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Vénus au passé tourmenté

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  • Vénus au passé tourmenté

    Les planètes non plus n’échappent pas à leur destin. Qu’il soit heureux, dans le cas de notre bonne vieille Terre, ou tragique, pour ce qui est de Vénus, notre très inhospitalière voisine.

    Au moment de leur formation, il y a 4,5 milliards d’années, les deux jumelles du système solaire, de par leur masse et leur taille (Vénus est légèrement plus petite que la Terre), avaient pourtant de nombreux points communs. Toutes deux recelaient d’importantes quantités de gaz carbonique (CO2) et surtout d’eau liquide, au point de probablement recouvrir une partie de la surface vénusienne de véritables océans !

    Mais aujourd’hui, cette eau si précieuse à la vie n’est plus présente qu’à l’état de traces sur celle que l’on surnomme encore l’Étoile du Berger. Quant au CO2 atmosphérique, que la Terre a «piégé» à très grande échelle dans des sédiments rocheux sous forme de carbonates (le calcaire, notamment), il a transformé Vénus en une véritable fournaise, avec une température moyenne au sol de 457 °C (contre 15 °C sur Terre…) et une pression phénoménale de 92 bars. La plus grande proximité du Soleil n’explique pas, tant s’en faut, des conditions aussi extrêmes. De fait, l’abondance du CO2, qui représente à lui seul 96,5 % de l’atmosphère vénusienne, engendre un effet de serre dix fois plus intense que celui qui règne naturellement sur Terre et sans lequel nous grelotterions de froid, avec une température moyenne de – 15 °C, contre un peu moins de 100 °C sur Vénus !

    Comment deux planètes si ressemblantes au départ ont-elles pu évoluer de manière aussi divergente au fil du temps, en particulier sur le plan climatique ? C’est pour répondre à cette question que l’Agence spatiale européenne a lancé, il y a tout juste deux ans, la sonde planétaire Venus Express, dotée de sept instruments de télémesure et dont les premières observations ont été transmises vers la Terre dès avril 2006.

    Les principaux auteurs de la série de neuf articles publiés ce matin dans la revue scientifique Nature, dont deux astronomes français, Jean-Loup Bertaux, du CNRS, et Pierre Drossart, de l’Observatoire de Paris-Meudon, ont présenté leurs résultats à la presse, hier, au siège de l’ESA à Paris.

    Une dynamo au ralenti

    «Les différences entre les deux planètes sont beaucoup moins mystérieuses que nous le pensions, notamment sur le plan climatique», souligne Hakan Svedhem, responsable du projet Venus Express à l’ESA.L’équipe dirigée par le géophysicien américain Christopher Russel, de l’Université de Californie, a notamment détecté pour la première fois des éclairs au sein des épais nuages d’acide sulfurique qui recouvrent et occultent totalement la surface du Vénus

    Deuxième enseignement : les mécanismes de circulation atmosphérique à basse altitude (c’est-à-dire jusqu’à 45 à 60 km de haut !) sont de même type que sur Terre mais d’une intensité infiniment supérieure, avec des vents trois fois plus puissants.

    Au-delà, la quasi-absence de champ magnétique interne expose la haute atmosphère à l’érosion des vents solaires. Il faut savoir que la vitesse de rotation de Vénus sur elle-même est extrêmement lente : de l’ordre de 243 jours terrestres. Soit plus qu’il ne lui en faut pour tourner autour du Soleil (l’année vénusienne dure 225 jours). Résultat : telle une dynamo tournant au ralenti, Vénus est incapable de générer un champ magnétique assez puissant pour se protéger des vents solaires, comme c’est le cas sur Terre. L’équipe de Stas Barabash, de l’Institut de physique spatiale de Kiruna (Suède), est parvenue à mesurer le flux d’ions hydrogène, hélium et oxygène qui s’échappent ainsi de l’atmosphère vénusienne. Ces particules provenant de la dissociation de la vapeur d’eau, le processus pourrait expliquer comment notre planète jumelle s’est progressivement asséchée. Or, sans océan, la vie n’a aucune chance d’apparaître et le CO2 ne peut être stocké dans les sédiments.

    «Il est surprenant de constater que Vénus perd encore de son eau, souligne Jean-Loup Bertaux. Vu sa rareté, cela signifie que ce liquide a dû être très abondant par le passé mais qu’il s’est vaporisé sous l’action de l’effet de serre et s’est dissocié en ions oxygène et hydrogène une fois parvenu dans la *haute atmosphère, avant que ces éléments ne soient eux-mêmes entraînés dans l’espace par les vents solaires.»

    Aujourd’hui, deux hypothèses opposent les planétologues : soit Vénus et la Terre recelaient la même quantité d’eau au départ, soit notre planète a bénéficié par la suite d’apports extérieurs (comètes, astéroïdes). Connaître la réponse permettrait de savoir si l’eau liquide est abondante ou non dans les exoplanètes de taille comparable. Venus Express, dont la mission a été prolongée au moins jusqu’à la mi-2009, a encore bien des mystères à éclaircir.

    Par le Figaro
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