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Palestine: Elias Sambar 4 - Arno Klarseld 0

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  • Palestine: Elias Sambar 4 - Arno Klarseld 0

    Un article clair et intelligent de l'intellectuel Elias Sambar; article paru dans le nouvel Obs de novembre. E Sambar répond à des gens qui, comme Arno Klarsfeld veulent nous faire croire que les Palestiniens ont refusé des offres de paix.

    Elias sanbar


    En 1947, les Palestiniens ne pouvaient imaginer que le partage - aujourd’hui au coeur de leur offre de paix - déboucherait sur une expulsion massive qui ferait d’eux des exilés
    Si les Palestiniens n’avaient pas rejeté le plan Peel de partage en 1937, s’ils avaient, à l’instar de Ben Gourion, accepté le plan de partage de l’ ONU en 1947, aucun mal ne les aurait atteints et ils vivraient encore chez eux, en Palestine. Telle est l’antienne qui revient, tous les mois de novembre, mais avec encore plus de force en ce soixantième anniversaire du plan de partage du 29 novembre 1947. Efficace commémoration, « argument à têtes multiples », puisqu’il permet tout à la fois de réviser l’histoire, de prétendre que, habités par une sorte de propension congénitale au refus et au rejet, les Palestiniens seraient les artisans, les premiers responsables de leurs malheurs et, surtout, que leur revendication présente d’un Etat souverain est irrecevable car tardive. « Vous n’aviez qu’à accepter en 1937... », « Vous n’aviez qu’à accepter en 1948... » entend-on dire en permanence, chez les zélotes de la défense d’un irrédentisme israélien.

    Je ne ferai pas le récit de cet épisode marquant du conflit. J’ai déjà tant de fois montré dans quelle logique, quel ordre d’événements, quels rapports de force il s’est inscrit : souligné, documents à l’appui, à quel point il ne fut que l’occasion d’une acceptation tactique de la part de Ben Gourion. Comme le montre cette citation du fondateur d’Israël : « Notre but n’est pas de devenir une majorité [au sein de l’Etat juif du partage] . Etre la majorité ne résoudra pas nos problèmes. L’accession à la majorité n’est qu’une étape, jamais la dernière. Nous en aurons besoin pour instaurer l’Etat. Mais il nous restera à instaurer le Foyer national. » Ou cette autre encore, plus explicite, « précoce » relevée dans une lettre à son fils Amos du 5 octobre 1937 ! Commentant le plan Peel de partage, Ben Gourion écrit : « Si je suis un adepte enthousiaste de la création d’un Etat juif immédiatement, même s’il faut pour cela accepter le partage de la terre, c’est parce que je suis convaincu qu’un Etat juif partiel n’est pas une fin, mais un début. [...] Car nous savons que l’acquisition que nous venons défaire est importante pas seulement en tant que telle, mais aussi parce qu’elle nous permet d’accroître notre force, tout accroissement de force nous rapprochant de l’acquisition du pays tout entier. La création d’un Etat, même partiel, constituerait aujourd’hui un puissant levier dans notre effort historique pour la rédemption du pays tout entier. »

    Propos limpides de Ben Gourion, qui montrent comment la distinction entre Etat et Foyer national inscrivait l’acceptation du partage dans la logique de la guerre qui allait suivre, ce que toutes les parties, les Palestiniens les premiers, savaient d’ailleurs. Je ne reprendrai donc pas ce récit. Parce que la répétition des arguments, même pertinents, finit par relever de la même litanie que les faux arguments qu’elle entend dénoncer. Parce que le récit historique le plus honnête, le moins discutable, parvient rarement à se faire admettre avant le dénouement des conflits concernés et que cet épisode du partage ne pourra être vraiment compris qu’après la paix entre Palestiniens et Israéliens, lorsqu’il ne recèlera plus d’enjeux politiques immédiats. Parce que, aussi, j’ai la conviction que la question se posera dans les mêmes termes hélas - « Vous n’aviez qu’à... » - en novembre 2009... Cela étant dit, deux questions demeurent, fondées, justifiées, têtues. Les Palestiniens pouvaient-ils accepter en 1947 l’idée même du partage, pourtant pierre angulaire aujourd’hui de leur offre de paix et de leur adhésion à la formule des deux Etats ? La direction palestinienne de l’époque aurait-elle dû se montrer aussi habile que Ben Gourion, accepter le plan de partage et sauver ainsi son pays de la noyade qui s’ensuivit ? Ces questions sont essentielles, car elles permettent de comprendre les politiques et les attitudes à l’époque des événements et échapper ainsi aux propos propagandistes, de quelque bord qu’ils viennent.

    Du point de vue palestinien, le partage est littéralement impensable en 1947. Pourquoi ? Parce que son principe même est contrebalancé non par la seule analyse politique qu’en fait le leadership palestinien, mais surtout par l’incroyable force des évidences qui s’imposent aux Palestiniens, peuple et société.

    Ces évidences, quelles sont-elles ? Une population palestinienne qui se bat depuis le début du siècle pour son indépendance et ses droits nationaux ; le sentiment d’une présence « naturelle », séculaire, chez eux, des 1 400 000 Palestiniens, face à une communauté de 600 000 juifs arrivés dans leur majorité écrasante durant la colonisation britannique de la Palestine (1917-1948) : un territoire de 26 323 kilomètres carrés, dont 6,58% seulement sont, selon les chiffres de l’ONU préparés pour l’application du partage, en propriété juive ; un plan de partage impraticable, qui, prévoyant un statut de corpus separatum pour Jérusalem, allouait 56,5% du territoire à l’Etat juif avec une population de 498 000 juifs et 407 000 Palestiniens, contre 43,5% à l’Etat arabe avec une population de 993 000 Palestiniens et 1 52 000 juifs ; l’impossibilité, enfin, pour les Palestiniens de même imaginer, en 1947, qu’au terme de ce plan et de la guerre qui allait immanquablement suivre, une expulsion, un déplacement forcé en masse interviendrait, qui ferait des centaines de milliers d’entre eux d’alors les six millions de réfugiés et d’exilés qu’ils sont aujourd’hui. Bref, la guerre était inscrite dans le plan de partage et les affrontements qui débuteront dès sa proclamation le montreront : sur les treize offensives militaires d’envergure lancées par la Haganah, huit, décisives, se dérouleront dans le territoire alloué en principe à l’Etat palestinien. La Palestine conquise verra disparaître jusqu’à son nom.

    Dans ce contexte, la direction palestinienne pouvait-elle faire fi de tout ce qui précède et accepter par pure tactique le partage ? Certainement pas. Non qu’elle risquât alors le rejet par son peuple, non qu’elle fût incapable du même redoutable cynisme que Ben Gourion, mais pour la raison qu’elle fonctionnait en quelque sorte avec les mêmes évidences que le peuple palestinien.

    On ne refait pas l’Histoire. Mais il me faut rappeler ici un épisode des débats houleux et passionnés qui, à l’ONU, préludèrent au plan de partage. Un épisode qui montre l’occasion manquée, l’occasion qui, si elle avait été saisie, aurait évité aux deux peuples concernés, palestinien et israélien, les décennies de conflit qui allaient suivre, avec leurs morts et leurs souffrances. En 1947, Jamal al-Husseini, représentant la partie palestinienne, expliqua à la tribune de l’ONU pourquoi son peuple refusait le partage. Mais ne s’arrêtant pas là, il accompagna son refus d’une proposition, celle d’une pleine citoyenneté pour tous, habitants musulmans, juifs et chrétiens, au sein d’un Etat indépendant et souverain. L’épisode, bien qu’il en existe une archive filmée, a disparu de la quasi-totalité des livres d’histoire... Mais on ne refait pas l’Histoire, même avec des « si ». Sauf que le défi aujourd’hui demeure : une solution juste, fondée sur la reconnaissance mutuelle dans le cadre de deux Etats voisins et graduellement réconciliés ; une paix sécurisante, ressentie surtout par les deux parties comme équitable. Une paix qui adviendra, c’est notre conviction et notre choix. Ce jour-là, apaisés, nous pourrons aborder l’épisode de novembre 1947, rationnellement, comme il convient.


    Ecrivain, Elias Sanbar, 60 ans, est aujourd’hui ambassadeur, observateur permanent de la Palestine auprès de l’Unesco. Il a notamment publié « les Palestiniens dans le siècle » (2007), « Etre arabe » avec Farouk Mardam-Bey (2007) et « Figures du Palestinien » (2004). Il est aussi le traducteur en français du grand poète palestinien Mahmoud Darwich.

    Elias Sanbar publié par Le Nouvel Observateur

    http://hebdo.nouvelobs.com/hebdo/par...A9vitable.html

  • #2
    j'espere d abord que nos concitoyens arabes lisent cet article interessant,d habitude,ils sont gavé par l intox sioniste,merci pour l article

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