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« La vente des Rafale à Khadafi va au-delà de la diplomatie du chéquier »

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  • « La vente des Rafale à Khadafi va au-delà de la diplomatie du chéquier »

    Propos recueillis par Thomas Bronnec/L'Expansion.com

    Interview de Christian Schmidt, professeur à l’université Paris IX-Dauphine, spécialiste de l'économie de la défense. Pour lui, la vente de 14 rafales va au delà de la diplomatie du chéquier.

    La Libye est le premier pays étranger à avoir décidé d’acheter le Rafale. Qu’est ce qui a dicté le choix de Kadhafi ?

    Il faut tout d’abord souligner le fait que la Libye est un pays riche, grâce à sa rente pétrolière. Il dispose d’un budget militaire important qui est essentiellement consacré aux dépenses d’armement, pas aux dépenses de fonctionnement. La question du prix n’a donc pas été déterminante dans le choix de Kadhafi, qui peut se permettre de débloquer plusieurs milliards d’euros pour s’équiper. De plus, le matériel militaire libyen, constitué en majorité de Mig de l’époque soviétique mais aussi de Mirage français, est devenu obsolète. Kadhafi est donc à un moment où il a besoin de renouveler son armement. Il ne pouvait pas se tourner vers les Etats-Unis, qui ne jouent pas la carte diplomatique avec Tripoli, et l’offre que pouvait lui proposer la Russie est, d’un point de vue technologique, moins bonne que celle de la France.

    Dassault peut-il espérer que ce contrat serve de déclic pour exporter son avion?

    L’effet d’entraînement va rester limité. Le Rafale est un avion très cher, un luxe que beaucoup de pays ne peuvent pas se permettre. Si le Maroc s’est finalement tourné vers le F-16 américain, c’est pour des raisons financières: les tarifs sont inférieurs, et les modalités de financement offertes par Washington étaient avantageuses. On peut penser que l’obtention du contrat libyen permettra à Dassault de faire un peu baisser ses coûts de production et donc d’offrir des rabais plus importants, mais cela jouera à la marge. Pour acheter des Rafale aujourd’hui, il faut être à la fois un pays riche, et un pays menacé qui n’a pas d’industrie de défense. Je ne vois guère que les pays du Golfe, notamment les Emirats Arabes Unis. Mais l’influence américaine dans la région est très forte.

    Que va faire Kadhafi de ces Rafale?

    Les négociations vont porter sur l’achat de 14 avions, ce qui est considérable pour un petit pays comme la Libye. Les Rafale sont des avions de combat, les plus perfectionnés du marché, ce ne sont pas de simples avions de reconnaissance et il s’agit donc d’un signal clair adressé à ses voisins: la Mauritanie, et le Tchad notamment, avec qui les tensions sont importantes. Au-delà, Kadhafi espère jouer un rôle de régulateur régional, en profitant de la situation géographique de la Libye, à la lisière du Maghreb et de l’Afrique noire. En lui vendant ces Rafale, la France montre qu’elle le soutient et qu’elle lui fait confiance pour ce rôle, en misant sur le fait qu’il a changé. On peut en douter lorsqu’on écoute les propos qu’il tient depuis le début de sa visite en France, mais la vente des Rafale va au-delà de la diplomatie du chéquier. Nicolas Sarkozy a une véritable intention politique : il montre qu’il entend faire de Kadhafi l’un des piliers de son projet d’Union méditerranéenne.
    Ce que vous faites de bien et de mal, vous le faites à vous
    Mahomet
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