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Pour Areva, un réacteur libyen n’arriverait pas à point

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  • Pour Areva, un réacteur libyen n’arriverait pas à point

    Ce projet embarrasse l’entreprise qui veut changer l’image du nucléaire.
    GRÉGOIRE BISEAU LiBERATION QUOTIDIEN : mardi 11 décembre 2007

    Si on en croit la diplomatie sarkoziste, la visite de Kadhafi en France est donc le prix à payer pour aider nos entreprises à exporter. Et donc à «sauver nos emplois», comme le justifiait, hier matin, Bernard Kouchner, le ministre des affaires étrangères sur France Inter. Il en irait ainsi des Airbus, des centrales nucléaires d’Areva ou de tout autre contrat (lire ci-dessous). En clair, l’activisme diplomatique de Nicolas Sarkozy serait au service du «made in France», et de l’ambition commerciale de nos industriels. Pourquoi pas. Mais ce qui peut à la rigueur se justifier pour le Rafale de Dassault (qui n’a toujours pas trouvé de preneur à l’exportation), ne fonctionne pas du tout pour Areva.

    Car bizarrement, lorsque vous interrogez plusieurs responsables du groupe français, on vous répète la même chose (sous couvert d’anonymat, bien sûr) : non seulement ce projet de centrale nucléaire pour la Libye n’est pas «une priorité pour l’entreprise», mais c’est une très mauvaise nouvelle pour l’image du nucléaire français. «On ne va surtout pas se précipiter. On va faire traîner ce contrat le plus possible», assure un cadre du groupe. Pourtant, si on en croit les propos du fils du guide libyen, Seil al-Kadhafi, Tripoli espère bien repartir de ces cinq jours de visite avec «un réacteur nucléaire ainsi que de nombreux équipements militaires» sous le bras. En réalité, le contrat de collaboration qui devait être signé hier soir, entre Paris et Tripoli doit s’appuyer sur le réacteur expérimental existant de Tajoura (fourni en 1979 par la Russie) pour réaliser une usine pilote de dessalement de l’eau de mer.

    Pouffer.

    Tout depuis le début, dans cette affaire de la centrale nucléaire libyenne, tombée du ciel, est rocambolesque. Et d’abord, la justification donnée à l’occasion de la visite de Nicolas Sarkozy à Tripoli, par le secrétaire général de l’Elysée en personne : «La Libye veut une centrale nucléaire pour dessaliniser l’eau de mer» , avait expliqué Claude Guéant aux journalistes présents. Un argumentaire de vente qui avait fait pouffer de rire les industriels français. Car une telle usine de traitement de l’eau de mer n’a absolument pas besoin d’une centrale nucléaire pour fonctionner. Surtout dans un pays dont le sous-sol regorge de pétrole et de gaz. Certes, Areva avait bien envoyé à Tripoli quelques semaines auparavant une délégation commerciale pour prendre un premier contact avec les autorités libyennes. Mais pas pour parler gros sous. «Vendre une centrale à un pays qui n’a aucune tradition du nucléaire civil, est un processus très lent qui prend au minimum dix ou quinze ans», assure un industriel français. Tout est à construire : l’expertise technique, l’autorité de sûreté, le cadre législatif... Et cela ne se fait pas en un claquement de doigt. «Contrairement à la Libye, l’Algérie ou les Emirats arabes unis, l’ont compris. Le nucléaire intéresse ces pays mais ils savent que cela demande du temps et nécessite du travail de leur part» , poursuit l’industriel.

    Caprice.

    l’empressement politique de la Libye enquiquine profondément Areva, tout à sa tâche depuis plusieurs mois pour respectabiliser le nucléaire civil, comme une énergie responsable, durable et compétitive. Le plus cocasse, c’est que le groupe français n’a finalement pas besoin de ce contrat. Avec le retour en grâce de l’atome, et la prochaine ouverture du marché américain, Areva anticipe un carnet de commandes plein à craquer d’ici une dizaine d’années. «Notre problème ce ne sera pas de chercher des clients mais de les sélectionner. Alors signer avec la Libye pourrait être dommageable en termes d’image», analyse un cadre du groupe.

    Pourquoi, diable, Nicolas Sarkozy s’emploie donc à donner du crédit au caprice nucléaire de son nouvel ami libyen ? Est-ce une contre partie explicite de la libération des infirmières bulgares ? Possible. Des mauvaises langues posent une autre question : et si cette entreprise de banalisation du nucléaire servait aussi les projets de politique industrielle de Nicolas Sarkozy ? L’Elysée réfléchit en effet à l’idée de fusionner Areva avec Alstom et de placer le tout sous le contrôle de Martin Bouygues, intime du président. Or pour justifier cette privatisation, le gouvernement sera, alors, tenté d’expliquer qu’une centrale nucléaire, se vend exactement comme... des petits pains.
    Ce que vous faites de bien et de mal, vous le faites à vous
    Mahomet
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