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Crise financière : vol d’hélicoptères en formation serrée

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  • Crise financière : vol d’hélicoptères en formation serrée

    13 décembre 2007Les banques centrales ont annoncé hier un plan d’action concerté visant à injecter plusieurs dizaines de milliards de dollars pour dégripper les rouages des marchés financiers. Les outils traditionnels d’intervention s’étant avérés jusqu’à présent inefficaces, les banquiers centraux passent à la vitesse supérieure pour tenter de restaurer la confiance qui s’est évanouie avec crise des subprimes. Au total, ce sont près de 90 milliards de liquidités qui seront déversés par les hélicoptères si chers à Bernanke.


    Cette fois-ci, les banquiers centraux sortent l’artillerie lourde. Plus question de prêts au jour le jour ou la petite semaine accordés en ordre dispersé. La Fed et ses homologues ouvrent en grand la fenêtre d’escompte, et y jettent des dizaines de milliards pour tenter de faire revenir la confiance disparue.

    Le principal taux d’intérêt du crédit interbancaire, le Libor, reste anormalement élevé depuis la crise des subprime, et reflète l’assèchement de liquidités qui menace la planète financiére, privant ainsi les consommateurs et les entreprises des lignes de crédits qui permettent à la machine de tourner.

    Le Libor, qui détermine le coût réel du crédit à l’échelle mondiale, est supérieur de 1% au taux directeur de la Fed. Cette surprime de risque, exigée par les banques pour prêter à leur consoeurs, reflète leur désir de conserver un matelas protecteur de liquidités. Ce taux élevé est également l’indice de la méfiance qui règne dans le milieu, et qui reste persistante malgré la baisse des taux directeurs de la Fed et de la Banque d’Angleterre.

    Les banquiers centraux ont annoncé hier une série de mesures de grande ampleur destinées à faire baisser « la tension sur les marchés des fonds à court terme. »

    La Fed va procéder à la mise aux enchères de 40 milliards de prêts pour une durée d’un mois, en deux étapes, le 17 et le 20 décembre. Deux autres enchères, d’un montant non encore déterminé, auront lieu en janvier.

    Elle va également prêter 20 milliards de dollars à la BCE et 4 milliards à la banque centrale suisse pour leur permettre de désserrer leurs marchés locaux.

    La banque d’Angleterre va également organiser la mise aux enchères de 11 millions de livres prêtées pour une durée de 3,6,9 et 12 mois, en augmentant l’offre de fonds à 3 mois et en assouplissant les conditions d’attributions. L’offre à trois mois sera de 10 milliards de livres.

    La BCE mettra] sur le marché les 20 milliards de dollars fournis par la Fed les 17 et 20 décembre, elle va également prolonger de quinze jours la durée des prêts qui devaient arriver à terme le 19 décembre.

    De son coté, la Banque Nationale Suisse mettra à disposition les 4 milliards obtenus de la Fed.

    Enfin, la Banque du Canada mettra sur la table 3 milliards, en deux opérations les 13 et 18 décembre.

    Que se passe-t-il ?

    C’est tout le mécanisme de la politique monétaire et du crédit qui s’est grippé petit à petit depuis l’apparition de la crise des subprimes.

    En temps normal, les banques centrales contrôlent le crédit et la masse monétaire - donc l’activité économique - en fixant les taux d’intérêts et en allouant ou en drainant les fonds des grandes banques de premier rang, qui servent de relais pour piloter le système dans son entier. Ce sont ces établissements, au nombre de 20 aux USA, qui prêtent dans un deuxième temps l’argent mis à leur disposition aux établissement de moindre importance, non affiliés directement à la Fed.

    De fait, les fameux taux d’intérêts directeurs constituent pour les banquiers centraux une cible à atteindre, autour de laquelle le taux réel oscille au jour le jour. Pour faire baisser le taux, ils mettent de l’argent sur la table, pour le faire monter ils en ponctionnent dans les réserves des banques en les obligeant à acheter des bons du trésor ou en immobilisant leurs fonds.

    En temps normal, ce taux primaire se répercute sur les autres segments du marché. Mais depuis l’automne, ce mécanisme de propagation ne fonctionne plus. Bien que le prix de l’argent auprès des banques centrales ait baissé, il reste anormalement élevé sur les marchés secondaires du crédit, et principalement le Libor.

    Les établissements de second rang sont donc à la peine. Pour les petites banques commerciales, les entreprises, les investisseurs et les consommateurs, le crédit reste cher et rare.

    La discount window grande ouverte

    Les établissements qui n’appartiennent pas au premier cercle peuvent théoriquement solliciter les fonds de la banque centrale via le mécanisme dit de la « discount window », où ils peuvent obtenir un prêt personnalisé, avec un taux légèrement supérieur au taux directeur. Mais bien peu le font, car ce type de crédit est normalement celui du dernier ressort, lorsque toutes les autres solutions sont épuisées. Frapper à cette fenêtre, c’est admettre que la situation est grave.

    Et c’est la raison d’être des enchères de la Fed : fournir aux établissements de second rang des fonds que les banques de premier rang se refusent à leur fournir ou pour lesquelles elles demandent des taux prohibitifs.

    Ces enchères seront ouvertes à l’ensemble des établissements de dépôt, et leurs conditions d’attributions sont assouplies, car les actifs mis en gage en contrepartie de l’argent prêté pourront inclure des titres adossés aux emprunts immobiliers. Par ailleurs, l’anonymat des emprunteurs sera préservé.

    Confiance retrouvée ?

    La dérégulation du monde de la finance ces dernières années a permis à de nombreux établissements de jouer le rôle de banque de fait, tout en échappant aux règles et à la supervision des banques centrales. C’est l’une des difficultés auxquelles font face les banquiers centraux. De nombreux acteurs restent en dehors de leur champ d’action. L’élargissement du nombre d’établissements concernés par les opérations de la Fed répond en partie à cette préoccupation. Il s’agit d’injecter l’argent au plus près des établissements qui ont en besoin, en court-circuitant les banques de premier rang.

    Mais le problème central de cette crise reste la prise de conscience que des centaines de milliards de dollars d’actifs disséminés dans les bilans de tous les acteurs, banques commerciales, banques d’investissements, fonds monétaires, fonds d’investissements, ont perdu une grande partie de leur valeur.

    Auhourd’hui, sur un total qui pourrait s’élever à 400 à 500 milliards de dollars de pertes, moins d’une centaine de milliards ont été passés en dépréciation d’actifs. Tant que l’apurement des comptes n’est pas parvenu à son terme, la défiance risque fort de rester la règle.

    Mais ces fonds auront tout de même un effet non négligeable. Ils permettront aux établissements en difficulté de ne pas avoir à procéder dans l’immédiat à des ventes précipitées d’actifs sur un marché atone, et dans la situation actuelle c’est déjà beaucoup.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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