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La Fédération des élus des musulmans du département de Constantine

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  • La Fédération des élus des musulmans du département de Constantine

    La Fédération des élus des musulmans du département de Constantine : à l’Est se lève la notabilité ? (1930-1943)
    FROMAGE Julien
    Université Denis Diderot-Paris 7

    Association de type loi 1901, la Fédération des élus des musulmans du département de Constantine (FEMDC), fut fondée le 29 juin 1930 à Constantine en présence de 100 élus du département réunis au cinéma le Nunez. Sa place centrale dans l’histoire sociopolitique de l’Algérie de l’entre-deux-guerres est d’abord attestée par la profusion des investigations effectuées par les services de renseignement de la colonie, dont les archives portent la trace. Pour le pouvoir de l’époque la fédération fut, sous la conduite du Dr Bendjelloul, le principal ennemi du système colonial de 1933 à 1939.

    L’historiographie de la période, atteste cette centralité dans le champ politique. Pourtant, aucune étude de fond n’a été entreprise jusqu’à ce jour sur la fédération, pas plus que sur son leader[1]. Les élus ont été, tour à tour, intégrés dans l’analyse historique comme partie prenante du mouvement Jeune Algérien, des notabilités, des « évolués », des « francisés » ou encore des « intellectuels ».

    Disons-le d’emblée, ces catégories ne recouvrent qu’imparfaitement le mouvement fédéral. Du reste, sa définition reste floue dans les écrits historiques. Au mieux il est réduit à son combat pour l’intégration dans la cité française dans le cadre de la lutte pour le vote du projet Blum-Viollette, au pire il est rejeté parce qu’il ne cadre pas avec ce qu’Omar Carlier a analysé comme une histoire nationaliste du mouvement national algérien. L’échec final de la démarche, appréciée au regard de l’élitisme qui lui fut imputé, détourna les historiens de cet objet central dans la période.

    Nous ne prétendrons pas instruire ici un procès historiographique, ni démêler les logiques mémorielles qui le sous-tendent en partie. Plus modestement, nous essaierons de définir une trame événementielle et d’apprécier le rôle des élus dans la politisation des populations algériennes. Nous retracerons donc, dans un premier temps, l’évolution chronologique du mouvement fédéral, avant de nous interroger sur la pratique politique des élus. Notre propos sera sciemment borné à la période 1930-1943 et, spatialement, au Constantinois principalement. Nous n’aborderons pas dans le détail les questions doctrinales et programmatiques, pas plus que le rapport des élus à leurs interlocuteurs français. Enfin, nous focaliserons notre attention sur la fédération pour elle-même. La question des relations entre les divers groupes politiques algériens ne sera donc évoquée que brièvement.

    L’expérience fédérale au cœur des années 1930

    Origines et montée en puissance du djelloulisme (1930-1935)

    Revendiquant l’héritage du mouvement Jeune Algérien[2], les élus fédérés ne se distinguent guère de leurs aînés par leurs aspirations au moment de la création des Fédérations des élus des musulmans des départements d’Oran et de Constantine, respectivement les 11 mai et 29 juin 1930.

    Dans le vacuum politique laissé par le retrait de l’émir Khaled, la naissance de ces fédérations départementales pourrait être considérée comme une énième reprise du mouvement des « évolués »[3]. Elle procède, en effet, d’un certain opportunisme, face aux célébrations du Centenaire de la prise d’Alger.

    Venant en contrepoint de la Fédération des maires d’Algérie et des comités locaux et départementaux du centenaire des élus européens, les fédérations d’élus algériens sont également inspirées par les « indigénophiles », l’ex-gouverneur général Maurice Viollette en tête. Au regard des expériences antérieures, ces fédérations matérialisent cependant dès 1930 une double inflexion : le passage de l’échelle individuelle ou du petit nombre à la mise en réseau d’une part, le déplacement du cœur politique de l’Algérie vers l’est d’autre part.

    La FEMDC se distingue rapidement des autres fédérations départementales[4] par son activisme et la radicalisation de ses pratiques sous la férule du Dr Bendjelloul. De 1931 à 1933 s’opèrent l’exclusion des plus modérés[5] et l’émergence d’une nouvelle génération d’élus, dominée par les professions libérales[6]. Sur quelle formule politique s’appuie le spectaculaire développement de ce qu’on appelle alors le djelloulisme ?

    La conquête et l’extension du champ politique constantinois passent nécessairement par la structuration du mouvement. Ce processus est initié dès 1931 par Chérif Sisbane qui renforce la présidentialisation de l’organe fédéral préalablement à la visite des commissions d’enquête sénatoriale et parlementaire conduites par Maurice Viollette et Pierre Taittinger en avril 1931. C’est au cours et à la suite de cette visite que le Dr Bendjelloul, démissionnaire de son poste de médecin de colonisation, se démarque du lobbying respectueux des leaders modérés de la FEMDC. Les premiers contacts sont pris avec Viollette, ils ne cesseront de se renforcer jusqu’à l’avènement du Front populaire. Profitant de sa position géographique centrale, de ses racines dans la notabilité citadine, de ses affinités avec le mouvement Ouléma de son cousin Abdelhamid Benbadis, du patronage des pionniers Jeunes Algériens ou du soutien du publiciste Rabah Zénati, Mohammed-Salah Bendjelloul renverse la direction de la fédération au terme d’une lutte de près d’un an et demi, le 27 avril 1933.

    Dans un premier temps, il poursuit l’œuvre de concentration des pouvoirs initiée par son prédécesseur : la Fédération s’installe 8 rue de Chabron, dans l’appartement mitoyen de son cabinet médical. Le Dr Bendjelloul met sur pied une double délégation à Paris en mai et juin 1933[7], pour faire pièce à la circulaire Michel et à l’attentisme français en matière de réformes.

    Le retournement est de taille. Les hommes sont renouvelés[8], les objectifs et modes politiques bouleversés. La fédération rejette le rôle d’interface passive joué par les élus entre l’Administration et les populations musulmanes. Le projet est anticolonial : il implique le refus par principe des institutions et règles du colonialisme que sont le gouvernement général, les Affaires indigènes, l’indigénat, le code forestier et, au politique, la non-représentation des Algériens au Parlement.

    Un premier groupe - Bendjelloul et les Algérois Chekiken, Zerrouk et Ben el Bey - se rend à Paris et à Dreux du 11 au 19 mai 1933 pour le jubilé politique de Maurice Viollette. Le ministre de l’Intérieur, Camille Chautemps, leur fait bon accueil et encourage l’idée d’une délégation d’élus. De retour en Algérie, la FEMDC est mise sur le pied de guerre. Bendjelloul et les cadres du mouvement sillonnent le département pendant trois semaines, haranguent les foules en choisissant les jours de marché, à l’instar de l’émir Khaled. Ils recueillent également les doléances et collectent les fonds nécessaires à la délégation de juin menée de pair avec les élus algérois et oranais. Ces préparatifs sont effectués avec minutie et rigueur. Le Dr Bendjelloul édite un règlement intérieur pour la délégation constantinoise. Une stricte discipline est imposée[9], sous l’autorité d’un comité directeur. Les délégués sont « tenus d’avoir la coiffure nationale [le fez ou la chéchia] dans la journée et pendant les démarches officielles ou officieuses [...] ils doivent les dissimuler lorsqu’il s’agira d’aller visiter les salles de spectacle parisienne ou autres ».

    L’échec de la délégation, en dépit de ces lourds préparatifs, est un camouflet humiliant pour les élus. L’intervention du gouverneur général Carde, des colons et du tout puissant sénateur Duroux d’Alger font plier gouvernement et parlementaires. Les élus optent pour la démission collective[10], marquant un peu plus leur refus d’être des agents subalternes du système colonial. Pour légitimer leur projet réformiste ils partent à la conquête d’une opinion publique algérienne encore largement latente.

    Parallèlement à la concentration des pouvoirs au sein de la FEMDC, la stratégie fédérale implique une mise en réseau des lieux existants de la sociabilité au service du projet réformiste. L’exemple constantinois donne à voir l’implication des élus dans la genèse du temps social algérien[11]. Ces sociabilités ne sont pas inféodées de manière univoque ou complète au projet fédéral. L’action des élus n’en démontre pas moins la volonté de sortir du milieu étroit de la notabilité musulmane, en direction des plus démunis, des jeunes, des intellectuels, etc. L’approche reste segmentaire dans son essence[12] mais vaut par la mise en relation de différents groupes sociaux qui d’ailleurs se recoupent souvent. Quant à la presse, elle reste le forum privilégié du groupe de tête eu égard à la politisation. Projets et discours recoupent largement l’action des oulémas[13].

    La conquête des urnes reste néanmoins un préalable nécessaire à la revendication réformiste. De ce point de vue, les élections au conseil général d’octobre 1934 et aux Délégations financières de janvier 1935 marquent un tournant décisif. Pour la première fois, les élus présentent des listes élaborées au sein du conseil d’administration de la fédération dans toutes les circonscriptions. Le succès est convainquant. Il valide la stratégie transgressive des élus et de leur leader. Réprimandé à plusieurs reprises pour violence sur les agents coloniaux algériens lorsqu’il était médecin de colonisation, le Dr Bendjelloul mène en effet la résistance fiscale à Aïn M’Lila en 1932. Sa condamnation en septembre 1934, pour avoir giflé un inspecteur de police durant les émeutes antijuives d’août, fait de lui un za’im, voire un mahdi[14].

    Ainsi, le mouvement des élus, emmené par Bendjelloul à partir de 1931-1932, matérialise la montée en puissance d’une génération nouvelle, innovante et plus radicale, et l’émergence d’un leader.

  • #2
    Le mouvement élu du Front populaire à la guerre : apogée et éclatement de la formule fédérale

    La séquence chronologique 1935-1943 a été intensément étudiée par les historiens de l’Algérie. Nous n’en rappellerons ici que les phases principales eu égard aux élus fédérés avant de revenir sur deux points qui demandent à être éclaircis pour mieux appréhender l’histoire de la fédération.

    Alors qu’en France le Rassemblement populaire se dessine, l’année 1935 est en Algérie celle du raidissement colonial face au « malaise algérien », thème popularisé par les élus du Constantinois[15]. Les violences persistent, notamment en février à Sétif, et le ministre de l’Intérieur radical Marcel Régnier visite l’Algérie en mars. La politique de fermeté est à l’ordre du jour face à l’activité des élus, des oulémas mais aussi de l’Étoile Nord-Africaine ou encore des Croix de Feu. Le décret Régnier du 30 mars et ses suites en octobre[16] apportent une réponse dénuée d’ambiguïté au plaid de Maurice Viollette devant le Sénat quelques jours plus tôt. Les réformes sont au mieux ajournées. Du reste, les services de renseignements civils en Algérie sont réorganisés pour faire pièce aux agitations[17]. En guise de consolation, dix Algériens sont intégrés à la commission interministérielle des Affaires musulmanes le 17 septembre, les élus en sont. La fin de l’année 1935 est marquée par l’approche infructueuse des étoilistes auprès du Dr Bendjelloul[18].

    L’historien est surpris par le relatif attentisme de la fédération constantinoise alors même que les municipales de 1935 confirment son emprise sur les mandats du département et qu’elle lance son propre organe de presse, L’Entente, le 29 août. La crise est essentiellement due aux réticences internes à l’égard de l’omnipotence du Dr Bendjelloul[19]. Sa gestion hiératique et patrimoniale des mandats est remise en cause[20], tandis que ses choix stratégiques sont attaqués par la faction qui se constitue autour de Ferhat Abbas, du Dr Saadane et de l’avocat Mostefaï. Dès le 25 janvier 1934, Abbas avait posé la question du passage au parti[21]. En novembre 1935, El-Mouffok interroge le bureau de la fédération : faut-il continuer à collaborer avec les autorités françaises ? Bendjelloul répond par la positive, et son avis prévaut. Cependant, la remise en cause de son attitude est réelle. Les élus questionnent son leadership attiédi par sa rencontre privée avec le ministre Régnier en mars 1935. Cette crise interne suscite un vide dans l’initiative politique. L’opportunité est saisie par les oulémas.

    Le 3 janvier 1936, le cheikh Benbadis lance son appel à une union des forces politiques[22] algériennes alors que la victoire du Front populaire aux législatives du printemps 1936 se profile. Après quelques passes d’armes avec les élus, oulémas, socialistes et communistes œuvrent de concert pour préparer le rassemblement du 7 juin 1936. La plateforme politique contenue dans la charte revendicative du Congrès musulman algérien (CMA) est plus large que celle des élus sur la question de la citoyenneté mais ceux-ci occupent néanmoins le cœur du dispositif[23]. En juillet 1936, le CMA envoie une délégation à Paris présidée par le Dr Bendjelloul. Léon Blum et Maurice Viollette les reçoivent le 24 juillet. De retour en Algérie, les délégués organisent le rassemblement du stade d’Alger le 2 août au cours duquel Messali Hadj intervient. Toutefois, le Dr Bendjelloul reste dubitatif quant à l’issue favorable des réformes défendues par le rassemblement des forces politiques algériennes[24]. Il perçoit surtout l’instrumentalisation que pourrait en faire le lobby colonial.

    La tactique des élus vise alors à miner le CMA en sous-main pour reprendre la tête du mouvement politique algérien, tout en maintenant une pression continue sur le gouvernement à Paris. En Algérie, suite aux révélations du Temps le 10 octobre, les maires menacent de démissionner si le projet du ministre d’État Viollette est déposé. Les élus reprennent la menace à leur compte fin décembre quand le gouvernement annonce le dépôt du projet de loi Blum-Viollette.

    De janvier 1937 à mars 1938, le front réformiste des oulémas aux socialistes se reconstitue derrière les élus. Les délégations individuelles et collectives se succèdent à Paris. Les élus et colons européens d’Algérie se mobilisent en masse pour contrecarrer l’avancée du projet. La tension est maximale du printemps 1937 à mars 1938[25]. Le 28 juillet 1937, les cadres du mouvement élu votent la démission générale : 3 600 élus fédérés remettent leur mandat en août et septembre 1937

    Le contexte algérien reste violent, Bendjelloul et Saadane échappent à Biskra aux coups de feu des policiers qui font deux morts et quatre blessés parmi leurs partisans le 6 février 1938. Entendus par la commission parlementaire le 24 février, les élus croient l’issue proche lorsque celle-ci adopte le premier article d’un projet Blum-Viollette largement étendu. Le 3 mars les élus européens démissionnent en masse et le gouvernement tombe alors que l’Allemagne annexe l’Autriche. En dépit des efforts des députés socialistes d’Algérie Régis et Dubois, le projet Blum-Viollette est définitivement enterré.

    Mis en échec, confrontés à une nécessaire révision de leurs programmes et de leurs méthodes, les élus fédérés se divisent sur la stratégie à tenir. Ferhat Abbas, véritable serpent de mer au sein de la Fédération depuis 1934, plaide pour le passage au parti. Le Dr Bendjelloul reste partisan d’un conglomérat de structures autonomes, plus large et plus souple, reprenant la formule du CMA. L’Union populaire algérienne pour la conquête des droits de l’homme et du citoyen et le Rassemblement franco-musulman algérien naissent à l’été 1938 mais ne recueillent pas le succès escompté[26]. Dans le même temps, les élus reviennent sur leur choix de ne s’aligner sur aucun parti français. Le 7 avril, ils lancent leur quotidien, Constantine Républicain[27], avec l’aide des socialistes. À l’été 1938, ils s’allient à la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO) qui grâce à leur appui emporte les mairies de Sétif et Constantine.

    Si le problème de la FEMDC est alors structurel, son audience reste sans égale jusqu’à la guerre, comme le démontre les 150 000 à 200 000 personnes qu’elle mobilise dans son département, le 11 avril 1939, pour protester contre l’invasion de l’Albanie.

    Peu à peu l’organisation se délite avec la guerre. L’Entente et la fédération sont mises en sommeil avec l’engagement du Dr Bendjelloul et de Ferhat Abbas en septembre 1939. Démobilisés le 14 juillet 1940, les leaders élus, démis de leurs mandats par Vichy, sont confinés à leurs activités sociales, positions de refuge et d’attente. En 1941, ils reprennent individuellement leurs activités : Abbas envoie son mémorandum L’Algérie de demain à Pétain en avril ; il quitte la FEMDC avec le Dr Saadane en août[28]. Bendjelloul refait surface à Constantine à l’été 1942 : il rassemble 12 000 personnes au cimetière pour protester contre le régime et contre l’arrestation de Gandhi par les Anglais ; peu après il organise une manifestation contre le gouverneur général Yves Châtel en visite dans la ville du Rocher. En dépit de leurs divergences, Abbas et Bendjelloul collaborent après le débarquement allié de novembre 1942. Tous deux sont impliqués avec quelques élus dans les discussions avec les oulémas, le Parti du peuple algérien (PPA) et des notables algériens qui aboutissent au Manifeste et à son Additif en 1943[29]. La rupture définitive intervient avec le discours de Constantine de De Gaulle, le 12 décembre 1943[30], et le décret qui s’ensuit le 7 mars 1944, sorte de second projet Viollette. Bendjelloul opte pour l’option gaulliste et assimilationniste, Abbas choisit l’autonomie. La Fédération des élus disparaît après la réunion de son dernier conseil d’administration le 24 mars 1944.

    Suite à cet exposé rapide de la trame événementielle de l’activité fédérale, deux points méritent d’être approfondis pour tenter d’éclairer d’un jour nouveau les débats historiques : d’un côté le parcours de Ferhat Abbas au sein de la Fédération, de l’autre la controverse autour de son article « En marge du nationalisme : la France c’est moi », paru dans L’Entente le 27 février 1936.

    D’emblée il apparaît que la figure de Ferhat Abbas a fait l’objet d’une distorsion historiographique au regard de sa place réelle au sein de la fédération et des années 1930 en général. Cette surreprésentation, au détriment du Dr Bendjelloul en particulier, s’explique sans doute par un « effet de source » : Abbas fut, des années 1920 à la guerre, l’une des meilleures plumes de l’Algérie politique. Cette disposition lui assura une visibilité pour l’historien. En outre, Abbas, contrairement aux autres « évolués », président du Gouvernement provisoire de la République algérienne de 1959 à 1961 puis de l’Assemblée nationale algérienne, appartient au camp de vainqueurs de l’histoire nationaliste du nationalisme algérien. Toutefois, son parcours au sein de la fédération n’est nulle part précisé.

    Commentaire


    • #3
      Installé à Sétif en 1933, marié à la fille du conseiller général Benkhellaf de Djidjelli, il se rapproche alors de la Fédération. Élu conseiller municipal cette même année, il intègre officiellement la Fédération, suite au pogrom de Constantine, le 28 septembre 1934. Il est alors désigné par Bendjelloul comme candidat fédéral aux élections d’octobre 1934[31]. Recruté pour sa plume et son engagement, il agit comme ferment de radicalisation hors puis dans la Fédération à partir de 1934, portant en particulier le projet de parti politique. C’est au cours de l’automne 1936, dans sa défense du Dr Bendjelloul face à l’opposition d’une partie du Congrès musulman, qu’il gagne ses galons de premier lieutenant du Dr Bendjelloul. Son retournement vers l’autonomisme, début de sa prise de distance à l’égard de la fédération et de son leader, daterait de février 1938 lorsqu’il conduisit la délégation des élus à la Commission du suffrage universel[32]. Les propos échangés avec le président Lebrun lui firent alors prendre conscience de l’impossibilité d’intégrer l’Algérie et ses populations à la France[33]. Levier important de l’action et de la pensée des élus, Abbas n’en eut jamais le contrôle. Sa rivalité avec Bendjelloul fut bien une raison centrale dans sa sortie de la fédération, s’ajoutant au différend croissant quant à son organisation et à son programme.

      En février 1936, la figure d’Abbas n’est en rien comparable à celle de Bendjelloul. Il fait partie des cadres du mouvement[34]. Son article « La France c’est moi » a pourtant justifié la classification officielle des élus comme « francisés » et, in fine, comme antinationalistes, par opposition à la réponse célèbre du cheikh Benbadis dans La Défense en avril. Tout d’abord, comme l’ont fait remarquer Ahmed Koulakssis et Gilbert Meynier, la phrase qui a fait couler tant d’encre : « Et cependant je ne mourrai pas pour la patrie algérienne parce que cette patrie n’existe pas ? », est interrogative[35]. D’autre part, sans entrer dans le vaste débat sur le nationalisme en creux, avéré ou non, des élus, le travail de l’historien face à des enjeux de mémoire bien compréhensibles est, en première intention, d’éviter l’« essentialisation » des points de vue et des concepts, de replacer les mots et les faits dans leur contexte. Or, celui de la publication de cet article semble avoir été singulièrement négligé.

      Le 6 février le Dr Bendjelloul publie dans L’Entente un article intitulé « L’Algérie à feu et à sang ». Il y attaque la gestion tyrannique de l’Administration et traite le gouverneur général de « dictateur sanguinaire »[36]. Le 21 février, Le Temps, vraisemblablement sur demande des Affaires indigènes, publie un article intitulé « L’agression » à la veille de l’ouverture de la session du Haut Comité méditerranéen. Il accuse les Algériens de ne pas payer l’impôt et traite les élus de nationalistes et les oulémas de panislamistes et de racistes[37]. Les élus, indignés, interviennent à Paris auprès de Maurice Viollette, par l’intermédiaire d’Amar Naroun, pour qu’il fasse pression sur l’auteur de l’article, Poulaine, et qu’un correctif soit publié. Le 27 février, Abbas, impatient, publie son article[38] « La France c’est moi », dans lequel il prend la défense des oulémas, pour leur action éducative et religieuse, là où la France dédaigne ses devoirs à l’égard des Algériens. Son article est une menace à l’État colonial, le « moi » du titre n’est pas Abbas mais bien l’Algérien colonisé, la force du nombre. Cet article ne suscite pas de réaction des oulémas. Les élus partent en délégation à Paris et le 18 mars le Dr Bendjelloul donne une interview au journal Paris-Midi indiquant qu’il n’y a pas de mystique du projet Viollette, qu’un autre projet pourrait être acceptable car la représentation parlementaire seule compte. Ce discours est destiné aux Français de métropole et aux parlementaires en premier lieu. Les oulémas s’en offusquent et saisissent l’occasion de disputer le leadership élu, d’autant que leur projet d’union des forces politiques algériennes est resté jusque-là lettre morte chez les fédérés. Le 20 mars, Lamine Lamoudi écrit dans La Défense, « La France ce n’est pas toi », s’en prenant nommément à Abbas et à travers lui aux élus. Enfin, début avril, le cheikh Benbadis monte lui-même au créneau.

      L’affaire pour être comprise gagne donc à être replacée dans son contexte. Les oulémas par leur prise de position hostile obtiennent le ralliement des élus au Congrès. Ces brouilles entre les deux groupes sont fréquentes sans que se démente pour autant leur profonde solidarité. Le débat essentialiste sur la terminologie employée n’éclaire pas ici la controverse d’ailleurs douteuse sur les « origines » du nationalisme. La classification rigide, a posteriori, des groupes politiques semble peu en adéquation avec les faits historiques. Le 11 juin 1936, le cheikh Benbadis déclare dans L’Entente que la Fédération des élus des musulmans du département de Constantine « a appris aux Algériens à se servir du bulletin de vote et à penser politiquement »[39].

      La pratique politique des élus

      Le temps de l’élection : l’exemple de la séquence 1934-1935

      Nous nous intéresserons ici aux élections au Conseil général et aux Délégations financières de l’automne 1934 et de janvier 1935, situées au cœur même du franchissement de ce « versant décisif » des années 1934 et 1935 évoqué par Jacques Berque.

      Pour profiter du rehaussement de la renommée du Dr Bendjelloul, suite à sa condamnation le 19 septembre 1934, le réseau fédéral diffuse la nouvelle avec vélocité dans tout le département. Les élus sont entrés en campagne et y resteront jusqu’à la fin janvier, après s’être accordés avec les oulémas[40].

      Vient alors l’organisation des élections proprement dite. Le choix des candidats est collégial mais le critère de fortune entre en compte, chaque candidat désigné versant 20 000 francs à la fédération pour les frais de propagande. Les candidats désignés doivent signer une profession de foi type. En revanche, les élus s’opposent à l’achat des voix. Ils préfèrent recourir à un arsenal de propagande plus conforme à leurs aspirations légalistes, sans négliger certaines formes de persuasion plus ancrées dans les pratiques « notabiliaires ».

      Ainsi, des comités de campagne sont mis sur pied dans chaque circonscription, dirigés par un conseiller municipal relayé par des présidents et membres de djemaa. Le recours à la presse, au tract bilingue ou en arabe et l’impression de bulletins de vote est massif, avec l’aide notamment de l’Imprimerie musulmane du cheikh Benbadis. Le Dr Bendjelloul effectue de nombreuses tournées dans les circonscriptions pour soutenir les candidats désignés. Celles-ci sont très minutieusement préparées[41]. Sur une si longue période, la validité de cette stratégie vaut par la répétition, l’occupation de l’espace et le jeu sur le prestige du chef. Les élus sont également soutenus par le réseau associatif, à l’instar de l’Amicale des instituteurs d’origine indigène. De manière plus traditionnelle peut-être, ils louent les services de crieurs publics les jours de marché et embauchent des poètes itinérants qui chantent les louanges du Dr Bendjelloul et des élus « seuls véritables défenseurs de la religion musulmane »[42]. La période électorale est également festive, à l’image de la soirée musicale réunissant 300 personnes au Cercle de l’Union de Constantine le 6 janvier, en présence des élus et des oulémas[43]. Enfin, le Dr Bendjelloul fait distribuer de grandes quantités de pain et de viande aux indigents par le Comité des Meskines en novembre et décembre.

      Pour autant, la profonde implication, la diversité des modes d’action et la rigueur de la préparation s’opposent à des difficultés bien réelles. Dans un contexte social dur depuis l’été 1934 l’Administration met tout en œuvre pour contrecarrer l’action fédérale. Ainsi, début janvier elle tente d’acheter les candidatures de caciques locaux[44]. Elle s’offre également les services d’élus fédéraux frustrés par leur non-désignation, tels Djendi et Ali Abbès. Le publiciste Zénati, en rupture de ban à la fédération se vend à l’Administration[45]. Par ailleurs, des pressions sont exercées pour priver la Fédération de ses relais associatifs[46]. Les employés de l’Administration soutenant les élus sont réprimandés pour leurs engagements, y compris s’ils agissent en dehors du cadre de leur emploi[47]. Toutes les manœuvres sont bonnes pour endiguer la progression des élus réformistes : 700 électeurs sont radiés des listes électorales de Constantine ; la circonscription de Bougie est modifiée à la dernière minute pour empêcher la victoire du Dr Hadj Ali ; l’administrateur d’El-Milia confisque les bulletins de vote distribués par les élus et fait emprisonner l’un de leurs partisans ; partout les caïds menacent les électeurs. La veille du scrutin du 27 janvier, le Dr Bendjelloul se voit interdire la parole lors de la dernière réunion publique alors même que son rival vient de s’exprimer. Les élus envoient des assesseurs dans chaque bureau de vote mais l’Administration répond que les présidents de bureaux ne sont pas tenus de les accepter. Plus symptomatique encore de la résolution de l’Administration, le 23 janvier, à une vingtaine de kilomètres de Bône, le convoi automobile des élus est attaqué à coups de fusil et de pierres par le caïd local et ses hommes, faisant trois blessés légers.

      Face à ces exactions et ces violences, des hommes politiques métropolitains s’émeuvent[48]. La situation apparaît même choquante au sénateur de Batna Paul Cuttoli, pourtant peu suspect de sympathie à l’égard des réformistes Algériens. Il demande le 26 janvier au maire de Philippeville que les pressions soient arrêtées et la liberté de vote assurée.

      Dans ce contexte peu favorable les élus emportent pourtant deux des six sièges aux Délégations financières et huit des douze sièges au Conseil général[49].

      Commentaire


      • #4
        Le temps quotidien : temps plein de l’action fédérale

        L’activité des élus hors du temps électoral est protéiforme et, à tout prendre, insatiable. Certains de ses traits particuliers ont bien été relevés par les historiens de l’Algérie des années 1930. Démissions, délégations à Paris et Alger et tournées dans le Constantinois sont ici l’alpha et l’oméga de l’action politique, ou du moins son aspect le plus visible. Le recours aux boycotts commercial et fiscal, la création d’écoles arabophones et d’associations diverses, l’usage des tournées à des fins d’éducation politique et culturelle, l’érection de la presse en forum de débat à l’échelle du pays ou le « rôle de boîte aux lettres pour les doléances des particuliers », pour citer Ferhat Abbas, inscrivent plus profondément le projet des élus dans la société de leur temps. Il faut ici comprendre que leur pratique va du social au politique pour faire retour au premier dans l’espoir de le dynamiser. Les gestes, paroles et engagements sont toujours voués à un auditoire double, notamment dans la transgression, à l’instar de la gifle fameuse du Dr Bendjelloul à l’administrateur Logeard d’Aïn M’Lila en mars 1937. Le message élu vise les tenants du système colonial tout autant que les Algériens. Se plaçant à l’articulation de deux univers sociaux, les élus tentent d’influer sur l’un et sur l’autre et sur l’un par l’autre. La posture est fragile. Elle nécessite une souplesse et une largeur de vue que la forme fédérale permet. Le passage au parti est en ligne de mire mais il n’aurait pas de sens sans une politisation accrue des masses. Massification et création d’une symbolique du politique vont de pair et appartiennent au projet des élus réformistes. Les exemples des manifestations du 11 avril 1939 et de l’érection du cimetière en lieu du politique en donnent la preuve.

        Le développement des réunions de masse dans le cadre de l’élection en Algérie est en général à juste titre imputé au mouvement des élus du Constantinois. Cette entreprise de massification du politique va bien au-delà du cadre électoral. Dès mai 1934, élus et oulémas regroupent 10 000 fellahs du département au lieu-dit la Cuvette-des-Pins dans le bois de Mansourah, près de Constantine. La manifestation est préparée quinze jours à l’avance et un cérémoniel particulier se met en place, associant prière, harangues sur le droit à la langue arabe et à la religion musulmane et serment collectif. La mobilisation des populations, stigmate de leur politisation, atteint des sommets jusqu’alors inconnue le 11 avril 1939 lorsque les élus mettent sur pied trente et une manifestations simultanées dans le département pour protester contre l’invasion de l’Albanie musulmane par l’Italie fasciste. Cette mobilisation massive groupe de 150 000 à 200 000 Algériens. Elle concerne les principaux centres du département et des bourgs secondaires, avec un pic à Constantine : 30 000 manifestants. L’enjeu est multiple pour une fédération durement affectée par l’échec du projet Blum-Viollette : compter ses forces et les donner à voir, tout en démontrant que le loyalisme des Algériens à l’égard de la France n’est ni béat ni acquis.

        L’emprise des élus sur la mobilisation est réelle, elle se lit au travers du schéma-type de ses manifestations, véritable protocole qui démontre le degré d’organisation de leur pratique politique. Les commerces sont fermés à midi et les manifestants se rassemblent de 14 heures à 16 heures soit en un lieu clos - salle de spectacle, mosquée, stade - soit dans un espace ouvert - place publique ou cimetière. Suit un meeting public mené par les élus, avec élection d’un bureau, discours dans les deux langues et vote d’une motion envoyée aux autorités. La prière est partout présente, souvent avant et après la réunion, les toullab récitent le Coran. Puis, une manifestation pacifique s’organise conduisant la foule au cimetière - quand le meeting n’y a pas eu lieu - au monument aux morts ou devant les locaux des autorités administratives.

        Cet exemple brièvement évoqué démontre la continuité de l’influence des élus sur leur département. Il accrédite aussi l’hypothèse d’une désaffection interne et non populaire pour la fédération, sans négliger toutefois l’impact décisif de la guerre. Plus ponctuellement, il participe du développement d’une symbolique collective articulant politique et religion appelée à faire florès dans l’Algérie indépendante : le culte des martyrs appuyé sur l’érection du cimetière en lieu politique.

        Cette idée est étayée par les exemples constantinois et biskri. Suite aux émeutes antijuives d’août 1934 à Constantine, plusieurs milliers d’Algériens enterrent leurs morts au cimetière de la ville. Lieu consacré religieusement, celui-ci devient grâce aux élus un lieu symbole de la résistance à la colonisation et de l’aspiration unitaire des Algériens à une autre société. Cette transmutation de la symbolique du lieu passe d’abord par la répétition cérémonielle et discursive. Le 29 septembre, Bendjelloul et les principaux notables de la ville, réconciliés, conduisent 7 500 personnes au cimetière de Constantine pour la prière de l’absent. Dans son article « La France c’est moi », Abbas reprend l’association du martyre, du politique et du cimetière[50]. Le cimetière se constitue en espace de la mémoire collective et en domaine réservé. Le 27 janvier 1938, Mohammed Benslimane publie dans L’Entente un article intitulé « Du fonds des tombes les morts nous accusent ». Le cimetière et ses morts appellent à la résistance face à la profanation de l’espace sacré par les Européens[51]. Neuf des vingt-deux manifestations d’avril 1939 dont les détails nous sont connus se tiennent dans les cimetières. À Constantine, l’exiguïté du lieu contraint les assistants à grimper aux arbres ou à s’installer près des tombes. Le choix du cimetière n’est pas fortuit. Il est conçu comme un espace réservé où sont accueillis en étrangers les non Musulmans. Le cimetière n’est pas colonisable.

        À Biskra, suite aux assassinats du 6 février 1938, L’Entente titre « Plus de 20 000 personnes assistaient aux funérailles des martyrs »[52]. Le 24 février, à « Biskra, ville martyre - 10 000 personnes assistent à la commémoration des morts du 6 février »[53]. La présentation que fait L’Entente de l’événement est éloquente. En sous-titre figure une sourate du Coran :

        Et ne dites pas, en parlant de ceux qui sont tués dans la voie de Dieu : ils sont morts. Au contraire, ils sont en vie, mais vous ne vous en doutez pas.[54]

        L’article de Kessous mérite d’être cité pour comprendre le caractère intentionnel de la démarche :

        Le miracle que j’attendais de toi ne se réalisa pleinement que le soir. Il me fallut, Biskra, te voir rendre à tes martyrs l’hommage qu’ils méritent, pour sentir ma douleur se fondre définitivement dans la tienne, combien plus humaine et virile !
        Car dans l’enceinte sacrée où reposent tes défunts, tu atteignis au sublime et me révélas ton insoupçonnable grandeur [...]. Hier, j’ai retrouvé dans ta nécropole tous ceux qui le 8 février, avaient affirmé leur foi en l’avenir [...]. Biskra tu vivras éternellement à travers tes morts [...] tu n’oublieras pas que la régénération sera l’œuvre commune de ceux qui luttent encore, et des autres, tombés en luttant à leurs côtés.[55]

        Les discours du cheikh Benbadis et surtout du Dr Saadane portent en eux une formule insurrectionnelle avant l’heure : le culte des martyrs s’y associe à l’idée d’une division irrémédiable avec le colonisateur et le passage à l’action violente. Saadane conclut la cérémonie en s’exclamant : « Aussi ne comptez plus que sur Dieu et sur vous-mêmes, ne cherchez plus de force qu’en vous pour réaliser vos aspirations[56]. »

        Lorsque le Dr Bendjelloul reprend la lutte politique durant la guerre, c’est au cimetière de Constantine qu’il réunit, le 5 juillet 1942, 12 000 personnes pour protester contre le régime de Vichy.

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        • #5
          conclusion

          conclusion

          À travers cette esquisse de l’histoire de la Fédération des élus dans l’Algérie des années 1930 nous avons cherché à montrer qu’en dernière analyse la raison d’être de ce mouvement tient à son engagement « démopédique », proche dans sa philosophie de celui des républicains à la Ferry dans la France du Second Empire libéral. Discours, presse, militantisme en faveur du vote, vision du parti, rapport à l’histoire ou utilisation de la rhétorique populiste centrée sur l’image du chef, tout semble concourir à ce projet. Abbas le dit clairement, le but est d’« éduquer politiquement autant d’Algériens que possible et éviter ainsi la soumission aux partis français existants »[57].

          Étendre les limites spatiales et sociales du politique c’est alors dépasser et joindre les fiefs traditionnels de la notabilité algérienne. Cela revient à risquer une définition politique de la notabilité, celle du mandat et de ses attributs, dont l’ampleur est sans commune mesure avec la notabilité du microlocal, mais dont la versatilité et fonction de la conscientisation accrue des populations. La perpétuation du leadership élu et, au-delà, du leadership politique en général devient fonction de la capacité à satisfaire les aspirations du corps social. Les élus tiennent ce leadership en jouant sur l’ambivalence de leur biculturalisme d’hommes de l’école française et de la notabilité renouvelée. Leur programme tient plus de la revendication du droit au politique pour la société que des droits politiques pour eux-mêmes. Avec d’autres ils œuvrent à l’ouverture de l’espace social sur le national et le lointain, comme le prouve la récurrence des références à la question palestinienne, à la Turquie d’Atatürk, à l’Égypte de Saad Zaghloul et de Hoda Charaoui Pacha, ou encore à l’Inde de Gandhi. Certains de leurs débats frappent par leur résonance avec ceux de notre époque. C’est le cas par exemple des discussions qui ont lieu dans les colonnes de L’Entente de janvier 1938 à juin 1939 sur le statut futur des femmes en Algérie et sur la question du voile en particulier[58]. Là encore, l’ouverture, force et faiblesse principales du mouvement, est visible.

          Situés à la croisée des chemins, entre l’individu et la masse, entre nation française et nation algérienne, les élus sont conscients de leur statut transitoire, du nécessaire dépassement de leur engagement. Dans un éditorial du 21 avril 1938, intitulé « Hymne à l’effort »[59] Ferhat Abbas en fait état avec courage :

          Nul ne saurait méconnaître aujourd’hui le progrès réalisé dans la lutte sociale par nos générations d’après-guerre. Le fait est général [...]. L’Europe entière est amenée à corriger ses concepts coloniaux. Ces mouvements sociaux ne peuvent se limiter à une seule génération. Entre les premiers pionniers et les militants qui recueilleront les lauriers de la victoire définitive, une multitude d’hommes et de bonnes volontés doivent se résoudre à entreprendre l’effort pour l’effort. Le défi, même qui ne sert à rien, même s’il est seulement le défi, voilà une noblesse ! [...] On n’est jamais vaincu [...] la mémoire est déjà une victoire de l’esprit sur le temps qui nous enlinceule insensiblement. Le succès immédiat importe peu. L’effort régénérateur, voilà ce qui compte.[60]

          Le mouvement élu est celui d’une génération, consubstantiellement liée à l’Algérie des années 1930. Les mouvements ultérieurs s’appuieront sur ses réussites et ses impasses, mais les élus laissent à n’en pas douter leur empreinte dans l’histoire de l’Algérie contemporaine, ne serait-ce que par la devise de l’État algérien indépendant, « Par le peuple et pour le peuple », qui fut d’abord celle de l’Union populaire algérienne en 1938.

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          • #6
            Merci beaucoup Jawzia.
            C'est utile de rappeler qu'une population analphabète et misérable a tout de même réussi à s'organiser en société civile. Je trouve qu'on est souvent un petit peu méprisant envers nos aïeux "ignorants".

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            • #7
              Mais de rien Besbes. Heureux de savoir que le sujet interesse quelques forumistes.

              Les références et notes de bas de page, apportent un complément et fournissent aussi une meilleure lecture de l'article. je les posterai donc incessement.

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              • #8
                Je voudrais juste rajouter que Bendjelloul étais historien aussi puisqu'il a publié sur l'histoire de constantine ( ce côté de Bendjelloul est mal connu) de plus il a servi d'intermédiare dans l'affaire de massacre de localités comme Ain abid aprés la deuxième guerre modiale. Beaucoup de gens ont regagné Constantine par ce que Benjelloul a milité pour sauver le reste de ces populations.

                merci jawzia
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                • #9
                  références

                  [1] À l’exception du travail essentiellement hagiographique et néanmoins peu connu d’Habiba Zerkine, The Federation of elected Muslims of the Department of Constantine. Washington : Georgetown University, PhD, 1984.

                  [2] Comme l’indiquent l’ouvrage de Ferhat Abbas, De la colonie vers la province : le Jeune Algérien. Paris : Éditions de la Jeune Parque, 1931 ; ou bien la préface du Dr Bendjelloul au Malaise Algérien, Mohammed el-Aziz Kessous, imprimé à compte d’auteur, Bône, 1935. On se référera également aux multiples références aux pionniers Jeunes Algériens dans la presse des élus, en particulier au rappel de son passé de militant donné par le Dr Bendjelloul dans La Voix indigène du 30 mars 1933.

                  [3] À l’instar de la Fédération des élus indigènes d’Algérie, née le 11 septembre 1927, et rapidement devenue moribonde ou de la Confédération des élus indigènes qui la supplante en 1928 sans plus de succès.

                  [4] La Fédération d’Oran, étudiée par Mohamed Adda Djelloul (Le rôle des élus musulmans au sein des délégations financières en Oranie jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Université de Rouen, thèse, 1980) semble avoir connu une activité réelle mais limitée. Celle d’Alger, n’est active, à notre connaissance, que dans les temps forts du combat politique (Délégation de 1933, Congrès musulman algérien de 1936). Elles sont toutes deux bien plus modérées que celle du Constantinois et tendent à suivre son exemple.

                  [5] Parmi les cadres on note alors notamment le départ ou l’exclusion de : Chérif Sisbane, Mohammed Benbadis, Mahmoud Benyacoub, Laouamri, Bachir Bouikeroua, Mohammed Dahel et le Dr Boumali.

                  [6] Louis-Pierre Montoy, « Médecins, pharmaciens, dentistes algériens dans le département de Constantine (1914-1954 ». In Gilbert Meynier et Jean-Louis Planche (dir.), Intelligentsias francisées (?) au Maghreb. Actes du colloque. Paris : GREMMO, 1990.

                  [7] Soutenu notamment par La Voix indigène de Zénati.

                  [8] Outre le Dr Bendjelloul, les nouveaux cadres du mouvement sont alors Benozène (Bône), le Dr Smati (Sétif), Khellil Benkhellil (Batna), le Dr Hadj Ali (Bougie), le Dr Saadane (Biskra), Mostefa Benabboud (Aïn Beïda), Salah Filali (Tébessa) ou encore Abderrahmane Benkhellaf (Batna).

                  [9] Bien que les alliés oulémas aient été consultés, les délégués ne devront pas aborder le problème de la circulaire Michel pour éviter de heurter la sensibilité des partis laïcs, les radicaux au premier chef.

                  [10] Les estimations quand au nombre de démissions varient, en juillet 1933, entre 900 et 2 000. Les élus reviendront sur leur décision sur l’insistance de Maurice Viollette.

                  [11] L’histoire du milieu associatif algérien à l’entre-deux-guerres reste à faire mais quelques éléments peuvent néanmoins être avancés. Pour prendre le cas de Constantine, les élus ou leurs associés sont à l’origine de la création du Club sportif constantinois en 1926, du mouvement scout Er-Radja ou encore d’une Ligue des anciens combattants musulmans. Le Dr Bendjelloul lui-même crée en 1932 le Cercle de l’Union, parrainé par les Oulémas. En 1938, il fonde une Ligue musulmane contre l’alcoolisme et les jeux d’argent. Enfin, il prend la suite du Dr Oussa à la tête du Croissant Rouge, de la Goutte de Lait (assistance aux mères et aux nourrissons) et du Comité des Meskines. Il faudrait également évoquer plus avant l’utilisation des solidarités familiales et amicales, par exemple la place de la famille Bendjelloul dans les milieux musicaux et les confréries de Constantine, mais également le rôle joué par le théâtre d’un Mahieddine Bachtarzi.

                  [12] Nous entendons ici par le terme segmentaire le jeu sur des groupes relativement cloisonnés et définis, avec leurs histoires, leurs hiérarchies et leurs spatialités propres.

                  [13] Ainsi, lors d’une conférence au Cercle musulman de l’union, à Bône en septembre 1933, sur le « véritable aspect de la domination romaine en Afrique du Nord », Mohammed el-Aziz Kessous fait échos aux travaux historiques de Mubarak el-Mili et Tawfik el-Madani, en reprenant la thématique de la domination incomplète de la puissance coloniale qui impose sa langue mais ne contrôle pas les esprits des colonisés, selon Mostefa Haddad, L’émergence de l’Algérie moderne, publié à compte d’auteur, Constantine, 2001, p. 33. Ce type d’analyse a été plus profondément mené par Marcel Bennabou, La résistance africaine à la romanisation. Paris : Maspéro, 1976.

                  [14] Selon Mostefa Haddad, les services de renseignement rapportent qu’une rumeur courut en décembre 1934 à Constantine : le Dr Bendjelloul se serait présenté de nuit à la Grande mosquée vêtu d’un guenour et d’une gandoura blanche chamarrée de soie. Relevant cette dernière il aurait montré une cotte de cuivre en se prétendant commandé par les esprits pour frapper et vaincre les Français, invoquant l’impossibilité de se récuser devant le Grand maître, tout en arguant du soutien de la Turquie, de l’Allemagne et de l’Italie. M. Haddad, op. cit., p. 33.

                  [15] L’expression est utilisée dans la presse du mouvement dès 1933. En février 1935, elle donne son titre à l’ouvrage de Mohammed el-Aziz Kessous cité précédemment et est reprise par le ministre Régnier pour justifier sa visite en mars de la même année.

                  [16] Le 8 octobre 1935, trois décrets sont adoptés. Le premier précise la réglementation concernant la possession d’armes par les Algériens. Le second autorise et détermine les modalités de dissolution de toute association contraire aux lois françaises ou à même de troubler l’ordre public. Enfin, le troisième décret crée des gardes mobiles, milices composées d’Européens qui suscitent de nombreuses récriminations de la part de la FEMDC. Dans le même temps, le gouvernement réaffirme la haute main du gouvernement général sur toutes les affaires algériennes.

                  [17] Le Centre d’information et d’études, qui deviendra Service des liaisons nord-africaines en 1947, est créé en 1935. Les raisons de sa création sont données dans la circulaire du gouverneur général Naegelen du 29 août 1950 : « Les graves événements survenus en 1934 à Constantine [...] furent à l’origine de la création de ce service. Il apparut, en effet, que [les] autorités [...] ne suivaient pas d’assez près l’état d’esprit des masses et que la paix intérieure de l’Algérie était de ce fait à la merci d’explosions imprévisibles. Il fut alors décidé de faire appel pour pallier cette situation, à des officiers spécialisés, qui, déchargés de toute besogne administrative, se consacreraient entièrement à cette tâche. Par la suite, un amalgame de fonctionnaires civils et militaires fut progressivement réalisé », Introduction au répertoire méthodique SLNA de la préfecture de Constantine, Centre des archives d’Outre-mer (CAOM) d’Aix-en-Provence.

                  [18] Selon Habiba Zerkine, l’ENA prit contact avec Bendjelloul lors de son séjour à Paris en septembre-octobre 1935. Deux lettres lui furent adressées par le secrétariat de l’Étoile, signée par Si Djilani et le Dr Benslimane. Le leader des élus y aurait été qualifié d’homme « qui travaille à l’amélioration du terrible sort de notre population » et invité à une rencontre avec les leaders de l’ENA. L’invitation aurait été réitérée le 11 novembre. Archives Bendjelloul, citées par Habiba Zerkine, op. cit., p. 256.

                  [19] Comme l’indique le conseil d’administration de la fédération du 17 novembre 1935, analysé par Habiba Zerkine, op. cit., p. 252.

                  [20] Le Dr Bendjelloul aurait ainsi rejeté la candidature d’Ali Abbès aux Délégations financières en janvier 1935 en raison de la fortune insuffisante de ce dernier. En octobre 1935, il aurait empêché Tahrat de briguer le poste d’adjoint au maire de Constantine. Enfin, il aurait choisi les candidats à la commission interministérielle des Affaires musulmanes sans consulter la fédération.

                  [21]Ferhat Abbas évoque la nécessité de créer un parti dans un article paru dans La Voix indigène du 25 janvier 1934 et signé « Le Jeune Algérien ».

                  [22] Abdelhamid Benbadis, « Nos revendications », La Défense, 3 janvier 1936.

                  [23] Le 7 juin 1936 le Congrès musulman algérien élit un Conseil des 66, chargé de désigner le Comité exécutif qui compte 19 membres. Au sein de ce dernier les élus comptent neuf sièges (cinq aux oulémas, cinq aux militants) dont quatre à la FEMDC (Bendjelloul, Abbas, Saadane et Lakhdari). Au sein du Conseil des 66 les élus sont 22, dont neuf de issus de l’Est algérien (Bendjelloul, Zerkine, Benozène, Benkhellil, Loukil, Abbas, Lakhdari, Mouhoubi et Saadane). Toutefois, ces divisions entre les groupes ne doivent pas être forcées : Omar Bentchicou, membre ouléma des 66 est aussi le beau-frère du Dr Bendjelloul ; Tahrat est inscrit au nombre des militants mais appartient aussi à la FEMDC. Voir Abderrahmane Taleb Bendiab, « Précisions structurelles sur le Congrès musulman algérien », Revue algérienne des sciences juridiques économiques et politiques, décembre 1974, p. 163-174.

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                  • #10
                    références

                    [24] Les suites de l’assassinat du muphti Kahoul lui font pressentir la réticence des parlementaires français à accéder à la demande de représentation au Parlement si elle est défendue par les communistes, plus encore si le Congrès s’associe aux nationalistes de l’Étoile.

                    [25] La commission d’enquête conduite par le député Lagrosillière est contredite par la visite du sous-secrétaire d’État Raoul Aubaud au printemps 1937 ; le CMA finit d’éclater et le Parti populaire algérien prend pied en Algérie. La Comission interministérielle des affaires musulmanes (CIAM) créée vingt-six ans plus tôt est dissous à Paris. De novembre à fin décembre, Bendjelloul, Abbas, Lakhdari, Saadane et d’autres font le siège du gouvernement dans la capitale. Enfin, Albert Sarraut, ministre de l’Intérieur du gouvernement Chautemps, prend position en faveur du vote de la loi devant la Commission du suffrage universel, le 8 janvier 1938.

                    [26] Voir l’article de référence de Claude Collot, « L’Union populaire algérienne (1937-1939) », Revue algérienne, décembre 1972, p. 967-1005.

                    [27]Le journal est modelé sur l’Oran Républicain. Nous savons que Mohammed el-Aziz Kessous, l’une des principales plumes du mouvement élu participa activement au précédent journal, à l’instar d’Albert Camus. Peut-être fut-il le maître d’œuvre de son équivalent constantinois ?

                    [28] Suite à l’intervention radiophonique de Mostefa Bendjemaa, manipulé par les autorités vichyssoises. Le Dr Bendjelloul opposera un démenti à cette intervention la semaine suivante.

                    [29] Outre les contacts pris entre les divers groupes politiques algériens lors de la délégation de juillet 1936, il se peut que le rapprochement du groupe Abbas et du PPA ait été rendu possible par l’entremise d’Ahmed Francis et d’Ahmed Boumendjel. Le Dr Francis, proche d’Abbas, se rapproche des élus dès les années 1935-1937. Son frère, l’avocat Abdelkader Francis fit partie des avocats envoyés par la FEMDC pour défendre les émeutiers constantinois d’août 1934 à leur procès d’Oran. Ahmed Boumendjel, qui défendit Messali Hadj en 1939, avait lié amitié avec Ahmed Francis au sein du syndicalisme étudiant durant leurs études à Paris. Toutefois, notre travail sur la période 1940-1943 ne nous permet pas encore d’établir avec certitude les modalités du rapprochement entre les différents groupes politiques algériens.

                    [30] Nous avons ici souhaité mettre l’accent sur la rupture idéologique entre les deux hommes. La tension interpersonnelle était en gésine depuis 1938, et il semble que le désaccord final en termes de collaboration intervint lorsque Ferhat Abbas démarcha certains notables du Constantinois au printemps 1943 pour qu’ils signent le Manifeste et son Additif. Le Dr Bendjelloul semble avoir en particulier ressenti comme une trahison le fait que Chérif Sisbane, exclu de la fédération depuis dix ans et rallié au camp des « administratifs », ait été intégré au processus par Abbas.

                    [31] CAOM, 93B3 277.

                    [32] La délégation de 27 élus fut conduite par Abbas car le Dr Bendjelloul fut victime d’un accident de la route à son retour de Biskra le 6 février 1938. Son épaule cassée le contraint à rester à Constantine.

                    [33] Selon Habiba Zerkine, le président Lebrun aurait dit à Abbas que le projet Blum-Viollette était difficilement acceptable dans la mesure où la France serait obligée de donner des droits civiques à tous les habitants des colonies françaises et que la métropole ayant 40 millions d’habitants contre 60 millions dans l’Empire, l’idée était impensable car elle signifierait la mise sous tutelle des députés métropolitains, H. Zerkine, op. cit., p. 428.

                    [34] Au même titre que Lakhdari, Saadane, Benkhellil, Tamzali ou Benozène.

                    [35] Gilbert Meynier et Ahmed Koulakssis, L’émir Khaled : premier « za’îm » ? Paris : L’Harmattan, 1987, p. 6-7.

                    [36] Le Dr Bendjelloul accuse les autorités locales, et à travers elles le Gouvernement général, de l’incendie de la ferme de Chérif Benyounès de Petit, membre actif de la FEMDC, au cours duquel trois personnes moururent et d’importants dommages matériels furent déplorés, L’Entente, 6 février 1936.

                    [37] Le Temps cite à l’appui de ses thèses l’article de Bendjelloul ainsi qu’une conférence d’El Oqbi et Benbadis au Cercle du Progrès d’Alger.

                    [38] Dans ce même numéro, L’Entente reproduit l’article du Temps sous le titre « L’agression : la riposte ».

                    [39] L’Entente, 11 juin 1936.

                    [40] Le 8 octobre, le cheikh Benbadis et le Dr Bendjelloul se rencontrent pour aplanir les éventuelles dissensions. Le 28 octobre, l’union est scellée lors de la réunion de 300 personnes au Cercle de l’Union de Constantine, CAOM, 93 B3 277.

                    [41] Des automobiles sont réquisitionnées et un convoi s’organise. Il visite de deux à quatre villes ou villages par jour. À chaque étape, les comités de campagne ont préparé le cérémonial : accueil par une foule nombreuse - de quelques centaines à plusieurs milliers de personnes -, réception par les élus locaux, grande réunion publique en arabe dialectal et enfin banquet avec les notables du cru pour récolter des fonds.

                    [42] CAOM, 93 B3 277. Nous avons pu recueillir plusieurs de ces ritournelles toutes centrées sur la personnalité du Dr Bendjelloul. Elles reprennent des airs et des thèmes populaires et traditionnels ou plus proprement politiques (L’Internationale). Il est à noter que la figure du Dr Bendjelloul était alors utilisée par les mères pour impressionner les enfants désobéissants. Les marchands de tissu mozabites appelèrent l’une des étoffes les plus prisées la « joue de Bendelloul » (&#-352;&#-288;&#-274;&#-290; &#-344;&#-366; &#-367;&#-282 en référence aux fameuses gifles d’août 1934 et de mars 1937.

                    [43] Le 29 janvier, suite au succès du Dr Bendjelloul, une troupe de musiciens égaye les rues de la vieille ville cirtéenne en se produisant devant les maisons de Benbadis père, Salah Ameziane et du Dr Moussa.

                    [44] Benbadis père, le Dr Moussa et Mokhtar Hadj Saïd sont contactés à Constantine. Les deux premiers refusent et le troisième n’accepte qu’à contrecœur.

                    [45] La Voix Indigène sert la propagande officielle à partir de janvier 1935 mais son audience est en chute libre.

                    [46] Abdelkader Cadi, membre de la fédération et président de la Fédération des fellahs du département de Constantine, est contraint à la démission.

                    [47] C’est le cas du facteur Mohammed Khaldi de Philippeville ou du caïd Boussouf de Mila. Une circulaire du ministre des Postes, télégraphe et téléphone (PTT) George Mandel en date du 10 avril 1935, contredira l’administration coloniale en autorisant le libre exercice d’activités politiques par les employés de l’État en dehors de leur service.

                    [48] Maurice Viollette ou Galenda Diouf envoient des télégrammes à la FEMDC ; CAOM, 93 B3 278.

                    [49] Le Dr Bendjelloul et Ahmed Benozène sont élus pour la première fois aux Délégations financières. Bendjelloul, Benozène, Boussouf, Benkhellaf et Guehria Zine sont réélus au Conseil général, Lakhdari, Saadane et Abbas décrochent leur premier mandat à l’assemblée départementale.

                    [50] « Les hommes morts pour l’idéal national sont journellement honorés et respectés [...]. J’ai interrogé l’histoire ; j’ai interrogé les morts et les vivants ; j’ai visité les cimetières », L’Entente, 27 février 1936.

                    [51] L’Entente, 27 janvier 1938.

                    [52] Mohammed el-Aziz Kessous commente : « Après avoir enterrés leurs morts, ils reviennent vers la vie. Ils revenaient en se faisant le serment à eux-mêmes de ne pas oublier ; et sous le crépuscule qui assombrissait les choses, j’ai eu la soudaine révélation qu’ils tiendront leur serment », L’Entente, 10 février 1938.

                    [53] Ibid., 24 février 1938.

                    [54] Ibid., douzième sourate, verset 149.

                    [55] Ibid.

                    [56] Ibid.

                    [57] Ferhat Abbas, « Nous devons avoir notre propre parti politique », L’Entente, 12 août 1937.

                    [58] Voir notamment L’Entente des 12 janvier 1938, 2 février 1938, 18 mai 1939, 8 juin 1939 et 15 juin 1939.

                    [59] L’Entente, 21 avril 1938.

                    [60] Ibid.

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