L’ATROCE COURS NORMAL DES CHOSES EN CONTRÉE DZ !
Par Hakim Laâlam
parti. Tu peux sortir…
… Mohamed Chérif !
«Fin des intempéries : les harragas reprennent la mer». C’est le titre qui barrait la Une du Soir d’Algérie hier, mercredi. Il y a quelque chose de terrible dans ce titre. Généralement, dans les pays où les choses se passent plus ou moins normalement, plus ou moins logiquement, la fin des intempéries signifie la reprise de la vie, le nettoyage, la réparation des dégâts, la reconstruction et les plaies physiques et morales que l’on panse. Ici, en contrée DZ, la fin des intempéries coïncide avec la reprise du GRAND EXODE. Les barques de fortune sont remises à flots nuitamment, les ombres furtives en recherche mortelle de soleil et de vie ailleurs réinvestissent les plages et les ports, les gardes-côtes rendossent leurs gilets et vérifient leurs armes, les parents découvrent la couche vide de leurs enfants au petit matin et s’enclenche le plus grave, le plus dramatique combat autiste de l’Algérie indépendante. Des jeunes qui n’en peuvent plus de ne rien pouvoir chez eux, et des autorités qui ne savent ou ne veulent (ou les deux à la fois) donner à tous ces jeunes qu’une seule réponse, déférer les survivants devant les juges. Sous d’autres cieux, la fin des intempéries signifie le retour à la vie. En pays DZ, la fin des intempéries est le signal de la reprise du marathon marin vers la mort. Et je vous avoue que lorsque la sonnerie du téléphone du journal a retenti hier, qu’à l’autre bout du fil la voix plutôt sympa d’un gars des Forces maritimes nous invitait à venir couvrir la «récupération» (allez savoir pourquoi j’hésite à écrire le mot sauvetage) d’un groupe de harragas, je n’ai pu m’empêcher de penser que nous étions nous aussi, par notre participation, complices d’un système confortable. Celui qui réprime. Celui qui donne à voir le retour tragique ou déçu des candidats au départ. Dans un sac plastique ou encadré par deux gardes-côtes. Participer de cette représentation, de cette mise en scène, c’est renforcer, nourrir l’autisme. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
H. L.
Nombre de lecture : 2766
LeSoird'Algérie
Par Hakim Laâlam
parti. Tu peux sortir…
… Mohamed Chérif !
«Fin des intempéries : les harragas reprennent la mer». C’est le titre qui barrait la Une du Soir d’Algérie hier, mercredi. Il y a quelque chose de terrible dans ce titre. Généralement, dans les pays où les choses se passent plus ou moins normalement, plus ou moins logiquement, la fin des intempéries signifie la reprise de la vie, le nettoyage, la réparation des dégâts, la reconstruction et les plaies physiques et morales que l’on panse. Ici, en contrée DZ, la fin des intempéries coïncide avec la reprise du GRAND EXODE. Les barques de fortune sont remises à flots nuitamment, les ombres furtives en recherche mortelle de soleil et de vie ailleurs réinvestissent les plages et les ports, les gardes-côtes rendossent leurs gilets et vérifient leurs armes, les parents découvrent la couche vide de leurs enfants au petit matin et s’enclenche le plus grave, le plus dramatique combat autiste de l’Algérie indépendante. Des jeunes qui n’en peuvent plus de ne rien pouvoir chez eux, et des autorités qui ne savent ou ne veulent (ou les deux à la fois) donner à tous ces jeunes qu’une seule réponse, déférer les survivants devant les juges. Sous d’autres cieux, la fin des intempéries signifie le retour à la vie. En pays DZ, la fin des intempéries est le signal de la reprise du marathon marin vers la mort. Et je vous avoue que lorsque la sonnerie du téléphone du journal a retenti hier, qu’à l’autre bout du fil la voix plutôt sympa d’un gars des Forces maritimes nous invitait à venir couvrir la «récupération» (allez savoir pourquoi j’hésite à écrire le mot sauvetage) d’un groupe de harragas, je n’ai pu m’empêcher de penser que nous étions nous aussi, par notre participation, complices d’un système confortable. Celui qui réprime. Celui qui donne à voir le retour tragique ou déçu des candidats au départ. Dans un sac plastique ou encadré par deux gardes-côtes. Participer de cette représentation, de cette mise en scène, c’est renforcer, nourrir l’autisme. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
H. L.
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