Du «contentieux» entre la France et l'Algérie
Publié le : 03.12.2007 | 18h36
D'emblée, il n'est question ici ni de dénigrer ni de tresser des couronnes! On ne cédera certainement pas au réflexe pavlovien de nos confrères algériens qui ont succombé à la dérision quand le Président Nicolas Sarkozy a effectué sa visite d'Etat au Maroc.
Celle qu'il entreprend en Algérie, nous souhaitons qu'elle s'inscrive dans un climat constructif à la fois pour les deux pays et pour la région du Maghreb dont une histoire commune l'a si bien liée et continue à la lier à la France. Tandis que la quasi-majorité des journaux algériens, francophones et arabophones, mettaient hier encore l'accent sur le "peu d'enthousiasme que cette visite suscite chez les Algériens" (El Watan), soulignant pour d'autres que "le contentieux historique franco-algérien demeurait entier" (Liberté), un étrange sentiment domine aussi bien à Paris qu'à Alger.
Le Président Bouteflika aura beau rabrouer vertement son ministre des Anciens combattants (Moujahidine) pour ses propos antisémites prononcés à l'encontre du Président français à la veille de son premier voyage d'Etat. Et quelques journaux auront également beau révélé, en guise de consolation, que cette visite sera marquée par des contrats, ensuite la grosse timbale que décrochera la France à hauteur d'une bagatelle de 5 milliards d'euros de commandes.
"L'actuel Président français, estime un confrère algérien, donne l'impression d'être à Alger uniquement pour arracher quelques contrats économiques et commerciaux et garantir la sécurité énergétique de son pays face à un marché mondial en pleine ébullition". Ce qui est évidemment faux, car le marché n'a jamais cessé de flamber. Faux encore, parce que s'il n'y avait pas le "contentieux historique" - comme on l'appelle si proprement -, si les dirigeants algériens ne faisaient pas de la "repentance française", la condition sine qua non d'une normalisation, et si le Président Sarkozy cédait à cette rédhibitoire exigence et présentait ses fameuses "excuses" à l'Algérie, nos confrères algériens verraient sa visite autrement que sous l'angle "mercantile".
Ils la salueraient même, comme ils l'avaient fait avec Jacques Chirac en 2003! Visite controversée donc! Mieux, elle est torpillée à l'intérieur même du pays hôte. Ce serait se méprendre que de ne pas voir tout de suite que les adversaires algériens de cette visite du chef d'Etat français, en exhibant leur hostilité, donnent indirectement du grain à moudre aux ultra-français et qu'en dernière analyse, ce sont les extrêmes des deux pays qui en sortent les bénéficiaires.
La franchise de Nicolas Sarkozy, qui peut s'apparenter à un style brutal, déconcerte évidemment les dirigeants algériens accrochés désespérément à un orgueil d'autant mal placé qu'il s'agit d'un Président français décomplexé pour qui le thème des "crimes coloniaux" que persistent à lui jeter sur la figure les apparatchiks algériens est à la fois révolu et étranger à sa mémoire. Il leur faudra évoluer aussi à ce niveau…
LE MATIN
Publié le : 03.12.2007 | 18h36
D'emblée, il n'est question ici ni de dénigrer ni de tresser des couronnes! On ne cédera certainement pas au réflexe pavlovien de nos confrères algériens qui ont succombé à la dérision quand le Président Nicolas Sarkozy a effectué sa visite d'Etat au Maroc.
Celle qu'il entreprend en Algérie, nous souhaitons qu'elle s'inscrive dans un climat constructif à la fois pour les deux pays et pour la région du Maghreb dont une histoire commune l'a si bien liée et continue à la lier à la France. Tandis que la quasi-majorité des journaux algériens, francophones et arabophones, mettaient hier encore l'accent sur le "peu d'enthousiasme que cette visite suscite chez les Algériens" (El Watan), soulignant pour d'autres que "le contentieux historique franco-algérien demeurait entier" (Liberté), un étrange sentiment domine aussi bien à Paris qu'à Alger.
Le Président Bouteflika aura beau rabrouer vertement son ministre des Anciens combattants (Moujahidine) pour ses propos antisémites prononcés à l'encontre du Président français à la veille de son premier voyage d'Etat. Et quelques journaux auront également beau révélé, en guise de consolation, que cette visite sera marquée par des contrats, ensuite la grosse timbale que décrochera la France à hauteur d'une bagatelle de 5 milliards d'euros de commandes.
"L'actuel Président français, estime un confrère algérien, donne l'impression d'être à Alger uniquement pour arracher quelques contrats économiques et commerciaux et garantir la sécurité énergétique de son pays face à un marché mondial en pleine ébullition". Ce qui est évidemment faux, car le marché n'a jamais cessé de flamber. Faux encore, parce que s'il n'y avait pas le "contentieux historique" - comme on l'appelle si proprement -, si les dirigeants algériens ne faisaient pas de la "repentance française", la condition sine qua non d'une normalisation, et si le Président Sarkozy cédait à cette rédhibitoire exigence et présentait ses fameuses "excuses" à l'Algérie, nos confrères algériens verraient sa visite autrement que sous l'angle "mercantile".
Ils la salueraient même, comme ils l'avaient fait avec Jacques Chirac en 2003! Visite controversée donc! Mieux, elle est torpillée à l'intérieur même du pays hôte. Ce serait se méprendre que de ne pas voir tout de suite que les adversaires algériens de cette visite du chef d'Etat français, en exhibant leur hostilité, donnent indirectement du grain à moudre aux ultra-français et qu'en dernière analyse, ce sont les extrêmes des deux pays qui en sortent les bénéficiaires.
La franchise de Nicolas Sarkozy, qui peut s'apparenter à un style brutal, déconcerte évidemment les dirigeants algériens accrochés désespérément à un orgueil d'autant mal placé qu'il s'agit d'un Président français décomplexé pour qui le thème des "crimes coloniaux" que persistent à lui jeter sur la figure les apparatchiks algériens est à la fois révolu et étranger à sa mémoire. Il leur faudra évoluer aussi à ce niveau…
LE MATIN
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