation personnelle du Coran. Sans doute car il est un des rares à s’être forgé une culture qui va bien au delà du cadre religieux. Son diplôme technique en poche, il a délaissé l’académisme familial pour les bibliothèques publiques. Classiques, auteurs islamiques, littérature occidentale: il dévore tout:

    "L’islam, c’est comme une forêt. Si tu restes, tu n’en vois que quelques arbres. J’essaie de regarder cette forêt de loin, pour mieux la comprendre."

    En disant cela, il parcourt des yeux son "trésor": 13 000 ouvrages soigneusement classés, qui tapissent les moindres recoins de son appartement. En bonne place, on y trouve les recueils de son père, les pensées de son frère, mais aussi la centaine d’ouvrages qu’il a écrits sur des thèmes très variés. "C’est le premier par exemple à s’être penché sur le marxisme, la république de Weimar et le syndicalisme", explique Mouna Akouri.

    En 1997, pour tenter de sortir sa pensée de sa confidentialité forcée, il crée "Fawziya", une association islamique, Grâce à elle, il fait éditer de petits fascicules, qu’il distribue à l’envi, au gré des conférences et débats qu’il continue d’animer malgré l’âge:

    "C’est long de changer les mentalités, mais les portes commencent à s’ouvrir. Souvent des gens m’appellent pour me dire combien ils adhèrent à mes idées. Mais ils préfèrent rester anonymes."

    Oseront-il bientôt dire cela en public?"

    Par Stéphanie Floray (Journaliste)
    http://www.rue89.com/2007/11/22/a-87...eformer-lislam

  • #2
    Il reste le plus sensé et le plus réaliste par rapport au reste de la famille, comme quoi prendre de l'âge pour certain à du bon

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    • #3
      Je ne connais pas l'auteur de ce Ijtihad "Gamal Al-Banna" mais ce qui est sûr c'est que la religion musulmane est souvent pratiquée sans savoir pourquoi, cela concerne la plupart des gens, du coup ils appliquent comme on leur a appris, autant leur apprendre de bonnes choses.

      Je ne suis pas d'accord avec ceux qui salissent l'islam, je m'explique: j'aime pas ceux qui se basent sur les versets "flous" pour en faire des certitudes parce que ça les arrange.

      Pour le reste, il est nécessaire, plus qu' "il est tamps" pour ne pas dire qu'on a pris du retard, de mieux comprendre cette belle religion.

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      • #4
        eh oui!

        Bonjour,


        Nous avons reduit le plus beau des cadres de vie, la plus naturelle et aisée des philosophie, en une collection de pratiques, de mouvements, de paroles mecaniques et transmises par tradition!

        SI on se croit musulman, alors devenons croyant.. et que le spirituel l'emporte!

        PS.
        pour ne pas me faire comprendre mal.. je ne suis pas contre la pratique physique (priere...) mais contre sa pratique 'vide'.

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