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Adoption: un combat pour porter l'enfant sur le livret de famille.

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  • Adoption: un combat pour porter l'enfant sur le livret de famille.

    La colère parfois dissimule toute l’émotion qui se dégage à l’écoute des paroles sorties du cœur, des cris de détresse emprunts d’affection et d’amour. Les témoignages des parents sur leurs enfants adoptés sont tellement poignants que l’on se demande pourquoi les législateurs algériens font-ils des lois qui desservent ceux qui les utilisent.


    Rosa Mansouri - Alger (Le Soir)
    - C’est en cette question même où résident toutes les entraves et obstacles rencontrés par les familles qui ont adopté des enfants, dans le cadre de la kafala. Lors d’un séminaire organisé hier à Alger par l’Association algérienne pour enfance et familles d’accueil bénévoles (AAEFAB), en collaboration avec l’Unicef et le Cidef, nombreux étaient les parents, que le destin a naturellement inscrits parmi les militants des droits pour les enfants adoptés, à faire valoir ces droits.

    «J’appréhende la rentrée scolaire», «comment inscrire mon enfant sur mon livret de famille ?», «dois-je dire la vérité à mon fils ?», «mon enfant n’est pas un x», ce sont là quelques préoccupations exprimées par les familles sur un registre de doléances de l’AAEFAB, lues hier par une parente. Inscrire son enfant sur son livret de famille est en effet la préoccupation majeure des parents adoptifs.

    «Nous espérons au moins un carnet de famille où la mention «kafil» est admise, afin que nos enfants y soient inscrits. La mention existe bien pour quatre épouses, pourquoi ne pas faire de même pour les enfants adoptés ?», a déploré Mme Guissoum, chargée de l’accueil des familles des enfants kafils. Mère adoptive, l’intervenante a manifesté toute sa peine à accepter et gérer les réactions de l’administration lorsqu’il s’agit de retirer l’extrait de naissance de l’enfant makful.

    «Nos enfants ont un guichet spécial au service de l’état civil et celui-ci est désigné du doigt avec mépris et humiliation», raconte-t-elle. Les enfants nés sous x ne peuvent-ils pas ainsi avoir une identité et une filiation comme tous les autres ? Mme Hamza, qui a représenté le ministère de la Solidarité nationale à ce séminaire, a toutefois affirmé que ce département a formulé plusieurs propositions d’amendements des textes réglementaires régissant cette frange de la société, afin de leur permettre une meilleure intégration sociale, notamment l’introduction de la mention makful dans le livret de famille, mais ces propositions n’ont pas été prises en compte. Autrement dit, le ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales ainsi que celui de la Justice refusent d’adopter cette proposition, acquise pourtant avant 1994. C’est à cette date que le ministère de l’Intérieur a effectivement mis fin à ce droit par une circulaire ministérielle.

    A ce jour, aucune nouvelle disposition n’est venue soulager la souffrance des familles et le traumatisme des enfants. La peine de se sentir abandonné ne suffit-elle pas, pour que ces enfants soient condamnés à vivre dans l’isolement identitaire, surtout quand on sait que les enfants kafil n’ont pas, non plus, droit à l’héritage familial ? Certains parents sont obligés de vendre leurs biens à leurs enfants afin que ceux-là ne soient pas privés, par la suite, de ces biens. Car, la donation pour les makfouline est également interdite par la législation algérienne. Pis encore, cette dernière, selon Me Nadia Aït Zaï, permet aux parents kafils de renoncer à l’enfant, si son éducation s’avère difficile, notamment pour ce qui est des enfants handicapés. Il s’agit là d’une aberration dénoncée par les familles qui militent pour les droits des enfants privés de famille.

    «L’enfant n’est pas une marchandise. La justice doit mettre des barrières pour empêcher ce genre de dépassements», défend Aït Zaï. Par ailleurs, les entraves administratives relatives aux enfants makfouline sont signalées chez les parents de nationalité algérienne et résidant en France. Préférant s’adresser à leur pays d’origine pour adopter un enfant, les Algériens résidant à l’étranger, en France particulièrement, vivent un véritable cauchemar. Les autorités consulaires françaises font vivre aux kafils des périodes d’attente de visas, dépassant parfois les limites de la patience. Les familles invitent ainsi celles-ci à traiter les dossiers d’adoption avec une meilleure souplesse, sachant que la législation algérienne délègue toute la responsabilité de la protection de l’enfant à son kafil. Une sortie du territoire d’un makful ne nécessite pas, de ce fait, une autorisation de la justice ou de la direction de l’action sociale.
    “La vérité est rarement enterrée, elle est juste embusquée derrière des voiles de pudeur, de douleur, ou d’indifférence; encore faut-il que l’on désire passionnément écarter ces voiles” Amin Maalouf
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