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Le CAC 40 est-il le bon thermomètre du marché ?

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  • Le CAC 40 est-il le bon thermomètre du marché ?

    La clôture de la séance du 31 décembre sonnera le vingtième anniversaire de la création du CAC 40. Depuis, il a connu des vicissitudes avec un plus bas le 29 janvier 1988 à 893 points, une plus forte baisse le 11 septembre 2001 (-7,4%) et une année noire en 2002 (-33,8%). Il a aussi connu des heures de gloire avec un plus haut le 4 septembre 2000 à 6944 points, une plus forte hausse (+7,3%) à la veille de la guerre d'Irak, le 14 mars 2003, et une année d'euphorie en 1988 (67,4%). Il a doublé dans ses deux premières années et il aura fallu attendre encore 9 ans pour qu'il passe de 2000 à 4000 points.

    C'est à Charles Dow que l'on doit, en 1884, l'invention du premier indice boursier : une moyenne des cours de 11 sociétés, dont 9 compagnies de chemins de fer ! Depuis, toutes les Bourses de valeurs possèdent leur propre indice, dont le but est d'en donner le pouls.

    Avec pour base 1000 à l'origine, l'indice de la Compagnie des Agents de Change est devenu l'indice de Cotation Assistée en Continu après la disparition du monopole des agents de change. Le CAC 40, indice phare du marché parisien, regroupe les 40 plus grandes valeurs par leur capitalisation boursière. Mais à la différence du Dow Jones, où chacune des 30 plus grosses capitalisations pèsent le même poids, l'indice CAC 40 est établi à partir de la moyenne pondérée par la capitalisation boursière des 40 sociétés qui le compose. Il est donc plus représentatif du marché que peut l'être le Dow Jones.

    En représentant 84% de la capitalisation des sociétés cotées à Paris, le CAC 40 donne une bonne appréciation du marché parisien. Pourtant, il présente quelques inconvénients. D'abord, il n'est pas représentatif de l'économie puisque les secteurs de l'énergie et de la finance rassemblent près de la moitié de la capitalisation boursière. Cette mauvaise répartition sectorielle le rend donc sensible aux aléas de ces deux secteurs. A l'heure où ils sont au plus haut, le CAC 40 marche fort, mais qu'en sera-t-il après un retournement de cycle ?

    Ensuite, le CAC 40 donne une idée trompeuse de la performance boursière du marché puisqu'il laisse croire à un rendement à deux chiffres. Depuis sa création il connaît une hausse de 9,5% par an. Or, il a été opportunément porté sur les fonds baptismaux lorsque la Bourse était à son plus bas, au lendemain du fameux lundi noir, le 19 octobre 1987. D'ailleurs dans les 3 mois qui ont suivi, le marché français a chuté de 23%. La performance historique de l'indice n'est donc pas à prendre pour référence.

    Pour gommer cette illusion, il faudrait s'en tenir à la performance à long terme du marché, qui entre 1900 et 2006 a connu une hausse moyenne de 7,6% (hors dividendes). On rétorquera que le CAC 40 n'a pas été éprouvé par les deux guerres mondiales, ni par la crise de 1929. Il a pourtant traversé les deux guerres d'Irak, le krach de 1987, les crises des années 1997 et 1998. D'ailleurs, si le CAC 40 avait été créé un an plus tard, il vaudrait aujourd'hui 3620 points (pour un indice affiché à 5700) et sa hausse moyenne annuelle n'aurait été que de 7%, un taux de croissance plus cohérent avec les taux historiques.

    Ainsi, le CAC 40 ne donne que la température de la Bourse, pas celle de l'économie. Il a montré une forte progression depuis 1988, mais croire qu'il continuera sur sa lancée, avec une croissance proche de 10% par an, est illusoire.

    Par Didier Coutton- Docteur en Sciences de gestion et Professeur à l'Istec- La Tribune
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