ism-france.COM - 04-12-2007
Annapolis : les Etats-Unis préparent la guerre civile en Palestine et obtiennent le soutien arabe contre l’Iran
Par Chris Marsden
Parfois, le sommet d’Annapolis semblait être une pièce de théâtre amateur mal montée : des poignées de main manquées, les pannes du service de traduction, le président Bush qui ne peut nommer correctement le président palestinien Mahmoud Abbas et Abbas lui-même qui suit Bush et le premier ministre israélien Ehoud Olmert comme s’il avait oublié sa prochaine ligne.
Mais toutes ces gaffes ne font que souligner à quel point le spectacle n’avait pour seul but que de cacher les ambitions de conquête que nourrissent les Etats-Unis envers le Moyen-Orient.
Un public composé des représentants de 40 nations, y compris les puissances européennes, la Russie et seize États arabes, dont la Syrie et l’Arabie saoudite qui ne reconnaissent pas Israël, a dû subir la performance pénible de Bush, Olmert et Abbas.
Ils s’étaient rassemblés en partie dans le but de donner leur soutien officiel à l’affirmation peu crédible de l’administration Bush qu’Annapolis servirait à lancer une campagne s’échelonnant sur toute une année pour faire la paix entre Israël et la Palestine, et créer un État palestinien. En faisant semblant de croire au supposé désir de paix de Washington pour la région, les participants cherchaient à cacher l’accord qu’ils ont donné à l’escalade des hostilités, tant militaires qu’économiques, engagées par les États-Unis contre l’Iran.
Le plan dévoilé à la base de la marine américaine au Maryland a été décrit de façon grandiloquente comme la fin d’un gel de sept ans des pourparlers de paix. Il aurait exigé le soutien et l’implication personnelle de Bush et forcé sa secrétaire d’État, Condoleezza Rice, à parcourir des milliers de kilomètres dans ses efforts diplomatiques au Moyen-Orient.
Le but, tel que décrit dans la propagande officielle, est que Bush laissera comme héritage une entente juste entre Israël et la Palestine plutôt que la débâcle en Irak à la fin de son mandat en janvier 2009. Le véritable motif est plutôt que l’Iran doit être neutralisé pour pouvoir consolider l’hégémonie américaine sur les richesses pétrolières du Moyen-Orient.
A cette fin, Bush a tenté de se présenter comme un conciliateur honnête entre Israël et la Palestine, se basant sur le fait que les médias et les régimes arabes étaient prêts à oublier qu’Israël est le plus important protégé des Etats-Unis.
La soi-disant déclaration d’Annapolis, comptant un total de 437 mots, confirme que les Etats-Unis continuent à ne faire aucune demande qu’Israël pourrait trouver inacceptable tout en insistant pour que l’Autorité palestinienne dirigée par le Fatah écrase toute résistance à Israël comme condition préalable à toute entente.
On n’a pu s’entendre même sur une simple déclaration de principes conjointe que trente minutes avant que Bush la lise. La façon dont cet accord fut conclu est une description des véritables rapports politiques à Annapolis : un bloc entre les Etats-Unis et Israël dictant le programme de leur marionnette Abbas.
Le quotidien Haaretz a cité des sources palestiniennes qui lui auraient dit que le blocage avait été réglé à Annapolis même après que "la secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice a pris le président palestinien Mahmoud Abbas à part alors qu’il effectuait une rencontre diplomatique avec le président américain Georges Bush et le premier ministre Ehoud Olmert pour faire pression sur lui afin qu’il approuve l’ébauche du document. Éventuellement, c’est ce qu’il a fait, ce qui a permis à Bush de le présenter à la conférence."
Les sources israéliennes ont décrit un tableau encore plus condamnable, déclarant que lorsque les Palestiniens avaient refusé de signer, le ministre des Affaires étrangères, Tzipi Livni, qui est la tête de l’équipe israélienne, a perdu son sang-froid et a dit au [négociateur palestinien Ahmed Qureia] "d’accepter ce qui lui était offert ou de tout perdre".
Des sections de l’équipe de négociateurs d’Israël ont dit à Livni qu’une déclaration "était une "perte de temps" et lui ont suggéré d’oublier cela".
Pendant des mois, aucun document n’a été produit parce qu’Israël refusait d’accepter d’être forcé de prendre position sur les demandes essentielles des Palestiniens, comme le droit de revenir en Palestine, la fin des colonies juives, les frontières, l’approvisionnement en eau et accepter que Jérusalem Est soit la capitale d’un futur État palestinien. Beaucoup a été dit sur l’affirmation que les deux parties entreprendront des négociations pour un traité "qui résoudra toutes les questions en suspens, y compris les questions fondamentales sans exception". Aucune de ces questions n’est même nommée.
Le propre porte-parole d’Abbas, Nabil Abu Rudeina, a rejeté la déclaration, expliquant que "Nous avons échoué à nous entendre sur un document depuis trois ou quatre mois. Nous ne nous sommes pas entendus sur une seule question."
Et comme le New York Times l’a souligné, "Bien que les deux parties aient affirmé que leurs pourparlers viseraient à conclure une entente sur toutes les "questions fondamentales", elles n’ont pu déterminer en quoi consistaient ces questions et comment elles pouvaient être réglées."
La déclaration affirme plutôt que "la mise en application d’un futur traité de paix sera conditionnelle à l'application de la Feuille de Route, telle que décidée par les Etats-Unis".
Cet extrait donne à Washington le seul droit de décider si les dispositions de la feuille de route ont été respectées, ce qui vient démasquer la prétention que dans le «Quartet», qui comprend les Etats-Unis, les Nations unies, la Russie et l’Union européenne, les partenaires influencent dans une même mesure le processus de paix.
A suivre...
Annapolis : les Etats-Unis préparent la guerre civile en Palestine et obtiennent le soutien arabe contre l’Iran
Par Chris Marsden
Parfois, le sommet d’Annapolis semblait être une pièce de théâtre amateur mal montée : des poignées de main manquées, les pannes du service de traduction, le président Bush qui ne peut nommer correctement le président palestinien Mahmoud Abbas et Abbas lui-même qui suit Bush et le premier ministre israélien Ehoud Olmert comme s’il avait oublié sa prochaine ligne.
Mais toutes ces gaffes ne font que souligner à quel point le spectacle n’avait pour seul but que de cacher les ambitions de conquête que nourrissent les Etats-Unis envers le Moyen-Orient.
Un public composé des représentants de 40 nations, y compris les puissances européennes, la Russie et seize États arabes, dont la Syrie et l’Arabie saoudite qui ne reconnaissent pas Israël, a dû subir la performance pénible de Bush, Olmert et Abbas.
Ils s’étaient rassemblés en partie dans le but de donner leur soutien officiel à l’affirmation peu crédible de l’administration Bush qu’Annapolis servirait à lancer une campagne s’échelonnant sur toute une année pour faire la paix entre Israël et la Palestine, et créer un État palestinien. En faisant semblant de croire au supposé désir de paix de Washington pour la région, les participants cherchaient à cacher l’accord qu’ils ont donné à l’escalade des hostilités, tant militaires qu’économiques, engagées par les États-Unis contre l’Iran.
Le plan dévoilé à la base de la marine américaine au Maryland a été décrit de façon grandiloquente comme la fin d’un gel de sept ans des pourparlers de paix. Il aurait exigé le soutien et l’implication personnelle de Bush et forcé sa secrétaire d’État, Condoleezza Rice, à parcourir des milliers de kilomètres dans ses efforts diplomatiques au Moyen-Orient.
Le but, tel que décrit dans la propagande officielle, est que Bush laissera comme héritage une entente juste entre Israël et la Palestine plutôt que la débâcle en Irak à la fin de son mandat en janvier 2009. Le véritable motif est plutôt que l’Iran doit être neutralisé pour pouvoir consolider l’hégémonie américaine sur les richesses pétrolières du Moyen-Orient.
A cette fin, Bush a tenté de se présenter comme un conciliateur honnête entre Israël et la Palestine, se basant sur le fait que les médias et les régimes arabes étaient prêts à oublier qu’Israël est le plus important protégé des Etats-Unis.
La soi-disant déclaration d’Annapolis, comptant un total de 437 mots, confirme que les Etats-Unis continuent à ne faire aucune demande qu’Israël pourrait trouver inacceptable tout en insistant pour que l’Autorité palestinienne dirigée par le Fatah écrase toute résistance à Israël comme condition préalable à toute entente.
On n’a pu s’entendre même sur une simple déclaration de principes conjointe que trente minutes avant que Bush la lise. La façon dont cet accord fut conclu est une description des véritables rapports politiques à Annapolis : un bloc entre les Etats-Unis et Israël dictant le programme de leur marionnette Abbas.
Le quotidien Haaretz a cité des sources palestiniennes qui lui auraient dit que le blocage avait été réglé à Annapolis même après que "la secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice a pris le président palestinien Mahmoud Abbas à part alors qu’il effectuait une rencontre diplomatique avec le président américain Georges Bush et le premier ministre Ehoud Olmert pour faire pression sur lui afin qu’il approuve l’ébauche du document. Éventuellement, c’est ce qu’il a fait, ce qui a permis à Bush de le présenter à la conférence."
Les sources israéliennes ont décrit un tableau encore plus condamnable, déclarant que lorsque les Palestiniens avaient refusé de signer, le ministre des Affaires étrangères, Tzipi Livni, qui est la tête de l’équipe israélienne, a perdu son sang-froid et a dit au [négociateur palestinien Ahmed Qureia] "d’accepter ce qui lui était offert ou de tout perdre".
Des sections de l’équipe de négociateurs d’Israël ont dit à Livni qu’une déclaration "était une "perte de temps" et lui ont suggéré d’oublier cela".
Pendant des mois, aucun document n’a été produit parce qu’Israël refusait d’accepter d’être forcé de prendre position sur les demandes essentielles des Palestiniens, comme le droit de revenir en Palestine, la fin des colonies juives, les frontières, l’approvisionnement en eau et accepter que Jérusalem Est soit la capitale d’un futur État palestinien. Beaucoup a été dit sur l’affirmation que les deux parties entreprendront des négociations pour un traité "qui résoudra toutes les questions en suspens, y compris les questions fondamentales sans exception". Aucune de ces questions n’est même nommée.
Le propre porte-parole d’Abbas, Nabil Abu Rudeina, a rejeté la déclaration, expliquant que "Nous avons échoué à nous entendre sur un document depuis trois ou quatre mois. Nous ne nous sommes pas entendus sur une seule question."
Et comme le New York Times l’a souligné, "Bien que les deux parties aient affirmé que leurs pourparlers viseraient à conclure une entente sur toutes les "questions fondamentales", elles n’ont pu déterminer en quoi consistaient ces questions et comment elles pouvaient être réglées."
La déclaration affirme plutôt que "la mise en application d’un futur traité de paix sera conditionnelle à l'application de la Feuille de Route, telle que décidée par les Etats-Unis".
Cet extrait donne à Washington le seul droit de décider si les dispositions de la feuille de route ont été respectées, ce qui vient démasquer la prétention que dans le «Quartet», qui comprend les Etats-Unis, les Nations unies, la Russie et l’Union européenne, les partenaires influencent dans une même mesure le processus de paix.
A suivre...
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