8 MAI 1945 EN ALGÉRIE
Le consul de France à Istanbul fait interdire un documentaire turc sur le massacre
De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari
Attila Hakan Ganimgil est un réalisateur turc de renom. A Istanbul, lundi dernier, il devait présenter un film-documentaire de 120 mn sur le “8 Mai 1945 en Algérie”. Le travail, colossal, très documenté et sourcé à l’extrême, a nécessité 6 mois d’inlassables efforts, des recoupements, une récolte de témoignages d’acteurs et des récits d’historiens et de témoins. Attila Hakan, professionnel, n’a pas voulu pourtant verser dans le sensationnel ou la provocation. Il voulait, tout simplement, apporter un éclairage pour les Turcs et pour l’ensemble des Européens sur l’un des épisodes les plus sombres de l’histoire coloniale française en Algérie. Cette œuvre de la mémoire a, pourtant, été combattue avec véhémence et par l’utilisation de procédés indignes d’un Etat (la France) de droit.
En effet, quelle ne fut la désagréable surprise de toutes celles et de tous ceux qui se sont rendus au “Caprice-Café”, rue de France à Istanbul, de s’entendre signifier que la projection du documentaire sur les massacres du 8 Mai 1945 en Algérie était interdite. Très en colère, les spectateurs, les nombreux journalistes turcs conviés à la projection ainsi que le réalisateur décident, alors, de ne pas s’en laisser conter. Ils entament, tout de go, les démarches idoines. C’est ainsi que les journalistes apprennent par des sources difficilement soupçonnables que c’est le consul de France à Istanbul qui aurait exercé les “pressions nécessaires” pour interdire le documentaire. Ce qui, bien évidemment, ne plaît pas à la société civile turque. D’où la rédaction d’un communiqué de presse aussi sec que juste dénonçant les manœuvres “dilatoires” et “inadmissibles” contre la liberté de création, d’opinion et de la presse. La plupart des grands médias turcs s’emparent dès lors de l’affaire et la très officielle agence Anatolie amplifie l’événement en donnant la parole à Attila Hakan Ganimgil. Ce dernier, repris par le prestigieux quotidien Milliyat revient à la charge en avertissant. “Mon film sera projeté”, déclare-t-il, déterminé “que cela plaise au consul de France ou pas”. Sur les bords du Bosphore, l’on n’apprécie que modérément l’attitude française consistant à exiger de la Turquie qu’elle demande pardon sur le génocide commis par l’Empire ottoman contre les Arméniens et condamner tout témoignage ou toute voix discordante contre les exactions — dont celle du 8 Mai 1945 — commises en Algérie… Affaire à suivre.
A. M.
Le consul de France à Istanbul fait interdire un documentaire turc sur le massacre
De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari
Attila Hakan Ganimgil est un réalisateur turc de renom. A Istanbul, lundi dernier, il devait présenter un film-documentaire de 120 mn sur le “8 Mai 1945 en Algérie”. Le travail, colossal, très documenté et sourcé à l’extrême, a nécessité 6 mois d’inlassables efforts, des recoupements, une récolte de témoignages d’acteurs et des récits d’historiens et de témoins. Attila Hakan, professionnel, n’a pas voulu pourtant verser dans le sensationnel ou la provocation. Il voulait, tout simplement, apporter un éclairage pour les Turcs et pour l’ensemble des Européens sur l’un des épisodes les plus sombres de l’histoire coloniale française en Algérie. Cette œuvre de la mémoire a, pourtant, été combattue avec véhémence et par l’utilisation de procédés indignes d’un Etat (la France) de droit.
En effet, quelle ne fut la désagréable surprise de toutes celles et de tous ceux qui se sont rendus au “Caprice-Café”, rue de France à Istanbul, de s’entendre signifier que la projection du documentaire sur les massacres du 8 Mai 1945 en Algérie était interdite. Très en colère, les spectateurs, les nombreux journalistes turcs conviés à la projection ainsi que le réalisateur décident, alors, de ne pas s’en laisser conter. Ils entament, tout de go, les démarches idoines. C’est ainsi que les journalistes apprennent par des sources difficilement soupçonnables que c’est le consul de France à Istanbul qui aurait exercé les “pressions nécessaires” pour interdire le documentaire. Ce qui, bien évidemment, ne plaît pas à la société civile turque. D’où la rédaction d’un communiqué de presse aussi sec que juste dénonçant les manœuvres “dilatoires” et “inadmissibles” contre la liberté de création, d’opinion et de la presse. La plupart des grands médias turcs s’emparent dès lors de l’affaire et la très officielle agence Anatolie amplifie l’événement en donnant la parole à Attila Hakan Ganimgil. Ce dernier, repris par le prestigieux quotidien Milliyat revient à la charge en avertissant. “Mon film sera projeté”, déclare-t-il, déterminé “que cela plaise au consul de France ou pas”. Sur les bords du Bosphore, l’on n’apprécie que modérément l’attitude française consistant à exiger de la Turquie qu’elle demande pardon sur le génocide commis par l’Empire ottoman contre les Arméniens et condamner tout témoignage ou toute voix discordante contre les exactions — dont celle du 8 Mai 1945 — commises en Algérie… Affaire à suivre.
A. M.
Commentaire