Un pionnier dans la maintenance d’équipements
Les grands résultats obtenus à force de longues années de labeur, de sacrifices et d’apprentissage continu sont aujourd’hui témoins de la carrière professionnelle d’un homme qui a embrassé très jeune le métier de balancier, l’a aimé, s’y est perfectionné et a réussi au fil des ans à inculquer cette passion à ses employés et même à ses enfants. C’est le cas de Mohamed Miloudi, président-directeur général du Groupe Koubba balance, un pionnier dans le monde de la maintenance des équipements de pesage.
Sa naissance en juillet 1952, à moins de deux années seulement du déclenchement de la guerre de libération dans le petit douar de Béni Slimane, dans la région de Tablat, l’engagement de son père dans la résistance, et qui fut blessé en 1957, l’incursion de l’armée française qui a brûlé complètement le village et l’exode de sa famille vers Alger ont retardé sa scolarité. «Après que le village eut été détruit, et mon père hospitalisé, ma famille a dû fuir vers la capitale. Nous avons été hébergés par des parents qui habitaient la casbah. Mon frère aîné a pris sur lui de subvenir à nos besoins. Il n’a été possible pour moi d’aller à l’école qu’en 1962, après l’indépendance, j’avais alors huit ans».
Doué pour les études, il est classé en CM 2 premier de sa classe en français et deuxième en arabe. Cet exploit ne réussit pas malheureusement à empêcher une terrible décision, celle de son renvoi de l’école à cause de son âge.
Cette injustice a eu un impact terrible sur le jeune adolescent qui aimait les études plus que tout. La vie lui réservait un autre parcours que celui qu’il s’était tracé, et au lieu des études brillantes dont il rêvait, son destin a voulu qu’il entre très tôt dans la vie active, apprenne un métier qui fera de lui le responsable d’une société qui assure aujourd’hui quelque 45 emplois permanent et offre de grandes possibilités de carrière à un grand nombre de jeune universitaires.
Aujourd’hui, Mohamed Miloudi est père de cinq enfants (deux garçons et trois filles), quatre d’entre aux sont universitaires. Ses deux fils El Hadi et Adel le secondent dans ses affaires. Il est cinq fois grand-père. Le P-DG de Koubba balance est aussi membre fondateur et premier président de l’association nationale des professionnels d’instruments de mesure (ANAPRIM). En plus de son amour pour son métier, son autre passion dans la vie reste la pêche à la ligne.
Premiers pas chez Charles Ross Berkel
Il avait alors juste 14 ans, son frère qui était marchand de légumes au marché Clauzel comptait parmi ses clients un Français spécialisé dans le pesage. Le jeune Mohamed est alors recruté à la maison Charles Ross Belkel sise place du 1er mai, en tant que coursier et apprenti dans le pesage. Nous sommes en 1967.
Le commencement de sa vie active n’altère en rien sa soif de savoir. Il s’inscrit alors aux cours du soir à l’école primaire, rue de la liberté. «Je m’étais lancé dans un challenge infernal. Je commençais ma journée à 7 h du matin au boulot, et je finissais à 16h et ce n’était pas de tout repos ; j’entamais mes cours du soir de 18 à 20h ; en rentrant le soir à la maison à 21h, je pouvais à peine tenir debout», se souvient aujourd’hui M. Miloudi.
Le jeune arrive à tenir à ce rythme effréné pendant deux ans. Mais finit par jeter l’éponge et décide d’abandonner son beau rêve de terminer ses études pour se consacrer uniquement à son boulot.
Et d’année en année, l’apprenti-coursier est devenu un ouvrier qualifié, réparateur-balancier. Il acquiert une grande expérience auprès de son employeur français, qui, se rappelle-t-il encore, l’a toujours poussé à aller de l’avant et à toucher à tout ce qui avait trait à l’époque au pesage. Il l’envoyait même effectuer des réparations et des opérations de maintenance des équipements de pesage des sociétés et organismes du quatre coins du pays. «Ma première mission sur le terrain avait été à Oran. J’avais alors 18 ans».
Dans le rôle du contremaître dans le public
Le changement dans sa carrière professionnelle s’opère en 1976, date du monopole de l’Etat. A cette période, le métier de balancier-réparateur n’existait pas encore. Il fallait apprendre sur place et sur le terrain. Mohamed Miloudi est recruté en tant que contremaître dans le pesage à l’entreprise publique ENAB, qui dépendait à l’époque du ministère du travail et qui importait tout ce qui était équipements électroniques et mécaniques.
J’ai suivi beaucoup de formations à l’étranger auprès des fournisseurs.
Cela en plus de celle suivie au CRAT, le centre de formation de Boufarik.
L’ère de l’électronique avait débuté. L’ENAB importa ses premières balances électroniques en 1984 . Le contremaître se convertit alors à l’électronique et maitrise à merveille la toute nouvelle technologie. Mohamed Miloudi poursuit da carrière professionnelle à l’ENAB jusqu’en 1992.
Avec la fin du monopole de l’Etat et la dégradation financière que connaît l’entreprise, qui commençait alors à libérer ses employés c’est le départ volontaire pour Mohamed Miloudi et le début aussi d’une expérience qui donnera quinze ans plus tard ses fruits, et fera en sorte que le petit atelier qu’il avait créé pour la maintenance et la réparation des équipements de pesage devienne aujourd’hui un groupe de grande renommée.
Une idée, un coup de pouce familial
«En acceptant le départ volontaire, j’ai décidé de m’installer à mon propre compte. J’ai employé le petit pécule que m’a versé l’entreprise, auquel j’ai ajouté un emprunt familial et j’ai loué un petit local dans le quartier de Kouba ; j’ai commencé à travailler seul avec ma propre caisse à outils et un petit appareillage et j’ai présenté ma demande d’agrément auprès de l’office national de métrologie légale (ONML). Pour cela il fallait passer un examen» se rappelle le P-DG de Kouba Balance. C’est M. Taïbi, le créateur de l’ONML en personne qui lui fait passer le test en compagnie de deux ingénieurs en métrologie. L’épreuve a eu lieu chez un balancier privé, et Mohamed Miloudi a réussi avec brio la réparation de l’équipement de pesage qu’on lui avait confié. «J’ai obtenu alors le 13e agrément octroyé à l’époque par l’ONML à l’échelle nationale. Le métier de balancier était alors du ressort de quatre où cinq entreprises familiales et qui préservaient jalousement leurs connaissances ; moi y compris, nous étions quelque 8 entreprises seulement à l’exercer, le reste avait quitté les affaires pour l’étranger», ajoute-t-il.
Une fois son affaire lancée, il commença par des réparations et de la maintenance sur toutes les marques et types d’appareils de pesage (les bascules, les balances électroniques…). Il commence par la suite le recrutement de son personnel.
De 1992 à 1998, plusieurs ingénieurs, techniciens supérieurs en électronique et électromécanique ainsi qu’ouvriers qualifiés ont trouvé leurs postes au sein de la SARL Kouba Balance. Ils bénéficieront même de stages de formation. Il décrochera par la suite son premier contrat de maintenance avec l’entreprise nationale ONAB et du coup la société avait entamé son évolution à la cadence d’un recrutement minimal de 4 à 5 techniciens par an.
En 1995, le petit local de Mohamed a été cambriolé pendant le couvre-feu. Ce drame ne l’a pas empêché de poursuivre son bonhomme de chemin. Il fallait recommencer alors à zéro, rembourser tous les clients dont on a volé l’équipement et s’équiper de nouveau.
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